SÉANCE

du vendredi 30 octobre 2020

14e séance de la session ordinaire 2020-2021

présidence de M. Pierre Laurent, vice-président

Secrétaires : Mme Marie Mercier, M. Jean-Claude Tissot.

La séance est ouverte à 9 h 30.

Le procès-verbal de la précédente séance, constitué par le compte rendu analytique, est adopté sous les réserves d'usage.

Prorogation de l'état d'urgence sanitaire (Procédure accélérée - Suite)

M. le président.  - L'ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale après engagement de la procédure accélérée, autorisant la prorogation de l'état d'urgence sanitaire et portant diverses mesures de gestion de la crise sanitaire.

Discussion des articles (Suite)

ARTICLES ADDITTIONNELS après l'article 4

M. le président.  - Amendement n°1 rectifié bis, présenté par M. Temal et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.

Après l'article 4

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Après le d du 1 de l'article L. 15182 du code monétaire et financier, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :

« ...) Le franchissement, directement ou indirectement, seul ou de concert, du seuil de 25 % de détention des droits de vote d'une entité de droit français exerçant des délégations de service public telles que mentionnées à l'article L. 1411-1 du code général des collectivités territoriales et qui interviendrait durant la période pendant laquelle l'état d'urgence sanitaire est déclaré sur la totalité du territoire métropolitain en application des articles L. 3131 2 et suivants du code de la santé publique. »

M. Franck Montaugé.  - Avec cet amendement, tout rachat de capital d'une entreprise délégataire de service public conduisant à un franchissement du seuil de 25 % de détention des droits de vote au sein de ladite entreprise serait soumis à autorisation préalable.

Dans la période que nous vivons, l'action des collectivités territoriales doit être tournée vers les mesures sanitaires. Les opérations économiques conduisant à des changements majeurs dans l'organisation des délégations de services publics, tel que peut l'être le rachat de Suez par Veolia, ne conduiraient qu'à complexifier inutilement leur travail.

M. Philippe Bas, rapporteur de la commission des lois.  - Avec beaucoup de mes collègues du groupe Les Républicains, nous avons pris une position ferme contre ce rachat. Je ne peux qu'être sensible à votre amendement qui, hélas, arrive après la bataille perdue par le Gouvernement.

Les collectivités territoriales ont effectivement besoin de concurrence pour maîtriser le coût des marchés avec leurs concessionnaires. Si je donne un avis défavorable, ce n'est pas parce que je ne partage pas vos préoccupations. Mais l'article 17 de la Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen (DDHC) consacre le droit de propriété, non sans en fixer les limites car dans la DDHC, les droits sont combinés entre eux pour garantir les droits fondamentaux.

L'intrusion de l'État dans l'activité des entreprises a ses limites : établir un seuil de 25 % des parts d'une entreprise n'est pas possible. Avec regret, avis défavorable.

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État auprès du ministre des solidarités et de la santé, chargé de l'enfance et des familles.  - Je ne veux pas rouvrir le débat sur Veolia et Suez. Avis défavorable : il n'y a pas de lien manifeste avec le texte, l'article 17 protège le droit de propriété et le droit européen - une directive de 2004 - s'y opposerait.

Le Gouvernement protège les entreprises françaises avec le contrôle des investissements étrangers - abaissement de 25 % à 10 % du seuil de participation dans les entreprises sensibles nécessitant une autorisation, jusqu'à la fin de l'année.

L'Assemblée nationale a adopté dans une récente loi de finances rectificative (LFR) l'autorisation d'une enveloppe de 20 milliards d'euros pour que l'État investisse dans des sociétés menacées.

BpiFrance a créé le fonds « Lac d'Argent » doté de 10 milliards d'euros pour stabiliser le capital des entreprises françaises.

Ce sujet sera au coeur des futures discussions sur le Plan de relance pour protéger les intérêts stratégiques des entreprises françaises et la souveraineté industrielle française. Avis défavorable.

Mme Marie-Pierre de La Gontrie.  - Le groupe socialiste, écologiste et républicain votera cet amendement, bien sûr. Je note que le ministre de la Santé ne souhaite pas traiter ces sujets devant le Sénat. Monsieur Taquet, quelle curieuse réflexion de considérer que cet amendement n'a aucun lien avec le projet de loi : même la commission n'a pas jugé cet amendement irrecevable.

Vous dites que le Gouvernement est très engagé, mais vous ne trouvez qu'un argument de procédure...

Dans ce texte, il y a beaucoup de dispositions qui tirent les conséquences, y compris économiques, de la crise. En réalité, vous êtes en désaccord sur le fond !

Chacun entendra la duplicité du discours du Gouvernement qui, lorsqu'il a l'occasion de s'opposer à ces manoeuvres néfastes, invoque des raisons procédurales qui relèvent du prétexte.

M. Patrick Kanner.  - Manifestement, c'est la politique industrielle du Gouvernement qui est interpellée par cet amendement. M. Le Maire n'a pas été jusqu'au bout en refusant de s'opposer à l'OPA agressive aboutissant à un monopole de fait de Veolia.

C'est un problème politique majeur. Ne pas pouvoir réaliser une telle opération durant l'état d'urgence aurait permis aux collectivités territoriales de bénéficier d'une concurrence loyale.

Il est hors de question de retirer cet amendement J'espère qu'une majorité du Sénat défendra les intérêts de nos concitoyens.

Mme Éliane Assassi.  - Le véhicule n'est peut-être pas adapté, mais, comme l'a dit Mme de la Gontrie, la commission n'a pas jugé cet amendement irrecevable. Il y a urgence économique, comme il y a urgence sanitaire. Le groupe communiste, républicain et citoyen le votera.

À la demande de la commission; l'amendement n°1 rectifié bis est mis aux voix par scrutin public.

M. le président. - Voici le résultat du scrutin n°11 :

Nombre de votants 342
Nombre de suffrages exprimés 336
Pour l'adoption 93
Contre 243

Le Sénat n'a pas adopté.

M. le président.  - Amendement n°2 rectifié ter, présenté par Mme Boulay-Espéronnier, MM. Bonhomme, Daubresse, Mouiller et Darnaud, Mme Ventalon, MM. Lefèvre et Laménie, Mme Billon, MM. P. Martin et C. Vial, Mme Deromedi, M. Canevet, Mmes Vermeillet et Gruny, MM. Sautarel, Bouloux, B. Fournier et Bonne, Mme Sollogoub, MM. Chaize, Rapin, Le Gleut et Bascher et Mmes Berthet, Thomas et Bonfanti-Dossat.

Après l'article 4

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Durant la période de l'état d'urgence sanitaire, par dérogation à l'article L. 1423-5 du code du travail, les conseillers prud'hommes, réunis en assemblée, peuvent détenir deux mandats pour élire un président et un vice-président.

Mme Céline Boulay-Espéronnier.  - Cet amendement autorise la tenue des assemblées générales des conseils des prud'hommes avec la possibilité de détenir deux pouvoirs, afin de limiter le nombre des participants et respecter les règles sanitaires en vigueur. Ces élections se tiennent chaque année au mois de janvier.

M. le président.  - Amendement identique n°30, présenté par le Gouvernement.

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État.  - C'est le même. Avis évidemment favorable à l'amendement n°2 rectifié ter.

M. Philippe Bas, rapporteur.  - Avis favorable.

Les amendements identiques nos2 rectifié ter et 30 sont adoptés et deviennent un article additionnel.

M. le président.  - Amendement n°28, présenté par le Gouvernement.

Après l'article 4

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Par dérogation au dernier alinéa de l'article 714 du code de procédure pénale, les personnes mises en examen, prévenues et accusées peuvent être affectées dans un établissement pour peines.

Par dérogation aux dispositions du dernier alinéa de l'article 717 du même code, les condamnés peuvent être incarcérés en maison d'arrêt, quel que soit le quantum de peine à subir.

Les personnes condamnées et les personnes mises en examen, prévenues et accusées placées en détention provisoire peuvent, sans l'accord ou l'avis préalable des autorités judiciaires compétentes, être incarcérées ou transférées dans un établissement pénitentiaire à des fins de lutte contre l'épidémie de covid-19. Il en est rendu compte immédiatement aux autorités judiciaires compétentes qui peuvent modifier les transferts décidés ou y mettre fin.

Ces dispositions sont applicables jusqu'au 31 août 2021.

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État.  - Cet amendement adapte les règles d'affectation et de transfert des personnes détenues prévues dans le code de procédure pénale pour limiter les risques de contamination au sein des établissements pénitentiaires.

M. Philippe Bas, rapporteur.  - Avis favorable.

Mme Marie-Pierre de La Gontrie.  - Nous n'avons pas d'autre choix que de le voter. Mais c'est le résultat de l'incapacité du Gouvernement, en dépit de nos demandes, de mettre en place un protocole sanitaire correct dans les prisons. Vous n'avez pas donné de masques aux détenus, et avez fait appel quand ils s'en plaignent devant le tribunal administratif.

Vous nous demandez que les détenus soient affectés au gré des places disponibles. Cela implique que des personnes en préventive puissent être envoyées dans des prisons de peines longues et que les malades puissent être rassemblées, loin de toute conception de conditions dignes de détention. C'est inacceptable.

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État.  - Le protocole sanitaire pour les prisons a été pris en concertation avec les différents acteurs, dès le début de l'épidémie. Il a été modifié pour tenir compte de la jurisprudence du Conseil d'État. Notre souci est la santé de tous.

Mme Marie-Pierre de La Gontrie.  - Des clusters se sont installés dans les prisons !

L'amendement n°28 est adopté et devient un article additionnel.

M. le président.  - Amendement n°31, présenté par le Gouvernement.

Après l'article 4

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

I.  -  Par exception aux deux premiers alinéas de l'article L. 120-32 du code du service national, le contrat mentionné à l'article L. 120-3 du même code souscrit auprès d'un organisme agréé peut prévoir la mise à disposition de la personne volontaire aux fins d'accomplissement de son service, auprès d'un ou, de manière successive, d'un ou de plusieurs organismes agréés ou non agréées satisfaisant aux conditions d'agrément mentionnées au deuxième alinéa de l'article L. 120-30 dudit code.

Le contrat mentionne les modalités d'exécution de la collaboration entre l'organisme agréé en vertu de l'article L. 120-30 du même code, la personne volontaire et les personnes morales au sein desquelles est effectué le service civique, notamment le lieu et la durée de chaque mission effectuée par la personne volontaire ou leur mode de détermination ainsi que la nature ou le mode de détermination des tâches qu'elle accomplit.

II.  -  Le I du présent article est applicable dans la limite de deux mois après la date de fin de l'état d'urgence sanitaire déclaré en application de l'article 1er de la présente loi. Toute mise à disposition intervenue sur le fondement du I du présent article prend fin à la date prévue par le contrat de service civique.

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État.  - Cet amendement lève temporairement les règles restreignant le vivier des organismes pouvant recevoir des volontaires du service civique. Les associations en ont besoin, leurs bénévoles souvent âgés devant se protéger. Les besoins sociaux ont augmenté de 30 % en 2020, et s'accroîtront encore durant l'hiver 2020-2021. Il est important que ces jeunes bénévoles puissent prêter main-forte aux associations.

M. Philippe Bas, rapporteur.  - Cet amendement est tellement vague qu'on ne sait pas ce qu'il vise. Quels sont les organismes concernés ? « Plusieurs organismes agréés ou non agréés... » Tout cela ne nous inspire aucune antipathie, bien au contraire. Mais faute de précision, ce n'est plus du droit et je ne peux pas engager le Sénat à voter une disposition incompréhensible. Avis défavorable.

Mme Marie-Pierre de La Gontrie.  - Je partage les remarques du rapporteur. Ce qui me gêne le plus, c'est « agréés ou non agréés » ; si le Gouvernement pouvait rectifier son amendement pour faire disparaître le membre de phrase à partir des mots « ou non agréés », cela restreindrait un peu le flou, et nous serions au moins assurés de la qualité de ces organismes.

M. Patrick Kanner.  - J'ai eu l'honneur de porter le projet de loi relative à l'égalité et à la citoyenneté. Nous avions débattu de l'extension du service civique, pour que les services départementaux d'incendie et de secours (SDIS) et d'autres organismes agréés puissent recevoir des jeunes engagés dans un service civique. L'agrément permet d'éviter tout abus envers ces jeunes. Cette liste des organismes non agréés est-elle précise, et ces organismes sont-ils un peu contrôlés par l'État ? Évitons tout effet d'aubaine.

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État.  - J'entends vos demandes de précisions légitimes. Dans l'exposé des motifs, ces organismes sont précisés : des organismes d'accueil agréés qui ont été ajoutés par la loi du 17 janvier 2017 relative à l'égalité et à la citoyenneté ; des personnes morales de droit public français agréées ; par des organismes sans but lucratif de droit français agréés et des organismes agréés ou qui satisfont a priori aux conditions de l'agrément s'ils ne l'ont pas déjà.

Pourrions-nous suspendre la séance quelques instants pour nous accorder sur une possible rectification ?

La séance est suspendue quelques instants.

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État.  - Le Gouvernement maintient son amendement tel quel.

M. Philippe Bas, rapporteur.  - Je maintiens notre avis défavorable.

Mme Marie-Pierre de La Gontrie.  - Nous déposons un sous-amendement supprimant la référence aux associations non-agréées.

M. le président.  - Sous-amendement n°92 à l'amendement n 31 du Gouvernement, présenté par Mme de La Gontrie.

Alinéa 3

Supprimer les mots :

ou non agréées satisfaisant aux conditions d'agrément mentionnées au deuxième alinéa de l'article L. 123-30 dudit code

Mme Marie-Pierre de La Gontrie.  - Défendu.

M. Philippe Bas, rapporteur.  - Ce sous-amendement permet à ce curieux volatile de continuer à s'élever dans les airs pour que l'Assemblée nationale s'en saisisse... Je ne lui vois pas d'autre justification.

Il faut que le Gouvernement apprenne à préparer ses textes : votre sous-amendement n'est pas pédagogique. (Mme Sophie Primas applaudit.)

Si vous supprimez les organismes non agréés, vous rétablissez le droit en vigueur. Pour ce faire, il y a plus simple : rejeter l'amendement du Gouvernement. Avis défavorable.

Mme Éliane Assassi.  - C'est logique !

M. le président.  - Avis défavorable, Monsieur Taquet ?

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État.  - Avis favorable. (Sourires) Je rejoins la préoccupation de Mme la sénatrice de continuer à travailler ce cadre, dans une période compliquée pour les associations.

Mme Sophie Primas.  - C'est du grand cirque...

Mme Marie-Pierre de La Gontrie.  - Je passe plus de temps avec le président Bas qu'avec le Gouvernement. Donc j'écoute le président Bas et retire mon sous-amendement.

Le sous-amendement n°92 est retiré.

L'amendement n°31 n'est pas adopté.

M. le président.  - Amendement n°13 rectifié, présenté par MM. Artano et Requier, Mmes M. Carrère et N. Delattre, MM. Roux et Gold, Mme Guillotin et M. Guiol.

Après l'article 4

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

À Saint-Pierre-et-Miquelon, le préfet peut, aux fins de lutter contre la propagation de l'épidémie de covid-19 et jusqu'au 31 janvier 2021, ordonner par arrêté, pris après avis de l'autorité territoriale de santé, une mesure de quarantaine ou de placement en isolement d'une durée de sept jours de toute personne entrant sur le territoire de la collectivité. Il peut aussi ordonner de présenter, avant la fin de la mesure de quarantaine ou de placement en isolement, le résultat d'un second examen biologique de dépistage virologique ne concluant pas à une contamination par le covid-19.

Mme Maryse Carrère.  - Il est impératif de prendre en compte les spécificités de l'outre-mer. Saint-Pierre-et-Miquelon nécessite une attention particulière au regard du transit obligatoire par le Canada pour y parvenir.

La quarantaine n'est plus obligatoire, simplement recommandée. M. Serge Artano souligne que cette carence inquiète les habitants des îles. Il faudrait donc imposer une septaine, suivie d'un nouveau test de dépistage.

M. Philippe Bas, rapporteur.  - J'en ai parlé avec M. Serge Artano et je comprends sa préoccupation. Les habitants de Saint-Pierre-et-Miquelon sont légitimement inquiets des risques qu'ils encourent, compte tenu de la circulation du virus au Canada.

Je ne m'oppose pas sur le fond à sa démarche mais le préfet a déjà le pouvoir, dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire, de prendre par arrêté de telles dispositions. Nous ignorons en outre les conditions que le Gouvernement compte poser à la circulation des visiteurs dans tout l'outre-mer et pour l'accès aux territoires métropolitains. Cela ne relève donc pas du niveau législatif.

La commission a émis un avis défavorable et se tourne vers le Gouvernement pour connaître ses intentions.

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État.  - Le Gouvernement partage cette préoccupation. Le décret du 16 octobre qui suit ceux des 11 et 22 mai, pose les obligations de mise en quatorzaine. Elles ne sont prescrites qu'aux personnes en provenance de pays où le virus circule activement, dont le Canada ne fait pas partie aujourd'hui. Le préfet est habilité à limiter les déplacements aériens en invoquant la force majeure. Les personnes qui veulent venir à Saint-Pierre et Miquelon par avion doivent présenter un résultat de test négatif de moins de 72 heures.

Enfin, les tests antigéniques seront bientôt recevables, en sus des tests PCR existants. Avis défavorable.

Mme Maryse Carrère.  - Merci de vos explications. Le Premier ministre a annoncé qu'il n'y aurait pas de confinement pour l'instant en outre-mer : il faut donc renforcer la protection. Votre réponse ne me semble pas suffisamment claire et précise.

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État.  - Le régime est prévu dans un décret et la liste figure dans un arrêté. Il appartient aux préfets de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les populations, après consultation de la communauté médicale et des forces économiques et sociales.

L'amendement n°13 rectifié n'est pas adopté.

M. le président.  - Amendement n°63 rectifié, présenté par M. Leconte et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.

Après l'article 4

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Les dispositions législatives prises sur le fondement des habilitations à légiférer par ordonnance autorisées par le présent projet de loi sont applicables jusqu'au terme d'une période de six mois au plus tard après la cessation de l'état d'urgence sanitaire.

M. Jean-Yves Leconte.  - Nous avons, hier soir, longuement évoqué le nombre élevé d'habilitations d'ordonnances demandées par le Gouvernement depuis l'état d'urgence sanitaire sans qu'aucun projet de loi de ratification n'ait été inscrit à l'ordre du jour - même s'ils ont été présentés en Conseil des ministres. Or puisque les dérogations prises par ordonnances sont liées à la crise sanitaire, il convient qu'elles n'aient pas d'effet au-delà de six mois après la cessation de l'état d'urgence sanitaire. Nous l'avions déjà proposé en mars, mais la commission des lois s'y était opposée. Cela semble pourtant indispensable au regard de la souveraineté du Parlement.

M. le président.  - Amendement n°72, présenté par M. Leconte et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.

Après l'article 4

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Les dispositions prises sur le fondement des habilitations autorisées dans le cadre du présent projet de loi ne peuvent être prorogées par décret au-delà de la date de cessation de l'état d'urgence sanitaire.

M. Jean-Yves Leconte.  - Mon amendement n°72 est un amendement de repli : le Gouvernement, dans ses ordonnances, se donne la possibilité de prolonger par décret l'habilitation au-delà du terme. C'est une double peine pour le Parlement ! Il n'est pas concevable que le Gouvernement puisse allonger l'effet des ordonnances après la période de l'état d'urgence sanitaire par simple voie réglementaire. Ce serait une négation des pouvoirs du Parlement. Il est donc indispensable que cet amendement soit voté.

M. Philippe Bas, rapporteur.  - Vous savez combien nous sommes vigilants s'agissant des habilitations. Nous en avons réduit la liste à trente et restreint le champ de celles qui demeurent. Certaines concernent des solutions conjoncturelles à des problèmes économiques et sociaux provoqués par la crise sanitaire et des mesures importantes prises pour y faire face.

Dès lors, adopter une disposition générale indiquant que toutes les dispositions prises par ordonnance s'arrêtent le jour même de la fin de l'état d'urgence sanitaire apparait quelque peu aveugle, car cela s'appliquera aussi à des droits économiques et sociaux en faveur de nos concitoyens et de nos entreprises, pas seulement à des mesures privatives de liberté. Ces deux amendements nous semblent défavorables à nos compatriotes et nos entreprises. Avis défavorable.

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État.  - Même avis pour ces deux amendements. Ces habilitations sont importantes pour nous permettre de gérer les multiples conséquences de l'épidémie et prendre des mesures pour la combattre.

Nous souhaitons certes limiter les dérogations, mais nous ne pouvons pas prévoir que toutes les dispositions prises devront expirer six mois après la fin de l'état d'urgence sanitaire. Une année peut parfois s'avérer nécessaire.

Les mois passés nous poussent à l'humilité. J'ajoute que le recours aux ordonnances est encadré, notamment par le dépôt d'un projet de loi de ratification dans le délai d'un mois ainsi que l'a voté l'Assemblée nationale. Il y a donc bien un contrôle du Parlement.

M. Jean-Yves Leconte.  - Je retire l'amendement n°63 rectifié qui est effectivement un peu aveugle, même si des garanties ne seraient pas inutiles. En revanche, concernant l'amendement n°72, monsieur le rapporteur, vous cachez mal le secrétaire général de l'Élysée que vous avez été.

Les projets de loi de ratification sont déposés mais nous n'en débattons jamais. Comment laisser passer une disposition permettant au Gouvernement de prolonger par décret une ordonnance au-delà de la période d'habilitation ? Alors nos débats d'hier sur les ordonnances n'ont aucune portée. Une mesure réglementaire ne doit pas avoir d'effet législatif passée la durée de l'habilitation.

L'amendement n°63 rectifié est retiré.

M. Philippe Bas, rapporteur.  - Une loi qui prévoit que la durée de son application est définie par décret n'est pas inconstitutionnelle. Il en va de même pour une ordonnance.

Puisque vous y avez fait référence, sachez que je suis très fier d'avoir été secrétaire général de l'Élysée. Le président Chirac que j'ai eu l'honneur de servir, comme secrétaire général puis comme ministre, n'a au demeurant, lui, jamais abusé des ordonnances (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains)

L'amendement n°72 n'est pas adopté.

L'article 5 est adopté.

L'article 6 est adopté.

ARTICLES ADDITIONNELS après l'article 6

M. le président.  - Amendement n°73, présenté par Mme Lubin et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.

Après l'article 6

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

I.  -  Le présent article est applicable aux personnes physiques, salariées d'entreprises frappées par une mesure de police administrative prise en application des 2° ou 3° du I de l'article 1er de la loi n°2020-856 du 9 juillet 2020 organisant la sortie de l'état d'urgence sanitaire, du 5° du I de l'article L. 3131-15 du code de la santé publique ou du I de l'article L. 3131-17 du même code, et ayant de ce fait connu une perte de revenus. Les critères d'éligibilité sont précisés par décret, lequel détermine les types et seuils de revenus concernés, et en tant qu'ils ont été impactés par les conséquences économiques de la crise sanitaire liée à l'épidémie de la covid-19.

II.  -  Jusqu'à l'expiration d'un délai de deux mois à compter de la date à laquelle leur revenu cesse d'être affecté par ces mesures, les personnes mentionnées au I ne peuvent encourir d'intérêts, de pénalités ou toute mesure financière ou encourir toute action, sanction ou voie d'exécution forcée à leur encontre pour retard ou non-paiement des loyers ou charges locatives afférents aux locaux à usage d'habitation.

Pendant cette même période, les sûretés réelles et personnelles garantissant le paiement des loyers et charges locatives concernés ne peuvent être mises en oeuvre et aucune mesure conservatoire ne peut être engagée.

Toute stipulation contraire, notamment toute clause résolutoire ou prévoyant une déchéance en raison du non-paiement ou retard de paiement de loyers ou charges, est réputée non écrite.

III.  -  Les dispositions du présent article ne font pas obstacle à la compensation au sens de l'article 1347 du code civil.

IV.  -  Le II s'applique aux loyers et charges locatives dus pour la période au cours de laquelle les revenus de la personne physique sont affectés par les mesures de police administrative prises dans le cadre de la crise sanitaire et impactant les personnes physiques, salariées d'entreprises frappées par une mesure de police administrative prise en application des 2° ou 3° du I de l'article 1er de la loi n°2020-856 du 9 juillet 2020 organisant la sortie de l'état d'urgence sanitaire, du 5° du I de l'article L. 3131-15 du code de la santé publique ou du I de l'article L. 3131-17 du même code, et ayant de ce fait connu une perte de revenus.

Les intérêts ou pénalités financières ne peuvent être dus et calculés qu'à compter de l'expiration du délai mentionné au premier alinéa du II du présent article.

En outre, les procédures d'exécution qui auraient été engagées par le bailleur à l'encontre du locataire pour non-paiement de loyers ou de charges locatives exigibles sont suspendues jusqu'à la date mentionnée au même premier alinéa.

Mme Monique Lubin.  - L'article 6 comporte des dispositions pour protéger les personnes physiques et morales à caractère privé de mesures relatives aux encours d'intérêts et aux pénalités de mesures financières, sanctions ou voies d'exécution forcée à leur encontre pour retard ou non-paiement de loyers, lorsque leur activité est rendue impossible ou très limitée en raison de la crise sanitaire.

Cet amendement étend ce dispositif aux particuliers dont l'entreprise est victime indirectement ou directement d'une fermeture administrative, s'agissant du paiement des loyers d'habitation.

Nous voulons la même protection : pourquoi protéger les entreprises et pas les salariés ?

M. Philippe Bas, rapporteur.  - Cet amendement dresse un parallèle entre les entreprises et les particuliers locataires. Je vais y apporter une réponse technique.

De fait, cette question a une dimension sociale, mais aussi juridique. Il y a une distinction de droit à faire. En échange du paiement d'un loyer, un entrepreneur dispose d'un outil de travail qui, à cause de la crise sanitaire, ne peut être utilisé. En droit, cela s'appelle un trouble de jouissance : le lieu ne peut être exploité dans les conditions du bail. En d'autres termes, le locataire n'en a plus pour son argent, sans que ce soit la faute de personne. Or, en tant que particulier, le lieu pour lequel vous payez un loyer a toujours son usage : vous demeurez logé. En droit, ces deux situations ne peuvent donc être traitées de la même façon.

Il existe aussi, parfois, des abus de droit que sanctionnent les tribunaux. En cas de difficultés économiques et sociales, le loyer devient souvent la variable d'ajustement. Pensons aussi à ces propriétaires - petits artisans ou agriculteurs qui ont une très modeste pension - qui ont besoin de ces loyers. Il faut avoir le souci d'un équilibre. Avis défavorable.

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État.  - Même avis. Une mesure générale de cette nature pose des difficultés d'application, en particulier s'agissant de son champ et des modalités d'indemnisation des propriétaires. Elle ignore, en outre, de nombreuses mesures prévues en faveur des personnes en difficulté avec le paiement de leur loyer : un fonds d'Action Logement, doté de 100 millions d'euros, vient ainsi d'être rouvert. Le Fonds de solidarité logement (FSL), géré par le département, peut aussi aider ces personnes.

Enfin, les bailleurs sociaux accompagnent les locataires. Le pôle national de prévention des expulsions locatives a mis en place une cellule de veille ; ses récents travaux montrent que les impayés de loyers restent contenus. S'agissant du remboursement des prêts, la période a montré l'engagement des banques pour trouver des solutions. Nous resterons attentifs à ce sujet.

L'amendement n°73 n'est pas adopté.

M. le président.  - Amendement n°74 rectifié, présenté par Mme Lubin et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.

Après l'article 6

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

I  -  Le présent article est applicable aux personnes physiques, salariées d'entreprises frappées par une mesure de police administrative prise en application des 2° ou 3° du I de l'article 1er de la loi n°2020-856 du 9 juillet 2020 organisant la sortie de l'état d'urgence sanitaire, du 5° du I de l'article L. 3131-15 du code de la santé publique ou du I de l'article L. 3131-17 du même code, et ayant de ce fait connu une perte de revenus. Les critères d'éligibilité sont précisés par décret, lequel détermine les types et seuils de revenus concernés, et en tant qu'ils ont été impactés par les conséquences économiques de la crise sanitaire liée à l'épidémie de la covid-19.

II.  -  Jusqu'à l'expiration d'un délai de deux mois à compter de la date à laquelle leur revenu cesse d'être affecté par ces mesures, les personnes mentionnées au I peuvent bénéficier d'aménagements tels que le paiement de leurs loyers et de leurs mensualités de prêt immobilier puisse être différé et échelonné dans des conditions établies par décret.

III.  -  Les dispositions du présent article ne font pas obstacle à la compensation au sens de l'article 1347 du code civil.

IV.  -  Le II s'applique aux loyers, charges locatives et mensualité de prêts immobiliers dus pour la période au cours de laquelle les revenus de la personne physique sont affectés par les mesures de police administrative prises dans le cadre de la crise sanitaire et impactant les personnes physiques, salariées d'entreprises frappées par une mesure de police administrative prise en application des 2° ou 3° du I de l'article 1er de la loi n°2020-856 du 9 juillet 2020 organisant la sortie de l'état d'urgence sanitaire, du 5° du I de l'article L. 3131-15 du code de la santé publique ou du I de l'article L. 3131-17 du même code, et ayant de ce fait connu une perte de revenus.

Mme Monique Lubin.  - Cet amendement est dans la même veine que le précédent : les particuliers travaillant dans les entreprises fermées administrativement et subissant des pertes de revenu en raison de la crise sanitaire doivent pouvoir bénéficier d'aménagements quant au paiement de leurs loyers et mensualités de prêt.

Je comprends le raisonnement du rapporteur et entends les contraintes juridiques d'une telle disposition, mais il ne faut pas caricaturer mes propos : l'amendement ne s'applique pas à tous les particuliers.

Monsieur le ministre, je me permets de rappeler les mauvais coups que votre Gouvernement a faits à Action Logement, dont vous ne cessez de réduire les crédits. L'aide au logement des particuliers est l'une des branches les plus pauvres de votre politique. (Applaudissements sur les travées du groupe SER)

M. Philippe Bas, rapporteur.  - Avis défavorable.

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État.  - Je regrette que vous tombiez dans la caricature de la politique du Gouvernement. Avis défavorable.

L'amendement n°74 rectifié n'est pas adopté.

L'article 7 est adopté.

ARTICLES ADDITIONNELS après l'article 7

M. le président.  - Amendement n°8 rectifié bis, présenté par Mmes Deromedi et Di Folco, M. Frassa, Mme Garriaud-Maylam, MM. Le Gleut, Regnard et Hugonet, Mme Berthet, MM. Pellevat, Daubresse, D. Laurent et Lefèvre, Mme Lopez, M. Piednoir, Mmes Demas et Joseph, MM. Chaize et Brisson, Mmes M. Mercier et Procaccia, MM. Bouloux et Courtial, Mme Lassarade, MM. Vogel et Bonne, Mme Gruny, MM. B. Fournier, Paccaud, Calvet, Mouiller et Savin, Mmes L. Darcos, Dumont, Imbert, Thomas et Bonfanti-Dossat et M. Babary.

Après l'article 7

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Les titres d'identité et les passeports des ressortissants français résidant à l'étranger dont la fin de validité est postérieure à la publication du décret n°2020-1257 du 14 octobre 2020 déclarant l'état d'urgence sanitaire sont prorogés pour une durée de six mois après la cessation de cet état.

Mme Jacky Deromedi.  - Nos compatriotes expatriés, en particulier âgés, handicapés ou confinés, rencontrent de grandes difficultés pour obtenir le renouvellement ou la prorogation de leur carte d'identité ou passeport en raison de la crise pandémique.

Les services numériques dédiés à ces procédures ne fonctionnent pas toujours dans certains pays et les tournées consulaires sont limitées par la crise.

Dans certains pays, l'obtention d'un visa est conditionnée à une date d'expiration du passeport d'au moins six mois avant la date de séjour. Certains États estampillent les visas de séjour temporaire directement sur le passeport, ce qui place le titulaire d'un passeport périmé en situation irrégulière au regard des services de l'immigration.

Cet amendement prévoit une prorogation de six mois des titres d'identité après la cessation de l'état d'urgence sanitaire.

M. Philippe Bas, rapporteur.  - Avis favorable et merci à Mme Deromedi et ses collègues de nous avoir alertés sur cette situation pénible pour nos concitoyens, qui rencontrent déjà des difficultés pour revenir en France voir leur famille. C'est une heureuse initiative.

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État.  - Avis défavorable. D'abord l'État reste ouvert, ainsi que les services publics, comme le Président de la République l'a affirmé fortement et le décret de la nuit dernière l'a confirmé.

De plus, consigne a été passée aux services consulaires de donner priorité aux dossiers de nos compatriotes. Du reste, ils ont davantage de temps pour traiter les renouvellements de titres, l'activité de délivrance de visas s'étant fortement réduite.

M. Jean-Yves Leconte.  - Il fallait aborder ce sujet et j'en remercie notre collègue. Au plus fort de la crise, 50 000 Français étaient dans l'incapacité d'aller récupérer leur passeport au consulat.

Hélas, cet amendement ne changera rien : même si l'on vote pour prolonger la date de validité des passeports, les autorités étrangères lisent la date qui figure sur le titre !

Plus largement, il y a des aberrations dans le système de délivrance des titres qui demande un travail considérable aux services consulaires. Il est temps d'évoluer à l'heure de la loi d'accélération et de simplification de l'action publique (ASAP). Pourquoi redemander à chaque fois les empreintes biométriques, ce qui contraint le demandeur à se déplacer, alors qu'elles figurent déjà dans la base TES ? Il faut simplifier les renouvellements des titres.

Mme Nathalie Goulet.  - Ma fille attend ses papiers à New York depuis huit mois. (M. le rapporteur s'en désole.) Cela donne la mesure du problème. Certains de nos compatriotes à l'étranger peinent à se déplacer jusqu'au lieu de délivrance des titres, la crise ne facilite rien. C'est un amendement de bon sens.

Mme Jacky Deromedi.  - Monsieur le ministre, vous n'êtes pas au fait de ce qui se passe à l'étranger autant que nous, qui y vivons depuis des années. Les services consulaires sont débordés, beaucoup demeurent fermés et n'ouvrent que sur rendez-vous à cause des conditions sanitaires.

Dans certains pays, l'expiration du passeport invalide le visa. Il y a urgence pour nos compatriotes.

L'amendement n°8 rectifié bis est adopté et devient un article additionnel.

M. le président.  - Amendement n°76, présenté par Mme Lubin et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.

Après l'article 7

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Dans un délai de deux mois à compter de la promulgation de la présente loi, le Gouvernement remet au Parlement un rapport concernant les conditions de modification du revenu de solidarité active pour les jeunes de moins de vingt-cinq ans, dès dix-huit ans, assorties de mesures d'accompagnement par le biais notamment de formations, afin de lever les verrous actuellement existants et empêchant ces jeunes de bénéficier de la solidarité nationale à hauteur de leurs besoins. Dans ce rapport figurent également les dispositions prises par le Gouvernement en direction des publics jeunes et étudiants pour leur garantir l'accès à des espaces de détente salubres et respectueux de la dignité humaine sur la base d'une périodicité suffisante afin de protéger leur intégrité psychique et psychiatrique dans le cadre de la crise de la covid-19.

Mme Monique Lubin.  - Cet amendement prévoit un rapport sur la situation des jeunes dans notre pays. Depuis plusieurs années, se pose la question de la création d'un RSA jeunes. Avec la crise sanitaire, les jeunes de moins de 25 ans en grande précarité sont désormais en très grande difficulté.

Pourquoi faire la sourde oreille et persister à refuser un RSA jeunes, alors qu'on accompagne les entreprises et les salariés avec des aides importantes ? Lors du premier confinement, les étudiants ont également souffert de difficultés sociales, alimentaires et psychologiques, compte tenu, souvent, d'une situation de grande solitude loin de leur famille.

M. le président.  - Amendement n°77, présenté par Mme Lubin et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.

Après l'article 7

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Dans un délai d'un mois à compter de la promulgation de la présente loi, le Gouvernement remet au Parlement un rapport concernant les dispositions qu'il a prises pour assurer la sécurité alimentaire des personnes en situation de fragilité sociale ainsi que leur accès aux produits de première nécessité.

Mme Monique Lubin.  - Nous demandons au Gouvernement un rapport sur la sécurité alimentaire de nos concitoyens. Malgré l'engagement de nombreux bénévoles, beaucoup rencontrent des difficultés.

Je ne reviendrai pas sur la position de la commission, sur les injonctions faites au Gouvernement. Le rapport de force entre le législatif et l'exécutif s'est inversé sous la Ve République. À chaque fois que, pour évoquer un problème, on demande un rapport au Gouvernement, on accentue nos faiblesses.

La commission donne donc un avis défavorable à tous les amendements de ce type, comme les amendements nos76 et 77.

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État.  - Chaque jeune doit se voir proposer une solution avec le plan Jeunes. Une aide exceptionnelle de 150 euros a été octroyée à un certain nombre d'entre eux. Les réflexions se poursuivent sur le revenu universel d'activité (RUA).

Avis défavorable à l'amendement n°76.

Concernant l'amendement n°77, évitons les caricatures... Deux plans de soutien, dotés de 94 millions d'euros, ont été déployés dès avril en faveur de l'aide alimentaire, en particulier pour soutenir les associations. Il y a également 50 millions d'euros de chèques-services pour les sans-abri. Au total, 3 milliards d'euros ont été attribués en soutiens directs, du jamais vu.

Dès le mois de mars les réseaux préfectoraux ont été sollicités pour la distribution ; une instance départementale pérenne de coordination, sur la sécurité alimentaire, nous est alors apparue nécessaire. Les associations d'aide alimentaire bénéficient de 100 millions d'euros dans le cadre du plan de relance.

Les personnes vulnérables, travailleurs sociaux et bénévoles ou maraudes auront des attestations spécifiques de déplacement. Des consignes très claires ont été données aux forces de l'ordre pour qu'elles fassent preuve du plus grand discernement à l'égard des sans-abri, qu'elles pourront contribuer à orienter vers un hébergement.

Avis défavorable à l'amendement n°77.

L'amendement n°76 n'est pas adopté, non plus que l'amendement n°77.

M. le président.  - Amendement n°78, présenté par Mme Lubin et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.

Après l'article 7

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Dans un délai de deux mois à compter de la promulgation de la présente loi, le Gouvernement remet au Parlement un rapport concernant les dispositions qu'il a prises pour protéger les personnes sans domicile fixe de l'épidémie de la covid-19 et veiller au respect de leurs besoins essentiels dans le respect de leurs droits fondamentaux.

Mme Monique Lubin.  - Les personnes sans domicile fixe ont les plus grandes difficultés à respecter les consignes sanitaires. Cet amendement alerte sur leur situation.

M. le président.  - Amendement n°46 rectifié, présenté par Mme Assassi et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.

Après l'article 7

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Le Gouvernement remet un rapport au Parlement, avant le 16 décembre 2020, sur les solutions concrètes mises en oeuvre pour protéger les personnes sans domicile fixe de l'épidémie de covid-19, en particulier depuis l'instauration du couvre-feu le 17 octobre 2020.

Mme Éliane Assassi.  - Notre amendement est parfaitement défendu ! Depuis le couvre-feu, les sans-abris sont en grave vulnérabilité. Que compte faire le Gouvernement ?

M. Philippe Bas, rapporteur.  - Avis défavorable.

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État.  - Nous avons prolongé la trêve hivernale jusqu'en juillet et avancé le début de la campagne hivernale avec une ouverture des places d'hébergement dès le 18 octobre.

Et 53 millions de masques lavables pour les familles modestes ont été expédiés par la poste, autant le seront en novembre. À quoi s'ajoutent les 52 millions de masques jetables livrés aux préfectures fin août pour les sans-abri - même chose à la mi-novembre et nous répéterons l'opération autant de fois qu'elle sera nécessaire. Avis défavorable.

L'amendement n°78 n'est pas adopté, non plus que l'amendement n°46 rectifié.

M. le président.  - Amendement n°79, présenté par Mme Lubin et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.

Après l'article 7

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Dans un délai de de deux mois à compter de la promulgation de la présente loi, le Gouvernement remet au Parlement un rapport concernant les mesures qu'il a prise afin de contrôler et de de prévenir l'enfermement abusif des patients en psychiatrie sous prétexte d'endiguement de l'épidémie de la covid-19.

Mme Monique Lubin.  - Lors du premier confinement, on a déploré une confusion absolue entre les notions de confinement sanitaire et d'« isolement psychiatrique » aboutissant à des privations de liberté injustifiées et illégales selon le Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL).

Que compte faire le Gouvernement pour éviter que cela se reproduise ?

M. Philippe Bas, rapporteur.  - Avis défavorable.

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État.  - Le Gouvernement souscrit pleinement à vos objectifs. Le CGLPL a eu raison d'intervenir. Nous avons mis en place une cellule nationale, suite à une décision du Conseil constitutionnel du 9 juin pour encadrer les pratiques d'isolement et de contention en psychiatrie, renforçant en particulier la motivation et la traçabilité des décisions médicales.

Ce faisant, la France se met en conformité avec les conventions internationales, sans méconnaître les nécessités cliniques. Nous en rediscuterons lors de l'examen de l'article 42 du PLFSS 2021. Avis défavorable.

L'amendement n°79 n'est pas adopté.

L'article 8 est adopté.

ARTICLE 9

M. le président.  - Amendement n°3 rectifié, présenté par Mme de Cidrac, M. Karoutchi, Mme Bourrat, MM. Brisson et Daubresse, Mme Noël, M. Regnard, Mme Gruny, M. C. Vial, Mmes Deromedi, Joseph et L. Darcos, MM. D. Laurent et Rapin, Mme Thomas, M. Le Gleut, Mmes Imbert et Berthet, MM. Mandelli, Bascher, Charon, Gremillet, Calvet et Savary, Mme Deroche, MM. Bonne et Vogel, Mmes Lassarade et Puissat, MM. Chaize, Husson, B. Fournier, Bouloux, Sautarel et Saury, Mme Di Folco, MM. Mouiller, Piednoir, Bazin et J.M. Boyer, Mmes Dumas et Lopez et M. Lefèvre.

Compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé? :

.... - Le I du présent article est applicable aux agents contractuels de la fonction publique.

M. Max Brisson.  - La commission des lois a adopté un amendement de notre collègue Roger Karoutchi visant à « instituer le même déplafonnement des durées d'activité? des réservistes fonctionnaires, pendant la durée d'application de l'état d'urgence sanitaire, afin de pouvoir assurer leur disponibilité? pour des missions de réserve sanitaire, militaire, de police ou de sécurité? civile. »

Cet amendement étend la disposition aux agents contractuels de la fonction publique.

M. Philippe Bas, rapporteur.  - La commission regrette de ne pas y avoir pensé toute seule ! Avis favorable !

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État.  - Avis favorable.

L'amendement n°3 rectifié est adopté.

L'article 9, modifié, est adopté.

L'article 10 est adopté.

ARTICLES ADDITIONNELS après l'article 10

M. le président.  - Amendement n°22 rectifié quater, présenté par MM. Mouiller et Karoutchi, Mme Guidez, M. Milon, Mme Lassarade, M. Favreau, Mmes Thomas, Deromedi et Joseph, MM. Rietmann, Perrin, Bazin, Calvet, D. Laurent, Cambon, Belin, Bonhomme, de Nicolaÿ, Bonne, Sautarel et Piednoir, Mme Deseyne, M. Le Gleut, Mme Chauvin, MM. Laménie et Babary, Mmes Bonfanti-Dossat et F. Gerbaud, MM. Bouchet et Gueret, Mmes Imbert, M. Mercier et Procaccia, MM. Daubresse, Husson, Vogel et Pointereau, Mme Berthet, M. Lefèvre et Mmes Deroche, Di Folco et de Cidrac.

Après l'article 10 

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Les dispositions du second alinéa de l'article L. 52-1 du code électoral sont suspendues le temps de l'état d'urgence sanitaire.

Mme Jocelyne Guidez.  - Le Gouvernement souhaite reporter les élections départementales et régionales prévues les 14 et 21 mars 2021. En l'absence de nouvelle date, les départements et les régions se trouvent privés d'outils de communication par l'article L. 52-1 du code électoral, aux termes duquel dans les six mois précédant un scrutin aucune communication institutionnelle inédite ne puisse être faite.

Les entreprises en difficulté, les commerçants, les TPE et indépendants, les demandeurs d'emploi ont pourtant besoin d'informations sur les aides d'urgence créées pour eux.

M. le président.  - Amendement n°23 rectifié quater, présenté par MM. Mouiller et Karoutchi, Mme Guidez, M. Milon, Mme Lassarade, M. Favreau, Mmes Thomas, Deromedi et Joseph, MM. Rietmann, Perrin, Bazin, Calvet, D. Laurent, Cambon, Belin, Bonhomme, de Nicolaÿ, Bonne, Sautarel et Piednoir, Mme Deseyne, MM. Le Gleut et Bouloux, Mme Chauvin, MM. Laménie et Babary, Mmes Bonfanti-Dossat et F. Gerbaud, MM. Bouchet et Gueret, Mmes Imbert, M. Mercier et Procaccia, MM. Daubresse, Husson, Vogel et Pointereau, Mme Berthet, M. Lefèvre et Mmes Deroche, Di Folco et de Cidrac.

Après l'article 10 

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Pour les nécessités de la lutte contre la pandémie de la covid-19 et contre la crise économique et sociale qu'elle entraîne, départements et régions peuvent utiliser des supports de communication afin de faire connaître leurs aides, actions et subventions jusqu'à la fin de l'état d'urgence en dérogation aux dispositions de l'article L. 52-1 du code électoral.

Mme Jocelyne Guidez.  - Cet amendement se justifie par son texte même.

M. Philippe Bas, rapporteur.  - Avis favorable à l'amendement n°23 rectifié quater.

Avis défavorable à l'amendement n°22 rectifié quater qui serait, à notre avis, satisfait par l'adoption du premier.

L'information est une condition de l'efficacité des dispositifs d'aide, afin que des entreprises ne soient pas en déshérence.

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État.  - Avis défavorable. Non, le Gouvernement ne souhaite pas reporter les élections locales pour des raisons sanitaires...

Mme Sophie Primas.  - Non, pas pour ces raisons-là !

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État.  - Il a demandé à l'ancien président du Conseil constitutionnel, Jean-Louis Debré, de mener une réflexion associant l'ensemble des personnes et institutions concernées, pour éclairer la prise de décision du Gouvernement.

Les conseils départementaux et régionaux ne sont pas privés d'outils de communication avant les élections ; ce qui leur est interdit, c'est de faire leur auto-promotion.

Mme Marie-Pierre de La Gontrie.  - Ces amendements traduiraient un retour en arrière important concernant l'égalité des candidats. Lorsque vous présidez un exécutif local, vous détenez des capacités de communication...

Il ne faut pas confondre l'information - toujours possible jusqu'au dernier jour précédant le scrutin - et la propagande électorale, interdite six mois avant l'élection par l'article L. 52-1 du code électoral.

Je comprends que le rapporteur soit influencé par la quantité et la qualité des signataires des amendements, mais juridiquement, il ne peut que me suivre.

Il serait plus sain de retirer ces propositions, pour éviter tout malentendu.

M. Marc Laménie.  - Je suis l'un des signataires. Le code électoral est très complexe. Les collectivités territoriales s'impliquent contre la crise et sont limitées en termes de communication six mois avant les élections. Or il est important de bien communiquer. Pour cela, les collectivités territoriales ont besoin d'éviter tout risque. (M. le rapporteur renchérit.)

Je fais néanmoins confiance à la commission des lois et suivrai son rapporteur.

Mme Céline Brulin.  - Il est probable que les élections seront reportées, pour des raisons que j'espère purement sanitaires...

Mais les maires se demandent : comment présenterai-je mes voeux à la population ? Ils ont besoin de ces moments de partage, et pas pour leur propagande électorale ! Si ces voeux prennent cette année une autre forme qu'un rassemblement, et si le maire est candidat, les dépenses liées à ces voeux nouvelle formule ne seront-elles pas inscrites à leur compte de campagne ?

Je ne crois pas que ces amendements règlent le problème, qui devra être traité par la commission présidée par Jean-Louis Debré.

M. Arnaud de Belenet.  - Oui, la communication est possible sans valorisation : je rejoins l'avis défavorable de la commission des lois sur l'amendement n°22 rectifié quater.

Je suis mal à l'aise avec l'avis favorable donné à l'amendement n°23 rectifié quater : les collectivités territoriales peuvent déjà communiquer sur le Covid. Certaines l'ont déjà fait entre le premier et le second tour des municipales, en instrumentalisant la communication pour montrer de super-maires luttant contre la pandémie. Des contentieux sont en cours. Adopter un tel amendement serait une manière d'influencer le juge administratif.

M. Guy Benarroche.  - Je partage ce qu'ont dit M. de Belenet et Mme de la Gontrie. La distinction entre communication et propagande est claire. Certains passent de l'une à l'autre sans retenue.

Nous risquons de ne connaître la date des élections que peu de temps avant celles-ci. Nous nous opposons donc fermement à ces deux amendements.

Mme Nathalie Goulet.  - J'ai déposé une question écrite pour connaître la date de prise du décret fixant la date des élections : il faut songer aux comptes de campagne, aux mandataires financiers, il y a toute une ingénierie à mettre en oeuvre ! Nous attendons du Gouvernement de la transparence, qu'il décide de maintenir les dates ou non.

Je retire l'amendement n°22 rectifié quater au profit du n°23 rectifié quater.

L'amendement n°22 rectifié quater est retiré.

L'amendement n°23 rectifié quater est adopté et devient un article additionnel.

L'article 11 est adopté.

ARTICLES ADDITIONNELS après l'article 11

M. le président.  - Amendement n°67, présenté par M. Kerrouche et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.

Après l'article 11

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Après la section 3 du chapitre VI du titre Ier du livre Ier du code électoral, est insérée une section ainsi rédigée :

« Section...

« Vote par correspondance

« Art. L. ....  - Lorsque l'état d'urgence sanitaire prévu à l'article L. 3131-12 du code de la santé publique est déclaré, ou lorsqu'un régime transitoire de sortie d'état d'urgence sanitaire défini à l'article 1er de la loi n°2020-856 du 9 juillet 2020 organisant la sortie de l'état d'urgence est mis en place, par dérogation à l'article L. 54 du présent code, les électeurs votent soit dans les bureaux ouverts, soit par correspondance sous pli fermé, dans des conditions permettant d'assurer le secret du vote et la sincérité du scrutin.

« Le droit de vote par correspondance résultant du premier alinéa du présent article demeure valable jusqu'au terme du scrutin électoral concerné.

« Un décret en Conseil d'État fixe les modalités d'application du vote par correspondance. »

Mme Marie-Pierre de La Gontrie.  - Le texte de la commission prévoit un mécanisme complet permettant de maintenir la tenue des élections, via la double procuration et le vote par correspondance.

Éric Kerrouche avait travaillé sur ces questions, proposant un dispositif comparable pour les municipales, ce que la commission des lois avait refusé, le délai étant effectivement court.

Aujourd'hui, la commission des lois a validé le dispositif. Notre amendement l'étend à toutes les élections.

M. Philippe Bas, rapporteur.  - Les dispositions adoptées par la commission nous semblent mieux adaptées et sécurisées. L'état d'urgence sanitaire peut être déclaré un jour, abandonné le lendemain, restauré ensuite... Avis défavorable.

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État.  - Je me souviens bien de la nuit du 14 au 15 mars dernier et des positions différentes prises par les parties le lendemain... C'est pour avoir une position partagée que nous avons confié une mission de réflexion à Jean-Louis Debré - il devait rendre ses conclusions d'ici trois semaines. En attendant, avis défavorable.

L'amendement n°67 n'est pas adopté.

M. le président.  - Amendement n°21 rectifié ter, présenté par M. Reichardt, Mme N. Goulet, MM. Frassa et D. Laurent, Mme Deromedi, MM. Kern, L. Hervé, Vogel, Marseille et Longeot, Mme Schalck, MM. Klinger, Bonneau, Daubresse et J.M. Arnaud, Mmes Loisier, Joseph et de La Provôté, M. Cardoux, Mme Guidez, M. Lefèvre, Mme Dumont, MM. P. Martin et Henno, Mmes Muller-Bronn, C. Fournier et Drexler et MM. Paccaud, Chaize et Levi.

Après l'article 11

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

I.- Compte tenu des risques sanitaires liés à l'épidémie de covid-19, la date limite mentionnée au II de l'article L. 52-12 du code électoral est fixée au 8 janvier 2021, 18 heures, pour le renouvellement partiel du Sénat organisé le 27 septembre 2020.

II.- Le présent article est applicable en Polynésie française et à Wallis-et-Futuna.

Mme Nathalie Goulet.  - Certains de nos collègues ont du mal à déposer leurs comptes de campagne à cause du confinement. Cet amendement repousse au 8 janvier la date limite.

M. Philippe Bas, rapporteur.  - Avis défavorable : la crise sanitaire n'empêche pas d'établir un compte de campagne dans les délais.

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État.  - C'est l'occasion de féliciter les nouveaux sénateurs élus... Cette disposition étant relative au Sénat, sagesse.

Mme Nathalie Goulet.  - Une telle mesure a été prise pour le second tour des municipales. Nos collègues élus ou réélus ont besoin de souplesse. Un cabinet d'experts-comptables peut être fermé ou ne fonctionner qu'en télétravail...

L'amendement n°21 rectifié ter n'est pas adopté.

L'amendement n°10 n'est pas défendu.

M. le président.  - Amendement n°91, présenté par M. Bas, au nom de la commission.

Après l'article 11

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Le décret de convocation des électeurs pour le prochain renouvellement général des conseillers départementaux, des conseillers régionaux, des conseillers à l'Assemblée de Corse, des conseillers à l'Assemblée de Guyane et des conseillers à l'Assemblée de Martinique est publié, au plus tard, le 31 décembre 2020.

M. Philippe Bas, rapporteur.  - Je suis un peu inquiet du périmètre de la mission de l'ancien président du Conseil constitutionnel.

Dans une démocratie, on ne change pas la date des élections sans un motif d'intérêt général puissant. Le seul motif légitime serait l'impossibilité d'assurer la sécurité sanitaire dans la campagne et durant le scrutin. Il faut donc d'abord se pencher sur les conditions d'organisation.

Imaginons que 2021 ait été une année d'élection présidentielle. Réviserait-on l'article 6 de la Constitution avant de savoir si nous pouvons modifier l'organisation de l'élection ?

Il ne faudrait pas que le Gouvernement nous dise un jour : il est trop tard pour convoquer les électeurs - et que la décision s'impose ainsi sans avoir été prise formellement.

Le Gouvernement n'a aucun droit de décision dans ce domaine : seul le Parlement est compétent. Vous devez donc prouver que vous avez tout fait pour assurer que les élections se tiendront sans danger. Et il faudra que ces élections se tiennent !

La commission a débattu largement et a finalement voté cet amendement.

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État.  - J'entends beaucoup d'a priori sur les intentions du Gouvernement et sur le travail de Jean-Louis Debré. Le code ne prévoit pas de date limite pour fixer par décret la date des élections. Le 31 décembre est presque trop tardif. La dernière fois, le décret a été pris le 28 novembre 2014 pour les élections de mars 2015.

La question posée à M. Debré est la suivante : quelle est notre capacité collective à organiser ce scrutin dans les conditions optimales ?

Attendons les conclusions de cette mission pour décider. Avis défavorable.

M. Philippe Bas, rapporteur.  - Je saisis la balle au bond. C'est vrai, le 31 décembre est un délai trop long. Je rectifie donc l'amendement en proposant la date du 30 novembre ; c'est deux jours de plus que ce que M. le ministre propose. (Sourires)

Pourquoi le Gouvernement refuse-t-il obstinément la réintroduction d'un vote par correspondance sécurisé ? Il avait pourtant lui-même proposé d'assouplir le régime des procurations. Heureusement, nous n'avons pas oublié cet engagement du Gouvernement. Cela va dans le sens de la sécurisation du scrutin. Vous pourriez d'ores et déjà accepter ces mesures, sans attendre les conclusions de la mission de Jean-Louis Debré.

M. le président.  - C'est l'amendement n 91 rectifié.

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État.  - Ces petites batailles ne sont pas à la hauteur de l'enjeu.

M. Philippe Bas, rapporteur.  - C'est aimable !

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État.  - À l'époque, sur le vote par correspondance, nous n'avions pas missionné Jean-Louis Debré. Nous voulons faire les choses dans l'ordre et la transparence, en missionnant l'un de vos proches, qui a lui aussi servi sous Jacques Chirac et dont la probité ne peut pas être prise en défaut sur ces sujets.

M. Philippe Bas, rapporteur.  - Quelle instrumentalisation !

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État.  - Attendons le résultat de cette mission, qui associera toutes les parties prenantes, dont le président de votre Haute Assemblée. L'avis reste défavorable.

Mme Marie-Pierre de La Gontrie.  - Tout est étrange, dans ce débat. Cet amendement a la vertu de poser la question. Il me paraît toutefois juridiquement fragile : peut-on enjoindre le Gouvernement de prendre un décret de convocation ? De plus, si les dates des élections devaient être modifiées, c'est le Parlement qui le déciderait.

Étrange aussi, la mission confiée à M. Debré. Pourquoi s'adresser à une personnalité extérieure, aussi talentueuse et légitime soit-elle ? Le Parlement est là pour ça. À chaque fois que vous vous levez, monsieur le ministre, Jean-Louis Debré a une mission supplémentaire : fixer la date, puis les conditions de l'élection, du vote par correspondance, etc.

Encore plus étrange est la proposition du rapporteur. Le 30 novembre, nous serons encore en confinement : il sera impossible de fixer la date des élections.

Au vu de cette confusion, des échanges à fleurets non mouchetés entre le rapporteur et le ministre, nous ne participerons pas au vote. C'est au Parlement de fixer la date de l'élection, comme le prévoient les textes.

M. Patrick Kanner.  - Nous souhaitons avant tout éviter le chaos des 15 mars et 28 juin derniers, qui ont mis en danger tous ceux qui ont tenu les bureaux de vote et conduit à des taux d'abstention massifs.

Les élections à venir exigent de l'anticipation, de la part du Gouvernement comme de la représentation nationale.

J'ai échangé avec Jean-Louis Debré dans le cadre des consultations qu'il mène avec les groupes politiques. Ne jouons pas les vierges effarouchées, et disons-le : il est fort improbable que nous puissions tenir les élections au mois de mars dans de bonnes conditions.

Notre groupe propose un report au mois de juin. Il y a, me semble-t-il, consensus sur la nécessité d'éviter une nouvelle catastrophe démocratique. Encore faut-il que la loi de report soit prise dans les meilleurs délais, début 2021, pour que nos concitoyens puissent se projeter dans cette élection, qui sera un moment démocratique essentiel dans la période de doute que nous traversons.

M. Marc Laménie.  - Je trouve aussi que tout cela est étrange. Ce texte comporte des dispositions sanitaires et économiques - mais traite aussi des élections. Nous sommes dans la complexité et le brouillard. Vous missionnez un expert, soit, mais il faut faire confiance au Parlement, Assemblée nationale et Sénat, qui a la légitimité et les compétences.

Notre institution a toute légitimité en matière de fixation du calendrier électoral. Il faut tout faire pour éviter le taux d'abstention record des municipales. Ces élections sont importantes pour la démocratie de proximité. Je suivrai l'avis de la commission des lois.

Mme Nadège Havet.  - Sur le fond, l'injonction faite au Gouvernement pose problème. Sur la forme, l'amendement exige du Gouvernement ce que celui-ci a déjà annoncé : une décision avant la fin de l'année sur la tenue du scrutin en mars 2021, à l'issue de la mission confiée à Jean-Louis Debré.

Le groupe RDPI est défavorable à cet amendement.

M. Philippe Bonnecarrère.  - Il n'y a pas de brouillard : la date des élections doit être maintenue, c'est la démocratie. Les conditions de sécurité pourront-elles être mises en place ? Oui si le vote par correspondance est possible. L'amendement du rapporteur est-il une réponse ? Je n'en suis pas convaincu, car le Gouvernement aurait beau jeu d'invoquer l'impossibilité de prendre le décret pour reporter l'élection.

Le seul sujet est de savoir si le Gouvernement va maintenir dans ce texte les dispositions que nous y avons introduites sur le vote par correspondance. Si non, c'est que le Gouvernement a déjà choisi de reporter ces élections. Alors, tout sera clair. Nous nous positionnerons après le vote de l'Assemblée nationale.

Mme Joëlle Garriaud-Maylam.  - Je tiens à attirer votre attention sur les élections des Français de l'étranger, qui ont également besoin de visibilité et de sécurité : ne les excluons pas du dispositif !

M. Jean-Yves Leconte.  - Cela a été intégré au texte.

M. Philippe Bas, rapporteur.  - Ce débat est très riche. La commission des lois est avant tout attachée à la sécurisation du scrutin, s'il doit se tenir. Nous avons adopté un amendement de M. Leconte sur les élections consulaires qui est de nature à rassurer Mme Garriaud-Maylam.

La question de la date des élections est subordonnée à celle de la sécurisation du scrutin. Je prends acte des assurances du Gouvernement sur la remise du rapport de Jean-Louis Debré d'ici trois semaines. (M. le ministre opine.) Nous ignorions au moment de la réunion de la commission ce terme rapproché. Je vais donc retirer cet amendement pour que nous puissions délibérer sereinement à partir des conclusions du rapport de M. Debré.

Mme Éliane Assassi.  - Très bien.

L'amendement n°91 rectifié est retiré.

M. le président.  - Amendement n°68, présenté par Mme Rossignol et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.

Après l'article 11

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Les personnes définies à l'article L. 262-2 du code de l'action sociale et des familles et les personnes en situation de fragilité financière définies au deuxième alinéa de l'article L. 312-1-3 du code monétaire et financier sont exonérées des commissions perçues par un établissement de crédit à raison du traitement des irrégularités de fonctionnement d'un compte bancaire et des facturations de frais et de services bancaires durant toute la durée de l'état d'urgence sanitaire déclaré par le décret n°2020-1257 du 14 octobre 2020 déclarant l'état d'urgence sanitaire et prorogé en application de l'article 1er de la présente loi.

Mme Marie-Pierre de La Gontrie.  - Il s'agit d'exonérer de frais prélevés par les banques en cas de problème de fonctionnement bancaire pour les personnes les plus fragiles, pendant la durée de l'état d'urgence sanitaire.

M. le président.  - Sous-amendement n°89 à l'amendement n 68 de Mme Rossignol et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, présenté par M. Bas, au nom de la commission.

Amendement n°68, alinéa 3

1° Remplacer les mots :

en situation de fragilité financière définies

par les mots :

qui bénéficient de l'offre spécifique prévue

2° Supprimer les mots :

et des facturations de frais et de services bancaires

3° Après le mot :

prorogé

rédiger ainsi la fin de cet alinéa :

dans les conditions prévues à l'article L. 3131-14 du code de la santé publique.

M. Philippe Bas, rapporteur.  - La commission des lois est d'accord pour éviter aux publics les plus fragiles les frais liés aux découverts. En revanche, il ne saurait en être de même pour les frais de gestion courante. Avis favorable sous réserve de l'adoption du sous-amendement.

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État.  - Nous en avons déjà débattu en mai, notre avis avait alors été défavorable. Il reste le même aujourd'hui, sur le sous-amendement et l'amendement.

Depuis 2017, nous avons apporté de nombreuses garanties avec notamment le plafonnement des frais d'incidents bancaires à 25 euros par mois, obtenu par le ministre de l'Économie et des finances en 2018, et le développement de l'offre spécifique des banques en direction des publics vulnérables. Le nombre de bénéficiaires a augmenté de 30 %.

Ces mesures ont été consignées dans une charte homologuée par décret. L'observatoire de l'inclusion bancaire a renforcé sa surveillance et nous fera des propositions pour enrichir le dispositif.

Mme Nathalie Goulet.  - En février, le Sénat a adopté une proposition de loi du groupe socialiste visant à rendre effectif le plafonnement des frais bancaires. Entre le dire et le faire, il y a parfois la moitié de la mer. L'inclusion bancaire est essentielle dans cette période de grande fragilité et de casse sociale. J'entends beaucoup de bonnes intentions mais le compte n'y est pas : je voterai cet amendement.

M. Rémi Féraud.  - Le Sénat a effectivement adopté une proposition de loi du groupe socialiste sur le sujet. Les éléments de langage de Bercy sur l'autorégulation des banques ne sauraient suffire.

Le soutien aux ménages modestes est insuffisant, or ce sont les plus pauvres qui vont payer le plus de frais bancaires. Si les 100 ou 150 euros d'aide ponctuelle versés aux plus fragiles servent à payer des frais bancaires, l'objectif n'est pas rempli !

Le sous-amendement n°89 est adopté.

L'amendement n°68, sous-amendé, est adopté et devient un article additionnel.

M. le président.  - Amendement n°70, présenté par Mme Rossignol et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.

Après l'article 11

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Par dérogation aux articles L. 2212-1 et L. 2212-7 du code de la santé publique, pendant la durée de l'état d'urgence sanitaire, et jusqu'à trois mois après sa cessation, l'interruption de grossesse peut être pratiquée jusqu'à la fin de la quatorzième semaine de grossesse et le délai d'accès à l'interruption de grossesse par voie médicamenteuse est allongé de deux semaines.

Mme Marie-Pierre de La Gontrie.  - Les femmes ont des difficultés à accéder à l'IVG en raison de la situation sanitaire. Pendant la période de l'état d'urgence sanitaire, le délai d'accès à l'IVG pourrait être allongé de deux semaines. Il ne s'agit pas ici d'une disposition pérenne - nous y reviendrons plus tard - mais strictement limitée dans le temps. Aujourd'hui, l'accès à l'IVG n'est plus une priorité pour le monde médical.

M. Philippe Bas, rapporteur.  - Un certain nombre de femmes qui souhaitent recourir à l'IVG ont tardé à en faire la demande car elles craignaient la contamination dans les hôpitaux, y compris après la fin du confinement.

C'est la troisième fois que nous examinons cet amendement depuis le début de la crise. Le Gouvernement a pris la mesure du problème, rappelant que des consultations en vidéo étaient possibles et que le droit à l'accès à l'IVG devait être respecté pendant cette période de lutte contre le Covid-19.

Il n'y a pas de consensus médical sur cette proposition. Certains médecins soulignent même qu'une intervention au-delà de la douzième semaine présente des inconvénients beaucoup plus importants. Par conséquent, la commission est d'avis qu'il ne faut modifier les équilibres de la loi de 1975 qu'avec une main tremblante.

La commission a émis un avis défavorable mais souhaite entendre le Gouvernement sur ce sujet. Cette demande de nos collègues du groupe socialiste ne doit pas rester sans réponse.

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État.  - Vous soulevez une vraie question. Lors de la première vague, les tensions sur le système hospitalier ont créé des incertitudes sur l'accès effectif à l'avortement. Les conditions de ce second confinement sont sensiblement différentes, mais il faut rester très attentif.

Lors du premier confinement, nous avions étendu par voie réglementaire le recours à l'IVG médicamenteuse, jusqu'à la fin de la septième semaine, encouragé le recours à la vidéo-consultation, facilité le retrait des médicaments en pharmacie.

Nous sommes en train d'évaluer l'opportunité de réactiver ces mesures.

À l'occasion de la proposition de loi du 8 octobre dernier, le Gouvernement a saisi le Comité national consultatif d'éthique sur la pertinence d'une extension du délai pour l'IVG, hors période de crise sanitaire. Dans l'attente de son avis, demande de retrait ; sinon, en cohérence avec la position du Gouvernement à l'Assemblée nationale, sagesse.

L'amendement n°70 n'est pas adopté.

M. le président.  - Amendement n°71, présenté par Mme Rossignol et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.

Après l'article 11

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Les victimes des violences mentionnées à l'article 132-80 du code pénal ne peuvent être soumises au couvre-feu, ou maintenues en confinement dans le même domicile que l'auteur des violences, y compris si les violences sont présumées. Si l'éviction du conjoint violent ne peut être exécutée, un lieu d'hébergement permettant le respect de leur vie privée et familiale leur est attribué.

Mme Marie-Pierre de La Gontrie.  - Le confinement a entraîné une explosion des violences intrafamiliales : 32 % d'augmentation des signalements dans les dix premiers jours dans les zones de gendarmerie, 36 % en région parisienne.

Il faut exempter les victimes de l'interdiction de déplacement et procéder à l'éviction du conjoint violent du domicile ou, à défaut, que leur soient proposées des solutions d'hébergement. Les efforts de communication pour inciter les femmes et les enfants à se signaler doivent rester inlassables.

M. Philippe Bas, rapporteur.  - La commission a voté des dispositions analogues dans le cadre des quarantaines. Avis favorable.

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État.  - Avis favorable également.

L'amendement n°71 est adopté et devient un article additionnel.

M. le président.  - Amendement n°82 rectifié ter, présenté par M. Kerrouche, Mmes Lubin et de La Gontrie, M. Bourgi, Mmes Bonnefoy, Harribey, S. Robert, Conconne, Conway-Mouret et Préville, M. Redon-Sarrazy, Mme Lepage et M. M. Vallet.

Après l'article 11

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Dès la publication de la présente loi, un décret définit les conditions dans lesquelles les activités physiques dynamiques individuelles sur et depuis la plage sont autorisées et dans lesquelles les plages, les plans d'eau, les lacs et les forêts sont ouverts au public, par dérogation aux mesures prises dans le cadre du 1° et du 2° de l'article L. 3131-15 du code de la santé publique.

Mme Marie-Pierre de La Gontrie.  - Nous avons déjà débattu de la question de l'accès aux plages, plans d'eau, lacs et forêts lors du déconfinement. Il a fallu batailler pour aboutir à l'autorisation des plages dites « dynamiques ». Cet amendement réactive cette possibilité.

M. Philippe Bas, rapporteur.  - Pendant ce confinement, l'accès aux plages n'est pas interdit. Il était souhaitable, lors du déconfinement, d'autoriser à nouveau les activités nautiques - c'était l'été, le taux de circulation du virus était très faible.

Mais le contexte n'est plus le même : retour du confinement et circulation rapide du virus. N'allons pas au-delà des possibilités déjà ménagées par le Gouvernement. Avis défavorable.

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État.  - Avis défavorable. Cela relève du domaine réglementaire. Parcs, jardins et plages restent ouverts conformément à un décret paru ce matin, mais les activités nautiques sont interdites.

Mme Marie-Pierre de La Gontrie.  - Si vous m'assurez qu'il n'y a aucune ambiguïté, que l'application du décret sera la même sur tout le territoire, je retirerai mon amendement.

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État.  - Le décret paru ce matin précise bien que plages, parcs et jardins demeurent ouverts, sur décision de l'autorité compétente ; les forêts n'ont jamais fait l'objet d'une interdiction d'accès. Les activités nautiques, en revanche, restent interdites.

L'amendement n°82 rectifié ter est retiré.

L'amendement n°11 n'est pas défendu.

Explications de vote

Mme Éliane Assassi .  - Le groupe CRCE votera contre ce projet de loi pour les raisons rappelées lors de la discussion générale. La commission des lois a certes amélioré le texte mais les pouvoirs donnés à l'exécutif demeurent excessifs et le rôle du Parlement est abaissé. C'est une démission démocratique.

Nos propositions pour renforcer le rôle au Parlement ont été rejetées. Les habilitations à légiférer par ordonnances restent trop nombreuses, notamment dans le domaine du droit du travail.

De plus, l'obligation constitutionnelle de ratification expresse des ordonnances n'est pas respectée.

Mme Marie-Pierre de La Gontrie .  - Le groupe socialiste, écologiste et républicain a porté un regard vigilant et inquiet sur ce texte, eu égard au rôle laissé au Parlement et au manque de mesures sociales.

Sur le premier point, nos regards ont convergé avec ceux de la majorité de la commission, puis du Sénat, et le texte a été considérablement amélioré : suppression du régime de sortie de l'état d'urgence sanitaire, réduction de moitié du nombre d'habilitations et cantonnement de la durée de l'état d'urgence sanitaire.

Mais le Sénat a rejeté nos propositions pour l'accompagnement des populations les plus fragiles.

Ce texte ne marche que sur une jambe, celle du respect du Parlement. Notre groupe s'abstiendra.

Mme Maryse Carrère .  - Il faut tout faire pour ne pas revivre un épisode aussi dramatique que celui du printemps.

La prolongation de l'état d'urgence sanitaire et les habilitations sont nécessaires, mais notre vote favorable ne vaut pas blanc-seing. La commission des lois a réduit à juste titre le nombre d'habilitations, et le Parlement veut être associé aux mesures qui seront prises.

La démocratie doit être maintenue aux niveaux national et local. Je me félicite de l'adoption de l'amendement du président Requier qui assouplit les règles de quorum dans les organes délibérants des collectivités territoriales. Il faut accompagner tout particulièrement l'outre-mer. Nous nous félicitons aussi des adaptations facilitées pour les commerces de proximité. Le Sénat est fidèle à son rôle de défenseur des territoires.

Le groupe RDSE votera ce texte en responsabilité, tout en restant vigilant sur l'un des rôles principaux du Parlement : le contrôle de l'action du Gouvernement.

M. Marc Laménie .  - Je salue le travail efficace et réactif de la commission des lois, dans un contexte très compliqué.

Il convenait de soutenir ceux qui sont en première ligne : soignants, services de l'État et des collectivités territoriales ; il fallait aussi accompagner le monde économique puisque beaucoup de commerces de proximité vont fermer, avec des conséquences qui risquent d'être dramatiques.

Je me félicite de l'adoption de l'amendement n°71 sur les violences intrafamiliales, qui émane de la délégation aux droits des femmes.

Le groupe Les Républicains votera ce texte.

M. Arnaud de Belenet .  - Votre feuille de route et les marges de manoeuvre qui étaient laissées à Mme Bourguignon et à vous-même, monsieur le ministre, vous ont permis de tester la bienveillance du Sénat.

Fort de l'expérience du premier confinement, le Sénat s'est efforcé d'apporter des solutions et de limiter les effets collatéraux des décisions qui doivent être prises.

La thématique du handicap n'a pas été assez évoquée. Les masques transparents ont été rapidement certifiés, mais les entreprises ont du mal à les produire en masse. Or les enfants qui ont besoin d'une lecture faciale et labiale, qu'ils soient en CP ou a fortiori s'ils sont accompagnés d'une AVS, ne peuvent s'en passer, dès lors que le masque sera obligatoire à partir de 6 ans à l'école.

Mme Joëlle Garriaud-Maylam.  - Très bien.

Mme Nadège Havet .  - La prorogation de l'état d'urgence sanitaire était soutenue par une large majorité ; les mesures sociales étaient elles aussi indispensables, et le Gouvernement les a renforcées hier.

Reste que la possibilité d'un régime transitoire après l'état d'urgence sanitaire ou l'allongement de l'autorisation des systèmes d'information, indispensable à la stratégie tester-tracer-isoler, n'ont pas fait l'objet d'un accord.

Le groupe RDPI s'abstiendra, en espérant une CMP conclusive.

M. Philippe Bonnecarrère .  - En 48 heures, nous avons à procéder à deux votes très différents. Celui d'hier sur la déclaration au titre de l'article 50-1 de la Constitution était binaire : il fallait répondre, par oui ou par non, à la décision prise par le Gouvernement.

Le présent texte a été modifié sur la mesure la plus liberticide, à l'impact économique et social le plus important : le reconfinement. Le Sénat a demandé que le Parlement soit saisi au plus tard le 8 décembre sur sa prorogation. Cela change tout, et motive le vote favorable du groupe UC.

Si, à l'issue de la CMP, on en restait à un texte qui confère au Gouvernement des pouvoirs exceptionnels pour plus de cinq mois, nous basculerions dans l'anormalité et l'affaissement de notre démocratie. Je ne soupçonne pas le Président de la République de vouloir faire une mauvaise utilisation de ces pouvoirs, mais dans un autre contexte politique, cela nous mettrait dans une situation impossible. N'établissons pas ce genre de précédent.

M. Guy Benarroche .  - Le GEST n'est pas convaincu qu'un régime d'exception, attentatoire aux libertés, soit la bonne solution, d'autant que la participation du Parlement au processus décisionnel est de facto exclue.

Nous ne méconnaissons pas les efforts de la commission mais l'état d'urgence sanitaire permet d'interdire aux personnes de sortir de leur domicile, de décider des placements en isolement, de limiter ou interdire les rassemblements, de prendre des mesures de contrôle des prix... La liste est trop longue. Les citoyens de ce pays sont à même de comprendre la complexité du monde et d'être associés aux décisions qui sont prises.

Le GEST votera contre ce texte.

Le projet de loi, modifié, est adopté.