A M. le Grand Référendaire
10 octobre 1859
M. le Grand Référendaire,
J'ai lu avec soin l'enquête administrative que vous m'avez adressée sur l'incendie qui a éclaté dans la nuit du 27 au 28 octobre. Je suis, comme vous, d'avis qu'il a eu pour cause une imprudence et j'approuve les mesures que vous avez décidé de prendre pour prévenir le retour de semblables accidents. La délégation spéciale donnée à M. Challamel, la création d'un poste de pompier et l'établissement de rondes de nuit présentent toutes les garanties d'une surveillance complète et efficace. Toutefois, à côté de ces précautions, il en est une qui existait sous l'ancienne Chambre des Pairs et à laquelle il serait peut-être bon de revenir. Je veux parler du dépôt des clés des portes qui conduisent aux combles dans une armoire exclusivement confiée à la garde du chef des hommes de service. Il résulte en effet de plusieurs passages de l'enquête que les portes de ces combles restaient fréquemment ouvertes sans nécessité, soit que personne ne fût spécialement chargé de veiller à ce qu'elles fussent fermées, soit qu'on n'eût pas, en temps utile, les clés sous la main. La réunion de ces clés, en facilitant le service, préviendrait les négligences et les oublis, en même temps qu'elle imposerait à la personne qui les aurait en garde une responsabilité qui stimulerait sa vigilance. J'appelle votre attention sur ce détail dont, au reste, vous avez signalé vous-même l'importance dans les observations que vous avez adressées à MM. Daveluy et Regnart et au Sieur Briet.
J'approuve votre projet de faire frapper quelques médailles qui seraient distribuées aux pompiers dont l'activité et l'énergie ont le plus contribué à circonscrire l'incendie dans son foyer primitif. C'est en effet la meilleure manière de reconnaître l'immense service qu'ils nous ont rendu dans cette circonstance.
Agréez, M. le Grand Référendaire, etc.
Signé : Troplong