Charles-Ernest Noël est né le 26 août 1847 à Paris. De brillantes études conduisent Noël à l'Ecole centrale des arts-et-manufactures. En 1875, il prend la direction d'une usine de produits chimiques à Noyon, dans l'Oise, ville dont il devient le maire en 1888. Il présidera le Conseil général de l'Oise jusqu'à sa mort.
Il est élu député de Compiègne en 1893. Charles-Ernest Noël est un républicain ferme mais modéré spécialisé dans les questions économiques et douanières. Il fut d'ailleurs président de la commission des douanes de 1902 à 1906.
Le 7 janvier 1906 il se présente aux élections sénatoriales et est élu au premier tour. Il s'inscrit au groupe de la gauche démocratique. Il fait aussitôt partie de la commission des douanes, intervenant en qualité de rapporteur général, poste officieux, mais qui lui permettait de faire profiter ses collègues de sa longue expérience et de son inlassable activité.
Charles-Ernest Noël, maire de Noyon, reste dans sa ville quand celle-ci est occupée par l'ennemi le 30 août 1914. Il est arrêté comme otage, maltraité. Les Allemands menacent de le fusiller mais il continue de défendre ses concitoyens. En février 1915, il est de nouveau arrêté, puis incarcéré au fort d'Hirson jusqu'en juin. Transféré à la prison militaire de Rastadt, il y est mis en cellule jusqu'en décembre. Nouveau transfert, dans un camp d'officiers cette fois, à Singen.
Il sera libéré en janvier 1916, en même temps que Jean Lebas, à la suite d'un échange d'otages.
Lorsqu'il reprend sa place au Sénat, le 20 janvier 1916, l'Assemblée unanime se lève et l'applaudit et le président Antonin Dubost prononce une allocution :
" Messieurs, au nom du Sénat, permettez-moi de saluer le retour parmi nous de notre collègue et ami M. Noël.
Il a noblement subi les souffrances morales et physiques d'une longue captivité, mais il souffrait pour la patrie. Aussi ces souffrances seront-elles vite oubliées puisque ses compagnons et lui revoient la France qui les accueille et leur ouvre ses bras.
Que sa présence ici soit désormais une leçon vivante d'espoir, de confiance et d'énergie... "
L'Académie française décerne à Charles-Ernest Noël son prix d'héroïsme le 21 novembre 1915. Le 27 mars 1917, le président Poincaré lui remettait la croix de la Légion d'honneur devant l'hôtel de ville de Noyon libérée par les troupes alliées.
Jusqu'à sa mort, le 25 décembre 1930, à l'âge de 83 ans, il donnera un bel exemple d'activité parlementaire, tant au sein des commissions, de celle des douanes en particulier, qu'au cours des séances publiques.