On doit à Antoine-François CALLET le Lever de l’Aurore qui se trouve au centre de l’Annexe de la Bibliothèque. Seul ouvrage de l’artiste subsistant dans le palais, c’est également un des derniers décors peints de l’époque impériale.


Il représente « l’Aurore, dans un char attelé par des chevaux ailés, qui paraît annoncer le dieu du soleil. Les vents légers la suivent en versant la rosée du matin. La Nuit fuit devant le flambeau du Jour en repliant son voile, où se cachent les songes, ses enfants ; un d’entre eux répand ses pavots176».

Figure 47 : Antoine-François CALLET (1741-1823), Le lever de l'Aurore (1803), motif central du plafond de l'Annexe de la Bibliothèque du Sénat. ©Sénat (JPG - 809 Ko)

Figure 47 : Antoine-François CALLET (1741-1823), Le lever de l'Aurore (1803),
 motif central du plafond de l'Annexe de la Bibliothèque du Sénat.
©Sénat

Antoine-François Callet (1741-1823), né à Paris, grand prix de Rome en 1764 à 23 ans, membre de l’Académie de Peinture et de Sculpture, est tout autant un peintre reconnu de l’Ancien Régime, auteur du Portrait de Louis XVI en costume de sacre, qu’un artiste apprécié du Consulat et de l’Empire, auteur de l’Allégorie du 18 brumaire, tableau à grand succès de 1801. Il s’ajoute à la cohorte des artistes formés à l’école italienne qui ont participé à la décoration du palais du Luxembourg. Durant son long séjour de jeunesse en Italie, il se fait connaître par ses portraits, en particulier celui du cardinal de Bernis, ambassadeur de Louis XV à Rome, dont le résultat est à ce point agréable à son commanditaire que celui-ci voit son jeune artiste influencé par Raphaël lui-même. Callet donne aussi des peintures décoratives dont les tons de couleur chatoyants émeuvent les sens, pour preuve l’immense succès de son Apothéose d’Ambroise Spinola peinte à fresque au plafond du salon du Palais Spinola à Gênes en 1772177 ou encore la décoration de l’hôtel Thélusson, à Paris, en 1780.

En 1803, BARAGUEY vient d’obtenir l’acquisition des douze tableaux de Jacob JORDAENS (1593-1678) représentant les signes du zodiaque. Il les destine au plafond du futur musée qui sera installé dans l’actuelle Annexe de la Bibliothèque. Il les dispose dans l’ordre du calendrier révolutionnaire encore en vigueur à l’époque, de la Balance jusqu’à la Vierge. Pour achever la voûte et compléter l’ensemble de manière harmonieuse, il fait appel à CALLET dont les couleurs ne sont pas sans rappeler ceux des flamands RUBENS et JORDAENS. « BARAGUEY souhaitait, selon B. GALLINI, que ce tableau soit fait  “par un artiste dont la couleur et le dessin fassent assez d’illusion pour que l’on puisse croire qu’il a été fait par le même maître178». CALLET parvient à prendre en considération l’esprit et le coloris des tableaux de JORDAENS, antérieurs de près de deux siècles. « Il a su avec bonheur jouer sur une gamme de tons chauds et harmonieux proches de ceux du maître flamand179».


De fait, Le Lever de l’Aurore, se souvenant de la tradition de la grande peinture classique du XVIIe siècle, évoque franchement L’Aurore de Guido RENI au palais Rospigliosi (1613-1614) et L’Aurore du GUERCHIN de la villa Ludovisi (1621) . Le style italien si cher à Marie de MÉDICIS lui a donc largement survécu jusqu’au début du XIXe siècle.

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