Le 4e témoin est M. Chalamel, premier commis d'administration. Il est responsable du mobilier et de la propreté du Palais.
Demande : Que savez-vous de l'incendie qui a éclaté dans la nuit du 27 au 28 octobre 1859 et qui a brûlé la salle des séances ?
Réponse : A une heure, j'ai entendu crier : au feu ! Je me suis levé quoique malade, et je suis descendu immédiatement. J'ai vu le dôme de la salle des séances en feu, et des médaillons qui commençaient à prendre. J'ai toujours vu le feu tout en haut, dans la coupole. Il se communiquait avec rapidité, je ne puis pas dire de quel côté avait commencé l'incendie.
Demande : Dans votre appréciation et d'après ce que vous avez pu recueillir, à quoi attribuez-vous la cause de l'incendie ?
Réponse : Je ne sais. Je pense seulement que, d'après ce qui m'a été dit par des négociants en drap, la combustion spontanée de linges ou objets gras peut se produire ; et que les chiffons contenus dans les armoires situées dans l'intérieur du dôme ont pu s'enflammer spontanément.
Demande : Vous êtes au Palais depuis longtemps et, par la nature de vos fonctions, vous avez la surveillance de tout ce qui tient au mobilier et à la propreté. Depuis combien de temps pensez-vous que les chiffons gras ou imprégnés d'huiles qui servaient à nettoyer le grand lustre de la salle des séances fussent déposés dans les armoires au dessous de la coupole ?
Réponse : Tous les ans, je délivrais dix ou douze vieux torchons au lampiste qui était chargé de nettoyer le lustre et je ne sais pas ce que devenait ensuite le linge.
Demande : Qui avait mission de nettoyer le grand lustre ?
Réponse : Les lampistes Gausset et Girard appartenant à l'administration du Sénat étaient chargés de ce soin et Alexandre qui a été pendant de longues années l'ouvrier de M. Chabrier qui avait l'entreprise de l'éclairage du Palais. Cette année encore, Alexandre a été employé à nettoyer le lustre. Il était rétribué par les lampistes du Palais quand ils le faisaient travailler.
Lecture faite, le comparant a signé.
Signé : Chalamel.