II. DES INSTRUMENTS IMPARFAITS

La mondialisation implique une sensibilité croissante des économies nationales à leur contexte international.

En même temps, les relations économiques internationales qui suivaient une trame d'internationalisation (échanges entre des territoires correspondant aux Etats), sont de plus en plus globalisées, c'est-à-dire construites à partir d'un tissu de flux transnationaux contribuant, à tous les stades (production, commercialisation, financement, répartition...), à la formation de valeur par les agents économiques.

Il s'ensuit une complexification des relations entre une économie et son environnement extérieur marquée par l'atténuation du fait territorial comme cadre exclusif et uniforme de l'analyse économique.

Plus précisément, le territoire national, qui structure pourtant encore la collecte statistique, apparaît lui-même comme n'étant plus une structure à l'identité forte construite sur la cohérence entre son système de production et les ressources de ses agents :

- la production est aujourd'hui segmentée et largement déterritorialisée - les échanges intragroupe représentant plus du tiers des exportations françaises - ;

- sa propriété est disséminée dans le cadre de la globalisation financière mondiale - les filiales françaises des groupes étrangers réaliseraient 36 % des échanges de la France avec l'étranger - ;

- les ressources d'un territoire migrent et, en même temps, dépendent de plus en plus des territoires extérieurs...

En bref, si le territoire compte encore beaucoup sous certains angles, il n'est plus ce simple point de départ et d'arrivée à partir desquels on continue cependant de recenser l'intégration des économies dans leur environnement international.

En conséquence, les statistiques des échanges extérieurs peinent à décrire les conditions dans lesquelles cette intégration se réalise.

Au-delà, elles peinent à suivre les arcanes de l'économie-monde et à restituer ses équilibres.

D'où vient et où va l'épargne ? Où se crée la richesse et où va-t-elle ?...

Dans les conditions statistiques actuelles, on ne peut pas répondre simplement à ces questions.

En réalité, les statistiques correspondant aux relations économiques transnationales sont à inventer et ceci est essentiel si l'on veut comprendre les enjeux de ces relations, c'est-à-dire les enjeux économiques du monde d'aujourd'hui.

A. UNE TÂCHE DE PLUS EN PLUS IMPORTANTE ET DIFFICILE

1. Une tâche de plus en plus importante

a) Croissance et intensification des échanges mondiaux.

Il importe d'autant plus, pour les pays comme la France, de pouvoir correctement mesurer les résultats de leurs échanges extérieurs 25 ( * ) que l'impact de ces derniers sur le fonctionnement de leurs économies s'accroît.

L'ouverture des économies des Etats aux échanges internationaux tout d'abord s'accélère : la part des exportations de biens et services dans le PIB mondial (30 %) a, en effet, doublé ces vingt dernières années alors qu'elle n'avait progressé que de 2 points entre 1970 et 1985.

EXPORTATIONS DE BIENS ET SERVICES

Source : Revue de l'OFCE 98 - juillet 2006

Cette croissance du commerce international se fonde sur une intensification des échanges de biens intermédiaires, organisés au sein d'une nouvelle division internationale du travail, dans le cadre d'une segmentation des processus de production, afin, notamment, de mieux exploiter les avantages comparatifs de chaque pays.

Ainsi, les flux de commerce non seulement s'amplifient mais se multiplient (les passages de frontières par des produits de base nécessaires à la fabrication d'un même bien sont de plus en plus nombreux).

* 25 Les exportations se définissent comme l'ensemble des biens et services fournis par des résidents à des non résidents, à titre onéreux ou gratuit. A l'inverse, les importations concernent les fournitures de non résidents à des résidents.

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