JO 2024 : la France est-elle prête ?

M. le président.  - L'ordre du jour appelle le débat : « JO 2024 : la France est-elle prête ? » à la demande du groupe Les Républicains.

M. Michel Savin, pour le groupe Les Républicains .  - (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains) Les jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) seront la plus grande fête du sport jamais organisée en France. Nous serons sous le feu des projecteurs mondiaux, avec 4 milliards de téléspectateurs, la moitié de l'humanité !

La France a une longue histoire d'accueil des grands événements sportifs internationaux. Les JOP 2024 seront le point d'orgue d'un savoir-faire français qui résonnera dans le monde entier, avant les jeux d'hiver de 2030 en Auvergne-Rhône-Alpes et dans la région Sud.

Leur réussite ne tiendra pas qu'à leur bonne organisation et au nombre de médailles françaises. Leur héritage sera aussi une des clés de leur acceptabilité. Plus qu'une grande fête populaire du sport, les JOP sont un levier de la transformation de la pratique sportive en France.

Nous sommes à 143 jours de la cérémonie d'ouverture : c'est demain. Nous sommes confiants dans le travail de la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo) et du Comité d'organisation des jeux Olympiques et Paralympiques (Cojop). L'Agence nationale du sport (ANS), l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance (Insep) et les fédérations sont mobilisés pour préparer nos athlètes. Nous saluons aussi l'action des services de l'État et des collectivités pour la sécurité, les transports et la logistique.

Malgré tout, des interrogations subsistent.

En décembre, la Solideo a annoncé que 84 % des travaux étaient achevés, dans les délais, à budget maîtrisé, dont le village des athlètes, l'Arena Porte de la Chapelle, le centre aquatique de Saint-Denis, les travaux à Roland Garros. Quatre des huit piscines neuves ou rénovées ont été livrées. Le coût de 3,8 milliards d'euros devrait être maîtrisé. Mais le calendrier est serré pour le Grand Palais éphémère et la piscine de Colombes ne serait livrée qu'en juin...

Sur les transports, nous constatons une dégradation du trafic, et n'avons pas encore retrouvé le niveau d'avant-covid. Or on anticipe 15 % d'activité supplémentaire dans une période où d'ordinaire elle se réduit de 30 à 40 %. Le recrutement d'agents supplémentaires n'est pas à la hauteur et l'Île-de-France devra assumer 200 millions d'euros supplémentaires.

Le ministre des transports est optimiste ; pourtant un syndicat a déposé un préavis de grève sur la période des jeux. Vous n'envisagez pas de réformer le droit de grève, mais comment comptez-vous éviter que l'image de la France soit écornée en cas de grève ?

Nos infrastructures de transport sont vieillissantes. Le Cojop prévoit des navettes pour les usagers en situation de handicap, mais sans héritage pour la population francilienne. C'est une occasion manquée. Pourquoi ne pas vous engager à ce que chaque rénovation d'une station de métro intègre la question de l'accessibilité ?

Nous saluons les efforts de la Région pour la formation de 15 000 personnes aux métiers de l'accueil et de la sécurité, mais ces efforts doivent être accompagnés. Le délégué interministériel aux JOP a confirmé que 15 000 à 20 000 agents de sécurité privée devaient être recrutés, en plus des 30 000 policiers et 15 000 militaires mobilisés. Que pouvez-vous nous en dire, madame la ministre ? Comment ces agents seront-ils transportés, hébergés ? Certains pourraient faire défection s'ils trouvent un emploi durable : ce risque a-t-il été pris en compte ?

Nos athlètes se sont préparés, avec de récents succès prometteurs. Mais l'annulation de 50,5 millions d'euros de crédits sur votre budget nous inquiète. Madame la ministre, une telle réduction annule la hausse dont vous vous vantiez l'an dernier et douche les espoirs d'une loi héritage ambitieuse. Quelles sont les lignes budgétaires touchées ? Ces baisses s'inscrivent dans une tendance de diminution des crédits pour le sport, qui pourraient représenter 130 millions d'euros en 2025 et 2026.

Pour conclure, je félicite l'ensemble des acteurs qui préparent les JOP. Soyons tous à la hauteur d'un enjeu qui devra perdurer dans le temps, avec des retombées sociales et économiques. Nous attendons des médailles, mais le plus grand succès sera la hausse de la pratique sportive, pour que notre pays soit enfin une nation sportive. C'est à cette aune que nous mesurerons le véritable succès des JOP. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains)

Mme Amélie Oudéa-Castéra, ministre des sports et des jeux Olympiques et Paralympiques .  - Oui, résolument, nous serons prêts dans 143 jours, pour accueillir le monde. Ces jeux seront les plus iconiques et responsables de l'histoire.

La réussite comprend quatre dimensions : organisation, performance des athlètes, engagement et héritage.

Sur l'organisation, la Solideo est en train de réussir un exploit, dans le respect d'exigences sociales, environnementales et du calendrier : c'est une première historique et une immense réussite pour notre nation de bâtisseurs, dont nous pouvons être fiers. Le village des médias et le centre aquatique seront prochainement inaugurés.

Sur la sécurité, les chantiers avancent dans les temps. Le soutien du Gouvernement à la sécurité privée a abouti à plus de 16 700 entrées en formation et 10 000 recrutements sécurisés. Les périmètres de circulation définitifs ont été présentés : riverains et acteurs économiques pourront anticiper, avec des assouplissements pour les professions médicales, les livraisons et les maraudes sociales.

En matière de transports, la démarche de gestion de la demande est engagée et les préfets organisent des ateliers territoriaux. Les plans de transports sont stabilisés et l'offre augmentera, de 15 à 60 %. Les chantiers sont dans les temps, comme en atteste le nouveau système automatique de la ligne 14, colonne vertébrale des transports pendant les jeux. Le dialogue social se poursuit : les sujétions propres aux équipes seront dûment prises en compte. La mobilisation de tous sera valorisée, pour offrir le meilleur visage de notre pays.

Je salue le travail sur l'accessibilité des personnes en situation de handicap, au sein duquel l'État prend sa part - cofinancement de l'accessibilité du cheminement entre la gare et les sites et mise en place d'un fonds de 300 millions d'euros.

Nous sommes au travail afin que notre système de santé réponde aux besoins des visiteurs comme des délégations, sans réduire l'accès aux soins de nos concitoyens : ainsi plus de 300 lits supplémentaires seront ouverts par l'AP-HP.

Les jeux sont une occasion de promouvoir le tourisme, notamment à l'occasion du relais de la flamme olympique.

Nous sommes prêts à délivrer les 70 000 visas nécessaires à la famille olympique et à garantir la neutralité des athlètes russes et biélorusses, en coopération avec le Comité international olympique (CIO).

Enfin, face au JO-bashing, nous déployons des efforts de pédagogie pour montrer ce que les JOP apportent de positif.

Sur la préparation des athlètes, tout est en place pour que les Bleus performent le jour J. Le soutien à la haute performance a augmenté de 68 % depuis Rio, et nous pourrions obtenir la troisième place en nombre de médailles. Le 18 mars, je réunirai les fédérations.

Sur l'engagement, nous ferons vivre à nos concitoyens une grande fête populaire. Nos jeux seront les plus décentralisés de l'histoire, avec 73 collectivités hôtes, une flamme olympique qui traversera 70 départements. Dans l'Yonne, par exemple, tous les acteurs locaux programment leurs festivités en fonction. Le ministère octroie 4 millions d'euros aux plans territoriaux.

S'agissant des zones de célébration pendant les JOP, plus de 250 projets de collectivités doivent être validés par les préfets. La semaine olympique et paralympique à l'école, l'été olympique et paralympique font partie des actions engagées et compléteront la billetterie populaire, inédite dans l'histoire des jeux avec 400 000 places offertes dont 200 000 pour les scolaires.

Enfin, sur l'héritage, les transformations du territoire se concrétisent, notamment en Seine-Saint-Denis avec le village des athlètes et le franchissement urbain Pleyel (FUP). Nous léguerons à ce département, le plus pauvre et le plus jeune de France, 20 bassins de natation. Je voudrais également mentionner la baignabilité de la Seine et de la Marne et le plan Génération 2024, doté de 300 millions d'euros. L'héritage sera aussi immatériel, avec l'évolution du regard sur le handicap.

Nous comptons déjà 3 millions de pratiquants de plus, et nous travaillerons pour augmenter la pratique des femmes, des étudiants, des séniors et des personnes handicapées et développer le sport santé dans tous les territoires.

Nous avançons vite et bien. Je compte sur vous pour être les ambassadeurs de cette réussite collective. (Applaudissements sur les travées du RDPI ; M. Ahmed Laouedj applaudit également.)

M. Claude Kern .  - Make it iconic : tel est le nom de la campagne lancée par le Gouvernement à l'international. Mais cela suppose un cadre logistique éprouvé, pour la sécurité et le transport des 15 millions de visiteurs, grâce notamment aux acteurs de l'industrie des événements professionnels.

Un héritage durable est essentiel à l'acceptabilité des JOP. Or une part essentielle de cet héritage est négligée : son volet socioéconomique.

L'expérience client des visiteurs passe par un meilleur accueil aux frontières et un parcours sécurisé. Voilà qui permettra à la France de rattraper son retard en matière d'accueil d'évènements internationaux. Nos voisins européens l'ont compris : là-bas, acteurs publics et privés travaillent main dans la main. Donnons à la France les moyens de devenir la première destination mondiale pour l'accueil d'évènements internationaux. Quels sont les moyens mis en oeuvre par le Gouvernement pour pérenniser cet héritage ?

Mme Amélie Oudéa-Castéra, ministre.  - Les JOP porter une ambition forte, celle de Jeux responsables socialement, avec le Comité de la Charte et l'implication des partenaires sociaux. Ils seront les Jeux les plus écologiques de l'histoire, avec empreinte carbone divisée par deux.

De très nombreuses PME et TPE y participent ; elles sont représentées dans 75 % des marchés du Cojop, à 90 % français. Avec le Cojop, nous avons développé les Entity Delivery Models (EDE) en vue de nous appuyer sur de grands acteurs de l'événementiel pour nos opérations dans les différents sites.

Nous aidons les entreprises à rayonner à l'étranger : c'est le sens de la French Sport Touch, mais aussi de ces business clubs que nous nous développons à l'occasion de la Coupe du monde de rugby ou des mondiaux de Courchevel et de Méribel. Nous faisons rayonner le savoir-faire français, ainsi que de la dimension socio-responsable dans l'ensemble des territoires concernés. Cela nous rend plus crédibles pour notre candidature pour les Jeux d'hiver de 2030.

M. le président.  - Merci de ne pas abuser des expressions anglaises... (Marques d'approbation à droite ; M. Pierre Ouzoulias applaudit.)

Mme Mathilde Ollivier .  - Nous entrons dans le money time. (Exclamations ; Mme Mathilde Ollivier sourit.) La date butoir approche.

Un tiers des émissions de gaz à effet de serre des JOP est dû aux déplacements de voyageurs, mais aucune ligne nouvelle ne sera ouverte. Quels seront les trajets et les stratégies de déplacement en cas de pénurie de places ?

Il manquerait plusieurs milliers d'agents de sécurité - filière précaire, mal rémunérée, aux horaires contraints. Le rendez-vous est à risque. Où en êtes-vous du recrutement et de la formation ?

La tour pour la compétition de surf à Tahiti a été maintenue, alors que les essais techniques avaient fortement abîmé le corail. Avez-vous une nouvelle étude d'impact sur la biodiversité ? Il serait regrettable de présenter une réalité contraire à l'objectif de respect de l'environnement alors que les surfeurs évoluent en harmonie avec l'océan.

Mme Amélie Oudéa-Castéra, ministre.  - Notre ambition écologique est grande, dans le domaine des transports notamment. Vous avez raison de souligner qu'à l'échelle mondiale, la principale difficulté des grandes compétitions réside dans les flux mondiaux. Nous devons apporter une réponse coordonnée. Nous avons fixé un objectif de réduction par deux de l'impact de ces JOP, pour en faire les premiers alignés sur l'accord de Paris.

Nous avons développé des plans de transports avec Île-de-France Mobilités (IDFM) pour une desserte à 100 % des sites de compétition en transports collectifs, avec notamment la ligne 14 et le RER E. Nous prévoyons 415 km de pistes cyclables pour atteindre 10 % de part modale.

Les études d'impact en Polynésie française ont été menées en concertation avec la population locale. Les travaux de la tour des juges ont commencé dans de bonnes conditions, en respectant le principe de précaution.

M. Pierre Ouzoulias .  - Je suis allé sur le site du Gouvernement anticiperlesjeux.gouv.fr, qui recommande de ne pas emprunter les lignes 5, 6, 7, 8, 9, 10, 12, 13 et 14 du métro, ni les lignes J, L, N, P, U du Transilien, non plus que les lignes B, C, D du RER. (Rires ; on ironise à droite.) Pour les bus, il n'y a pas encore d'indication.

M. Olivier Paccaud.  - C'est le confinement !

M. Pierre Ouzoulias.  - Le prix du ticket passera à 4 euros, le carnet à 32 euros et le passe Navigo hebdomadaire à 70 euros - soit un doublement ! Les personnes qui ne pourront pas fuir subiront les encombrements des transports et l'augmentation des tarifs.

À quoi correspond cet objectif de 15 % ? Souhaitez-vous réellement que les Franciliens restent à Paris pendant les JOP ? (Mmes Brigitte Devésa et Chantal Deseyne applaudissent.)

Mme Amélie Oudéa-Castéra, ministre.  - Il existe deux enjeux : le bon acheminement des spectateurs et des accrédités justifiant les plans de transports évoqués, et la réduction des inconvénients ressentis par les usagers réguliers.

Sur certaines lignes, les renforts d'offre seront de 15 % en moyenne avec parfois des augmentations de 30 à 60 % ; sur la ligne 9, le nombre de trains sera ainsi supérieur à celui d'une journée de pointe du mois d'octobre. Le site anticiperlesjeux.gouv.fr vise à anticiper l'impact des JOP sur la circulation - par exemple pour anticiper son départ le matin ou télétravailler. (M. Roger Karoutchi manifeste son agacement.) À Londres, cette anticipation avait permis la baisse de 15 % du trafic dans les transports en commun et de 30 % dans les transports routiers.

Nous voulons des Jeux fluides, privilégiant les transports en commun, sans gêner les Franciliens.

M. Olivier Paccaud.  - Vous ne répondez pas sur les prix !

M. Pierre Ouzoulias.  - En leur conseillant de ne pas emprunter neuf lignes de métro, vous ne facilitez pas la vie des Franciliens. Vous ne pouvez pas demander aux entreprises de mettre leurs salariés de la première ligne en télétravail. Il y va de l'acceptabilité sociale des JOP.

M. Ahmed Laouedj .  - Évènement majeur, les JOP feront briller la France, mais ils sont également source de préoccupation pour les Franciliens.

En Seine-Saint-Denis, qui concentre 80 % des investissements, les habitants peinent à s'approprier cet évènement alors que leur département accueillera les épreuves les plus populaires comme l'athlétisme ou la natation. L'anxiété prime sur l'excitation. Serons-nous prêts pour accueillir les visiteurs prévus ?

Les transports sont un défi colossal et les inquiétudes sont nombreuses. Malgré des voies olympiques dédiées, nous risquons des embouteillages et des problèmes de sécurité.

À cinq mois de la cérémonie d'ouverture, trop d'incertitudes persistent. Comment pouvez-vous rassurer les Français ?

Mme Amélie Oudéa-Castéra, ministre.  - Ces jeux doivent aider la Seine-Saint-Denis à se transformer. Nous laisserons en héritage 3 000 logements, 100 000 mètres carrés de bureaux et de commerces, ainsi que des infrastructures sportives. Le centre aquatique, qui sera inauguré le 4 avril, accueillera notamment le water-polo - je salue les performances de l'équipe de France - le plongeon et la natation artistique. Les 80 % d'investissements publics consacrés à la Seine-Saint-Denis permettront sa transformation.

S'agissant des transports, programmation et anticipation sont les mots d'ordre. Nous avons développé des infrastructures, étendu la ligne 14 au nord avec la gare Saint-Denis-Pleyel. Le franchissement urbain Pleyel (FUP) fluidifiera les échanges entre les populations. Il n'y aura pas de transports bloqués toute la journée, mais des plages régulées avec anticipation.

M. Ahmed Laouedj.  - J'espère que les Séquano-Dionysiens profiteront de ces JOP.

M. Didier Rambaud .  - Organiser les JOP exige des investissements colossaux. Quelles infrastructures restent à bâtir pour accueillir les 10 500 athlètes internationaux ?

L'héritage des infrastructures d'envergure - des éléphants blancs, difficiles à exploiter et à entretenir - est souvent un problème : le site de canoë-kayak en Grèce, la salle de volley des jeux de Pékin, le centre aquatique des jeux de Rio, le tremplin de vitesse ou l'anneau des jeux de Grenoble sont autant d'exemples. Si 85 % des sites olympiques permanents construits entre les éditions d'Athènes et de PyeongChang sont aujourd'hui utilisés, 11 % de ces sites n'existent plus et 4 % d'entre eux sont fermés, inactifs ou abandonnés.

Pouvez-vous nous assurer qu'il n'y aura aucun éléphant blanc ? Tous les territoires concernés bénéficieront-ils de l'héritage de ces Jeux ?

Mme Amélie Oudéa-Castéra, ministre.  - Nous sommes attentifs à ce qu'il n'y ait pas d'éléphants blancs. Nous avons pour principe : 95 % d'infrastructures déjà existantes ou éphémères. Les nouvelles seront livrées à temps, comme le centre aquatique ou l'Arena Porte de la Chapelle ; d'autres feront l'objet de travaux, comme le Stade de France.

Le centre de préparation aux Jeux permettra de voir les athlètes se préparer. À Auxerre, la population a hâte de voir arriver les équipes chinoise d'escrime, libanaise de tir à l'arc ou canadienne de rugby à sept.

Nous avons à coeur, avec le relais de la flamme, la billetterie populaire et les 250 fans zones notamment, que tout un pays vibre avec l'olympisme. Nous aurons les Jeux les plus décentralisés de l'histoire, avec 73 collectivités territoriales hôtes.

M. Jean-Jacques Lozach .  - Le sentiment général est que la préparation des Jeux est satisfaisante. Le 31 décembre, Tony Estanguet affirmait que nous serons prêts - l'inverse aurait été inquiétant. Le spectacle du 26 juillet doit être le prélude à un événement réussi dont nos compatriotes seront fiers. Sécurité, médailles françaises, budget maîtrisé, équipements fonctionnels et transports satisfaisants sont tout aussi importants. Comment impliquer un maximum de nos concitoyens et de nos territoires dans ces Jeux ?

Sommes-nous prêts à absorber les conséquences de ces JOP, notamment pour l'accueil des nouveaux licenciés ? Comment relever le défi des trois millions de pratiquants supplémentaires revendiqués par le Président de la République d'ici 2027 ? Serons-nous capables de transformer ces Jeux en catalyseur d'un projet sportif global plus ambitieux, sur vingt ans, en matière d'emploi, de bénévolat, de sport scolaire, d'inclusion, de lutte contre les discriminations et la violence ?

Mme Amélie Oudéa-Castéra, ministre.  - Nous embarquons tous les territoires et les Français dans cette aventure : c'est le sens du relais de la flamme olympique qui traversera 400 villes, du relais de la flamme paralympique qui en traversera 50. La fête commencera alors pour ces collectivités. La billetterie populaire permettra d'emmener 400 000 personnes, dont 100 000 bénévoles du mouvement sportif. Nous aurons environ 250 « clubs 2024 ». Le dispositif Ma classe aux Jeux permettra aux professeurs d'emmener leur classe y assister.

La semaine olympique et paralympique de début avril sera un temps fort, comme la journée olympique du 23 juin.

Nous comptons 3,6 millions de pratiquants supplémentaires depuis 2017 et nous avons pour objectif d'en trouver encore trois millions de plus d'ici à la fin de ce quinquennat.

M. Jean-Jacques Lozach.  - Nous venons de prendre connaissance du plan d'annulation de crédits de 10 milliards d'euros. La mission « Sport, jeunesse et vie associative » est la plus touchée proportionnellement, derrière l'aide publique au développement, alors que le sport est grande cause nationale 2024 !

Mme Catherine Dumas .  - La cérémonie des JOP sur et autour de la Seine doit être un événement grandiose. Mais les inquiétudes sont nombreuses. Les modalités d'organisation sont revues, avec la réduction de moitié de la jauge des spectateurs - proposée par mon groupe au Conseil de Paris, et on redoute des risques d'effondrement des balcons en cas de surcharge. Existe-t-il un plan B pour la cérémonie ?

Pouvez-vous détailler la feuille de route du Gouvernement, ainsi que les mesures de sécurité pour la durée des JOP ? (Mme Marie-Claire Carrère-Gée et M. Alain Chatillon applaudissent.)

Mme Amélie Oudéa-Castéra, ministre.  - Cette cérémonie sera grandiose, inédite. C'est un défi organisationnel et sécuritaire majeur, nous nous mobilisons donc à due concurrence.

Le ministère confirme une jauge sur les quais bas de 104 000 personnes et sur les quais hauts de 220 000 personnes. Quelque 42 500 agents des forces de sécurité intérieure sécuriseront le quartier d'Ivry-Charenton où seront logés les bateaux et mèneront les opérations de déminage. Des milliers d'agents de sécurité privée seront mobilisés, tout comme des agents de police municipale. La sécurisation interviendra huit jours avant l'ouverture des Jeux.

Nous ne voulons pas renoncer à l'ambition, mais en cas de menace, nous aurons recours à un plan B préparé dans les conditions de confidentialité requises.

Mme Catherine Dumas.  - Je prends acte de ce plan B, sur lequel nous espérons disposer d'informations. Les JOP doivent être une fête pour tous, en particulier pour les Parisiens. Nous appelons le Gouvernement à la plus grande vigilance car l'image de la France est en jeu. (Mmes Marie-Claire Carrère-Gée et Brigitte Devésa, ainsi que M. Alain Chatillon applaudissent.)

M. Pierre-Jean Verzelen .  - (M. Pierre Jean Rochette applaudit.) Maintien de l'ordre, lutte contre le terrorisme, protection des biens et personnes seront assurés par les forces de l'ordre. Mais quid de la sécurité civile, assurée par les pompiers ? Pour les forces de l'ordre, une prime de 1 900 euros a été prévue, mais pour les autres, rien. Y aura-t-il une équité de prime ? Qui paiera ? (M. Bruno Belin renchérit.)

La direction de la sécurité civile sollicite les services départementaux d'incendie et de secours (Sdis) pour avoir 700 pompiers en permanence à Paris et une centaine d'autres sur les sites partout en France. Les pompiers sont enthousiastes. Seront-ils indemnisés ? Et si oui, les Sdis seront-ils compensés par l'État ?

Mme Amélie Oudéa-Castéra, ministre.  - Nous discutons en ce moment des plans de maintien de l'activité dans les services publics, selon une circulaire de cadrage d'Élisabeth Borne de novembre. (M. Bruno Belin ironise.) En avril, nous consoliderons les réponses. Les pompiers sont au coeur des préoccupations du ministre de l'intérieur.

Distinguons les pompiers relevant de l'État, comme à Paris et Marseille, qui seront intégrés aux systèmes de primes, et ceux qui relèvent des Sdis, auxquels s'appliquera une partie des dispositions des plans de maintien de l'activité. Le dialogue social se poursuit sur leur régime indemnitaire, en raison de leurs sujétions spécifiques. Dans la foulée de votre question, je salue l'ensemble de leur action.

M. Pierre-Jean Verzelen.  - Les Sdis seront compensés : merci, mais c'est le minimum. Dans l'Aisne, il faut mobiliser quarante pompiers par jour, professionnels ou volontaires. Le Sdis les trouvera, mais pour un évènement national, le minimum est que l'État compense les primes.

M. Michel Savin.  - C'est mal parti...

M. Michel Laugier .  - Le décompte s'accélère, à J-143... Ces derniers mois doivent vous permettre de parfaire votre organisation. La France s'est-elle suffisamment préparée, notamment pour la sécurité ? La nouvelle jauge de la cérémonie d'ouverture permettra-t-elle d'assurer la sécurité ?

En outre, les épreuves dureront deux semaines pour les JO, onze jours pour les jeux paralympiques, sur 39 sites, hexagonaux et ultramarins. Les réservistes seront-ils suffisamment préparés ? Les agents de sécurité privée en nombre suffisant ? La formation ne sera-t-elle pas au rabais ? Quid de la surveillance des activistes écologistes radicaux, qui excellent dans l'art de s'appuyer sur de tels événements pour médiatiser leurs actions ? Comment déjouer les cyberattaques ?

L'olympisme rayonnera sur la France, et nous n'avons pas droit à l'erreur. Les derniers vols de documents confidentiels ne sont pas encourageants. Sécurisons « plus vite, plus haut, plus fort » ! (Marques d'assentiment sur quelques travées des groupes UC et Les Républicains)

Mme Amélie Oudéa-Castéra, ministre.  - Nous devons cette sécurité aux Français et faisons tout pour être au rendez-vous.

Au-delà des 42 500 forces de sécurité intérieure, 30 000 policiers et gendarmes et 18 000 agents de sécurité privée en moyenne -  22 000 au pic - seront mobilisés. France Travail conduit un plan de recrutement sans précédent : 16 700 entrées en formation, 10 700 recrutements effectifs. La mobilisation de 8 000 réservistes et des 7 500 élèves policiers et gendarmes sera complétée par 10 000 militaires de l'opération Sentinelle.

En symbiose avec les services de renseignement, l'attention est portée sur toutes les menaces : islamiste, nucléaire, radiologique, biologique et chimique (NRBC) avec des exercices d'anticipation.

M. Adel Ziane .  - Les JOP attireront quinze millions de visiteurs. Les logements seront-ils prêts à temps ? Après notre visite avec le Président de la République la semaine dernière, je le pense. Mais je m'interroge pour les transports en Île-de-France, alors que 68 % des emplois sont concentrés sur 6 % du territoire.

Si le Grand Paris Express est en cours de réalisation, la situation des transports franciliens s'est dégradée ces dernières années pour les dix millions de voyageurs quotidiens. Fin 2023, cinq lignes de métro avaient un taux de régularité inférieur à 90 %, dont la ligne 13, qui devra véhiculer chaque jour l'équivalent de trois fois le Stade de France.

Pourront-ils absorber cet afflux de voyageurs ? IDFM a annoncé une application temporaire pour répartir les flux, en coopération avec des acteurs privés. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Les dix mille athlètes pourront bénéficier de navettes sur le périphérique. Ce réseau sera-t-il suffisamment robuste ? L'héritage des Jeux garantira-t-il que les transports fonctionneront bien pour les Franciliens après les JOP ?

Mme Amélie Oudéa-Castéra, ministre.  - Nous répondons par nos programmes d'infrastructures. L'extension de la ligne 14 au nord et au sud sera livrée en juin. Les gares voient leur capacité augmentée - comme à Gare du Nord, Saint-Denis Pleyel ou à l'espace Maillot, avec l'extension du tramway T3B. Nous livrerons les infrastructures en temps et en heure.

Les spectateurs et accrédités seront invités à opter pour les meilleures combinaisons, grâce à une application élaborée avec Citymapper et les géants du digital, qui sera livrée en avril.

Il y aura 415 km de pistes cyclables et 28 000 places de stationnement de vélo supplémentaires. Une aide spécifique est apportée par le plan Vélo. Enfin, 185 kilomètres de voies olympiques et paralympiques desserviront les sites de compétition en moins de 30 minutes.

M. Philippe Mouiller .  - Ces Jeux sont un immense défi et nous espérons tous leur succès.

Notre système de santé devra faire face. La polyclinique gérée par l'AP-HP et les hôpitaux de recours seront-ils prêts ?

Il faudra aussi se préparer à l'afflux de visiteurs. Éviter la saturation de notre système de santé n'a rien d'aisé, quatre ans après le covid. Comment garantir une offre suffisante pour les usagers des régions hôtes ? Quelles seront les conditions effectives d'accueil des hôpitaux en juillet et août ?

M. Roger Karoutchi.  - Ils seront fermés !

M. Philippe Mouiller.  - Comment assurer aux touristes un accès à la santé ? Que prévoyez-vous pour la médecine de ville ?

Il faut garantir des soins d'urgence, alors que le système de santé est déjà saturé en été. (Applaudissements sur quelques travées du groupe Les Républicains ; Mme Élisabeth Doineau applaudit également.)

Mme Amélie Oudéa-Castéra, ministre.  - Question très importante. En effet, il faudra parer aux besoins des athlètes, des accrédités, des douze millions de visiteurs, sans dégrader l'offre de soins.

La polyclinique au coeur du village olympique, gérée par une petite équipe centrale et des médecins volontaires, sera complétée par un réseau hospitalier, avec les hôpitaux Georges Pompidou pour la famille olympique, Avicenne pour les médias et Bichat pour les athlètes.

Nous avons augmenté le nombre de lits en aval pour le bloc maintien en condition opérationnelle (MCO), avec 360 lits supplémentaires pour l'AP-HP. Avec Frédéric Valletoux, nous associons les professions libérales à notre effort. Tout, y compris des situations exceptionnelles, est anticipé.

M. Patrick Kanner .  - Les JOP seront suivis par quatre milliards de téléspectateurs et quinze millions de touristes sur l'ensemble des sites. L'image de la France est en jeu.

Avec vos prédécesseurs, vous êtes en charge du dossier depuis sept ans. La France doit donner l'image d'une société inclusive.

Or l'accessibilité des personnes à mobilité réduite n'est pas garantie partout. Moins de 3 000 chambres d'hôtel sont accessibles. Les JOP auraient pu être l'occasion d'accélérer sur ce point... Même chose pour les transports. Les gares RER doivent encore faire des efforts, sans parler du métro, mode le moins accessible. L'accessibilité enrichirait l'héritage des Jeux.

Question incidente, chère à Rémi Féraud : quid de l'accueil et de l'hébergement des SDF ? Emmanuel Macron avait affirmé qu'il ne voulait plus un seul SDF dormant à la rue en 2017... Qu'envisagez-vous dans ce domaine ?

Mme Amélie Oudéa-Castéra, ministre.  - Ces Jeux doivent nous permettre de progresser sur l'inclusion des personnes en situation de handicap.

L'office du tourisme de Paris recense 4 250 chambres accessibles dans la métropole du Grand Paris. Nous avons prévu 2 % de places réservées pour les personnes en fauteuil, avec un accompagnement dédié. Nous avons travaillé avec les préfets pour l'accessibilité des cheminements entre les gares, dont 65 ont été rendues accessibles en Île-de-France.

Nous avons développé l'offre de taxis accessibles : ils n'étaient que 250 il y a un an et demi, ils seront 1 000 pour les Jeux.

Nous avons passé des engagements avec la SNCF et la RATP, avec la pose de manchons en braille et la sonorisation des lignes notamment.

Il faut distinguer la situation des demandeurs d'asile - dont nous voulons déconcentrer l'accueil - et les SDF, sur lesquels nous travaillons avec la Ville de Paris pour des places d'accueil. L'héritage des Jeux n'en sera que plus noble.

Mme Anne Ventalon .  - Contrairement à l'Europe du Nord, la France accuse un retard en matière d'accessibilité. Sommes-nous prêts à accueillir 350 000 spectateurs en situation de handicap ?

Dans la petite couronne, 9 % des stations de métro sont accessibles ; dans les bus, il n'y a que deux places réservées. Combien de navettes accessibles y aura-t-il ? Quid des taxis ? Disposerons-nous d'assez de chambres pour les personnes à mobilité réduite ? Il n'y en aurait que 3 500 dans le Grand Paris selon les professionnels du secteur, et certaines seront occupées par des personnes valides.

Les personnes vivant dans les zones rouges, fermées à la circulation automobile, devront se signaler en ligne. Quand cette inscription sera-t-elle ouverte ? Quid d'un handicap qui se déclare lors des JO ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur quelques travées du groupe UC)

Mme Amélie Oudéa-Castéra, ministre.  - Oui, 4 250 logements accessibles sont recensés.

Pas moins de 2 % des places sont réservées pour les usagers en fauteuil roulant, qui seront pris en charge spécifiquement. Nous avons travaillé avec des groupes d'experts d'usage, notamment pour anticiper les pannes d'ascenseurs. Nous voulons que les 65 gares en Île-de-France fournissent un service plein.

Le préfet de police a communiqué sur les QR codes permettant de circuler dans les différents périmètres. La plateforme sera ouverte en avril. Nous aurons une attention particulière pour les personnes en situation de handicap.

Les opérateurs ont consenti des efforts pour les déficients visuels, auditifs, avec des manchons en braille, des dispositifs d'hypersignalisation et la plateforme unique d'assistance en gare. Je salue les accompagnements prévus tels que le fauteuil à la sortie de l'avion prévu par ADP et les compagnies aériennes.

M. Bruno Belin .  - Merci au groupe Les Républicains pour ce débat important. Je remercie également Tony Estanguet et le premier délégué interministériel Jean Castex, mobilisés dès le début.

Il y a plusieurs niveaux de sécurité. Pouvez-vous nous en dire plus sur les conséquences de la perte des plans ?

Sécurité des sites, des athlètes, des spectateurs - un certain soir d'août, l'accès au stade s'est révélé compliqué... Sécurité sur d'autres sites touristiques, aussi : il n'y aura plus de CRS pour la surveillance des plages, remplacés par des maîtres-nageurs privés. Comment ce coût sera-t-il financé ? Dans mon département, le Futuroscope accueillera, certains jours, 20 000 spectateurs : comment la sécurité de tels sites sera-t-elle assurée, alors que policiers et gendarmes seront mobilisés pour les Jeux ?

Mme Amélie Oudéa-Castéra, ministre.  - Je salue moi aussi la qualité du travail du comité d'organisation, ainsi que celle des délégués interministériels, Jean Castex, qui demeure très impliqué à la tête de la RATP, et Michel Cadot. Nous travaillons en équipe, une équipe de France, avec l'ensemble des 73 collectivités hôtes et les 400 villes mobilisées pour le relais de la flamme.

M. Bruno Belin.  - Il vous reste une minute sur la sécurité !

Mme Amélie Oudéa-Castéra, ministre.  - Plus de 7 500 plans de prévention de la délinquance ont été déployés. Les atteintes à la personne ont diminué de 49 % et les atteintes aux biens de 29 %, notamment autour de la tour Eiffel, par exemple.

Sur les autres zones du territoire, la surveillance de la baignade pourra être faite en autonomie par les titulaires du brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique (BNSSA). Nous soutenons l'évolution du métier de maîtres-nageurs sauveteurs (MNS).

Le ministre de l'intérieur a prévu d'exigeants régimes de congés pour les forces de police, et leur accompagnement indemnitaire. La France entière sera au rendez-vous.

Mme Christine Lavarde .  - Dans un courrier du 30 janvier dernier, Gérald Darmanin estime que la sécurité est un défi que nous sommes capables de relever collectivement, citant les agents du ministère. Or c'est aussi celui des polices municipales.

Il y énumère diverses dispositions pour récompenser la mobilisation des forces de l'ordre : report de congés bonifiés, primes, déplafonnement du compte épargne-temps, doublement des Cesu pour garde d'enfants...

Quelles mesures récompenseront les efforts des polices municipales ? J'ai interrogé différents ministres, sans succès. Ne me répondez pas « dialogue social » à moins de six mois des Jeux ! Pour assurer la tranquillité publique pendant cet événement, nous devons nous organiser. (« Très bien ! » et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains)

Mme Amélie Oudéa-Castéra, ministre.  - Nos plans de maintien de l'activité reposent sur l'aménagement du temps de travail, d'abord, avec un abondement majoré du compte épargne-temps, en flux comme en stock, de dix jours, dans les trois fonctions publiques.

Sur l'indemnisation, ensuite : les ministères et administrations publiques rendront leur copie fin mars ou début avril. La direction générale de l'administration et de la fonction publique (DGAFP) réunira les partenaires sociaux le 12 mars.

Sur l'action sociale, enfin : les crèches des ministères de l'intérieur et des armées seront disponibles, la Ville de Paris améliorera l'offre. Avec Stanislas Guerini, nous recensons les dispositifs d'accueil des jeunes enfants, territoire par territoire.

Je ne puis m'exprimer au nom des deux autres fonctions publiques pour ce qui est du volet strictement indemnitaire : chaque employeur fera ses choix. C'est sur l'aménagement du temps de travail et le compte épargne temps que nous avons pu prendre des dispositions communes.

Mme Christine Lavarde.  - J'avais posé une question très précise, je n'ai eu aucune réponse... La DGAFP ne s'impose pas aux collectivités locales, qui ont besoin d'un cadre réglementaire ou législatif pour verser une prime spécifique. Le maire de Boulogne-Billancourt ne peut pas indemniser sa police municipale ou les agents de surveillance de la voie publique pour l'effort à fournir pendant les Jeux, faute d'un tel cadre.

Les collectivités sont en train de finaliser leurs budgets, qui doivent être à l'équilibre, et ne peuvent attendre un éventuel texte en juin : il faut avoir ouvert les crédits avant !

Vous ne me parlez que d'actions sociales. Gérald Darmanin indiquait qu'il allait solliciter les collectivités pour offrir des places en crèche. Or, dans ma commune, les crèches sont normalement fermées en août. On ne va pas attendre juillet pour commencer à s'organiser ! Autant de questions pratiques qui demeurent sans réponse. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains)

Mme Amélie Oudéa-Castéra, ministre.  - Il n'y a pas besoin d'une disposition législative spécifique pour accorder des primes dans la fonction publique territoriale, si l'employeur le souhaite. Il n'y a pas de prime « JO » pour la fonction publique d'État, nous nous appuyons sur les régimes indemnitaires existants.

La seule disposition qui exigeait une évolution réglementaire porte sur le compte épargne-temps, d'où le décret pris, qui concerne les trois fonctions publiques.

Quant aux dispositifs d'action sociale, ils seront connus dès la fin mars, et une réunion se tiendra sous l'égide de la DGAFP le 12 mars.

Mme Christine Lavarde.  - J'apprends que les collectivités peuvent verser des primes comme bon leur semble. Il va falloir en informer les chambres régionales des comptes ! (M. Patrick Kanner applaudit.) Nombre de communes se sont fait taper sur les doigts pour avoir versé des primes hors cadre réglementaire ou législatif. Je ne voudrais pas que cela arrive à la mienne. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains)

Mme Marie-Carole Ciuntu .  - Le 5 janvier dernier, les buralistes dénonçaient le fléau de la vente de cigarettes à la sauvette, trafic qui explose depuis quelques mois, avec des points de deal solidement ancrés à proximité des stations de métro ou des gares. Élus et riverains montent au créneau.

Paris, la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne sont les plus concernés, mais le phénomène touche près de 70 départements. Ce marché noir pèse 15 à 25 % de la vente de cigarettes, il est souvent le fait de jeunes en errance, mineurs non accompagnés, non solvables.

Le préfet de police a certes annoncé un plan de lutte contre les ventes à la sauvette, mais la vente de cigarettes de contrebande est une question en soi, qui dépasse Paris intra-muros. L'État doit s'en saisir et créer une brigade spécialisée dans les départements les plus atteints.

Quelles mesures comptez-vous prendre ? La chaîne va du gros trafiquant au vendeur de rue. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains)

Mme Amélie Oudéa-Castéra, ministre.  - Le préfet de police a communiqué sur les résultats obtenus contre les vendeurs à la sauvette, notamment dans le secteur de la tour Eiffel : douze tonnes de marchandises ont été saisies, des actions ont été menées contre les joueurs de bonneteau et autres vendeurs. La vente illicite de cigarettes est au coeur de cet effort, avec le déploiement de plus de 7 500 plans zéro délinquance en Île-de-France depuis un an et demi. Les atteintes à la personne ont baissé de 49 %, celles aux biens de 29 %. Nous poursuivons l'effort, soyez assurée de notre détermination.

Mme Marie-Carole Ciuntu.  - Dans la banlieue parisienne, nous avons le sentiment qu'il nous faudra assurer nous-mêmes notre sécurité, comme pendant les émeutes de juin dernier. Rien n'est fait contre la vente de cigarettes dans nos banlieues, je peux vous l'assurer.

M. Rachid Temal.  - Alors ? La France, prête ou pas ?

M. Stéphane Piednoir, pour le groupe Les Républicains .  - (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains) Un siècle après la dernière édition des Jeux d'été dans notre pays, nous accueillerons le plus grand événement sportif et social de la planète. C'est un défi.

Grande nation sportive, nous ne partons certes pas de zéro : nous accueillons chaque année Roland Garros, le Tour de France, des compétitions internationales de football ou de rugby.

Mais l'ambition du Cojop était particulièrement élevée. En premier lieu, la livraison dans les temps et dans les budgets, de tous les équipements et du village olympique. Nous nous réjouissons de la livraison par la Solideo de 68 ouvrages, réalisés grâce à des entreprises françaises, qui assureront le bon déroulement des compétitions.

Outre le défi logistique, ces Jeux se veulent paritaires, écologiques, inclusifs, sobres et fédérateurs. Si certaines disciplines restent unisexes, ces Jeux seront les premiers à accueillir autant d'athlètes hommes que femmes. Pour la première fois, un budget carbone à ne pas dépasser a été fixé, qu'il faudra vérifier a posteriori. Sobriété budgétaire, aussi : 4,4 milliards d'euros pour le Cojop et 4,4 milliards pour la Solideo, loin des 30 milliards des Jeux de Pékin ou de Rio. L'héritage des Jeux transformera les villes de Saint-Ouen et Saint-Denis.

La décentralisation des Jeux est, elle aussi, remarquable. Ce ne seront pas les Jeux de Paris, mais de toute la France - je mesure l'engouement dans les départements qui accueilleront des événements. Les collectivités se sont emparées du label Terre de Jeux.

Le prochain temps fort est le relais de la flamme olympique, qui mettra notre patrimoine en lumière. Espérons que cet élan se traduira par un regain de la pratique sportive, alors que, comme ailleurs, l'obésité progresse. À ce sujet, madame la ministre, vous n'avez pas répondu sur les coupes budgétaires évoquées par Michel Savin.

Pour autant, mystérieusement, cet événement ne rencontre pas l'engouement attendu, puisque seuls 59 % des Français prévoient de le suivre, alors qu'on attend 4 milliards de téléspectateurs. Sécurisation de la cérémonie d'ouverture, coût de l'hébergement, risques de grève, problèmes de transport, prix des billets ont contribué à cette réserve. Ces Jeux seront une vitrine de la France. Il reste un important travail de communication à mener pour embarquer l'ensemble des Français. Encore 143 jours ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains)

La séance est suspendue quelques instants.