c) Le compte financier
Le compte financier décrit les opérations financières. Il est partagé en plusieurs rubriques en fonction de la finalité ou de la nature des opérations concernées : investissements directs, investissements de portefeuille, « autres investissements » qui couvrent principalement les variations de créances et d'engagements des institutions financières monétaires (IFM).
Il s'agit, principalement, d'investissements et de crédits dont certains seulement auront un effet direct (immédiat ou ultérieur) sur l'économie réelle, sous forme de création ou d'extension de capacités de production ; mais la majorité d'entre eux correspond à des mouvements de fonds qui suivent une logique financière ou capitalistique (fusion-acquisition, prise de contrôle du capital social de sociétés, recherche de placements rémunérateurs).
Une nouvelle division a été ajoutée au compte financier en 2000, suivant les recommandations du FMI, celle des « produits financiers dérivés » qui sont des instruments de couverture contre les risques inhérents à certaines opérations de crédit ou de long terme (prises d'options, contrats à terme ou d'échanges, garanties de taux...).
Les derniers résultats connus du compte financier sont les suivants :
COMPTE FINANCIER
(en milliards d'euros)
2005 |
2006 |
2007 |
|
- Investissements directs |
|||
- Français à l'étranger |
- 92,5 |
- 96,7 |
-164,1 |
- Etrangers en France |
68,3 |
62,3 |
115,4 |
Solde |
- 24,1 |
-34,4 |
-48,7 |
- Investissements de portefeuille |
|||
- sur titres étrangers (résidents) |
- 195,7 |
- 270,5 |
-161,1 |
- sur titres français (non résidents) |
181,1 |
211 |
29,2 |
Solde |
- 14,6 |
-59,4 |
-131,9 |
- Produits financiers dérivés |
5,2 |
3,4 |
42,0 |
- Autres investissements |
|||
- avoirs - engagements Solde |
-227 251,9 24,9 |
-122,2 291,9 169,8 |
-197,7 358,7 161,3 |
- Avoirs de réserve |
7,1 |
-8,8 |
-0,5 |
SOLDE |
- 1,6 |
70,5 |
22,2 |
On constate, depuis quelques années (cf. tableau ci-dessus), que le poste « autres investissements » 18 ( * ) a gagné en importance par rapport aux deux autres principales rubriques du compte financier qui concernent les investissements directs (Français à l'étranger et étrangers en France) et les investissements de portefeuille (achats de titres français par des non résidents ou de titres étrangers par des résidents).
Cette évolution est due surtout à l'accroissement du volume des opérations interbancaires des IFM (institutions financières monétaires).
La progression des engagements des institutions financières monétaires résidentes a notamment permis de couvrir le solde à financer global résultant du déficit des transactions courantes et des sorties nettes de capitaux au titre des investissements directs comme de portefeuille 19 ( * ) .
Les IFM - ce qui est naturel compte tenu de leur objet social - jouent donc un rôle important dans l'équilibrage des opérations du compte financier (financement des investissements directs et de portefeuille) et, plus généralement, de la balance des paiements dans son ensemble (couverture du solde des transactions courantes).
Ainsi sont mis en évidence par la balance des paiements le lien et les complémentarités existant entre la part « physique » et la part financière de nos échanges extérieurs.
Ce sont les opérations financières avec les non résidents qui permettent en effet le bouclage final des opérations courantes internationales de la France, bien que les deux catégories d'échanges concernées aient chacune leurs spécificités, leur autonomie et même, pour l'essentiel, leur propre équilibre.
Les « avoirs de réserves » , encore dénommés « avoirs extérieurs » ou « réserves de change » sont les créances sur des non résidents que les autorités monétaires d'un pays peuvent mobiliser pour financer des déséquilibres de paiements extérieurs ou en limiter l'ampleur.
Ils sont constitués de créances brutes en or monétaire et en devises (y compris sous forme de titres émis par des non résidents), d'avoirs en droits de tirage spéciaux (DTS) 20 ( * ) et de la position nette de réserve du pays considéré à l'égard du FMI.
Depuis la création de l'euro, en 1999, la Banque de France ne gère que les réserves qui n'ont pas été transférées à la Banque centrale européenne et seules sont prises en compte dans la rubrique « avoirs de réserves » de la balance des paiements française, les créances sur des non résidents correspondant à des placements en devises effectuées auprès des banques situées à l'extérieur de la zone euro.
La réévaluation des actifs détenus par la Banque centrale (or et devises) et les allocations de DTS à un Etat ne sont pas enregistrées dans le compte des opérations financières qui ne recense que les flux affectant les avoirs de réserves durant une année donnée. Ces évolutions sont, en revanche, intégrées dans les résultats de la position nette extérieure du pays considéré.
* 18 Les autres investissements correspondent aux opérations de prêts et dépôts de la Banque de France, des administrations publiques, des institutions financières monétaires et des autres entreprises (notamment les sociétés d'assurance et les entreprises d'investissement).
* 19
(Mds d'euros) |
2005 |
2006 |
2007 |
- Solde des transactions courantes - Solde des investissements directs - Soldes des investissements de portefeuille |
- 10,9 - 24,1 - 14,6 |
- 12,3 - 34,4 - 59,4 |
- 22,3 - 48,7 - 131,9 |
- Position nette des IFM résidents |
- 175,4 |
- 299,4 |
- 370,9 |
N.B. Il y a corrélation mais pas d'équivalence entre, d'un côté, le gonflement des dépenses liées au financement des investissements à l'étranger et du déficit des transactions courantes et, de l'autre, la progression des engagements nets des IFM résidentes. En effet, cette dernière évolution résulte, certes en partie, des prêts interbancaires sollicités pour couvrir les dépenses en cause mais aussi de beaucoup d'autres opérations effectuées par les IFM concernées : achat et vente de titres pour leur propre compte et celui de leur clientèle, autres prêts et dépôts...
* 20 Créé en 1967 et géré par le FMI qui en décide les allocations à chaque pays, le DTS est à la fois une unité de compte (définie par rapport à un panier des principales monnaies mondiales) et un moyen de paiement susceptible d'être utilisé pour les transactions internationales.