Les salles de l'aile ouest

La salle des gardes - Chalgrin
Figure 13 : Jean-François CHALGRIN, Salle des Gardes, détail sur les trophées,
Archives du Sénat, Chalgrin 648.

Une fois gravi l’escalier d’honneur, trois salles en enfilades font la jonction entre la montée des marches et l’aile sud où se situe l’hémicycle, au centre de l’actuelle salle des Conférences. D’une traite, le sénateur traverse la salle des Gardes, le salon des Huissiers et le salon des Messagers d’État pour déboucher, sur sa gauche, dans la salle de Réunion.

La première de ces trois salles dédiées au personnel du palais, est la plus restreinte. Principal ameublement de cette salle des Gardes, deux trophées signés RAMEY et DURET disposés « à gauche et à droite de la porte de communication à la salle des garçons de salle (WEBP - 48 Ko), […] composés chacun d’un grand faisceau auquel seront adaptés des boucliers, des casques des carquois, lances, couronnes et drapeaux64  ». GRIVAUD DE LA VINCELLE ajoute que « des boucliers ronds, avec des épées en sautoir, ornent les panneaux de cette salle ; les murs sont peints en granit, le plafond en chêne, les portes en bronze, et l’architecture des portes et croisées en bleu turquin65. »

S’ensuit le salon des Garçons de salle, qui remplace l’ancien cabinet des Muses de la régente Marie de MÉDICIS. CHALGRIN l’a peint de faux marbres, disposant, à droite, un Épaminondas par DURET, ainsi qu’un Miltiade par BOIZOT, entre les croisées. Enfin, figure un Hercule couché de PUGET envoyé depuis au Louvre66 .

Les plafonds de la salle des Gardes et des Huissiers (à l’époque appelés les Garçons de salle) sont peints en « compartiment d’appareils en couleur marbre blanc veiné avec moulures peintes67  ».
Le salon des Messagers d’État, tirant son nom de ces intermédiaires institués par la Constitution de l’An VIII et chargés de la transmission des plis officiels entre les pouvoirs publics, est l’ancienne antichambre de la Régente. Salle d’ordre corinthien selon le goût de CHALGRIN, elle est ornée de huit colonnes de marbre antique qui soutiennent, à chaque porte, des chapiteaux avec entablement.

Entre les deux fenêtres, l’architecte a fait placer la statue en marbre blanc d’Harpocrate, dieu du secret ou du silence, signée Louis-Philippe MOUCHY (1734-1801), présentée au salon de 1789. Le décor pictural contemporain, essentiellement repeint par GISORS sous le règne de LOUIS-PHILIPPE, ne conserve aucune trace du Premier Empire. Notons cependant, datant du Second Empire, le médaillon « Portrait du roi de Rome », peint par Théophile VAUCHELET en 1857, représentant le fils de Napoléon Ier et de Marie-Louise, proclamé roi de Rome à sa naissance en 1811 et mort en 1832 à vingt et un ans.

Figure 14 : Théophile VAUCHELET, Portrait du roi de Rome, 1857, Salon des Messagers d'État. En légende, « Napoléon II, XX mars MDCCCXI », Sénat, © Gérard Butet. (JPG - 202 Ko)

Figure 14 : Théophile VAUCHELET, Portrait du roi de Rome, 1857, Salon des Messagers d'État.
En légende, « Napoléon II, XX mars MDCCCXI »,
Sénat, © Gérard Butet.

Le vestibule de Chalgrin

Bâti sur les ruines de l’ancien escalier de Salomon de BROSSE qui menait aux appartements et à la chapelle de Marie de MÉDICIS, le vestibule actuel est l’un des derniers témoignages des travaux d’intérieur de CHALGRIN. Hormis le grand escalier, l’empreinte intérieure de ce dernier a été presque en totalité remplacée par les agencements de GISORS sous la Monarchie de Juillet et le Second Empire.

Vraisemblablement en projet sous le comte de PROVENCE, le vestibule est construit durant le Directoire et le Consulat, à la même époque que l’escalier d’honneur, entre 1798 et 1800.

Il est empreint du néoclassicisme cher à CHALGRIN qui se traduit par un aspect général dénudé et sévère, avec :
-    sa voûte sculptée en caissons et rosaces sur le modèle de l’escalier d’honneur et de la salle des Séances de la même époque ;
-    le cul-de-four terminant le vestibule surmontant la porte donnant aujourd’hui sur la salle René COTY mais qui ouvrait à l’époque sur le jardin, puisque « de part et d’autre du cul-de-four se trouvaient des galeries ouvertes68 »   ;
-    ses douze colonnes ioniques ;
-    et les deux frontons rectangulaires des portes latérales.

Insatisfait de la longueur de l’ensemble qu’il juge insuffisante pour donner de la dignité à cette entrée secondaire, CHALGRIN a recours à une illusion d’optique pour l’allonger. Disposant les colonnes de plus en plus resserrées à mesure qu’on avance, l’architecte parvient à faire paraître allongé le vestibule aux yeux du visiteur, comme on le voit sur le plan infra.

Figure 15 : Jean-François CHALGRIN, Plan du vestibule. On observe que l’écartement entre les colonnes diminue vers le fond. Archives du Sénat, Chalgrin 37 (JPG - 56 Ko)

Figure 15 : Jean-François CHALGRIN, Plan du vestibule.
On observe que l’écartement entre les colonnes diminue vers le fond.
Archives du Sénat, Chalgrin 37