ARTICLE  14 BIS A (NOUVEAU) : COMPENSATION AUX COLLECTIVITÉS TERRITORIALES DE L'EXONÉRATION SUR 15 ANS DE TAXE FONCIÈRE AUX LOGEMENTS EN LOCATION-ACCESSION

I. DÉBATS SÉNAT EN PREMIÈRE LECTURE (SÉANCE DU MARDI 22 NOVEMBRE 2011)

Article additionnel après l'article 14

M. le président. L'amendement n° I-142, présenté par MM. Repentin et Marc, Mme M. André, MM. Frécon, Miquel, Berson, Botrel et Caffet, Mme Espagnac, MM. Germain, Haut, Hervé, Krattinger, Massion, Patient, Patriat, Placé, Todeschini, Yung et les membres du groupe Socialiste, Apparentés et groupe Europe Écologie Les Verts rattaché, est ainsi libellé :

Après l'article 14

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

I. - À la première phrase du troisième alinéa des articles L. 2335-3, L. 5214-23-2, et L. 5215-35 du code général des collectivités territoriales et à la première phrase du deuxième alinéa de l'article L. 5216-8-1 du même code, après les mots : « code de la construction et de l'habitation, », sont insérés les mots : « et pour les logements visés au III de l'article 1384 A du code général des impôts bénéficiant d'une décision d'agrément initiale prise entre le 1 er janvier 2012 et le 31 décembre 2014, ».

II. - Les pertes de recettes pour l'État résultant du I ci-dessus sont compensées, à due concurrence, par la création d'une taxe additionnelle aux droits mentionnés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts.

La parole est à Mme Michèle André.

Mme Michèle André. À l'heure actuelle, le prix au mètre carré des logements atteint des sommets, notamment dans les grandes villes. L'accession à la propriété est devenue un luxe que peu de ménages des classes moyennes peuvent se permettre. Le dispositif de location-accession remet un peu de cohérence dans un marché qui semble avoir perdu tout sens des réalités.

La location-accession à la propriété est un contrat prévu par la loi du 12 juillet 1984, qui permet à une personne d'acheter un logement après l'avoir loué pendant un temps déterminé. Ce prêt est accordé après agrément de la collectivité ou de l'établissement public. Il ouvre droit à un taux de TVA de 5,5 % et à l'exonération de la taxe foncière sur les propriétés bâties pendant quinze ans.

Cette loi avait été portée par le gouvernement de Pierre Mauroy pour relancer la construction immobilière et l'industrie du bâtiment. Le dispositif comporte deux phases. Pendant la phase de location, le logement reste la propriété du vendeur. Elle est d'une durée maximale de quatre ans et permet à l'acheteur de se constituer un apport personnel. Puis vient la phase d'accession à la propriété, qui peut intervenir après un an de location et commence par la levée de l'option sur le logement par le ménage accédant.

Alors que le Président de la République déclarait, au lendemain de son élection, vouloir une « France de propriétaires », un tel dispositif a permis de créer un statut intermédiaire entre ceux de locataire et de propriétaire, adapté aux classes moyennes. Ce contrat, ainsi que sa mise en valeur, devraient donc faire l'objet d'un consensus.

Cependant, le dispositif n'a connu qu'un succès relatif depuis la fin des années quatre-vingt, notamment en raison du coût qu'il représentait pour les collectivités territoriales. En effet, les logements en location-accession sont exonérés de taxe foncière sur les propriétés bâties pendant quinze ans, ce qui induit un manque à gagner certain pour les collectivités, qui ne sont dès lors pas incitées à soutenir de telles mesures.

L'État gagnerait donc, économiquement et socialement, à compenser la perte subie par les collectivités locales, comme il le fait déjà pour les logements locatifs sociaux. Actuellement, les pertes de recettes résultant, pour les communes, de l'exonération pendant quinze ans ou vingt ans de la taxe foncière sur les logements sociaux bâtis sont compensées par un prélèvement sur les recettes de l'État.

Par conséquent, cet amendement vise simplement à élargir ce dispositif de compensation aux logements en location-accession.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

Mme Nicole Bricq, rapporteure générale de la commission des finances. Avis favorable.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

Mme Valérie Pécresse, ministre. Avis défavorable.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° I-142.

(L'amendement est adopté.)

M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 14.