Jean Borne, garde magasin et employé pour les travaux des bâtiments du Luxembourg, a pu donner l'accès aux cuisines pour acheminer l'eau. Il a une bonne connaissance des travaux en cours. Selon lui, seule une imprudence de fumeur serait à l'origine du feu.
Demande : Que savez-vous de l'incendie qui a éclaté dans la nuit du 27 au 28, dans la salle des séances du Sénat ?
Réponse : Je ne sais rien de plus que ce que d'autres témoins de l'incendie ont pu voir comme moi. Eveillé à 1 heure Œ après minuit, j'ai pris les clefs dont je croyais avoir besoin, et j'ai mis les personnes accourues au feu à même de puiser de l'eau dans le réservoir servant aux cuisines.
Demande : A quelle époque a été fait le dernier travail des plombiers dans les combles ?
Réponse : Le dernier travail des plombiers a eu lieu le 12 octobre, à une distance de douze mètres au moins du point où l'incendie s'est déclaré. Ce travail s'est fait au réservoir du pavillon, habité par M. Coulvier Gravier. Ce travail exigeait du feu. Un autre travail a été fait sur le pavillon habité par M. Vieillard, mais ce travail ne nécessitait pas l'emploi du feu, il a été terminé le 23 octobre.
Demande : De l'endroit où ont travaillé les ouvriers, peut-on communiquer avec la coupole ?
Réponse : L'accès de la coupole était possible seulement à ces ouvriers.
Demande : Où pensez-vous que le feu ait pris naissance ?
Réponse : Au dessus du lustre, assez loin des cheminées. Le chauffeur, que j'ai questionné dans la cour, m'a répondu qu'il s'était aperçu du feu au moment même où il allait allumer le calorifère.
Demande : Vous êtes en présence d'un fait : à quelle cause l'attribuez-vous ?
Réponse : Je l'attribue à l'imprudence d'un fumeur ; quelque personne allant par là, soit pour voir le lustre, soit pour voir peut-être la salle par en haut, aura pu allumer un cigare ou une cigarette, jeter au hasard une allumette mal éteinte ou quelque reste de tabac enflammé, quelque petit chiffon gras aura pu prendre feu, et déterminer l'incendie.
Demande : Croyez-vous que la malveillance soit étrangère à l'événement ?
Réponse : Je le crois, je ne connais personne qu'on puisse supposer capable d'un acte aussi criminel.
Après lecture faite le comparant a signé.
Signé : Borne