Questions orales

Mme le président.  - L'ordre du jour appelle les réponses à des questions orales.

Situation du service d'urgences de Senlis

M. Jérôme Bascher .  - La situation du groupe hospitalier public Sud de l'Oise (GHPSO), qui rassemble les hôpitaux de Creil et Senlis, pose problème. Je m'étais prononcé en faveur de leur mutualisation, pour améliorer la performance des services. Hélas, cela dysfonctionne. Les urgences et la ligne SMUR de Senlis sont fermées jusqu'à une date inconnue. Déjà fermées en août dernier, elles n'avaient rouvert qu'après une forte mobilisation des élus. Nous restons dans l'expectative.

Monsieur le ministre, que pouvez-vous nous annoncer de positif ?

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État, chargé de l'enfance et des familles .  - Les deux sites sont distants de 15 kilomètres. L'Agence régionale de santé (ARS) des Hauts-de-France regarde la situation de près. Les élus ont été associés aux réflexions, comme ce fut votre cas le 2 décembre par visioconférence.

Les urgences ont été temporairement regroupées à Creil, où les patients sont plus nombreux et le plateau technique plus important, ce qui apporte plus de sécurité. Des coopérations sont mises en place avec l'hôpital de Beauvais et les médecins libéraux.

Désormais, nous souhaitons renforcer l'équipe médicale autour d'un projet attractif. Les urgences de Senlis rouvriront dès que possible, après le recrutement de trois ou quatre médecins urgentistes. Un nouveau directeur du GHPSO a été nommé. Le ministère le soutiendra.

M. Jérôme Bascher.  - Je ne doute pas de la volonté du directeur de Beauvais, nommé par intérim, ni de celle de l'ARS. Mais il faut leur donner des moyens exceptionnels pour recruter des médecins. À 50 kilomètres de Paris, à proximité de l'aéroport de Roissy, l'enjeu est essentiel.

Établissements médico-sociaux en souffrance

M. Loïc Hervé .  - Les établissements médico-sociaux de Haute-Savoie sont en grande précarité. Alors qu'ils manquent de personnel, les perspectives de recrutement sont inexistantes. Le secteur souffre d'un manque de reconnaissance et d'attractivité, d'autant qu'il ne bénéficie pas du Ségur de la santé.

Des décisions drastiques et inhumaines ont dû être prises, comme la fermeture de l'accueil temporaire ou une prise en charge plus courte des occupants. Ainsi, à la Maison de Notre-Dame de Philerme, de l'Ordre de Malte, qui accueille des autistes à Sallanches, l'extension de dix places reste désespérément vide, faute de personnel suffisant.

Les familles sont dans le désarroi. Que comptez-vous faire ?

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État, chargé de l'enfance et des familles .  - Les métiers de l'autonomie connaissent une pénurie de candidats. La situation est aggravée en Haute-Savoie par la proximité de la Suisse, et par le coût du logement.

Les besoins de remplacement sont nombreux. À Sallanches, en attendant l'ouverture effective de cette extension, les financements ont été reportés sur une équipe mobile, incontournable sur le territoire. L'ARS active différents leviers : mutualisation des ressources, contrats de vacation de gré à gré avec des médecins libéraux, amélioration de l'attractivité des métiers, hausse salariale, meilleure information sur les métiers du grand âge.

Une concertation est organisée pour définir une stratégie coordonnée pour toute la Haute-Savoie.

M. Loïc Hervé.  - Nous sommes d'accord sur le diagnostic. Mais je pense à une maman seule de 80 ans, obligée de reprendre à la maison son fils autiste de 50 ans, qui vivait en établissement : cet exemple témoigne d'une détresse humaine. Les mesures nationales ne suffiront pas, nous avons besoin de réponses spécifiques, correspondant à la typicité de notre département.

Frais de déplacements pour les infirmiers libéraux

M. Christian Bilhac .  - L'avenant n°6 à la convention nationale des infirmiers libéraux devait notamment moderniser l'activité libérale et simplifier les actes infirmiers.

Les habitants des territoires ruraux ont mesuré le rôle des infirmiers libéraux pendant la crise sanitaire. Malheureusement, l'avenant ne tient pas compte de la réalité des pratiques au quotidien.

Le plafonnement des indemnités kilométriques se décline en trois parties : de 0 à 299 kilomètres, facturation à plein tarif ; de 300 à 399 kilomètres, abattement de 50 % ; au-delà de 400 kilomètres, l'abattement est de 100 %.

Les indemnités kilométriques d'un infirmier sont de 35 centimes par kilomètre en plaine et 50 centimes en montagne, contre 61 centimes en plaine et 91 centimes en montagne pour les médecins exerçant en milieu rural ou hyper-rural. Une telle différence, du simple au double, est injustifiée. La voiture d'un infirmier consomme autant que celle d'un médecin !

La réduction des indemnités de déplacement et la stagnation des actes infirmiers découragent les jeunes infirmiers de s'installer en milieu rural et ne feront qu'aggraver les déserts médicaux.

Il faut prendre en compte la spécificité des infirmiers libéraux dans le monde rural. C'est une question de reconnaissance de la profession.

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État, chargé de l'enfance et des familles .  - Le dispositif journalier plafonné - qui vise à limiter les indus - semble défavorable aux infirmiers. Le nouveau mode de calcul en étoile, négocié avec les partenaires sociaux, apporte une souplesse bienvenue. Il pourra être adapté.

Nous agissons pour améliorer l'accès aux soins, en développant la coordination pluriprofessionnelle et la prévention.

Des mesures démographiques ont été renforcées pour améliorer le maillage territorial des infirmiers. Citons l'aide forfaitaire à l'installation de 27 500 euros, l'aide forfaitaire à la première installation de 37 500 euros ou le contrat d'aide au maintien de 3 000 euros par an. Nous prenons en compte autant que possible les spécificités des territoires.

M. Christian Bilhac.  - Dans le monde rural, les infirmiers parcourent des centaines de kilomètres. Or au volant de leur voiture, ils ne pratiquent pas de soins et ne sont donc pas rémunérés.

Effectifs de police à Rouen

M. Didier Marie .  - À plusieurs reprises en 2020 et 2021, à la suite de rixes, les élus de Rouen, de toutes sensibilités, ont alerté sur la montée de l'insécurité. Les maires font ce qu'ils peuvent, mais rien n'est possible sans la police nationale. Or la situation se dégrade.

La préfecture a réalisé un diagnostic confirmant le besoin d'augmenter le nombre de policiers. Le ministre de l'intérieur a annoncé en octobre 60 policiers supplémentaires et s'est engagé personnellement à venir préciser le calendrier. Depuis, rien.

Il est temps de tenir les promesses faites ! Celles du précédent ministre de l'Intérieur n'ont jamais été honorées.

Quand les effectifs annoncés pour l'agglomération de Rouen seront-ils déployés ?

Mme Marlène Schiappa, ministre déléguée, chargée de la citoyenneté .  - Les attentes des Français en matière de sécurité sont fortes et légitimes. C'est une priorité du Gouvernement et tous les leviers de prévention et de répression sont mobilisés.

Le ministère de l'Intérieur a bénéficié de 1,5 milliard d'euros supplémentaires cette année encore. Les policiers sont mieux formés et mieux équipés. La transformation numérique se poursuit, notamment avec la plainte en ligne. Les premiers résultats sont là.

Nous avons recruté près de 10 000 policiers et gendarmes supplémentaires pendant le quinquennat et constitué une vraie réserve opérationnelle. Nous travaillons aussi sur les cycles horaires et la réforme de la procédure pénale.

Cet effort va s'amplifier, comme le Président de la République l'a annoncé à Nice. Notre objectif est de doubler le nombre de policiers et de gendarmes sur la voie publique d'ici à 2030.

La circonscription de Rouen bénéficiera d'un renfort de 60 policiers au premier semestre 2022. À ce jour, elle s'appuie sur un effectif opérationnel de 597 gradés et gardiens auxquels s'ajoutent 20 policiers dédiés au quartier de reconquête républicaine des Hauts de Rouen, soit 617 agents, contre 500 fin 2016.

M. Didier Marie.  - Votre réponse reste générale, mais nous attendons une date. La situation sur le terrain est très tendue, notamment à Elbeuf où cinq nouveaux vols à main armée ont eu lieu récemment. Il faut la présence de la police nationale.

Demi-part fiscale des veuves d'anciens combattants

M. Christian Klinger .  - Depuis le 1er janvier 2021, les veuves d'anciens combattants peuvent bénéficier de l'attribution de la demi-part fiscale à compter de leurs 74 ans, si l'ancien combattant est décédé entre 65 ans et 74 ans.

Cette avancée reste insuffisante. Le principe d'égalité entre les générations du feu est en cause.

Les veuves d'un ancien combattant mort avant 65 ans subissent une double peine : elles perdent leur conjoint et sont privées d'un droit légitime. Pourquoi ces 15 % des veuves de guerre n'ont-elles pas la reconnaissance de la Nation ?

Nos futurs anciens combattants se battent actuellement au Sahel. Que comptez-vous faire ?

Mme Marlène Schiappa, ministre déléguée, chargée de la citoyenneté .  - Mme Darrieussecq entretient les relations les plus cordiales avec l'ensemble des associations d'anciens combattants.

Nous devons une reconnaissance exemplaire et sans faille aux veuves et veufs de guerre et d'invalides de guerre qui ont consenti, par la perte de leur conjoint, l'ultime sacrifice. Ils bénéficient d'une pension militaire et d'une demi-part fiscale, sans condition d'âge pour eux comme pour leur conjoint décédé au combat.

En 2019 et 2020, des mesures favorables ont été prises pour ces veuves. En 2022, le point PMI a été porté de 14,70 euros à 15,05 euros. Cela aura un effet visible et immédiat sur leur niveau de vie.

Elles bénéficient aussi de l'action sociale, en plus de l'action du Gouvernement en faveur des petites retraites, dont l'augmentation de 100 euros par mois du minimum vieillesse.

Depuis 2017, nous renforçons l'accompagnement des plus fragiles.

M. Christian Klinger.  - Vous ne m'avez pas répondu sur les 15 % de veuves qui ne bénéficient pas de la demi-part fiscale. C'est une goutte d'eau dans le total du budget de l'État, surtout en ce moment. Pour rappel, la retraite d'ancien combattant s'élève à 782 euros par mois.

Accès aux urgences dans les territoires sous-dotés

M. Patrice Joly .  - Depuis le 1er janvier 2022, le forfait patient urgences (FPU) de 19,61 euros est facturé à toute personne qui se rend aux urgences pour des soins non suivis d'une hospitalisation. Mais dans les déserts médicaux, les habitants n'ont pas accès à un médecin et ce n'est pas près de s'arranger. Dans la Nièvre, les deux tiers des médecins ont plus de 55 ans. Entre 2010 et 2017, le nombre de médecins avait déjà diminué de 27 %. Aujourd'hui, on compte moins de sept généralistes pour 10 000 Nivernais et ils ne prennent pas de nouveaux patients. En outre, les gardes disparaissent.

Dans ces conditions, les urgences sont souvent l'unique recours. Les personnes les plus précaires retardent leurs soins, ce qui aggrave leur état.

Face aux déserts médicaux, allez-vous ajouter les patients privés de médecins à la liste des personnes exonérées intégralement de forfait, comme le propose l'Association des maires ruraux de France (AMRF) ?

Mme Marlène Schiappa, ministre déléguée, chargée de la citoyenneté .  - Le Gouvernement est sensible à la nécessité de garantir l'accès aux soins sur l'ensemble du territoire. Le FPU simplifie la participation mais n'augmente pas les coûts. Il assure une meilleure protection des usagers dont la prise en charge est complexe et pour lesquels la participation pouvait atteindre 60 euros.

L'accès aux urgences est toujours possible pour les patients, même sans carte Vitale.

Le FPU est pris en charge par les mutuelles. La question porte donc plus sur les complémentaires, dont 4 % des Français ne bénéficient pas. C'est sur ce point que porte l'action du Gouvernement.

M. Patrice Joly.  - Trois millions de Français ne sont pas couverts par une complémentaire santé faute de moyens. Ils repoussent leurs soins jusqu'à l'hospitalisation. Il est inacceptable que la santé devienne un luxe.

Difficultés pour percevoir MaPrimeRénov'

M. Guillaume Gontard .  - Pour encourager la rénovation thermique des logements, le Gouvernement compte sur MaPrimeRénov'. Les demandes sont nombreuses - 617 000 l'année dernière - mais le Gouvernement n'a pas les moyens de ses ambitions.

Les délais de versement des primes sont beaucoup trop longs. Le délai moyen est de cinq mois et 8 % des dossiers prennent plus d'un an. Résultat : de nombreux bénéficiaires sont en difficulté financière.

Les critères prévus pour lutter contre la fraude sont trop rigides. De nombreux bénéficiaires sont découragés, alors que le Gouvernement avait créé un droit à l'erreur. Pourquoi ne pas l'appliquer à ces dossiers ? Leur suivi est erratique et déshumanisé. Comment le Gouvernement compte-t-il en assurer un traitement efficace et humain ?

Mme Bérangère Abba, secrétaire d'État, chargée de la biodiversité .  - Nul ne peut contester le succès de MaPrimeRénov'. En 2021, plus de 760 000 dossiers ont été déposés et 660 000 engagés, pour plus de 2 milliards d'euros.

Quelques dossiers posent problème, mais, dans la grande majorité des cas, les ménages perçoivent l'aide rapidement après validation de l'Agence nationale de l'habitat (ANAH) : 99 % des dossiers complets sont traités dans les quinze jours. En cas de difficulté, la décision intervient en moyenne sous trente jours ouvrés.

Le délai moyen de paiement est de dix-huit jours, compte tenu des contrôles indispensables. Les enquêtes de satisfaction confirment la qualité du dispositif : 89 % des répondants sont satisfaits - ils sont 84 % à l'être sur délais.

M. Guillaume Gontard.  - N'oublions pas les ménages les plus précaires qui peuvent rencontrer d'importantes difficultés.

Anciens logements ouvriers sociaux

Mme Christine Herzog .  - D'anciennes régions minières, comme la Moselle, possèdent des familistères. Au fil du temps, ils sont devenus des résidences privées. Mais c'était un cadeau empoisonné. Leurs nouveaux propriétaires sont le plus souvent ouvriers, parfois retraités, à très faibles revenus. Or rénover ces passoires thermiques a un coût trop important pour ces personnes qui ne sont pas éligibles aux financements attribués aux quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) ni à l'aide de l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU). Comment les aider ?

Dans le cadre de la nouvelle contractualisation de la géographie prioritaire de la politique de la ville, ces quartiers très particuliers seront-ils pris en compte dans les quotas sociaux, comme l'impose la loi ?

Mme Bérangère Abba, secrétaire d'État, chargée de la biodiversité .  - La réhabilitation de ces anciens logements ouvriers est un enjeu important. Ils ne sont pas identifiés parmi les QPV, en raison de la loi de 2014 qui fixe la géographie prioritaire de la politique de la ville, mais sont éligibles aux aides de l'ANAH. La rénovation de l'habitat privé est une priorité du Gouvernement. MaPrimeRénov', MaPrimeRénov'Sérénité et le plan copropriété vont dans ce sens. C'est ainsi que 100 000 logements ont pu être rénovés, pour plus de 500 millions d'euros.

La loi SRU est essentiellement assise sur le conventionnement APL. L'acquisition du patrimoine par un bailleur social pourrait être une solution, si les propriétaires sont vendeurs, bien entendu.

État des infrastructures routières

M. Hervé Maurey .  - Voilà cinq ans que le Sénat alerte sur la dégradation inquiétante de nos infrastructures, notamment les routes et ponts, au travers de deux rapports parlementaires, l'un de 2017, l'autre de 2019.

La situation s'aggrave, malgré nos mises en garde.

L'entretien de ces infrastructures est un enjeu de sécurité routière, mais aussi financier. Un euro non investi aujourd'hui, ce sont dix euros qu'il faudra investir à terme.

Il manque 100 millions d'euros en 2022 par rapport aux besoins estimés pour le réseau routier non concédé. Les collectivités - qui sont propriétaires des deux tiers du réseau - ne sont pas aidées, ou faiblement, pour entretenir leurs infrastructures ; d'après nos estimations, il faudrait 130 millions d'euros par an, or le plan de relance ne prévoit que 40 millions d'euros.

Pourquoi laisser ainsi nos infrastructures se dégrader, au risque de menacer la sécurité de nos concitoyens ?

Mme Bérangère Abba, secrétaire d'État, chargée de la biodiversité .  - Dès 2018, nous avons rendu les données publiques, par souci de transparence. Des audits indépendants ont été menés. Ils ont guidé les choix du Gouvernement et du Conseil d'orientation des infrastructures (COI).

Nous donnons la priorité à la rénovation de l'existant, qui pâtit d'un sous-investissement ancien. Les moyens dédiés à l'entretien du réseau routier national non concédé sont passés de 708 millions d'euros en 2017 à 850 millions d'euros en 2022, soit une augmentation de 20 % sur le quinquennat.

La trajectoire financière adossée à la loi d'orientation des mobilités (LOM) prévoit de porter ces moyens à 930 millions d'euros dès 2023.

S'y ajoutent 40 millions d'euros mis en oeuvre dans le cadre du plan de relance grâce auxquels des chantiers pluriannuels de réparation de sept ouvrages importants ont été accélérés.

L'ensemble du réseau est sous surveillance permanente ; il n'y a pas d'urgence avérée, mais une vigilance accrue s'impose.

M. Hervé Maurey.  - Je ne nie pas les efforts consentis, mais ils sont très insuffisants au regard des besoins estimés, de 130 millions d'euros. On peut largement mieux faire !

Expérimentations contre la pollution visuelle des éoliennes

M. Pierre-Jean Verzelen .  - L'éolien est source de nuisances nocturnes liées à l'éclairage. C'est pénible pour les riverains, déstabilisant pour les conducteurs.

Des expérimentations ont été lancées pour réduire les nuisances dues à l'aviation, comme l'éclairage aux extrémités du parc, l'illumination déclenchée par détection d'avion ou encore l'orientation des faisceaux lumineux davantage vers le ciel. Où en sont ces expérimentations ? Une généralisation est-elle prévue ?

Mme Bérangère Abba, secrétaire d'État, chargée de la biodiversité .  - Le balisage des parcs éoliens est obligatoire pour la sécurité aérienne, qu'il faut conjuguer avec l'acceptabilité pour les riverains et les conséquences sur la biodiversité.

Les expérimentations menées ont permis de valider l'acceptabilité de faisceaux modifiés pour émettre une lumière de moindre intensité. La réduction de la fréquence des éclats est aussi à l'étude. Des expérimentations ont été menées en ce sens en Ardèche et en Vendée. Leurs conclusions seront connues au cours du premier trimestre 2022.

D'autres évaluations portant sur le déclenchement des lumières au passage des aéronefs seront menées au premier semestre 2022 et pourraient être généralisées au second semestre.

M. Pierre-Jean Verzelen.  - Les choses avancent, tant mieux. Espérons que les expérimentations soient rapidement généralisées pour les nouvelles éoliennes mais aussi les éoliennes existantes.

Communes concernées par le recul du trait de côte

M. Jean-François Rapin .  - Les conseils municipaux doivent délibérer pour permettre la publication d'un décret fixant la liste des communes dont l'action doit être adaptée au recul du trait de côte.

Outre l'impossibilité, en raison de la crise sanitaire, de réunir des conseils municipaux dans les délais, les élus du littoral refusent de délibérer à marche forcée. Ils ne disposent d'aucune information sur les études du ministère ni de précision sur les conséquences du classement, qui relèvent d'ordonnances non publiées. Qu'en sera-t-il de la décote administrée de la valeur des biens concernés ? Quelles seront les conditions des relocalisations spatiales ? Ces préalables sont indispensables.

La loi prévoit la possibilité pour les collectivités concernées de conclure une convention avec l'État. Une communication ultérieure est prévue s'agissant du financement. La loi de finances pour 2022 n'a pas apporté de réponse. Dans ces conditions, il est urgent de reporter cette consultation.

Faites parvenir aux maires les études scientifiques justifiant l'inscription sur la liste !

Mme Bérangère Abba, secrétaire d'État, chargée de la biodiversité .  - Il est essentiel d'anticiper l'érosion du littoral, notamment en identifiant les communes les plus exposées. Les préfets ont organisé des réunions d'information. Il est possible de les solliciter pour des informations complémentaires.

Le délai initialement fixé au 24 janvier va être adapté pour laisser plus de temps aux communes.

Une cartographie - premier pas dans la prise de conscience de ce risque - est nécessaire, ainsi qu'une réforme de l'information des acquéreurs. Certaines dérogations à la loi Littoral peuvent être envisagées.

Ces mesures visent à faciliter les démarches de recomposition territoriale. Elles ne créent pas de nouvelles obligations. Il s'agit d'un outil d'entraînement et de projection.

L'État s'engage à cofinancer les cartographies jusqu'à 80 %.

M. Jean-François Rapin.  - Je vous remercie pour l'annonce d'un report du délai, mais non, il n'y a pas eu de réunions de concertation au préalable : elles ont été organisées après que les maires, affolés, se sont manifestés. Le financement par l'État est trop discret et il faudrait connaître les ordonnances avant la consultation.

Conditions d'achat de l'électricité

Mme Florence Blatrix Contat .  - L'arrêté du 6 octobre 2021 fixe les conditions d'achat de l'électricité produite par les installations implantées sur bâtiment, hangar ou ombrière utilisant l'énergie solaire photovoltaïque inférieure à 500 kilowatts.

Cet arrêté interdit le cumul du rachat de l'énergie électrique produite suivant les tarifs garantis avec une subvention par une collectivité locale. Cela met en difficulté de nombreuses initiatives locales, notamment les centrales villageoises. Je partage le souci de respecter les traités européens mais à l'heure du Green Deal, les autorités européennes doivent prendre en compte l'apport citoyen.

Ces installations de taille réduite ne sont en aucun cas en concurrence avec les grands opérateurs. Leur viabilité économique suppose un soutien d'amorçage.

Comment allez-vous corriger les effets désastreux de cet arrêté pour soutenir ces initiatives locales vertueuses ?

Mme Bérangère Abba, secrétaire d'État, chargée de la biodiversité .  - Je partage pleinement votre ambition. Ces projets partagés impliquant la population servent la transition écologique, qui appelle une montée en puissance des énergies renouvelables.

S'agissant d'aides d'État, notre soutien doit être validé par la Commission européenne. La condition de non-cumul vise à garantir que la rémunération du producteur reste raisonnable. Ce n'est pas une nouveauté. Le droit national le prévoit aussi.

L'interdiction doit s'entendre comme visant l'installation. Des aides pour la préparation des terrains et des structures, par exemple la rénovation de la toiture, peuvent être perçues. Je pense aussi aux aides au raccordement. Les collectivités peuvent également soutenir ces projets citoyens.

Mme Florence Blatrix Contat.  - Les aides à l'installation sont essentielles pour la viabilité de ces initiatives. L'initiative citoyenne doit absolument être encouragée !

Conséquences de la nouvelle stratégie de la Compagnie des Alpes

M. Cédric Vial .  - La Compagnie des Alpes (CDA) développe une nouvelle stratégie qui n'est pas sans conséquences sur l'écosystème de la montagne ; la diversification de ses activités a des répercussions sur l'ensemble des professionnels de la montagne.

La vocation initiale de la Compagnie des Alpes, dont l'État est encore actionnaire à 40 % via la Caisse des dépôts et des consignations (CDC), était de contribuer à l'aménagement et au développement des territoires de montagne.

Il est légitime de s'interroger sur l'évolution de ses missions et l'autonomisation de cette filiale de la CDC, censée être entièrement dédiée à l'intérêt général.

Cette nouvelle stratégie a-t-elle été validée par l'État ? Comptez-vous encadrer cette diversification ? Il faut rassurer les élus de la montagne sur le fait que les retombées économiques des activités continueront de servir l'objectif d'intérêt général d'aménagement de la montagne.

M. Jean-Baptiste Lemoyne, ministre délégué, chargé du tourisme, des Français de l'étranger et de la francophonie, et des PME .  - La crise sanitaire a montré que le tourisme était une chaîne. Si l'un des maillons cède, toute la chaîne est menacée. C'est vrai aussi pour l'économie de la montagne. Le développement de chaque acteur ne saurait se faire aux dépens des autres. L'esprit de cordée est au coeur de l'ADN montagnard.

La CDC remplit des missions d'intérêt général en appui des politiques publiques conduites par l'État et les collectivités territoriales. Avec 39 % de participation, elle n'est pas majoritaire au sein de la Compagnie des Alpes. Le Parlement joue un rôle déterminant au sein du conseil de surveillance de la CDC : deux de vos collègues y siègent. Il est important de trouver le bon équilibre. Je serai au côté des élus pour continuer à faire passer ce message.

M. Cédric Vial.  - Je solliciterai mes collègues, mais le Gouvernement a aussi un rôle à jouer. Les objectifs de la compagnie doivent continuer de correspondre aux missions d'intérêt général fixées initialement.

Conséquences des futures modalités de perception de la taxe d'aménagement

M. Daniel Laurent .  - Quelles seront les conséquences des futures modalités de perception de la taxe d'aménagement pour les ressources des collectivités locales et des conseils d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement (CAUE) ?

Aux termes de l'article 155 de la loi de finances pour 2021, les autorisations d'urbanisme délivrées après le 1er janvier 2023 seront exigibles dans les 90 jours à compter de la fin des travaux d'aménagement.

Il est à craindre un non-recouvrement de l'impôt en cas d'inachèvement volontaire des travaux ou de non-déclaration d'achèvement.

À court terme, ce changement de dispositif se traduira par une baisse importante des recettes pour les collectivités et les CAUE.

Comment comptez-vous garantir l'effectivité de la perception des recettes ? Comment pallier l'impact financier pour les collectivités et les CAUE durant cette période transitoire ?

M. Jean-Baptiste Lemoyne, ministre délégué, chargé du tourisme, des Français de l'étranger et de la francophonie, et des PME .  - Des inquiétudes sont effectivement exprimées lors de l'examen du projet de loi de finances pour 2021 s'agissant du transfert de la gestion de la taxe d'aménagement à la direction générale des finances publiques (DGFiP).

Les nouvelles modalités de gestion, plus fiables, ne reposeront pas sur la déclaration d'achèvement des travaux. La taxe d'aménagement sera éligible au moment de la déclaration du changement d'affectation du foncier.

Selon l'Inspection générale des finances (IGF) et la DGFiP, le risque de décalage de perception des recettes est faible. Les études statistiques confirment l'absence d'impact négatif sur les finances des collectivités territoriales. Les délais de traitement seront raccourcis.

L'ordonnance est en cours d'élaboration et fera l'objet d'une consultation des collectivités territoriales.

M. Daniel Laurent.  - Je constate que la campagne présidentielle approche.... Il serait bon que l'ordonnance soit prise rapidement.

Renforcement du rôle des consuls honoraires

Mme Hélène Conway-Mouret .  - Dans le monde, les 500 consuls honoraires, souvent bénévoles, représentent parfois les premiers interlocuteurs des Français de l'étranger, notamment pour récupérer les titres d'identité. Ils jouent également un rôle important dans la promotion des liens économiques et culturels avec la France. Ils apportent donc un soutien indispensable aux consulats et aux ambassades, dont ils constituent un relais précieux.

Envisagez-vous de mieux valoriser leur rôle, par exemple en leur attribuant une adresse officielle du type prenom.nom@diplomatie.gouv.fr et en les associant aux réunions pour l'attribution d'aides d'urgence aux Français vivant dans leurs régions ?

Ne peut-on leur donner la possibilité d'accorder des laissez-passer ou de saisir manuellement des demandes de renouvellement de titres d'identité pour nos compatriotes ne pouvant se déplacer jusqu'au consulat ? Leur engagement et leur dévouement méritent toute notre reconnaissance.

M. Jean-Baptiste Lemoyne, ministre délégué, chargé du tourisme, des Français de l'étranger et de la francophonie, et des PME .  - Les consuls honoraires constituent des maillons précieux de notre écosystème hors de France. Leurs missions sont importantes, notamment auprès de nos concitoyens en difficulté auxquels ils portent assistance. Ils représentent également un lien diplomatique utile dans les domaines économique et culturel. À ce titre, ils participent de l'influence française dans le monde.

L'idée d'une adresse mail standardisée, comme pour les conseillers des Français de l'étranger, est intéressante. Cependant, il s'agit de personnes très engagées dans leur vie professionnelle, qui utilisent souvent leurs propres outils de communication.

Un décret précise les missions des consuls honoraires. Le Sénat avait analysé en 2005 le rôle dévolu à ces relais par différents pays : il serait utile de réactualiser cette étude, afin de s'inspirer d'exemples étrangers. Restons prudents cependant : il ne faut pas surcharger ces bénévoles de travail et décourager les bonnes volontés ! 

Mme Hélène Conway-Mouret.  - Merci de cette réponse si positive ! Il s'agit d'une demande récurrente des consuls honoraires. J'ai récemment travaillé sur le sujet avec trois d'entre eux.

L'attribution d'une adresse courriel standardisée apparaît nécessaire, notamment pour la reconnaissance de leur rôle et la protection des données échangées avec les ambassades. Je vous remercie pour votre invitation à travailler ensemble sur la question.

Manque de places pour les enfants en situation de handicap dans le Val-de-Marne

Mme Laurence Cohen .  - Dans le Val-de-Marne un comité de parents a recensé 970 enfants non pris en charge dans des structures spécialisées ou en milieu ordinaire dans plusieurs villes du département.

Le chiffre et le diagnostic sont partagés par la délégation territoriale de l'agence régionale de santé (ARS) ; l'offre est sous-dimensionnée, saturée ou inaccessible car hors secteur. Ces enfants se trouvent, parfois pendant plusieurs années, en rupture de parcours, sans solution adaptée. Les familles sont alors contraintes de les garder à domicile.

Cette situation est inacceptable ! Leur désocialisation forcée entraîne des retards, des régressions dans le développement, faute de professionnels pour les accompagner.

Malgré plusieurs rendez-vous avec l'antenne de l'ARS en Val-de-Marne, aucune proposition concrète d'accueil n'a pu être faite aux familles. Les places n'existent pas !

Quels moyens allez-vous mettre en place en urgence pour assurer une prise en charge par l'Éducation nationale et le secteur médico-social, afin de mettre fin à cette assignation à résidence ?

Mme Sophie Cluzel, secrétaire d'État, chargée des personnes handicapées .  - Le sujet est au coeur de nos réflexions, avec les maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) et les présidents de conseil départemental.

À la rentrée 2021, nous avons déployé des équipes mobiles d'appui à la scolarisation : ce nouveau dispositif, organisé en réseau départemental, favorise la continuité des parcours des élèves. Les 166 équipes mobiles, qui viennent en soutien des enseignants, représentent une ressource précieuse pour permettre aux enfants handicapés de poursuivre leur scolarité. Le dispositif montera en puissance en 2022.

En parallèle, nous renforçons les moyens des associations, ce qui a permis la création 2 600 places en service d'éducation spéciale et de soins à domicile (Sessad). Nous avons également ouvert 89 nouvelles places d'accueil pour les jeunes autistes.

Dans le Val-de-Marne, trois classes ont ainsi été créées et deux autres le seront à la prochaine rentrée, l'une pour enfants autistes, l'autre pour enfants polyhandicapés. Ce département bénéficie aussi d'une nouvelle unité localisée pour l'inclusion scolaire (ULIS).

Afin de limiter les départs contraints en Belgique, j'ai déployé un fonds de 90 millions d'euros au profit des régions concernées, dont 51 millions d'euros pour la région Ile-de-France.

Au total, seize projets ont été déposés par des associations dans le Val-de-Marne ; soixante nouvelles places d'accueil pour enfants et adultes ont été créées en 2020 dans le département.

Mme Laurence Cohen.  - Je vous remercie pour ces chiffres, mais il reste 970 enfants sans solution dans le Val-de-Marne.

Le nombre de places en service d'éducation spéciale et de soins à domicile (Sessad) est insuffisant ; on connaît des difficultés de recrutement des accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH) ; les ULIS ne sont pas assez développées et les instituts médico-éducatifs souvent inadaptés : sur le terrain, les besoins demeurent.

Cela relève d'un abandon national, malgré les grands discours du Gouvernement sur l'école inclusive !

Manque de reconnaissance des prestataires de santé à domicile

Mme Brigitte Micouleau .  - Les prestataires de santé à domicile (PSAD), qui se sont mobilisés en octobre dernier pour alerter sur leur situation, souffrent d'un manque de reconnaissance. Ils dénoncent notamment les baisses tarifaires de plus en plus drastiques opérées par le comité économique des produits de santé (CEPS), qui mettent en danger la continuité de leurs activités.

Alors que les 32 000 collaborateurs des PSAD ont largement contribué à la gestion de la crise sanitaire en organisant la prise en charge à domicile de 60 000 patients en oxygénothérapie, le Gouvernement n'a pris aucune mesure pour mieux reconnaître cette profession, qui reste oubliée par un Ségur resté très hospitalo-centré.

Le Gouvernement doit entendre la déception des PSAD et, plus globalement, des acteurs de la santé à domicile. Quelles mesures compte-t-il prendre pour reconnaître plus justement le rôle des PSAD dans le système de santé ?

Mme Sophie Cluzel, secrétaire d'État, chargée des personnes handicapées .  - Les PSAD, qui interviennent quotidiennement auprès des patients à domicile, représentent un service essentiel de système de santé.

Olivier Véran s'est engagé à mener une réflexion sur leur rôle et sur les modalités de tarification de leurs prestations, dans la perspective d'une revalorisation. En effet, il n'existe aucun référentiel en la matière.

Les PSAD jouent un rôle majeur pour l'autonomie et le maintien à domicile. Il faut néanmoins respecter les compétences de chacun.

Le remboursement par la sécurité sociale des actes réalisés à domicile augmente de 5 % par an depuis 2017 : le Gouvernement reconnaît et accompagne ce secteur. S'agissant des revalorisations tarifaires, un dialogue est en cours avec le CEPS. La renégociation de l'accord-cadre constitue également un objectif partagé. Le Gouvernement reste très attentif à la situation du secteur.

Mme Brigitte Micouleau.  - Espérons que cela aboutira à une revalorisation de leurs prestations !

Oubliés du Ségur

M. Guillaume Chevrollier .  - Seize métiers ont été revalorisés dans le cadre du Ségur à hauteur de 183 euros par mois, mais certains salariés ont été oubliés.

Dans mon département de la Mayenne, seuls certains salariés du secteur du handicap financés par l'assurance maladie sont concernés par les différentes annonces.

Cette situation crée une inquiétude chez les salariés et un risque de contentieux pour les employeurs des établissements privés solidaires qui, pour le même travail, rémunèrent différemment leurs professionnels.

Le refus de revaloriser à l'identique l'ensemble des métiers du secteur médico-social privé non lucratif crée une rupture d'égalité de traitement entre professionnels exerçant un même métier.

Le secteur connaît une crise profonde, qui menace la prise en charge des personnes handicapées. Or ces soignants réalisent un travail remarquable, en première ligne, auprès de ceux qui souffrent. Nous avons besoin d'eux. Leurs salaires doivent être revalorisés dans l'ensemble des établissements.

Comment comptez-vous rétablir une équité de traitement entre les professionnels du secteur médico-social ? À travail égal, salaire égal !

Mme Sophie Cluzel, secrétaire d'État, chargée des personnes handicapées .  - Le Gouvernement est conscient des difficultés rencontrées par ces salariés et a pris des engagements forts pour y remédier.

À la suite du rapport Laforcade, l'accord du 11 février 2021 a permis la revalorisation des rémunérations du personnel relevant de la fonction publique hospitalière. Michel Laforcade a poursuivi sa mission, afin de lisser les iniquités de traitement. Ont ainsi été revalorisées les seize professions que vous avez mentionnées, dès le 1er novembre 2021. Cette revalorisation concernera aussi les personnels relevant des départements.

La mission Piveteau, ainsi que la conférence sociale qui se tiendra prochainement, poursuivront cette dynamique dans le secteur social et médico-social.

Nous sommes engagés aux côtés de ces professionnels.

CHI Caux Vallée de Seine de Lillebonne

Mme Céline Brulin .  - Les urgences du centre hospitalier intercommunal Caux Vallée de Seine à Lillebonne en Seine-Maritime ont été fermées à plusieurs reprises ces dernières semaines, faute de médecins. À défaut de pouvoir recruter les douze praticiens nécessaires et compte tenu du manque de médecins de ville, il faut avoir recours, à prix d'or, aux intérimaires, véritables mercenaires qui grèvent le budget de l'établissement. Pourquoi refuser d'encadrer l'intérim médical ? Que comptez-vous faire ?

Les 90 000 habitants dépendants du CHI craignent des pertes de chances, dans un territoire comprenant de nombreux sites classés Seveso.

La situation affecte aussi les pompiers, obligés de gérer des urgences médicales au détriment de leurs autres missions de secours. Nous demandons donc une affectation prioritaire de médecins au centre hospitalier.

Mme Annick Girardin, ministre de la mer .  - Cet établissement occupe une place essentielle sur le territoire normand. Son service des urgences connaît effectivement des difficultés de fonctionnement. L'ARS a anticipé les tensions, afin d'organiser une solidarité entre établissements disposant d'un service des urgences.

Dès 2020, des équipes territoriales d'urgentistes ont ainsi été créées à l'échelle des groupements hospitaliers de territoire (GHT). Un accompagnement financier a permis d'étayer la coopération entre établissements sur la base du volontariat. La prime de solidarité territoriale, versée aux praticiens volontaires, confortera ce dispositif.

En outre, la loi l'article 33 de la loi du 26 avril 2021 prévoit un contrôle renforcé de l'intérim médical. Cette réforme se fera en deux temps : cartographie de la situation d'abord, puis réforme effective.

Enfin, la réforme des études médicales permettra d'accroître le nombre de médecins dans les années à venir. À Rouen et à Caen, le nombre de places a ainsi augmenté de 20 % à la rentrée 2021.

Mme Céline Brulin.  - Ces places ont été ouvertes grâce à la mobilisation des étudiants en médecine qui ont saisi le Conseil d'État, alors que Mme Vidal s'y refusait !

Nous avons besoin d'un grand effort de formation de médecins, notamment urgentistes, en Normandie.

Double incrimination en matière de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité

M. Jean-Pierre Sueur .  - La chambre criminelle de la Cour de cassation a rendu, le 24 novembre dernier, un arrêt portant sur le premier cas de mise en examen en France dans le cadre de la compétence universelle en matière de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité. Elle a considéré que l'accusé ne pouvait être poursuivi en France pour crimes contre l'humanité, cette notion n'existant pas en droit syrien.

Le Sénat a adopté une proposition de loi portant adaptation du droit pénal à l'institution de la Cour pénale internationale (CPI), qui élargit la compétence territoriale des magistrats français afin qu'ils puissent poursuivre et juger des auteurs de génocides, crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis à l'étranger.

Le Gouvernement a finalement donné un avis favorable, en 2019, à un amendement supprimant le verrou de la double incrimination, mais en le limitant aux génocides. Ne peuvent donc être poursuivis les auteurs de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité commis à l'étranger.

Notre droit ne saurait être identique à celui de pays qui ne partagent pas nos valeurs démocratiques. Allez-vous lever ce verrou afin d'éviter toute situation d'impunité ?

Mme Annick Girardin, ministre de la mer .  - La France dispose, depuis la loi du 9 août 2010, d'une compétence universelle en matière de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité. Dans ce cadre, les poursuites sont possibles si les personnes concernées résident en France, sauf si une extradition est demandée pour les mêmes faits.

L'arrêt de la Cour de cassation confirme l'exigence de double incrimination, conformément à la loi du 23 mars 2019 : pour être poursuivi en France, les faits doivent être punis dans le pays dans lequel ils ont été commis.

Un ressortissant syrien, entré sur le territoire français en 2015, se trouvait sous le coup de cette double incrimination : l'arrêt de la Cour d'appel de Paris a donc été cassé, en application du code de procédure pénale. En effet, le droit syrien reconnaît les actes de torture et de barbarie, mais pas les crimes de guerre.

Le Gouvernement respecte les décisions de la justice. Il ne m'appartient pas de faire des commentaires. L'évaluation des conséquences de cette décision est en cours. (M. Jean-Pierre Sueur se lève pour une réplique.)

Mme le président.  - Mon cher collègue, vous n'avez plus de temps pour une réplique. Je regrette, mais il me revient de faire respecter le temps de parole.

Rappel au Règlement

M. Jean-Pierre Sueur .  - Nous avons eu deux ou trois absents, si bien que je suis venu en courant pour pouvoir poser ma question, qui est absolument essentielle.

Il me semble inacceptable de ne pouvoir agir contre de tels crimes qu'à la condition que notre droit soit équivalent au droit syrien !

Mme le président.  - Je ne nie pas l'intérêt de votre question, mais la séance doit avancer. Acte est donné de votre rappel au Règlement.

Application des dispositions de la loi relative à la bioéthique par les consulats

Mme Mélanie Vogel .  - L'adoption de la loi du 2 août 2021 relative à la bioéthique a constitué une victoire historique pour l'égalité de droits entre toutes les femmes. L'ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes et aux femmes seules signifie, pour d'innombrables Françaises, que la perspective de fonder une famille n'est plus synonyme de procédures interminables.

Je suis hélas frappée par la lenteur de l'application de cette loi à l'étranger. Les circulaires ne sont toujours pas transmises aux consulats, six mois après l'adoption de la loi. Il n'est donc possible d'inscrire qu'une seule filiation pour les deux mères d'un enfant né à l'étranger. Ces lenteurs représentent des retards, à terme de deux ans, pour obtenir un acte de filiation où le nom des deux mères sera inscrit. Il est incompréhensible que ces couples soient pénalisés.

Quelles mesures sont-elles prévues pour que la loi s'applique effectivement à tous ? Un prolongement du délai de trente jours pour dresser l'acte de naissance est-il, par exemple, envisageable ?

Mme Annick Girardin, ministre de la mer .  - Je me réjouis moi aussi des dispositions de cette loi. Les couples de femmes ayant eu recours à la PMA peuvent y avoir recours a posteriori.

L'article 342-11 du code civil prévoit, pour les couples de femmes, l'établissement devant notaire d'une reconnaissance conjointe anticipée, avant le processus procréatif.

Pour les actes de naissance établis par une autorité étrangère, le couple de femmes n'a pas à produire de reconnaissance conjointe préalable pour obtenir sa transcription à l'état civil français.

En revanche, une reconnaissance conjointe est désormais nécessaire lorsque l'acte de naissance est établi par un poste consulaire.

Enfin, dans le cadre d'une reconnaissance conjointe, le nom de famille de l'enfant peut être choisi : il peut s'agir du nom de l'une des deux femmes ou des deux noms accolés, dans l'ordre de leur choix.

Baisse brutale des quotas de sole

Mme Frédérique Espagnac .  - Les quotas européens de la pêche ont été revus en décembre dernier, avec une réduction de 36 % dès 2022 s'agissant des poissons plats. C'est une catastrophe pour les pêcheurs basques, landais et girondins, pour lesquels la sole représente jusqu'à 50 % du chiffre d'affaires. Les directeurs de ports de pêche estiment les pertes entre 1 et 2,5 millions d'euros.

Certes, la décision européenne était attendue, mais on espérait une application lissée dans le temps. Malgré les aides compensatoires versées par le fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (Féamp), les exploitations sont en danger - les aides ne prennent pas en compte les frais fixes - et les directeurs de criée ne savent pas s'ils seront indemnisés.

Allez-vous prendre des mesures pour aider les pêcheurs ? Envisagez-vous de diligenter une étude pour comprendre les causes de la diminution du nombre de soles dans le golfe de Gascogne ?

Mme Annick Girardin, ministre de la mer .  - À Bruxelles, le 13 décembre dernier, des décisions ont été prises s'agissant des quotas de pêche sur trois espèces de poisson, avec un succès variable : les quotas ont augmenté sur le bar, espèce à forte valeur ajoutée, ont été reconduits à l'identique sur le lieu jaune et ont été réduits sur la sole.

S'agissant de cette dernière espèce, l'accord prévoyait une baisse automatique du quota de 37 %, en fonction de l'état du stock. La décision était prévisible, et je ne peux vous laisser dire que rien n'a été fait. Nous avons évité l'automaticité, grâce aux travaux du groupe de travail mis en place au mois de juillet.

Certes, l'effort demandé aux pêcheurs est important, mais nous avons mis en place un plan d'accompagnement avec le Féamp, qui instaure un dispositif d'arrêt temporaire. Les conditions sont les plus généreuses possible. L'année 2022 est couverte dans sa totalité.

Des mesures d'investissement sont aussi prévues pour la filière aval, dans le cadre du plan de relance.

Réforme des études de santé

M. Stéphane Sautarel .  - La réforme des études de santé issue de la loi du 24 juillet 2019 devait conduire à diminuer le taux d'échec des étudiants primants en supprimant le numerus clausus.

Mais l'année de transition 2020-2021 se révèle bien douloureuse pour les étudiants, en raison des quotas instaurés pour les redoublants. Près de la moitié des universités, dont celle de Clermont-Ferrand, n'ont pas augmenté leurs capacités d'accueil. Les victimes sont nombreuses : étudiants abandonnés, familles angoissées, territoires désertifiés.

Vous n'avez pas anticipé : comment allez-vous agir pour mettre un terme à ces injustices ?

Mme Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation .  - La réforme du numerus clausus et des études de santé avait pour objectif de créer des places supplémentaires. C'est fait, avec 2 663 places créées en 2021, dont 1 812 places en médecine.

Le scandale du redoublement faisait partie du problème antérieur. Désormais, les étudiants qui réussissent leur année mais échouent au concours ne sont pas obligés de redoubler à la fin de la première année : ils ont une seconde chance en deuxième année.

Les territoires bénéficient également de la réforme en accueillant 457 nouvelles licences de santé. La réforme du troisième cycle leur permettra de compter davantage d'externes et d'internes.

La crise sanitaire a certes compliqué la mise en place de la réforme, mais elle se poursuit. Nous avons prévu des ajustements, en application des recommandations de l'Inspection générale, et installé un comité de suivi dans chaque université.

M. Stéphane Sautarel.  - Les disparités sont importantes entre universités s'agissant du numerus clausus, avec des conséquences graves sur les territoires.

Règles prudentielles de trésorerie des opérateurs de recherche

M. Jean-Pierre Moga .  - La loi de programmation de la recherche, les crédits de la mission « Enseignement supérieur et recherche » et le plan de relance le prouvent : malgré une augmentation bienvenue des dotations, il n'y a pas eu de choc budgétaire en faveur de la recherche.

La commission des affaires économiques du Sénat a mis en évidence des règles prudentielles excessives provenant de la comptabilité publique, qui pèsent sur la trésorerie des opérateurs de recherche et privent la recherche française de centaines de millions d'euros.

Ainsi de l'obligation de provisionner une somme correspondant à la totalité des comptes épargne-temps et des congés payés, comme s'ils étaient demandés en même temps par les collaborateurs.

Cette norme n'est pas adaptée aux organismes de recherche. Il conviendrait de l'ajuster pour financer des dépenses de prématuration, des recherches interdisciplinaires et des doctorats.

Le Parlement devrait être informé sur le niveau de trésorerie des grands opérateurs de recherche, afin d'évaluer le manque à gagner de la recherche française.

Envisagez-vous d'éventuels assouplissements des normes prudentielles ?

Mme Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation .  - En effet, ces règles prudentielles sont parfois très contraignantes. Un décret est en cours pour moderniser la gestion des opérateurs de recherche.

La masse salariale de la recherche, comptabilisée hors titre II, demande une gestion rigoureuse.

S'agissant de la trésorerie des opérateurs de recherche, vous pouvez tout à fait demander les informations souhaitées dans le cadre des discussions budgétaires. Je regrette que le budget n'ait pas été examiné par la Haute Assemblée, en sorte que nous n'avons pas été saisis de cette demande...

La loi de programmation de la recherche constitue un véritable choc budgétaire. Elle garantit des financements après des années de gel. En effet, les 19 milliards d'euros promis en 2006 n'ont jamais été versés par le gouvernement Fillon. Nous réarmons notre recherche ! Je remercie le Sénat d'avoir voté la loi de programmation.

Lycéens français à l'étranger pénalisés par Parcoursup

M. Ronan Le Gleut .  - Le 20 janvier, les lycéens vont s'inscrire sur Parcoursup, y compris lorsqu'ils sont scolarisés à l'étranger.

Les statistiques du ministère de l'enseignement supérieur, citées par Le Monde, montrent que les jeunes Français scolarisés dans un lycée à l'étranger sont souvent évincés du système. Le 27 juillet 2021, 20 % des Français de l'étranger avaient reçu une réponse positive sur la plateforme, contre 54 % en moyenne nationale ; ces proportions passant, le 16 juillet 2021, respectivement à 48 % et à 89 %.

Or, toutes les familles ne peuvent pas scolariser leurs enfants dans l'un des 545 lycées français de l'étranger, pour des raisons tant d'éloignement géographique que de coût - la scolarité coûte parfois plusieurs milliers d'euros.

Des parlementaires vous ont alerté sur le sujet en septembre et en octobre. Avez-vous réglé cette question ? Les Français de l'étranger doivent être considérés comme des Français à part entière, pas comme des Français à part !

Mme Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation .  - Les ministères de l'éducation nationale et de l'enseignement supérieur accordent une très grande attention à tous les postulants.

Le sujet que vous évoquez concerne 25 000 lycéens hors réseau de l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger (AEFE), dont 4 000 n'ont pas obtenu de baccalauréat français. Le taux de réussite à Parcoursup est de 82 % in fine, ce qui est comparable avec les autres lycéens. En matière de calendrier, il en va autrement.

Nous avons adapté la plateforme aux spécificités des dossiers étrangers, avec la possibilité de téléverser des bulletins et l'ouverture du système à différents formats de notations. Le parcours des lycéens bilingues est considéré comme un atout.

Oui, une réponse positive peut prendre davantage de temps, mais, comme pour les autres lycéens, une commission peut les accompagner.

Accompagnement des élèves en situation de handicap

M. Laurent Somon .  - L'objectif de mieux gérer les accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH) est louable, mais il faut aussi leur prodiguer la reconnaissance qu'ils méritent.

Le recrutement et les revalorisations ne sont pas à la hauteur des besoins - à la rentrée 2021, 35 000 élèves handicapés n'étaient pas accompagnés - notamment en milieu rural. Avec une moyenne de 760 euros mensuels, ils sont rémunérés en dessous du seuil de pauvreté et enchaînent souvent les contrats à durée déterminée.

Un effort de formation est également nécessaire, compte tenu des compétences élargies de ces professionnels, qui méritent une meilleure reconnaissance.

Allez-vous créer un véritable statut de la fonction publique pour les AESH ? Quelles sont les perspectives d'accompagnement des élèves handicapés pour la rentrée 2022 ?

Mme Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation .  - L'école de la République doit être attentive à chacun. C'est pourquoi ce Gouvernement a souhaité créer un véritable service public de l'école inclusive.

Ce sont 400 000 élèves en situation de handicap accueillis à l'école, soit 20 % de plus en cinq ans ; 120 000 AESH recrutés, avec un statut plus protecteur ; 1 300 unités localisées pour l'inclusion scolaire (ULIS) et 250 structures dédiées à l'autisme. Les familles sont mieux accompagnées, avec un numéro unique d'écoute, des services départementaux dédiés et des entretiens pédagogiques en amont de la rentrée. L'organisation territoriale a été repensée, la coopération avec le médico-social renforcée.

Nous travaillons à sécuriser les parcours des AESH : les contrats aidés deviennent des CDD, voire des CDI, la période de travail de référence est augmentée, la grille indiciaire revalorisée, avec un début à l'indice 341, au-dessus du niveau du SMIC, pour 56 millions d'euros. C'est une augmentation de neuf points d'indice.

Au total, le service public de l'école inclusive représente plus de 3,5 milliards d'euros, soit une hausse de plus de 66 % depuis 2017.

M. Laurent Somon.  - L'attractivité de ces métiers est décisive pour l'inclusion des enfants handicapés à l'école. Travaillons sur la rémunération et la formation !

Financement des AESH en milieu périscolaire

Mme Elsa Schalck .  - Les accompagnants des enfants handicapés en milieu périscolaire jouent un rôle central.

Or leur nombre reste insuffisant. Dans le sud du Bas-Rhin, pas moins de 80 élèves sont toujours privés d'AESH.

Les élus du canton d'Erstein ont attiré mon attention sur les conséquences financières d'un arrêt du 20 novembre 2020 du Conseil d'État sur le financement des accompagnants dans le temps périscolaire, notamment pendant la pause méridienne : désormais, leur prise en charge incomberait non plus à l'État, mais aux collectivités territoriales. Les élus ont été informés en septembre, pour une application immédiate au 1er janvier ! Du jour au lendemain, les collectivités ont dû faire face à une charge financière et logistique considérable.

Face à l'inquiétude des élus locaux, pouvez-vous nous dire si les collectivités devront bel et bien prendre en charge et recruter les AESH ? Comment expliquer ce changement ?

Mme Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation .  - La scolarisation des enfants en situation de handicap est un enjeu qui doit nous rassembler. La décision du Conseil d'État de novembre 2020 rappelle le droit existant : il appartient bien aux collectivités territoriales de prendre en charge cet accompagnement sur les temps de restauration et d'activités périscolaires.

Nous n'avons qu'un objectif : éviter une rupture dans l'accompagnement. Nous travaillons avec le ministère de la cohésion des territoires sur différents dispositifs : mise à disposition, emploi direct des AESH par une collectivité dans le cadre du cumul d'activités, recrutements conjoints État-collectivités territoriales.

C'est une double opportunité : pour les élèves, un accompagnement de qualité continu ; pour les AESH, une façon de compléter leur temps de travail.

Les services du ministère sont à la disposition des collectivités territoriales pour avancer sur ces différentes pistes.

Risques liés à la méthanisation

M. Jean-Marie Mizzon .  - À l'origine, la méthanisation, procédé innovant, devait permettre à des fermes de valoriser leurs propres déchets, avec des bénéfices économiques, écologiques et énergétiques indiscutables.

Or dans certains départements comme la Moselle, on constate que certains agriculteurs ne cultivent plus que pour alimenter le méthaniseur, plantant des centaines d'hectares de maïs dans ce seul but.

Cela télescope notre volonté de souveraineté alimentaire, affaiblit notre balance commerciale agroalimentaire, génère des transports par camion et incite à labourer des prairies. Enfin, cela conduit à une augmentation du prix des céréales que les éleveurs ont du mal à supporter.

Ce système intéresse un nombre grandissant d'investisseurs et offre des possibilités de reconversion aux agriculteurs, mais il fonctionne selon un modèle économique artificiel. Quelle est la stratégie de l'État dans le domaine de la méthanisation ?

M. Julien Denormandie, ministre de l'agriculture et de l'alimentation .  - La méthanisation est une source d'opportunités économiques et environnementales, elle participe à l'objectif de production d'énergie renouvelable. À ce titre, je la soutiens, mais de façon raisonnée car c'est aussi une menace pour le monde agricole.

Outre le nécessaire contrôle des infrastructures, il faut éviter la compétition entre les productions agricoles. En Allemagne, la méthanisation a porté un rude coup à l'élevage laitier.

Le Gouvernement soutient la méthanisation, mais est attaché à un cadre préservant les équilibres agricoles. La réglementation du 7 juillet 2016 va dans ce sens ; c'est aussi ce que prône l'excellent rapport du sénateur Salmon.

Tout projet de méthanisation pourrait faire l'objet d'un nihil obstat de la part de la profession agricole, par exemple de la chambre d'agriculture : c'est une piste à explorer.

M. Jean-Marie Mizzon.  - La méthanisation raisonnée est un bon objectif. Mais, sur le terrain, on a le sentiment que chacun fait comme il veut et que le premier qui démarre a raison. Les contrôles doivent être renforcés.

Place de l'ONF dans la politique forestière

Mme Kristina Pluchet .  - Notre forêt publique doit être adaptée sans tarder au changement climatique, en s'appuyant sur les écosystèmes naturels, comme le rappelle une récente tribune de 600 scientifiques et acteurs du secteur.

Le volet forestier du plan de relance, doté de 200 millions d'euros sur deux ans, témoigne de l'engagement du Gouvernement.

Toutefois, l'Office national des forêts (ONF) continue de subir une baisse de ses effectifs et de son budget, largement déficitaire. Le projet de contrat entre l'État et l'ONF pour 2021-2025 nourrit de vives inquiétudes, d'autant que la contribution des communes forestières a été annulée. Comment sera-t-elle compensée ?

Ce désengagement de l'État a pour conséquences la disparition des emplois de terrain et la perte d'un service d'accompagnement de proximité pour les communes. C'est contradictoire avec les ambitions affichées du Gouvernement et les exigences de la lutte contre le changement climatique.

Alors que les Assises du bois sont en cours, pouvez-vous nous rassurer sur l'avenir de l'ONF ?

M. Julien Denormandie, ministre de l'agriculture et de l'alimentation .  - Agir en responsabilité, c'est assumer d'investir, mais aussi de régler les difficultés qui se présentent.

L'ONF est un office incroyablement précieux - comme ingénieur forestier, je le mesure bien. Il est quelque peu caricatural d'affirmer que l'État se désengage. Nous investissons massivement dans la politique sylvicole, avec 200 millions d'euros prévus dans le plan de relance, et 800 millions au total avec France 2030.

La forêt se protège, se cultive ; c'est un atout, y compris sociétal, à développer.

L'ONF connait des difficultés. D'où ce contrat avec l'État, qui prévoit une contribution de l'ONF, le respect d'une trajectoire en termes de ressources humaines et managériaux. Parallèlement, l'État investit davantage dans l'Office. La loi de finances pour 2022, que vous n'avez pas examinée, prévoit 60 millions d'euros supplémentaires sur trois ans, 30 millions d'euros en 2021 pour la reconstruction des forêts domaniales, et plusieurs dizaines de millions d'euros lui sont alloués dans le cadre du plan de relance.

Envolée des prix des engrais azotés

Mme Chantal Deseyne .  - L'augmentation des prix pèse sur notre agriculture : carburant pour les véhicules, gaz pour les opérations de séchage, ou encore engrais azotés, avec une hausse de 300 % au cours des derniers mois.

Quelles sont les marges de manoeuvre sur le coût des engrais ? Selon la chambre d'agriculture d'Eure-et-Loir, l'impact économique des augmentations de prix s'élèverait à 40 000 euros par exploitation.

Comment le Gouvernement compte-t-il aider nos agriculteurs et éviter des répercussions sur le pouvoir d'achat des consommateurs et sur notre compétitivité agricole ?

M. Julien Denormandie, ministre de l'agriculture et de l'alimentation .  - La crise des engrais a un impact sur la sécurité alimentaire mondiale ; elle rappelle que le rôle premier de l'agriculture est nourricier. J'ai saisi la FAO sur ce sujet éminemment stratégique.

La France a demandé la suspension des droits ad valorem auprès de la Commission européenne. Les discussions se poursuivent.

Nous nous assurons aussi de la disponibilité, car la France compte des unités de production, contrairement à d'autres pays européens.

Il faut aussi veiller à ce que la logistique suive. Nous y sommes attentifs, en lien avec le ministère des transports et avec les professionnels.

Nous nous battons sur ces trois fronts. Dans le contexte actuel, les engrais, qui doivent être utilisés de manière raisonnée, sont essentiels à la production.

Mme Chantal Deseyne.  - L'engrais nourrit la plante et garantit sa qualité. Alors que l'agriculture traverse une passe difficile, comment peut-on intervenir pour faire baisser les coûts ? Vu l'écart croissant entre le cours de l'azote et celui des céréales, les agriculteurs appréhendent l'année à venir.

Exportation des grumes vers la Chine

M. Daniel Chasseing .  - La filière bois pâtit de l'arrivée massive d'acheteurs étrangers, essentiellement Chinois, et de spéculateurs. Le prix du bois atteint des sommets et les volumes disponibles pour nos scieries chutent. Les tensions s'aggravent et le manque de visibilité limite leurs capacités d'investissement.

En 2021, les exportations de chêne français vers la Chine ont augmenté de 42 % ; celles de résineux, de 66 %.

De nombreux pays producteurs de bois, y compris européens, ont décidé de limiter les exportations, mais la France se laisse piller, malgré le label UE. Devons-nous attendre que la concurrence chinoise asphyxie nos petites scieries ?

Il faut interdire l'export de bois brut, mais aussi renchérir le coût de l'export par la stricte application des règles phytosanitaires et obliger les exploitants forestiers individuels à choisir entre exonération d'impôt sur le revenu et aides.

Quelle est la stratégie du Gouvernement pour maintenir la valeur ajoutée et les emplois en France ?

M. Julien Denormandie, ministre de l'agriculture et de l'alimentation .  - Vous soulevez un enjeu crucial. Nous sommes à pied d'oeuvre depuis des mois ; il s'agit d'une situation ancienne, qui a concerné le hêtre il y a quelques années et qui touche de façon tragique le chêne aujourd'hui.

C'est une aberration écologique, et en termes de souveraineté. Les exportations ont augmenté de 30 % sur les dix premiers mois de l'année 2021.

En revanche, les interdictions à l'export sont rares et ne fonctionnent pas. Les traders chinois ne sont pas limités par le coût, et n'hésitent pas à renchérir.

Nous portons au niveau européen la question de l'interdiction d'exportation. À très court terme, il faut massifier le recours au label UE. Ce qu'on fait dans la forêt publique, il faut le faire dans la forêt privée, en convainquant les propriétaires d'adopter ce label. Enfin, il faut recourir davantage à la contractualisation.

M. Daniel Chasseing.  - La France doit peser au niveau européen pour obtenir une limitation des exportations de bois brut.

Statut juridique des chiens de troupeau

M. Jean-Jacques Michau .  - La question du statut des chiens de protection des troupeaux pose problème. En Ariège, ils sont au coeur de nombreux conflits d'usage, liés à des attaques de promeneurs ou à des plaintes de voisinage pour nuisances sonores.

La multiplication de ces conflits mobilise les forces de gendarmerie et inquiète les éleveurs, les bergers et les élus.

Le rôle premier de ces chiens est d'aboyer pour éloigner tout danger potentiel approchant le troupeau. Les chiens de protection constituent l'une des mesures aidées par l'État dans le cadre de la coexistence avec l'ours et le loup : ils sont un des éléments constitutifs de l'indemnisation des éleveurs en cas d'attaque de prédateur.

Cela ne peut se traduire pour les éleveurs par des difficultés et contraintes supplémentaires.

Le Gouvernement entend-il instaurer un statut spécifique pour les chiens de protection ?

M. Julien Denormandie, ministre de l'agriculture et de l'alimentation .  - Je partage totalement votre souci. Nous avons déjà engagé la réflexion sur la révision du statut des chiens de troupeau. Les travaux s'achèveront cette année, conformément à ce qu'a annoncé le Président de la République à l'été dernier.

Les travaux portent également sur la question du comptage des loups. Oui à la cohabitation, mais pas sur le dos des éleveurs ! Il faut une approche humaine, car chaque attaque est un drame pour l'éleveur : ses animaux, c'est son patrimoine ! Le comptage est un préalable indispensable pour décider des prélèvements.

Ces deux chantiers ont été ouverts et se poursuivent.

Filière guyanaise du bois

M. Bernard Buis, en remplacement de M. Georges Patient .  - Veuillez excuser M. Patient qui a dû rejoindre la Guyane pour accueillir le ministre des outre-mer.

Les acteurs de la filière bois, premier employeur privé de Guyane après le secteur spatial, sont très inquiets. Le programme régional de la forêt et du bois (PRFB) adopté en 2018 prévoit de multiplier par trois les volumes de bois d'oeuvre issus de la forêt naturelle.

Or la certification écoresponsable de l'exploitation de la forêt guyanaise impose aux exploitants forestiers de s'enfoncer toujours plus profondément en forêt pour exploiter de nouveaux massifs ; pour cela, ils ont besoin de pistes, gérées par l'ONF.

Le PRFB prévoyait un investissement de 5 millions d'euros par an sur trois ans pour la création des nouvelles pistes, or l'ONF annonce qu'il ne sera que de 2 millions d'euros. Le fonds européen agricole pour le développement rural (Feader) rembourse les travaux à 100 % ; il faut seulement avancer les fonds. Ces investissements conditionnent la survie de la filière. Il faut préfinancer les trois années d'avance de trésorerie.

M. Julien Denormandie, ministre de l'agriculture et de l'alimentation .  - Je salue Georges Patient dont je connais l'engagement sur cette question. Nous devons être vigilants sur le niveau d'investissement pour la desserte forestière. Les pouvoirs publics financent jusqu'à 100 %, notamment dans le cadre du Feader. L'ONF doit cependant en faire l'avance de trésorerie.

Les acteurs demandent que l'investissement non réalisé en 2021 soit reporté en 2022 pour rattraper le retard. Le Gouvernement a bien entendu cette demande : les crédits du programme 149 ont été réévalués en 2022 pour assurer la contrepartie nationale du Feader et permettre à l'ONF de réaliser les investissements requis, soit plus de 4 millions d'euros en 2022 pour la forêt guyanaise.

Qualification des produits de la mer non commercialisés

M. Alain Cazabonne .  - L'Office français de la biodiversité considère les produits de la mer non commercialisés - moules sous-taille ou coquilles d'huître vides - comme des déchets. Or il s'agit de produits naturels remis dans leur milieu naturel. En outre, des procédures ont été établies par les comités régionaux conchylicoles afin de limiter les rejets en tas, sources de nuisances, visuelles et olfactives.

Une clarification de la qualification des produits de la mer non commercialisés est-elle possible ?

M. Julien Denormandie, ministre de l'agriculture et de l'alimentation .  - Les moules destinées à la consommation humaine ont un statut de denrée alimentaire d'origine animale ; le règlement 853-2004 fixe les règles applicables.

Les moules sous-taille sont exclues de la consommation humaine pour des raisons commerciales : il s'agit de sous-produits animaux de catégorie 3 tels que définis par le règlement 1069-2009, qui fixe des règles sanitaires spécifiques pour leur élimination.

Quant aux coquilles de mollusques vides, elles n'ont pas le statut de sous-produits animaux et peuvent donc être utilisées ainsi que vous l'avez exposé.

M. Alain Cazabonne.  - Il est important que ces produits soient bien distingués : c'est moins de tracas pour nos conchyliculteurs.

Obligation de débroussaillement

M. Bernard Buis .  - L'obligation de débroussaillement incombe aux propriétaires. Mais le code forestier leur impose d'assurer aussi l'entretien des parcelles non bâties qui jouxtent leur propriété sous certaines conditions.

Ainsi, le préfet peut rendre obligatoire le débroussaillement sur les fonds voisins jusqu'à 50 mètres de l'habitation ; en parallèle, les maires peuvent mettre en demeure le propriétaire négligent d'exécuter les travaux d'entretien de sa parcelle à proximité d'habitations dans la distance de 50 mètres.

Les obligations qui pèsent sur chacun sont donc bien difficiles à comprendre... Une clarification serait bienvenue, tant pour les maires que pour les propriétaires concernés.

M. Julien Denormandie, ministre de l'agriculture et de l'alimentation .  - Je salue votre précision ! Je n'étais moi-même pas conscient du distinguo que vous signalez.

Dans les territoires particulièrement exposés au risque d'incendie de forêt - comme dans la Drôme - c'est au maire de contrôler l'exécution des obligations de débroussaillement. En dehors de ces territoires, l'article L. 131-11 du code forestier prévoit que le préfet peut prescrire ponctuellement des opérations de débroussaillement. Cette disposition est peut-être insuffisamment connue et mériterait d'être portée à la connaissance des acteurs.

M. Bernard Buis.  - De nombreux maires nous interrogent : merci de cette réponse, monsieur le ministre.

Frais d'état civil des petites communes hospitalières

M. Cédric Perrin .  - Depuis plus de deux ans, je ne cesse d'interpeller le Gouvernement sur les conséquences financières de l'implantation de l'hôpital Nord Franche-Comté dans la petite commune de Trévenans, dont les frais de gestion de l'état civil ont explosé.

Aucune solution n'a été proposée, en dépit des promesses faites au maire, le 7 mai 2021, par le cabinet de Mme Gourault.

Le 15 octobre, ses conseillers ont plaidé pour un accord entre les parties, que l'on savait déjà impossible. Nous avons compris que nous devions nous débrouiller seuls.

L'article L. 2321-5 du code général des collectivités territoriales dispose qu'à défaut d'accord entre les communes concernées, la contribution de chacune est fixée par le préfet. Dans quelles conditions ce dispositif peut-il être déclenché ?

Mme Nadia Hai, ministre déléguée, chargée de la ville .  - Comme Jacqueline Gourault a eu l'occasion de vous répondre le 4 avril dernier, la loi prévoit un mécanisme de compensation au profit de la commune d'implantation de la maternité. Il s'agit d'une contribution financière des communes extérieures ayant plus de 1 % de naissances ou de décès dans cet établissement.

Nous ne sommes pas opposés à une modification de ces seuils, mais c'est un chantier à ouvrir avec l'AMF.

Je regrette que la piste d'un service commun entre l'EPCI et ses communes, afin de mutualiser les coûts, n'ait pu aboutir faute d'accord entre les communes.

Cependant, la commune peut demander à son EPCI d'augmenter le montant de l'attribution de compensation ; elle peut aussi demander au conseil départemental une nouvelle répartition des fonds de péréquation de la taxe professionnelle ou des DMTO, sachant que les charges des communes sont un critère.

En revanche, le Gouvernement n'envisage pas de rétablir les taxes funéraires supprimées en 2021.

M. Cédric Perrin.  - Je n'obtiens toujours pas gain de cause. Vous supprimez la taxe funéraire, et demandez à une commune de 1 000 habitants de prendre en charge les naissances de tout un département : c'est impossible !

Compétence voirie de la communauté urbaine Perpignan Méditerranée Métropole

M. François Calvet .  - Le transfert obligatoire de la compétence de voirie aux communautés urbaines, prévu par la loi NOTRe, a d'importantes conséquences pour la communauté urbaine de Perpignan Méditerranée Métropole, mise en place le 1er janvier 2016.

Depuis cette date, deux modes de gestion cohabitent. Les conventions de gestion permettent aux communes de continuer à gérer directement la compétence voirie. Le personnel est resté communal, les budgets de fonctionnement et d'investissement sont communaux, et les marchés et travaux sont initiés et suivis par la commune. La communauté urbaine rembourse tous les ans les frais de fonctionnement et d'investissement aux communes. C'est une tolérance juridique transitoire.

D'autre part, deux pôles territoriaux regroupent chacun des communes qui lui ont transféré le personnel ainsi que la gestion financière et opérationnelle de la compétence voirie. Cette dernière organisation territorialisée et déconcentrée permet à la communauté urbaine de gérer directement la compétence voirie tout en préservant les besoins de proximité.

Ce double système fonctionne à la satisfaction de tous. Un tel régime peut-il perdurer et devenir un mode de gestion de la compétence de voirie par les communautés urbaines ? Sinon, que faire ?

Mme Nadia Hai, ministre déléguée, chargée de la ville .  - La voirie est une compétence obligatoire des communautés urbaines depuis la loi Chevènement de 1999. La communauté urbaine de Perpignan-Méditerranée est donc compétente en matière de voirie et les conventions de gestion ne doivent pas aboutir à rétrocéder les compétences de l'EPCI vers les communes. Des outils sont à la disposition des acteurs locaux pour organiser l'exercice des compétences : le pacte de gouvernance, la conférence des maires, la participation des conseillers municipaux...

Ensuite, il est possible de prévoir une organisation déconcentrée des services intercommunaux chargés de la voirie. La plupart des grandes intercommunalités l'ont mise en place afin de répondre aux besoins des populations dans des délais adaptés aux travaux d'entretien courant.

Enfin, le maire, en vertu de ses prérogatives de police, peut intervenir en urgence pour assurer la sécurité des habitants en cas de détérioration de la voirie.

Difficultés des EPCI à assurer la compétence Gemapi

M. Alain Milon .  - La gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations (Gemapi) a été confiée aux intercommunalités par les lois de décentralisation de 2014 et 2015. Progressivement, cette compétence est passée d'une réglementation sur l'ouvrage digue à une réglementation sur le système d'endiguement.

Actuellement, plus d'une centaine de ces structures sont confrontées à l'impossibilité de trouver un assureur : Groupama et Smacl, qui intervenaient jusqu'à présent, ne soumissionnent plus. Ce désengagement est particulièrement préjudiciable.

En vertu du principe qui veut que l'État soit son propre assureur, la prise en charge des risques ne posait pas de difficultés avant le transfert de la compétence. Depuis, la question se pose avec une réelle acuité.

La plupart des intercommunalités n'ont pas la capacité financière pour assumer ces risques en auto-assurance, en cas de survenance d'une catastrophe naturelle. On s'étonne de la frilosité des compagnies d'assurances envers des structures qui oeuvrent à la prévention des risques ! Comment comptez-vous résoudre cette situation et permettre à ces structures d'exercer leurs compétences ?

Mme Nadia Hai, ministre déléguée, chargée de la ville .  - La compétence Gemapi a été confiée à titre obligatoire aux EPCI à compter de 2018. Les syndicats de rivière, qui exerçaient tout ou partie des missions gémapiennes avant cette date, ont pu se maintenir via le mécanisme de la représentation-substitution. Toutefois, ces structures sont invitées à fusionner ou à étendre leur périmètre pour atteindre une taille hydrographique cohérente avec la gestion efficace du grand cycle de l'eau. Leur transformation en établissements publics d'aménagement et de gestion de l'eau (Epage) ou en établissements publics territoriaux de bassin (EPTB) est vivement encouragée.

Ce changement d'échelle leur permettrait de constituer les provisions nécessaires faire face à d'éventuels sinistres, dans le cadre du système de l'auto-assurance.

La Gemapi peut être financée par le budget général ou par une taxe facultative. En cas de transfert à un syndicat mixte, la taxe Gemapi peut être levée. Le projet de loi 3DS prévoit aussi la levée de contributions. Le Fonds Barnier peut également être mobilisé.

M. Alain Milon.  - Vous n'avez pas répondu à ma question qui concernait les problèmes rencontrés par les EPCI pour assurer la compétence Gemapi. La loi, nous la connaissons !

Déploiement de la fibre dans les Alpes de Haute-Provence

M. Jean-Yves Roux .  - L'année 2022 marque une étape importante : celle de la dématérialisation des services publics et du très haut débit pour tous, avant un fibrage de l'ensemble du territoire prévu en 2025. Dans les Alpes-de-Haute-Provence, seules 40 communes sur 178 sont raccordées à la fibre. Le télétravail n'est pas possible, la réservation en ligne de services de santé et de créneaux de vaccination non plus, la continuité pédagogique est discontinue, les services publics en ligne intermittents...

Malgré la convention signée avec SFR Altice, la réalité des travaux de raccordement est folklorique : câbles trop tendus qui cassent, lignes enfouies devenant aériennes, poteaux obsolètes, boîtiers ouverts, conditions de sécurité au travail douteuses. Les maires sont tenus à l'écart des autorisations de voirie et constatent des chantiers en chantier et des élagages sauvages.

Pourtant, des moyens considérables ont été mis sur la table. Nous sommes en colère ! Nos territoires ont besoin de preuves d'amour. Comment allez-vous apaiser les tensions entre SFR et Orange, qui se renvoient la balle, et les collectivités ?

Mme Nadia Hai, ministre déléguée, chargée de la ville .  - La couverture numérique est une priorité gouvernementale, avec comme objectif la généralisation de la fibre en 2025. Le Gouvernement permet aux collectivités de faire appel aux opérateurs privés pour déployer la fibre sur leurs fonds propres. Des syndicats mixtes associant trois départements et la région Paca y travaillent depuis 2018. Des engagements, juridiquement opposables, ont été pris par SFR et sont soumis aux sanctions de l'Arcep. Une convention-cadre avec XP Fibre permet d'organiser les modalités de suivi du déploiement.

L'État veille au respect des obligations réglementaires et à la qualité des travaux. Une enquête administrative a été diligentée sur XP Fibre. La présidente du département et la préfète veillent et un comité de concertation départemental se réunira le 24 février pour s'assurer de la bonne trajectoire du déploiement.

Forêts cinéraires

M. Claude Kern .  - Les forêts cinéraires sont des sites d'incinération biodégradables qui respectent la dignité humaine et offrent une possibilité de mémoire en pleine nature.

Ce type d'inhumation intéresse de plus en plus de familles et de collectivités, d'autant que de nombreux cimetières sont saturés et que les travaux d'agrandissement sont difficiles à réaliser, faute d'espace disponible.

Ce mode de sépulture existe notamment en Allemagne, en Belgique et au Luxembourg. Chez nos voisins du Bade-Wurtemberg, plusieurs exemples montrent le succès de ces sites.

Les collectivités de mon département demandent une évolution normative pour répondre à ces demandes croissantes.

Mme Nadia Hai, ministre déléguée, chargée de la ville .  - La notion de forêt cinéraire ne répond à aucune norme juridique. Il s'agit en réalité d'un site cinéraire isolé, c'est-à-dire hors de l'enceinte du cimetière et non contigu à un crématorium.

À l'instar des cimetières, ces équipements dédiés au devenir des cendres funéraires relèvent de la compétence exclusive des communes et des EPCI. Ceux-ci ont l'initiative de leur création, sont propriétaires du site et en assurent la gestion. Les règles sont les mêmes que pour les concessions cinéraires.

La création d'un site cinéraire isolé en forêt est possible. Il suffit de se conformer au droit en vigueur et à l'exigence de pérennité des sites. Le maire doit pouvoir y exercer ses pouvoirs de police spéciale en matière de funérailles.

Tout projet de forêt cinéraire est aussi régi par le code forestier. Aussi, il n'y a pas lieu de prendre des mesures spécifiques pour les forêts.

M. Claude Kern.  - Les communes qui ont tenté l'expérience se heurtent à des blocages administratifs et à des positions contradictoires entre services de l'État. Il faudrait accorder les violons ! Respectons la volonté des défunts.

Recensement de la population dans le contexte épidémique

Mme Agnès Canayer .  - Les opérations de recensement sont à la charge des communes. Les plus petites le font tous les cinq ans. Ces recensements, qui déterminent le montant des subventions futures, se heurtent au contexte épidémique : difficultés pour accéder aux habitations et pour recruter des agents recenseurs.

Penser que cela se fera grâce au numérique ou par les réseaux sociaux, c'est mal connaître la vie communale.

Allez-vous prévoir un report des opérations de recensement ? Comment comptez-vous compenser les coûts supplémentaires liés au Covid pour les communes ?

Mme Nadia Hai, ministre déléguée, chargée de la ville .  - Ce recensement est essentiel pour dimensionner les services publics dans les communes et déterminer la contribution de l'État à leurs budgets. Il est donc important de réaliser cette opération chaque année.

En 2022, les restrictions sanitaires sont moindres et l'accès à la vaccination réduit les risques. En outre, les méthodes mises en oeuvre par l'Insee en 2021 pour calculer des populations légales en l'absence d'enquête de terrain ne peuvent être reconduites.

Les contacts entre agents recenseurs et population recensée sont très limités. Le recensement peut être effectué en ligne, les questionnaires papiers sont remplis hors la présence des agents. Les risques sanitaires sont donc réduits.

Le calendrier doit donc être maintenu. Des demandes de report des données de collectes seront possibles et l'Insee les examinera avec bienveillance.

Mme Agnès Canayer.  - La crise épidémique continue ! Il faut de nouveaux agents, et les coûts pèsent sur les communes. L'État devra prendre en compte le vrai coût du recensement, dans le cadre de son « quoi qu'il en coûte ».

La séance est suspendue à 12 h 35.

présidence de Mme Nathalie Delattre, vice-présidente

La séance reprend à 14 h 30.