C. UNE ÉCONOMIE EN FORTE CROISSANCE, SORTIE INDEMNE DE LA CRISE ASIATIQUE

L'Australie est sortie relativement indemne de la crise qui a ébranlé l'économie de la plupart des pays asiatiques à partir de 1997.

Cette réussite tient pour beaucoup aux nombreuses réformes structurelles entreprises depuis le début des années 1980 ainsi qu'aux effets d'une politique économique avisée, qui a su prendre la mesure de la crise asiatique.

1. Une politique économique adaptée à une conjoncture difficile

La politique économique menée en 1998 a ainsi été dictée par le souci d'éviter une propagation de la crise asiatique.

Les autorités monétaires ont décidé de maintenir des taux d'intérêt bas, avec des taux à court terme de 4,75 %, ce qui est considéré comme faible pour un pays dont la monnaie n'a pas de parité fixe, pour permettre une dépréciation du dollar australien et stimuler les exportations.

Parallèlement, le Gouvernement a choisi de dégager un excédent budgétaire pour profiter de la croissance et limiter la dette publique.

Cette politique économique habile a porté ses fruits et a permis de préserver l'économie australienne des conséquences qu'aurait pu provoquer la crise asiatique.

L'orientation de la politique économique change aujourd'hui sensiblement. La politique budgétaire se veut plus accommodante, par le biais de coupes fiscales (réduction graduelle de 36 % à 30 % du taux de l'impôt sur les sociétés, baisse du taux de la taxe sur les plus-values, réduction des taux de l'impôt sur le revenu), à la fois dans un souci politique évident et pour soutenir à moyen terme la demande intérieure.

Le Gouvernement semble par ailleurs moins soucieux de réaliser des coupes budgétaires. Le surplus budgétaire (1 % du PIB prévu pour l'exercice en cours) pourrait donc se réduire très rapidement lors de l'exercice 2000-2001.

La politique monétaire devient parallèlement plus restrictive. La banque centrale a procédé le 3 novembre 1999 à un premier relèvement du taux de refinancement, de 4,75 % à 5 %, essentiellement motivé par le souci d'indiquer aux marchés que la banque centrale ne laisserait pas revenir l'inflation. Un nouveau relèvement, à 5,50 %, est intervenu le 2 février 2000 et traduit la réelle préoccupation de la banque centrale face aux risques de surchauffe de l'économie.

Le dollar australien pourrait se réapprécier légèrement au cours des prochains mois, du fait de l'orientation de la politique monétaire australienne, et, surtout, du cours des matières premières - le cours de l'AUD est en effet étroitement corrélé à celui des matières premières.

2. Une croissance qui reste particulièrement élevée

Dans l'ensemble, compte tenu de l'importance qu'a pour elle l'Asie, l'économie australienne s'est plutôt bien sortie de la crise de 1997-1998.

La crise financière qu'a connue le continent asiatique en 1997-1998 a certes affecté l'économie australienne : les exportations vers certains pays d'Asie (Corée du Sud, Malaisie, Indonésie notamment) ont ainsi nettement diminué à partir de juillet 1997. Ce fléchissement, qui a été d'ailleurs compensé en partie par le dynamisme des exportations à destination des Etats-Unis et de l'Europe, a cependant été de courte durée : en recul en 1998, les exportations vers l'Asie ont repris dès le premier semestre 1999.

Malgré les conséquences pour son économie de la crise asiatique, l'Australie a connu l'une des croissances les plus élevées de l'OCDE : 4,5 % de septembre 1998 à septembre 1999. La tendance est même à l'accélération, avec un troisième trimestre exceptionnel (+ 16 %, soit + 6,5 % en rythme annuel). La croissance est tirée par la demande intérieure des ménages et la construction de logements.

Compte tenu de ces bons résultats, le taux de chômage continue sa baisse régulière et est aujourd'hui inférieur à 7 % (6,7 % en novembre 1999) . A Sydney, le taux de chômage est inférieur à 4 % : la situation de plein emploi est atteinte et le risque de surchauffe de l'économie bien réel.

De légers signes d'affaiblissement existent certes. Le rythme de croissance de la demande intérieure des ménages n'est pas tenable sur le moyen terme. Elle est en effet liée à un contexte très favorable de taux d'intérêt historiquement bas, qui favorise le crédit à la consommation et réduit les charges d'emprunt immobilier. De même, le rythme des mises en chantiers devrait être affecté à partir de juillet par l'introduction de la GST, qui touchera les logements neufs. Au total, la demande privée (consommation et investissement des ménages) devrait croître à un rythme plus modéré en 2000 qu'en 1999.

Par ailleurs, et cela est plus inquiétant sur le moyen terme, l'investissement productif reste atone, malgré des profits records des entreprises (+ 17 % de septembre 98 à septembre 99). Une reprise de l'investissement minier se dessine toutefois, à la faveur de la remontée des cours mondiaux, et pourrait modifier les perspectives.

Quoique plus faible, la croissance australienne restera cependant élevée en 2000. La demande intérieure devrait demeurer vigoureuse, en raison des gains salariaux réalisés par les ménages (progression de 2,1 % des salaires sur les douze derniers mois) et de la baisse du chômage. Par ailleurs, la reprise asiatique favorisera une reprise des exportations, orientées pour 60 % vers ce continent. On peut donc penser que la croissance australienne s'établir au cours des prochains mois sur un rythme de 3,5 % au moins.

Néanmoins, dans ce contexte favorable , les déséquilibres extérieurs demeurent préoccupants. L'Australie est en effet victime de sa forte demande intérieure et de la mauvaise spécialisation de ses exportations dans la conjoncture actuelle (matières premières, Asie). L'année 1999 a vu en conséquence une détérioration des comptes extérieurs. La balance commerciale affichait ainsi un excédent de 1,3 milliard d'AUD en 1997, qui s'est transformé en déficit en 1998 à hauteur de 7,8 milliards d'AUD. En 1999, le déficit commercial a pratiquement doublé : il s'établit à 14,6 milliards d'AUD, soit près de 3 % du PIB.

La situation devrait légèrement s'améliorer en 2000. La reprise asiatique est certes favorable aux exportations mais les importations devraient aussi continuer à croître en volume, dans le sillage du PIB. Le solde commercial devrait donc probablement se stabiliser ou ne s'améliorer que très légèrement.

L'inflation est aujourd'hui contenue malgré la forte croissance, qu'il s'agisse des prix à la production (+ 0,6 %) ou la consommation (+ 1,7 %). L'augmentation des coûts salariaux (3 %) est raisonnable compte tenu de l'intensité de la croissance et traduit même, marginalement, des gains de compétitivité salariaux. Hors effets de la GST, l'inflation sous-jacente de l'économie devrait être de l'ordre de 2 à 3 % en 2000.

En 2000, l'inflation risque cependant de redémarrer du fait de l'introduction en juillet de la GST, qui affectera en particulier les services. Il ne faut donc pas écarter le risque que l'économie australienne ait besoin de temps pour « digérer » le choc inflationniste de la GST.

3. L'impact positif des Jeux olympiques

Les Jeux Olympiques de Sydney auront un impact très positif sur l'économie australienne. Selon certaines études, ils pourraient augmenter le produit intérieur brut (PIB) de l'Australie de 7,3 milliards d'd'AUD et créer 150.000 emplois à temps partiel et complet.

L'organisation des Jeux serait susceptible d'attirer 1,3 million de visiteurs supplémentaires en Australie sur une période de dix ans, entre 1994 et 2004. De plus, l'Australie continuera pendant au moins une décennie à attirer des compétitions sportives internationales.

Les Jeux Olympiques devraient accroître considérablement la notoriété de l'Australie, et particulièrement de Sydney, ce qui aura vraisemblablement des conséquences positives à moyen terme pour l'économie australienne.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page