B. AU JAPON LE DÉVELOPPEMENT DE LA CHINE EST CONSIDÉRÉ COMME UNE OPPORTUNITÉ, ET NON COMME UN RISQUE ÉCONOMIQUE

Le fait que le taux de chômage demeure relativement faible au Japon et en Corée contribue à expliquer que ces pays aient une vision dépassionnée des conséquences du développement économique d'autres pays, de la Chine en particulier.

1. Les délocalisations en Chine ont essentiellement pour objet d'utiliser le faible coût de la main-d'oeuvre chinoise pour réexporter

Les délocalisations d'activités en Chine ont principalement pour objet de bénéficier du faible coût de main-d'oeuvre de ce pays, afin de réexporter. Ainsi, ce sont les entreprises étrangères, notamment japonaises, qui expliquent l'essentiel des importations et des exportations de la Chine. Ce phénomène est de plus en plus marqué, la part des entreprises étrangères dans les importations et les exportations chinoises étant passée de respectivement 30 % et 20 % en 1991 à 60 % en 2004.

Dans le cas du Japon, les investissements des entreprises ont été favorisés par l'appréciation du yen depuis 1985, qui les a incitées à délocaliser les productions les moins rentables, tout en maintenant sur le territoire japonais leurs activités à forte valeur ajoutée.

a) Un phénomène qui inquiète peu les dirigeants japonais

Comme l'ont souligné plusieurs représentants de la communauté d'affaires française au Japon, les Japonais n'ont pas, sur le développement économique de la Chine, le discours inquiet que l'on entend souvent en France.

Ce point est confirmé par une note de la mission économique de l'ambassade de France, indiquant que « la question des délocalisations ne fait pas l'objet d'un débat au Japon ».

Ainsi, M. Kwan C. H., membre de l'Institut Nomura de recherche sur les marchés de capitaux, que la délégation a rencontré le 20 avril 2006 lors d'un petit-déjeuner consacré aux relations économiques entre le Japon et la Chine, relativise les craintes d' « évidement » (« hollowing-out ») 61 ( * ) de l'économie japonaise, selon lesquelles les délocalisations d'activités susciteraient une diminution nette du nombre d'emplois au Japon.

Il considère que, l'économie chinoise ayant atteint un niveau de développement comparable à celui du Japon en 1960, « les structures économiques du Japon et de la Chine sont complémentaires, plutôt que concurrentes », de sorte que leurs relations sont un jeu « gagnant-gagnant, plutôt qu'à somme nulle ». De même que, dans les pays occidentaux, le développement de pays pauvres n'a supprimé une forte proportion d'emplois que dans un petit nombre se secteurs faiblement technologique - comme le textile, l'habillement, ou l'industrie de la chaussure -, le développement de la Chine ne remet pas en cause la structure de l'emploi japonais : la Chine est spécialisée dans des produits faiblement technologiques, comme l'industrie de la chaussure, alors que le Japon l'est dans des produits fortement technologiques, comme les semi-conducteurs, de sorte que les deux pays ne sont en concurrence que pour une faible proportion de produits, comme les téléviseurs.

M. Kwan C. H. recommande une « attitude positive », consistant à « accélérer les réformes » et à « relocaliser les industries en déclin à l'étranger d'une part », et à « promouvoir de nouvelles industries d'autre part, pour effectuer une montée en gamme industrielle sans évidement ». Il rejette une « attitude négative », tendant à « utiliser la Chine comme un bouc émissaire pour dissimuler les erreurs » et à « faire pression pour obtenir la protection du gouvernement ».

M. Kwan C. H. considère que seules sont néfastes les délocalisations d'activités en Chine provenant de la nécessité de contourner les barrières douanières de ce pays. En conséquence, loin de préconiser le recours au protectionnisme, il est favorable à un accord de libre-échange entre le les deux pays.

* 61 Les citations de M. Kwan sont issues du document qu'il a remis à la délégation. Elles sont traduites de l'anglais par votre commission des finances.

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