Signature de M. de Gisors

La déposition de M. de Gisors fournit de nouveaux éléments. Cette nuit-là, l'architecte s'empresse de visiter les appartements du Grand référendaire avant de se rendre sur place pour renseigner les pompiers sur les mesures à prendre. L'accès aux combles est normalement limité aux seuls détenteurs des clés du service de la Régie , mais les portes restent souvent ouvertes.

Demande : Dîtes-moi, je vous prie, ce que vous savez de l'incendie qui a éclaté dans la nuit du 27 au 28 octobre dans la salle des séances ?
Réponse : Dans la nuit du jeudi au vendredi à une heure, le garde Badin est venu sous mes fenêtres crier que le feu était dans le Palais. Dix minutes après, j'étais dans le Palais et, ne sachant pas sur le champ où le feu s'était manifesté d'abord, je crus devoir parcourir dans toute leur étendue les appartements de M. le Grand Référendaire.

Tout était silencieux. Rassuré de ce côté, je suis monté immédiatement au premier étage, j'ai fait allumer immédiatement toutes les salles qui s'y trouvent.A partir de ce moment, j'ai de concert avec le corps des pompiers indiqué les mesures qui me semblaient nécessaires. Mais à ce moment déjà le feu se faisait jour et sortait avec violence à travers le comble du côté de la cour de service de M. le Grand Référendaire. J'ai entendu dire, mais je ne l'ai pas vu, que le même effet se produisait de l'autre côté, sur la cour de M. Le Premier Vice-Président. La force du feu était telle au moment même où j'étais prévenu, qu'il en résulte pour moi jusqu'à l'évidence, la certitude que le feu avait pris à l'intérieur même du comble, mais aussi qu'il devait y couver déjà depuis un jour, au moins depuis plusieurs heures.

Demande : Etait-il facile à tout le monde de se rendre aux combles qui étaient au dessus de la salle des séances, en suivant l'escalier au bas duquel le sieur Simon qui chauffe le calorifère a son atelier ?
Réponse : Non, M. le Grand Référendaire, on pouvait facilement par cet escalier accéder à la hauteur des terrasses extérieures, mais non pas dans les combles, dont aucune partie des combles dont l'accès était interdit par des portes fermant toutes à clef. Si d'autres que ceux qui devaient s'y introduire y sont entrés, c'est que les hommes chargés de ce service ont négligé de fermer les portes.

Demande : Bien qu'on ne peut pas se rendre au sommet des combles, l'escalier dont il est question pouvait-il conduire sur la plateforme, où l'on montait pour manœuvrer le lustre ?
Réponse : Oui, M. le Grand Référendaire.

Demande : Est-il à votre connaissance que, bien qu'il y ait des portes à cet escalier, elles restassent souvent ouvertes ?
Réponse : Oui. En visitant à diverses époques les combles, pour affaire de mon service, j'ai pu en parcourir toutes les parties, sans être obligé de recourir à des clefs.

Demande : L'abord des combles était-il sous la surveillance du service des bâtiments ou sous celui de la conservation du mobilier ? Car les travaux qui s'exécutaient en cet endroit était mixte et participaient des deux services.
Réponse : Ce service appartenait à la Régie (conservation du mobilier). Quant au service des bâtiments, il n'aurait pas pu se faire par l'intérieur des combles. L'architecte fait toujours faire le service par les plateformes extérieures.

Demande : Dans votre appréciation et en raison de la connaissance parfaite que vous avez des lieux, à quoi pouvez-vous attribuer les causes de l'incendie ?
Réponse : A cet égard, je ne puis faire que des conjectures. J'ignore si les ouvriers de la Régie étaient récemment entrés dans la chambre du lustre. Si cela était, on pourrait supposer que ces hommes se servant de feu, en ont laissé tomber et ont causé l'incendie.

Lecture faite, le comparant a signé.

Signé : A. de Gisors

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