L'interrogatoire de M. Galois, bibliothécaire-adjoint, relève du récit épique. N'écoutant que son courage, il prend des mesures pour protéger les archives et la bibliothèque et organiser les secours.
Demande : Que savez-vous de l'incendie de la nuit du 27 au 28 octobre ?
Réponse : J'ai été réveillé vers une heure par des cris au feu ! poussés par le surveillant Badin. Nous étions, Badin et moi, dans une obscurité profonde. Cela n'arrêtait pas Badin, je suis sorti sur le carré et je suis allé à la croisée sur le carré et j'ai vu une réverbération, une flamme, s'attachant au sommet de la salle des séances à l'Ouest. Rentré dans mon appartement, j'ouvris mon volet et je vis les arbres du jardin comme s'ils eussent été en flammes. Je crus que la bibliothèque brûlait. Je me précipitai dans le couloir, par l'escalier de service et je vis avec bonheur la bibliothèque dans l'obscurité. Je rencontrai Poncelin, nous éclairâmes la bibliothèque pour rendre la circulation possible. Enfin, j'ouvris la porte du côté de la salle des séances et je vis que là était le feu. J'eus l'idée d'établir un service d'eau par la fenêtre de la bibliothèque qui donne sur le jardin. Mais je m'arrêtai dans la crainte d'établir un courant d'air. A ce moment deux pompiers arrivaient par le Palais. Ils voulurent ouvrir une petite fenêtre qui donne sur la terrasse en face de la voûte incendiée. C'est par là que M. de Lacondamine, désirant passer, voulût être conduit par un employé. Je l'y conduisis et, l'aidant, je le poussai par deux carreaux de la fenêtre qui était fermée et je l'aidai à s'en retirer, plus tard. Alors j'allai aux archives que je croyais menacées, et que plus tard on a cru brûlées. Je vis qu'elles n'étaient pas menacées ; il n'y avait qu'un danger sérieux. C'était que des flammèches n'y tombassent. J'introduisis aux archives le plus de monde possible, des pompiers avec des seaux, et on y établit un service de préservation.
Demande : Lorsque vous avez vu le feu pour la première fois, où avez-vous pensé qu'il s'était allumé ?
Réponse : En même temps que je voyais le feu à l'Ouest, il paraît qu'à la partie Est on le voyait également. On l'aurait donc vu à deux endroits à la fois. C'est ce que je ne m'explique pas. Je ne l'ai vu qu'à l'Ouest. Du reste, je ne puis rien préciser.
Demande : A quoi attribuez-vous la cause de l'incendie ?
Réponse : C'est un fait sur lequel je ne puis me prononcer qu'avec réserve. J'ai d'abord cru que le feu pouvait venir des cheminées du calorifère, mais le contraire a été prouvé ; pour moi, je n'ai plus aucune idée précise à émettre à ce sujet.
Demande : Indépendamment du calorifère, croyez-vous à quelqu'autre cause ?
Réponse : Je n'en vois pas.
Lecture faite, le comparant a signé.
Signé : Etienne