M. Briet, le chef des hommes de service, s'est impliqué dès le début dans la lutte contre l'incendie. Il a visité les combles le jour même, sans déceler un départ de feu dans cet environnement en bois très sec.
Demande : Que savez-vous de l'incendie, et quelles circonstances principalement vous ont frappé ?
Réponse : Vers minuit et demie, Rudler François, qui ne dormait pas, entend les soldats qui, voyant une lueur en haut du Palais, discutaient sur la cause probable de cette lueur inaccoutumée. Bientôt, Rudler, qui regardait avec attention, crie au feu. On m'éveille. Je cours à la hâte, deux gardes de Paris que je vois dans la cour me demandent par où on peut aller à l'endroit qui brûlait. Je les guide, chemin faisant, je rencontre diverses personnes du Palais qui couraient avec agitation. Je conduis au réservoir d'eau des cuisines. On commence un service de secours provisoires. Le centre de la voûte de la salle des séances était en flammes. Bientôt, l'incendie gagna. Ses progrès furent si rapides, que l'arrivée seule des pompiers put opposer au feu une résistance efficace. J'ai suivi tous les efforts, toutes les manœuvres de secours. J'ai aidé de mon mieux. J'ai agi toute la nuit dans différents points, en un mot, j'ai fait de mon mieux.
Demande : Les dépositions antérieures ont prouvé que le feu n'a pas été mis par les calorifères, car il s'est déclaré du côté opposé. La supposition d'une combustion spontanée a été écartée, ayant été établi qu'aucun amas de linge gras n'existait vers les combles : restent donc les deux hypothèses d'imprudence ou de malveillance : quel est là-dessus votre sentiment ?
Réponse : L'accès au lustre est très facile à tout le monde, tout individu peut arriver là. J'ai vu les lieux, après le travail du lustre qui a été terminé le jeudi, jour de l'incendie, à 3 heures après midi, j'ai visité un cabinet renfermant des paillasses de joncs, à environ trente marches au dessous du lustre. Je n'ai rien vu, rien senti, qui put donner l'éveil, qui indiquât la présence du feu.
Demande : Précisez, dans votre appréciation, qu'elle est la cause de l'incendie.
Réponse : C'est, à mon sens, l'imprudence. Un ouvrier, ou un homme quelconque, a pu écraser quelque allumette non consumée. Le plancher des chambres vers les combles était en sapin très sec, qu'on nettoyait souvent avec de la sciure. La moindre parcelle de feu a pu se communiquer à cette sciure, dans quelque interstice, et déterminer ainsi un incendie qui aurait couvé. Il est vrai que, tout étant sec dans les combles, il me paraît peu probable que le feu ait pu couver plusieurs jours. Ces diverses considérations tiennent mon esprit dans une incertitude qu'aucun indice particulier ne peut éclairer.
Lecture faite, le comparant a signé.
Signé : Briet.