MM. Philippe Adnot, Philippe Dominati, rapporteurs spéciaux

SYNTHÈSE DES PRINCIPALES OBSERVATIONS
DE VOS RAPPORTEURS SPÉCIAUX

- L'accès des universités aux responsabilités et compétences élargies se poursuit, ce qui implique des transferts importants de crédits entre le titre 2 et le titre 3 sur le programme 150.

-  Le financement de l'opération Campus a pu être clarifié grâce à l'emprunt national.

- Cinq universités devraient devenir propriétaires de leur patrimoine en 2011. Le volet financier de cette opération doit être précisé.

- Les crédits du programme 231 augmentent compte tenu de la nécessité de financer la mise en place du versement d'un dixième mois de bourse. Cette mesure, échelonnée sur deux ans, est la contrepartie de l'allongement de la durée de l'année universitaire.

- Si un effort semble avoir été fait quant à la programmation 2011 de la dépense liée aux aides sociales, il est observé que l'exécution de l'année 2010 devrait conduire à des reports de charge de l'année 2010 sur l'exercice 2011. L'apurement de ces reports pourrait peser sur la gestion 2011.

- La forte diminution des crédits d'intervention de l'Agence nationale de la recherche ainsi que la disparition des crédits dévolus au financement de la part du ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche au volet « recherche » du Grenelle de l'environnement posent la question de la substitution de certains crédits tirés de l'emprunt national au financement budgétaire ordinaire , ce qui va à l'encontre de la nature de l'emprunt et ne facilite pas la lecture du budget d'une année sur l'autre.

- La capacité de l'ANR à assumer sa mission de principal opérateur des actions du programme des investissements d'avenir devra également faire l'objet d'un échange à l'occasion de la séance publique.

- L'augmentation des moyens des principaux opérateurs du programme 172 l'année prochaine ne doit pas masquer les efforts qui leur sont demandés, notamment du fait des contraintes qu'engendrent la poursuite du « plan carrière » et de l'évolution des règles encadrant la mise en réserve des crédits des opérateurs.

- L'évolution différenciée des crédits entre les opérateurs du programme 187 s'explique par leur différence de statut : les EPIC, dont le personnel est embauché sous contrat de droit privé, ne sont pas impactés par les mesures générales décidées pour la fonction publique ;

- La forte augmentation des crédits dévolus au financement de la quote-part de la France au budget de l'Agence spatiale européenne ne correspond néanmoins pas tout-à-fait au montant annoncé lors de l'audition pour suite à donner à l'enquête que votre commission des finances avait demandé à la Cour des comptes (755 au lieu de 770 millions d'euros) et n'empêchera pas un nouveau creusement de cette dette en 2011 . Le Gouvernement devra donner des assurances quant à la trajectoire de la dette d'ici à 2015.

- Pour ses programmes nationaux, le CNES enregistre une augmentation de 15 millions d'euros de sa dotation (+ 2,6 %), ce qui le place parmi les opérateurs de la présente mission les plus favorisés de l'Etat.

- L'IFP énergies nouvelles est particulièrement touché par les arbitrages ayant conduit à l'élaboration du présent projet de loi de finances . Votre rapporteur spécial souhaite que les prochains budgets ne procèdent plus à de telles coupes dans les crédits de cet institut.

- La diminution très importante des crédits associée aux avances remboursables du secteur aéronautique provient de la disparition de quatre programmes . Au moins l'un d'entre eux (l'A 350) est désormais financé au travers des investissements d'avenir, ce qui s'assimile à une opération de débudgétisation pure et simple.

- La dotation d'OSEO Innovation au titre de ses crédits d'intervention diminue de 26 millions d'euros , en tenant compte des effets de périmètre. Il s'agit là d'une évolution particulièrement dommageable.

-  Universcience est le nom d'usage du nouvel EPIC qui regroupe la Cité des sciences et de l'industrie ainsi que le Palais de la Découverte. Les modalités de rapprochement de ces deux établissements mériteraient d'être clarifiées, notamment en ce qui concerne le Palais de la Découverte qui se trouve également géographiquement impliqué dans le projet du « Grand Palais des arts et des sciences » ;

- Le programme d'investissements pour l'avenir comprend des fonds en faveur de la diffusion de la culture scientifique. Si l'éligibilité d'Universcience à ces fonds devait se vérifier, il conviendra de s'assurer que cette dernière ne constitue pas une débudgétisation de financements devant normalement être couverts par des crédits budgétaires annuels.

- Les dépenses de fonctionnement associées à l'enseignement public supérieur agricole enregistrent une diminution sensible. Il convient de noter que ces crédits dits « de fonctionnement » comprennent des crédits d'investissement, ce qui atténue la portée réelle de la réduction des dépenses de fonctionnement à proprement parler.

- Les reports de charges en matière d'aides sociales aux étudiants de l'enseignement agricole devraient être à la fin de l'année 2010, deux fois supérieurs à ceux de l'année 2009. La politique d'aides sociales aux étudiants, déterminée par le ministère de la recherche et de l'enseignement supérieur, devrait faire l'objet d'une réflexion interministérielle afin d'en améliorer la programmation budgétaire.

- Les établissements privés de l'enseignement supérieur agricole bénéficient d'un nouveau dispositif d'allocation des moyens, en partie fondé sur la performance. Il conviendra d'être vigilant sur la qualité des évaluations qui seront conduites pour définir cette « performance ».

En application de l'article 49 de la LOLF, pour le retour des réponses du Gouvernement aux questionnaires budgétaires concernant le présent projet de loi de finances, la date limite était fixée au 10 octobre 2010.

A cette date, vos rapporteurs spéciaux avaient reçu 55 % des réponses attendues concernant la mission « Recherche et enseignement supérieur ».

I. PRÉSENTATION DE LA MISSION : SIX MINISTÈRES ET DIX PROGRAMMES

La mission « Recherche et enseignement supérieur » (MIRES) présente un fort caractère interministériel puisque pas moins de six ministères sont intéressés par au moins l'un des dix programmes de la mission 1 ( * ) :

- le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche (MESR), dont relèvent les programmes 150 « Formations supérieures et recherche universitaire », 231 « Vie étudiante », 172 « Recherches scientifiques et technologiques pluridisciplinaires », 187 « Recherches dans le domaine de la gestion des milieux et des ressources » et 193 « Recherche spatiale » ;

- le ministère de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de la mer (MEEDDM), responsable du programme 190 « Recherche dans les domaines de l'énergie, du développement et de l'aménagement durables » ;

- le ministère de l'économie, de l'industrie et de l'emploi, qui pilote le programme 192 « Recherche et enseignement supérieur en matière économique et industrielle » ;

- le ministère de la défense, dont relève le programme 191 « Recherche duale (civile et militaire) » ;

- le ministère de la culture et de la communication, chargé du programme 186 « Recherche culturelle et culture scientifique » ;

- le ministère de l'alimentation, de l'agriculture et de la pêche, responsable du programme 142 « Enseignement supérieur et recherche agricoles ».

Le MESR est le chef de file de la mission.

La maquette de la MIRES est restée la même que pour la loi de finances pour 2010.

A. UNE MISSION PRIORITAIRE AU SEIN DU BUDGET

1. Les crédits et les fonds de concours : 25,194 milliards d'euros de crédits de paiement pour 2011

La mission est dotée , dans le projet de loi de finances pour 2011, de 25,37 milliards d'euros d'autorisations d'engagement (AE) et de 25,19 milliards d'euros de crédits de paiement (CP), ces derniers affichant une hausse de 0,54 % à périmètre constant par rapport à 2010. En outre, les fonds de concours attendus pour 2011 s'élèvent à 79,5 millions d'euros .

Le tableau ci-dessous présente les crédits par programme et leur évolution par rapport à 2010.

Présentation des crédits de la mission « Recherche et enseignement supérieur »

(en millions d'euros)

Programme

AE

Evolution par rapport à 2010 à périmètre constant

CP

Evolution par rapport à 2010 à périmètre constant

P 150 : Formations supérieures et recherche universitaire

12 477,7

- 0,14

12 270,0

+ 1,02

P 231 :Vie étudiante

2 081,5

3,28

2 083,9

+ 3,45

P 172 :Recherches scientifiques et technologiques pluridisciplinaires

5 132,3

- 2,08

5 132,3

- 1,53

P 187 : Recherche dans le domaine de la gestion des milieux et des ressources

1 245,1

0,54

1 245,1

+ 0,54

P 193: Recherche spatiale

1 393,2

6,99

1 393,3

+ 6,99

P 190 : Recherche dans les domaines de l'énergie, du développement et de l'aménagement durables

1 335,0

- 15,10

1 374,2

- 5,30

P 192 : Recherche et enseignement supérieur en matière économique et industrielle

1 087,7

- 8,41

1 076,9

-0,14

P 191 : Recherche duale

196,9

0,16

196,9

0,00

P 186 : Recherche culturelle et culture scientifique

121,8

- 4,96

121,5

+ 3,63

P 142 : Enseignement supérieur et recherche agricoles

297,6

- 0,26

300,1

- 0,56

Total

25 368,0

- 1,10

25 194,2

+ 0,54

Source : ministère de la recherche et de l'enseignement supérieur

La croissance des crédits budgétaires à périmètre constant est principalement liée à la hausse des dépenses de personnel sur le titre 2 :

- sur les programmes rattachés au ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche, les moyens du titre 2 sont en hausse de 3,6 % (+ 122 millions d'euros) ;

- sur les autres programmes de la MIRES, ces mêmes crédits sont, à périmètre constant, en hausse de 1,1 % (+ 3,3 millions d'euros).

La dynamique des dépenses de personnel résulte en partie de l'application des mesures générales de la fonction publique ou du relèvement de la contribution de l'Etat au CAS « Pensions ». Ainsi, sur le seul périmètre du ministère de la recherche et de l'enseignement supérieur, les crédits nouveaux en faveur des personnels (titres 2 et 3) s'élèveraient en 2011 à 311 millions d'euros. 57 % de ces crédits supplémentaires correspondent au relèvement du taux du CAS « Pensions » et 27,2 % résultent des décisions prises quant à l'évolution du point de la fonction publique.

Cette évolution de la masse salariale est compensée par les réductions des dépenses de fonctionnement et d'investissement de la mission. Ceci se traduit par exemple par une diminution de 3,1 % des crédits hors dépenses de personnel (soit les dépenses de fonctionnement, d'intervention et d'investissement) des programmes ne relevant pas du ministère de la recherche et de l'enseignement supérieur. Au total, en 2011, à périmètre constant, les crédits de la mission devraient encore connaître une légère augmentation.

2. Une augmentation conséquente des crédits depuis 2007

La volonté de l'Etat d'accroître ses investissements en matière d'enseignement supérieur et de recherche se traduit, en premier lieu, par l'évolution des crédits de la mission interministérielle « Recherche et enseignement supérieur » (MIRES), dont rend compte le graphique ci-dessous.

Sources : lois de règlement pour 2007, 2008 et 2009, projet de loi de finances pour 2011. Données en valeur, à périmètre et structure courants.

En considérant le niveau absolu de ces dépenses, comme l'ont régulièrement souligné les rapporteurs spéciaux de la mission, notre collègue Philippe Adnot et nos anciens collègues Maurice Blin et Christian Gaudin, cet effort a dépassé la programmation, pourtant considérée comme ambitieuse, de la loi de programme pour la recherche adoptée par le précédent gouvernement (loi n° 2006-450 du 18 avril 2006).

En termes relatifs, l'évolution comparée des dépenses de la mission et des dépenses du budget général apparaît encore plus frappante et illustre bien l'ampleur des arbitrages rendus en faveur de la MIRES. Ainsi, de 2007 à 2011, les crédits de paiement de cette mission vont passer de 21,283 milliards d'euros à 25,194 milliards d'euros, soit une progression de 18,4 % sur quatre ans alors que, dans le même temps, les dépenses du budget général n'augmenteront que de 7,3 % . Encore faut-il souligner que cette évolution ne rend compte ni de la dépense fiscale ni des ressources de l'emprunt national, qui seront plus spécifiquement évoqués ci-dessous.

Vos rapporteurs spéciaux approuvent d'autant plus ces orientations que l'augmentation des crédits n'a pas été aveugle et s'est accompagnée d'importantes réformes de structure , parmi lesquelles il faut citer le développement de la recherche sur projets au travers de l'Agence nationale de la recherche (ANR), la réorganisation des principaux organismes publics de recherche (CNRS, INSERM, etc.) ou la réforme des universités 2 ( * ) .

Cependant, il est à noter que le projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2011 à 2014 semble amorcer un tournant, comme le montre le tableau ci-après.

Evolution programmée des crédits de paiement du budget général et de la MIRES sur la période 2011-2013 (à périmètre constant 2010)

2011

2012

2013

Budget général (en milliards d'euros)

285,69

291,09

296,89

Budget général (en %)

-

+ 1,89

+ 1,99

MIRES (en milliards d'euros)

24,86

25,08

25,28

MIRES (en %)

-

+ 0,88

+ 0,80

Source : projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2011 à 2014

Il est fort probable que cette trajectoire résulte, en partie, de certains effets de bord entre les crédits budgétaires et les moyens tirés des investissements d'avenir. Néanmoins, il s'agira de veiller avec attention à ces évolutions, un avantage compétitif en matière de recherche et développement ne pouvant qu'être le fruit d'un effort maintenu à moyen et à long termes.

3. Les personnels de la mission
a) L'absence de réduction des effectifs, un « investissement » dans les ressources humaines

La mission « Recherche et enseignement supérieur » bénéficie depuis 2006 d'un traitement particulier résultant à la fois de la mise en oeuvre de la loi n° 2006-450 du 18 avril 2006 de programme pour la recherche et de l'engagement présidentiel pris en 2007, de faire de l'enseignement supérieur et de la recherche une priorité nationale.

(1) 2007 - 2010 : une exonération de fait du principe du non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite

Depuis la loi de finances pour 2007, la politique de l'emploi des différents ministères est contrainte par l'application de la règle du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Cette règle n'a jamais été appliquée à la mission « Recherche et enseignement supérieur » .

Suite à la loi de programmation précitée, le projet de loi de finances pour 2007 a proposé la création de 1 000 emplois, dont 50 emplois de personnels d'encadrement et 500 emplois d'IATOS. Ces créations d'emplois succédaient à celles de la loi de finances initiale pour 2006.

En 2008, le plafond d'emplois connaît également une augmentation compte tenu de l'application en année pleine des mesures de création opérées à la rentrée 2007.

Le rapport sur la programmation pluriannuelle des finances publiques pour les années 2009 à 2012, qui réaffirme l'application du principe de non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, indique qu'à « l'exception du ministère de la justice, tous les ministères voient leurs effectifs réduits. Certains ministères font plus que la moyenne, d'autres moins, mais, lors de la RGPP, la recherche des gains de productivité a été poursuivie par tous avec la même intensité. L'effort de non-remplacement des départs à la retraite est plus faible pour les ministères de l'éducation nationale et de l'enseignement supérieur et de la recherche ; il est au contraire plus élevé pour les ministères du budget, des comptes publics et de la fonction publique, de l'agriculture et de la pêche, de la défense, de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de l'aménagement du territoire . ».

Dans cette perspective, la loi de finances pour 2009 a soumis la mission « Recherche et enseignement supérieur » à une règle de non remplacement d'un fonctionnaire sur six partant à la retraite : 900 emplois devaient être supprimés. Cette décision, qui intervenait alors que la première phase du passage à l'autonomie des universités était mise en oeuvre et, alors que les crédits connaissaient une augmentation, a suscité de vives réactions.

A cet égard, l'un des rapporteurs spéciaux de la mission « Recherche et enseignement supérieur » avait souligné en 2008, dans un rapport d'information relatif à la réforme de l'allocation de moyens aux universités, que « cette position de principe du non remplacement d'un départ sur deux à la retraite soulève [des] interrogations dans la mesure où elle apparaît contradictoire avec les priorités politiques affichées en matière de recherche et d'enseignement supérieur . Ces interrogations sont d'autant plus profondes qu'elles compliquent sensiblement les questions de rééquilibrage des moyens humains entre universités dans le cadre de la présente réflexion . » 3 ( * )

Cette contradiction a conduit le Premier ministre, à annoncer, en février et mai 2009, le gel des suppressions des postes prévues en 2010 et 2011 dans les organismes de recherche et les établissements d'enseignement supérieur . De surcroît, pour l'année 2009, les suppressions d'emplois dans ces organismes et ces établissements ont été compensées par le versement de la masse salariale afférente aux 225 postes supprimés.

(2) 2011-2014 : un traitement prioritaire garanti en matière d'emplois

Le présent projet de loi des finances bénéficie toujours de la mesure de gel annoncé en 2009, ce qui permet de maintenir l'emploi à un niveau équivalent à celui de l'année dernière. Il bénéficie également des arbitrages pris pour la nouvelle programmation budgétaire triennale.

Dans le cadre du projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2011 à 2014, la MIRES continue de bénéficier d'un traitement de faveur à l'instar du ministère de la justice. La construction du budget triennal s'est notamment appuyée sur la règle du remplacement d'un départ à la retraite sur deux et la diminution de 1,5 % chaque année des emplois des opérateurs, soit un effort comparable à celui de l'État.

Contrairement à la précédente loi de programmation, le rapport annexé au projet de loi de programmation précise cependant :

- d'une part, que « les opérateurs de l'État seront également associés à cette démarche et fourniront un effort sans précédent en termes de réduction des effectifs, à l'exception des opérateurs rattachés au ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche, qui sont exonérés de réduction d'effectifs sur la période de programmation . Il est ainsi prévu pour 2011 une diminution de plus de 2 600 emplois au sein du plafond opérateurs, à périmètre constant. »

- d'autre part, qu'à « l'exception du ministère de la justice et du ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche, tous les ministères verront leurs effectifs réduits sur les années 2011 à 2013 . »

Plus loin, il est précisé qu'afin « d'accompagner les réformes en cours (passage au régime des responsabilités et compétences élargies), les moyens de fonctionnement des universités continueront d'augmenter au cours de la période. De plus, le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche ne fera l'objet, à titre exceptionnel, d'aucune suppression d'emplois sur l'ensemble de la période . »

L'ensemble des décisions qui viennent d'être rappelées se sont traduites, entre 2007 et 2011, par une augmentation d'environ 9,2 % des personnels de la mission « Recherche et enseignement supérieur », que ces derniers soient rémunérés par l'Etat ou par les opérateurs.

Le tableau ci-dessous présente cette évolution.

Evolution des effectifs de la mission « Recherche et enseignement supérieur » à périmètre constant

Catégories

2007

2008

2009

2010

2011

Evolution %

Emplois

Titre 2

151 727

152 350

118 329

57 988

29 032

Emplois des opérateurs

112 956

124 335

167 428

227 509

260 015

dont sous plafond

-

104 968

140 944

204 010

233 142

dont hors plafond

112 956

19 367

26 484

23 499

26 873

TOTAL

264 683

276 685

285 757

285 497

289 047

9,2

1) Pour les exercices 2006 et 2007, les effectifs des opérateurs étaient exprimés en ETPT rémunérés par les opérateurs hors plafond d'emplois du ministère

2) A partir de 2008, les documents budgétaires distinguent pour les opérateurs, les ETP rémunérés par les opérateurs (hors plafond d'emploi du ministère) sous plafond et hors plafond

Source : commission des finances d'après les chiffres du ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche

b) La revalorisation des carrières, un « investissement » qualitatif

Parallèlement à l'effort réalisé en matière de maintien de l'emploi, il convient de souligner l'attention portée à la revalorisation des carrières. Ce « chantier », qui a débuté dans l'enseignement supérieur et la recherche en septembre 2009, représente un effort cumulé de 280 millions d'euros sur la période 2009-2011 .

En 2011, le projet de loi de finances prévoit d'affecter 41 millions d'euros supplémentaires au financement de ce plan , dont 22 millions pour les personnels de la recherche et 19 millions pour les personnels de l'enseignement supérieur.

Evolution des crédits du chantier « Carrières » 2009-2011

Source : Commission des finances

Cette réforme s'appuie sur les éléments suivants : reconnaissance des qualités individuelles, valorisation de l'engagement pédagogique et de l'excellence scientifique, évaluation par les pairs, rémunération plus élevée, revalorisation des primes.

Vos rapporteurs spéciaux se félicitent de cette revalorisation d'ensemble des carrières qui permet :

- d'accompagner concrètement la réforme des universités ;

- d'améliorer la lisibilité du système en harmonisant les règles et les dispositifs entre les organismes de recherche et les établissements d'enseignement supérieur (prime d'excellence scientifique, contrat doctoral, carrière des professeurs d'université et des professeurs de recherche, chaire organisme -université) ;

- d'accroître l'attractivité des métiers de l'enseignement supérieur et de la recherche .

Ils soulignent que ces mesures ont été accompagnées par des assouplissements de procédure qui ouvrent, notamment, depuis 2007 pour les universités, et depuis 2010 pour les organismes de recherche, la possibilité de recruter certains personnels sur contrats à durée indéterminée . Ainsi des chercheurs ou des enseignants-chercheurs au profil atypique, voire exceptionnel, qui n'auraient pas forcément pu s'insérer dans la grille des organismes publics de recherche ou des établissements d'enseignement supérieur, peuvent désormais être recrutés plus facilement. L'attractivité à l'égard des chercheurs et des cadres présentant le meilleur potentiel s'en trouve ainsi renforcée.

4. Les pratiques relatives à la mise en réserve de crédits chez les différents opérateurs

Les opérateurs occupent une place particulièrement importante au sein de la mission, ce qui se traduit par un montant de subventions pour charge de service publique très élevé. Le passage des universités à l'autonomie, et par conséquent l'intégration, dans la subvention de ces dernières, de la masse salariale afférente, devrait renforcer la place de ces subventions, qui constituent un enjeu financier de premier ordre. Compte tenu de cette situation, il convient d'être particulièrement attentif aux conditions d'élaboration de ces subventions, dont la négociation est souvent antérieure à la discussion du projet de loi de finances pour ce qui concerne les opérateurs de recherche.

Or, comme cela a été souligné dans la contribution des rapporteurs spéciaux de la présente mission (alors Philippe Adnot et notre ancien collègue Christian Gaudin) au Tome II du rapport n° 587 (2009-2010) sur le projet de loi de règlement des comptes et rapport de gestion pour l'année 2009, le niveau des subventions pour charges de service public peut être impacté par les différentes tactiques mises en oeuvre au titre de la constitution de la réserve de précaution .

Ils ont indiqué que la Cour des comptes avait observé que les opérateurs de la MIRES pouvaient être traités de cinq manières différentes, aucune n'étant optimale. En effet, il s'avère particulièrement difficile d'identifier, à pratiques inchangées, une procédure permettant à la fois de soumettre de manière homogène les opérateurs à l'effort de gel requis par la LOLF et de notifier, à ces établissements, un montant réaliste de leur subvention, cette notification intervenant avant la discussion budgétaire au Parlement.

Une harmonisation est donc indispensable , ne serait-ce qu'en termes d'équité. Or, comme le montre le tableau ci-dessous, les taux de mise en réserve varient sensiblement d'un opérateur à l'autre.

Mise en réserve de précaution des opérateurs du MESR

(en euros)

LFI 2010

Réserves arbitrées et notifiées
( base LFI )

% de la
LFI 2010

PLF 2011

Réserves théoriques, non arbitrées

% du
PLF 2011

Opérateurs

8 252 864 622

30 000 000

0,36%

10 267 721 773

nd

0,00%

Opérateurs P 150

8 252 864 622

30 000 000

0,36%

10 267 721 773

nd

0,00%

Réseau des oeuvres

369 764 400

10 000 000

2,70%

359 768 822

nd

0,00%

Autres opérateurs

51 950 373

5 000 000

9,62%

46 350 373

nd

0,00%

Opérateurs P 231

421 714 773

15 000 000

3,56%

406 119 195

nd

0,00%

Ens. supérieur

8 674 579 395

45 000 000

0,52%

10 673 840 968

nd

0,00%

CNRS

2 502 741 923

15 938 984

0,64%

2 523 043 822

35 356 374

1,40%

INSERM

533 841 865

3 243 578

0,61%

556 755 155

9 183 798

1,65%

INRIA

163 530 726

1 575 474

0,96%

164 440 520

3 125 275

1,90%

INED

16 296 825

127 422

0,78%

16 398 674

252 790

1,54%

ANR

839 853 491

13 190 517

1,57%

771 853 491

38 198 938

4,95%

CEA

499 910 877

15 756 443

3,15%

517 410 000

17 096 113

3,30%

ANRS

39 611 637

1 953 150

4,93%

39 888 121

1 960 960

4,92%

IPEV

22 534 260

972 826

4,32%

22 534 260

982 039

4,36%

Genopole

3 000 000

124 066

4,14%

3 000 000

117 276

3,91%

Autres

316 272

791

0,25%

Opérateurs P 172

4 621 637 876

52 883 251

1,14%

4 615 324 043

106 273 563

2,30%

INRA

647 040 799

3 154 824

0,49%

654 210 090

8 426 644

1,29%

IRD

202 021 697

1 104 890

0,55%

202 966 646

2 996 047

1,48%

CEMAGREF

54 902 785

246 518

0,45%

55 811 141

539 014

0,97%

CIRAD

129 776 469

2 035 759

1,57%

128 583 070

2 733 986

2,13%

IFREMER

148 378 884

2 510 868

1,69%

147 583 597

3 222 462

2,18%

BRGM

56 485 826

1 571 007

2,78%

55 909 734

1 480 812

2,65%

Opérateurs P 187

1 238 606 460

10 623 866

0,86%

1 245 064 278

19 398 965

1,56%

CNES

584 033 193

25 173 514

4,31%

599 033 193

25 314 738

4,23%

Opérateurs P 193

584 033 193

25 173 514

4,31%

599 033 193

25 314 738

4,23%

Recherche

6 444 277 529

88 680 631

1,38%

6 459 421 514

150 987 266

2,34%

MESR - Opérateurs

15 118 856 924

133 680 631

0,88%

17 133 262 482

150 987 266

0,88%

Source : ministère de la recherche et de l'enseignement supérieur

B. L'IMPACT DU PROGRAMME D'INVESTISSEMENTS D'AVENIR DÉCIDÉ EN 2010

La loi de finances rectificative n° 2010-237 du 9 mars 2010 a ouvert, au titre de l'emprunt national, des crédits budgétaires supplémentaires, à hauteur de 21,9 milliards d'euros, en faveur de la mission « Recherche et enseignement supérieur », soit près des deux tiers des 35 milliards d'euros destinés au financement des investissements d'avenir. Le tableau ci-dessous résume la répartition des fonds selon les actions retenues dans le cadre du programme d'investissements d'avenir.

Les investissements d'avenir dans la recherche et l'enseignement supérieur

(en milliards d'euros)

Programme / Action

Dotation totale

Dotation non consomptible

Dotation consomptible

Opérateur

1) Programme « Instituts thématiques d'excellence en matière d'énergies décarbonnées »

Instituts d'excellence

1,00

0,75

0,25

ANR

2) Programme « Pôles d'excellence »

Initiatives d'excellence

7,7

7,7

ANR

Opération Campus

1,3

1,3

ANR

Opération Plateau de Saclay *

1,00

1,00

ANR

Valorisation - Instituts de recherche technologique

2

1,5

0,5

ANR

Valorisation - Fonds national de valorisation (SATT)

1,00

1,00

ANR

Valorisation - Instituts Carnot

0,5

0,5

ANR

Laboratoires d'excellence

1,00

0,9

0,1

ANR

Instituts hospitalo-universitaires

0,85

0,68

0,17

ANR

3) Programme « Projets thématiques d'excellence »

Equipements d'excellence

1,00

0,6

0,40

ANR

Santé et biotechnologie

1,55

1,1

0,45

ANR

Espace

0,50

0,50

CNES

4) Programme « Recherche dans le domaine de l'aéronautique »

Démonstrateurs technologiques aéronautiques

0,90

0,90

ONERA

Aéronefs du futur

0,60

0,60

ONERA

5) Programme « Nucléaire de demain »

Réacteur de 4ème génération

0,65

0,65

CEA

Réacteur Jules Horowitz

0,25

0,25

CEA

Recherche en matière de traitement et de stockage des déchets

0,10

0,10

ANDRA

Total

21,90

15,03

6,87

* seule action pour laquelle les crédits ne sont pas encore délégués

Source : Ministère de la recherche et de l'enseignement supérieur

Vos rapporteurs spéciaux rappellent :

- d'une part, que les fonds de l'emprunt national, dès lors qu'ils ont été versés aux opérateurs responsables de leur gestion, ne constituent plus des crédits budgétaires . A compter de 2011, les sommes que les opérateurs dépenseront proviendront du compte du Trésor sur lequel ils auront, en application de la loi précitée déposé leurs fonds disponibles et ces dépenses seront assimilées à des opérations de trésorerie ;

- d'autre part, que l'ensemble de ces fonds ne peuvent pas être directement injectés dans notre économie puisque 68,6 % d'entre eux ont un caractère non consomptible . Seuls les revenus financiers correspondant à la rémunération de leur dépôt au Trésor pourront être dépensés. Le taux de rémunération de ces fonds a été fixé à 3,41 % par un arrêté du 15 juin 2010. Les bénéficiaires des fonds non consomptibles devraient donc percevoir annuellement 512,5 millions d'euros pendant au moins dix ans , cette durée étant la référence de principe des conventions signées entre l'Etat et les opérateurs gestionnaires des fonds de l'emprunt national. Cette somme pourra être dépensée.

Au total, l'emprunt national permettrait théoriquement d'augmenter, au cours de la prochaine décennie, les ressources du secteur de l'enseignement supérieur et de la recherche d'environ 12 milliards d'euros . Selon les informations communiquées par le ministère de la recherche et de l'enseignement supérieur, un montant prévisionnel de 3,58 milliards d'euros serait décaissé par les opérateurs des programmes des dépenses d'avenir en 2011.

S'il est regrettable que le programme d'investissements d'avenir ait fait l'objet d'une débudgétisation complète, il convient de souligner que ce mode d'intervention permet de garantir, à moyen terme, des ressources relativement pérennes , indépendamment des aléas qui peuvent affecter l'évolution du budget de l'Etat.

Le programme d'investissements d'avenir, notamment dans l'enseignement supérieur et la recherche, permet de financer des actions qui augmenteront les capacités de notre économie à innover et donc à renouer avec une croissance dynamique . Vos rapporteurs spéciaux rappellent à ce titre, que votre commission a été particulièrement vigilante, dans le cadre de son examen des projets de convention entre l'Etat et les operateurs, sur les modalités de sélection des projets qui seront financés 4 ( * ) . En effet, il semblait impératif d'assurer le suivi de crédits dépensés en dehors du circuit budgétaire classique, mais aussi de garantir une sélection optimale permettant de ne soutenir que les projets à plus forte valeur ajoutée pour notre pays .

C. LA RÉORGANISATION DU PAYSAGE DE LA RECHERCHE

Depuis 2007, le Gouvernement a fait fortement évoluer le paysage français de la recherche. Vos rapporteur spéciaux, qui se félicitent de cette évolution, tiennent à en rappeler brièvement les deux principaux axes, que traduisent les modifications structurelles de l'organisation de plusieurs grands opérateurs, en particulier le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM), ainsi que la constitution « d'alliances » regroupant les opérateurs autour d'une thématique de recherche.

1. La réorganisation du CNRS et de l'INSERM
a) Les Instituts nationaux au CNRS

Le premier acte dans l'évolution du CNRS a été, en 2008, l'adoption par son Conseil d'administration du plan stratégique « Horizon 2020 ». Les grands principes de la réforme du CNRS étaient déjà définis : la réorganisation de l'établissement en instituts , l'accent porté sur l'interdisciplinarité par l'intermédiaire de pôles transversaux et l'évolution des relations entre le CNRS et ses partenaires universitaires pour accompagner le développement de leur autonomie.

C'est à travers cette dynamique que se sont déroulées les négociations qui ont abouti à la rédaction du nouveau contrat d'objectifs entre l'Etat et le CNRS, approuvé par le Conseil d'administration de cet organisme le 25 juin 2009 et signé le 19 octobre 2009.

La nouvelle organisation du CNRS telle qu'elle est formalisée au sein du contrat d'objectifs répond à trois grandes priorités .

En premier lieu, le CNRS doit se recentrer sur la fonction de pilotage scientifique des unités mixtes de recherche (UMR), en partenariat avec les universités : il accompagnera la montée en puissance des acteurs de site que sont les universités en proposant un partenariat stratégique renforcé mais plus sélectif et en intervenant de manière croissante en tant qu'agence de moyens . Dans le même temps, le rôle d'opérateur se concentrera sur des laboratoires structurants au niveau national et sur des laboratoires qui nécessitent une gestion partagée. Ce rôle d'opérateur revêt tout son sens lorsqu'il s'agit de rationaliser et d'optimiser les grands équipements et grandes infrastructures de recherche.

En deuxième lieu, le CNRS responsabilise les acteurs par la création d'instituts 5 ( * ) en charge de la prospective et de la programmation . Leur mise en place a pour finalité d'accroître la lisibilité de l'organisation, de garantir l'efficacité de la fonction de programmation de la recherche et de prendre éventuellement en charge, à la demande de l'État, des missions de coordination nationale. Selon le contrat d'objectifs, les Instituts animent, dans leur champ disciplinaire, un réseau d'unités de recherche dont le CNRS est opérateur s'il continue à les gérer, et agence de moyens dans le cas contraire.

En dernier lieu, la gouvernance du CNRS se concentre sur la vision stratégique, l'anticipation et l'animation des instituts, en se recentrant sur la promotion de l'excellence scientifique, le dialogue interdisciplinaire et la prospective.

b) Les Instituts thématiques à l'INSERM

De même qu'au CNRS, une nouvelle structuration de l'INSERM en instituts thématiques a été retenue pour proposer une meilleure lisibilité à la communauté scientifique. Le décret n° 2009-278 du 11 mars 2009 modifiant le décret n° 83-975 du 10 novembre 1983 relatif à l'organisation et au fonctionnement de l'INSERM traduit cette nouvelle organisation

Après une première année de fonctionnement des huit premiers Instituts thématiques, il a été nécessaire de préciser le périmètre de leur intervention, en distinguant les domaines hors champ, relevant principalement de l'INRA et du CNRS, mais aussi en précisant les contours du domaine du champ. Par décision du Conseil d'administration de l'INSERM intervenue en juin 2009, deux nouveaux Instituts thématiques (IT) sont ainsi venus compléter les huit premiers 6 ( * ) .

Parallèlement, la progression de la coordination entre les différentes institutions de recherche en sciences de la vie et de la santé a conduit à la constitution de l'Alliance nationale pour les sciences de la vie et de la santé , qui sera évoquée ci-après.

2. Les Alliances

Comme indiqué ci-dessus, l'évolution du paysage de la recherche national est passée par la mise en place d'Alliances.

Celles-ci ont pour mission de transmettre et propager les orientations nationales auprès des opérateurs de recherche, de coordonner de façon optimale la mise en oeuvre des moyens humains et financiers déployés par l'Etat , notamment en contribuant fortement à la définition de la programmation de l'ANR et au positionnement des universités au coeur du système de recherche.

Les Alliances ont également vocation à représenter la France dans les instances de programmation européenne et internationale , comme c'est déjà le cas pour la programmation conjointe en matière de santé ou d'énergie.

Les Alliances existantes

1) L'Alliance nationale pour les sciences de la vie et de la santé (AVIESAN)

Créée le 8 avril 2009, elle associe l'INSERM, le CNRS, le CEA, l'INRA, l'INRIA, l'IRD, l'Institut Pasteur, la CPU ainsi que, plus récemment, la Conférence des Directeurs généraux de CHU. L'AVIESAN est organisée en instituts thématiques multi-organismes (ITMO) qui recouvrent le champ d'application des instituts thématiques de l'INSERM.

Les ITMO prolongent la fonction de coordination nationale dévolue à l'INSERM et facilitent la mise en oeuvre d'une programmation scientifique commune par les différentes institutions partenaires à partir des contributions et propositions de scientifiques, indépendamment de leur appartenance institutionnelle.

L'Alliance s'est fixée trois axes de travail prioritaires : l'harmonisation et la simplification des procédures (recrutements notamment) et des modes de gestion pour les laboratoires, le développement de politiques communes de coopération internationale et la réactivité en matière de valorisation.

La coopération opérationnelle au sein de l'Alliance est assurée par un Conseil de coordination chargé d'organiser la concertation entre les organismes partenaires. L'animation scientifique et la réflexion stratégique sont organisées au sein des dix ITMO, placés sous la responsabilité conjointe de l'INSERM ou du CNRS (sauf l'ITMO « Circulation, métabolisme, nutrition », placé sous la responsabilité de l'INSERM et de l'INRA, et l'ITMO « Technologies de la santé », placé sous celle du CEA et du CNRS).

L'AVIESAN est présidée par le Président-Directeur général de l'INSERM.

Plusieurs actions ont été engagées qui démontrent la volonté des partenaires de passer de l'affichage stratégique à la mise en oeuvre concrète :

- la mutualisation d'actions, dans un souci de clarification et de simplification (réunion des programmes « Avenir » de l'INSERM et « ATIP » du CNRS et réflexion sur les recrutements en jurys communs, mutualisation et optimisation des systèmes d'information) ;

- la cohérence dans la programmation des opérateurs et des agences apportée par les 10 ITMO, en lien étroit avec les agences ou structures thématiques de financement sur projets (ANR, INCa, ANRS, IRESP, Fondation « Alzheimer et maladies apparentées ») ;

- les politiques de site communes avec les universités autonomes, les collectivités territoriales, les lieux centraux de la recherche translationnelle, les pôles de compétitivité ;

- le guichet unique pour les industriels du secteur, eux-mêmes regroupés dans une Alliance, ARIIS.

2) L'Alliance nationale de coordination de la recherche pour l'énergie (ANCRE)

Le CEA, le CNRS et l'IFP ont créé l'Alliance nationale de coordination de la recherche pour l'énergie le 17 juillet 2009. Au-delà de ses trois membres fondateurs, l'ANCRE réunit, en qualité de membres associés, l'ensemble des organismes de recherche publique français concernés par les problématiques de l'énergie.

L'ANCRE est placée sous la responsabilité d'un Comité de coordination, composé de représentants des membres fondateurs et présidé pour les deux premières années par le Président de l'IFP, dans le cadre d'une présidence tournante.

Pour conduire les réflexions et aboutir à des propositions concrètes en matière de programmes de R&I, le Comité de coordination s'appuie sur huit groupes programmatiques thématiques :

- cinq dédiés aux sources d'énergie (biomasses, fossiles, nucléaires, solaires, géothermiques, maritimes, hydrauliques et éoliennes) ;

- trois dédiés à la dimension « Secteurs d'activité ou usages » (transports, bâtiments, industries et agriculture).

Un neuvième groupe programmatique transversal, intitulé « Prospective énergétique globale », analysera les résultats des travaux des huit autres groupes thématiques et rendra ses conclusions sous la forme d'un rapport de synthèse.

La finalité industrielle des travaux conduits dans le cadre de l'ANCRE est un élément fondamental dans l'atteinte de ses objectifs. Les groupes programmatiques intégreront en tant que partenaires les représentants des pôles de compétitivité impliqués dans les thématiques énergétiques et environnementales.

3) L'Alliance des sciences et technologies du numérique (Allistene)

L'Alliance a été créée le 17 décembre 2009. Elle comprend six membres fondateurs : CEA, CNRS, CDEFI, Conférences des universités, INRIA et Institut Telecom.

En mars 2010, elle s'est dotée d'un Comité de coordination, présidé par le Président-Directeur général de l'INRIA, et a défini une gouvernance basée sur une répartition des tâches entre le Président du Comité de coordination, chargé de l'animation globale, et cinq vice-présidents, en charge de l'animation du travail d'Allistene sur chacune de ses grandes missions : prospective et stratégie globale, formation supérieure, programmation, coopération européenne et internationale ainsi que valorisation et relations industrielles.

4) L'Alliance pour l'environnement (AllEnvi)

L'Alliance « Alimentation, eau, climat, territoires », dite « Environnement », a été créée le 9 février 2010, portée par ses douze membres fondateurs (BRGM, CEA, CEMAGREF, CIRAD, CNRS, CPU, IFREMER, INRA, IRD, LCPC, Météo-France et MNHN) qui constituent le Conseil de l'Alliance.

L'AllEnvi a vocation à accueillir des membres associés parmi les institutions de recherche et d'enseignement supérieur impliquées dans les domaines concernés.

La présidence du Conseil de l'Alliance est assurée, de manière tournante et pour un mandat de deux ans, par chacun des membres du Bureau (CEMAGREF, CNRS, IFREMER, INRA) placé auprès d'elle. Le Bureau  a pour rôle de préparer les réunions du Conseil de l'AllEnvi, d'assurer la mise en oeuvre et le suivi des actions décidées par le Conseil et de rendre compte de ses missions au Conseil.

L'Alliance dispose d'un secrétariat exécutif permanent (placé sous la responsabilité conjointe du CNRS et de l'INRA) pour prendre en compte l'ensemble des champs couverts.

5) L'Alliance pour les sciences de l'homme et sociales (ATHENA)

L'ATHENA a été créée le 22 juin 2010 avec quatre membres fondateurs (CNRS, INED, CPU et la Conférence des grandes écoles). Elle a pour but de contribuer de manière déterminante au développement de l'enseignement supérieur et de la recherche dans le domaine des SHS, avec les objectifs de consolider les dispositifs d'accueil scientifique (IUF, MSH, chaires d'excellence, Instituts d'études avancées, Maisons des sciences de l'Homme), et de faire des propositions pour développer les interfaces entre les acteurs de la recherche en matière d'infrastructures de recherche et de grands équipements (bibliothèques, numérisation).

Elle doit définir des stratégies pour l'utilisation des SHS (Ecoles et Instituts français à l'étranger), aider à la programmation de la recherche à moyen et long terme et participer à la veille et à la prospective scientifique, en favorisant la mise en cohérence des stratégies de recherche des universités et des autres établissements (qui disposent de la majeure partie du potentiel scientifique) et celles, à caractère structurant, des organismes de recherche (notamment du CNRS à travers son Institut de SHS). La présidence tournante sera assurée alternativement par le CNRS et la CPU.

D. LE CRÉDIT D'IMPÔT RECHERCHE (CIR) : UN OUTIL FISCAL PRÉCIEUX À CONFORTER DANS LE TEMPS

Le crédit d'impôt recherche (CIR) a été profondément réformé par l'article 69 de la loi de finances pour 2008 (loi n° 2007-1822 du 24 décembre 2007) et a changé d'échelle, voire de nature .

Il convient de rappeler brièvement que la réforme reposait principalement sur trois volets :

- la suppression de la part du CIR dite « en accroissement », assise sur la progression d'une année sur l'autre des dépenses de R&D de l'entreprise ;

- le triplement de la part « en volume », porté de 10 % à 30 % pour le taux « normal » du CIR ;

- le déplafonnement du crédit d'impôt (auparavant plafonné à 16 millions d'euros). Toutefois, pour la fraction des dépenses dépassant 100 millions d'euros (ce niveau concernant une vingtaine d'entreprises), le taux du crédit d'impôt a été réduit, pour passer à 5 % .

De ce fait, même à taux réduit, tout investissement des entreprises en R&D sur le sol français peut bénéficier d'un soutien fiscal. L'incitation existe donc toujours, y compris pour les grands groupes les plus actifs en matière de recherche, qui dépassaient parfois notablement les anciens plafonds.

Comme attendu, la dépense fiscale associée au CIR a fortement progressé du fait de la réforme : la dette de l'Etat au titre des dépenses de R&D effectuées par les entreprises en 2008 s'élève ainsi à 4 154,6 millions d'euros , contre 1 682 millions d'euros l'année précédente, soit une augmentation de 147 % .

Cette première année du nouveau régime s'est donc caractérisée, comme après les réformes de 2004 et 2006, mais de façon encore plus marquée, par une évolution significative du coût du dispositif, comme le montre le graphique ci-après.

Cette amplification de la dépense fiscale a suscité plusieurs travaux de contrôle, au Sénat par notre ancien collègue Christian Gaudin 7 ( * ) , à l'Assemblée nationale par la mission d'évaluation et de contrôle de la commission des finances 8 ( * ) présidée par nos collègues députés Olivier Carré et David Habib et dont nos autres collègues députés Alain Claeys, Jean-Pierre Gorges et Pierre Lasbordes étaient les rapporteurs. Le Gouvernement a également mandaté une mission de l'inspection générale des finances (IGF) sur le même sujet.

Même si plusieurs d'entre eux ont souligné la nécessité de lutter contre les abus et d'apporter des améliorations à la marge au CIR, l'ensemble de ces importants travaux ont conclu à l'utilité du crédit d'impôt recherche et à la nécessité de stabiliser le régime général de cet important dispositif fiscal , bien identifié par les entreprises et constituant un réel atout en termes d'attractivité.

Vos rapporteurs spéciaux partagent cette analyse et souhaitent que le CIR ne soit pas modifié dans son économie générale par le présent projet de loi de finances . S'agissant d'investissements de R&D, qui nécessitent par définition une vision sur le long terme des entrepreneurs concernés (français et étrangers), les pouvoirs publics ne devraient pas donner l'impression d'hésiter ni de regretter d'avoir fait un choix audacieux en termes


* 1 Vos rapporteurs spéciaux, chargés conjointement des commentaires globaux sur la mission, se sont plus spécifiquement répartis l'examen des programmes de la façon suivante : les programmes 150, 231, 187, 186 et 142 pour Philippe Adnot, les programmes 172, 193, 190, 192 et 191 entrant dans le périmètre de Philippe Dominati.

* 2 S'agissant du passage des universités aux compétences et responsabilités élargies, votre rapporteur général se félicite que cette évolution s'inscrive dans le respect des nouvelles règles de pilotage des finances publiques. Ainsi, l'article 11 du projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2011 à 2014, qui interdit aux opérateurs de l'Etat de recourir à l'emprunt pour une durée supérieure à douze mois, s'applique aux établissements d'enseignement supérieur.

* 3 Rapport d'information n° 382 (2007-2008) de MM. Philippe Adnot et Jean-Léonce Dupont.

* 4 Les conventions établies en application de l'article 8 de la loi n° 2010-237 du 9 mars 2010 de finances rectificative pour 2010 ont fait l'objet d'observations de la part de votre commission des finances, selon la procédure prévue à ce même article. Ces observations ont été débattues en commission lors des réunions des 25 mai, 7 juillet et 7 septembre 2010.

* 5 Les dix instituts du CNRS sont l'institut de chimie (INC), l'institut écologie et environnement (INEE), l'institut de physique (INP), l'institut national de physique nucléaire et de physique des particules (IN2P3), l'institut des sciences biologiques (INSB), l'institut des sciences humaines et sociales (INSHS), l'institut des sciences mathématiques et leurs interactions (INSMI), l'institut des sciences de l'ingénierie et des systèmes (INSIS), l'institut des sciences informatiques et leurs interactions (INS2I) et l'institut des sciences de l'univers (INSU).

* 6 Les dix instituts de l'INSERM sont dénommés « Bases moléculaires et structurales du vivant », « Biologie cellulaire, développement et évolution », «  Neurosciences, sciences cognitives, neurologie, psychiatrie », « Cancer », «  Génétique, génomique et bioinformatique », « Microbiologie et maladies infectieuses », « Circulation, métabolisme, nutrition », « Immunologie, hématologie, pneumologie », « Santé publique » et « Technologies pour la santé ».

* 7 Rapport d'information Sénat n° 493 (2009-2010).

* 8 Rapport d'information Assemblée nationale n° 2 686 (XIII ème législature).