III. LES RELATIONS FRANCO-ARMÉNIENNES : DES AFFINITÉS HISTORIQUES ET DES INTÉRÊTS COMMUNS

Les relations économiques et culturelles entre la France et l'Arménie doivent être replacées dans leur contexte diplomatique. La communauté internationale presse Erevan de conclure un règlement négocié au Haut-Karabagh, dans la mesure où elle ne peut considérer comme acceptable un gel des positions acquises par la force.

L'OSCE, à travers le groupe de Minsk, co-présidé par la Russie, la France et les États-Unis, s'est efforcé d'obtenir l'engagement de négociations de paix entre Erevan et Bakou sur la base d'une large autonomie du Haut-Karabagh dans le cadre d'un Azerbaïdjan juridiquement souverain.

La tendance de nouvel exécutif arménien à reprendre les positions des Karagaghtsis, c'est-à-dire à refuser un règlement par étapes pour exiger une approche globale, ne facilite pas la poursuite des négociations et risque d'aboutir à une crispation.

Or, de telles tensions constituent à terme une menace pour le développement économique de l'Arménie. Tant que les investissements étrangers n'auront pas pris le relais des financements internationaux, l'avenir économique de l'Arménie restera incertain. L'engagement massif des investisseurs internationaux n'est guère concevable sans un environnement pacifié et, en particulier sans la levée des blocus routiers et ferroviaires imposées par l'Azerbaïdjan et la Turquie. En outre, l'absence de règlement du conflit interdit à l'Arménie de tirer bénéfice de l'activité engendrée par l'exploitation et l'évacuation du, pétrole de la mer Caspienne.

A. LES ECHANGES ÉCONOMIQUES

Les contacts établis par nos entreprises et les efforts déployés par l'ambassade commencent à porter leurs fruits. La présence française peut être analysée par secteurs d'activités. Les flux commerciaux bilatéraux sont en nette progression :

en millions de dollars

EXPORTATION

IMPORTATION

BALANCE

1993

0,9

1,3

-0,4

1994

10,7

0,4

10,3

1995

16,3

0,2

16,1

1996

9,7

1,1

8,6

1997

26,6

1,3

25,3

Au cours de l'année 1997, dans une ambiance économique arménienne morose, se traduisant par un effondrement des exportations, et une baisse de la production industrielle, la position française s'est améliorée puisque que nous sommes passés d'environ 1 % à 2,2 % de part de marché ce qui situe la France au 12eme rang des pays fournisseurs.

Nos exportations ont connu une augmentation de 175,8 % totalisant 160 millions de francs contre 58 millions de francs en 1996. Le niveau de nos importations reste faible (8 millions de francs en 1997) même si elles ont connu une progression de 14,2 % par rapport à 1996.

L'agro-alimentaire représente plus de 60 % des flux français vers l'Arménie (volailles, farine, sucre, charcuterie, biscuits, Champagne). L'exportation de ces produits a progresse de 216 % par rapport à 1996.

Hors agro-alimentaire, les exportations se développent également à un bon rythme. Les exportations de biens d'équipement augmentent de 87 % en 1997 grâce à des livraisons importantes intervenues à l'automne dernier : chaînes d'embouteillages et équipements de pasteurisation pour castel, matériels pour les gisements pétroliers en altitude, équipement Framatome pour le stockage à sec du combustible irradie de la centrale nucléaire d'Arménie, construction d'unité de production de soluté injectable par Ipm, etc. Les exportations de nos biens de consommation progressent également de 75 % pour atteindre 7 millions de francs : essentiellement des produits de parfumerie et pharmaceutique.

1. Agro-alimentaire

Le brasseur français Castel est le plus gros investisseur en Arménie, avec 18 millions de dollars, devant la Midland Bank et Coca-Cola (respectivement 10 et 7 millions de dollars).

L'opération réalisée concerne la rénovation de la brasserie industrielle d'Abovian et de l'usine d'eaux minérales Bjni d'Hrazdan. Le contrat initial prévoyait la constitution d'une société mixte avec le groupe Sil, le plus important holding privé arménien. Si aujourd'hui Sil détient toujours 49 % des parts de l'usine d'eaux minérales Bjni (contre 51 % à Castel), il ne possède, en revanche, plus que 4 % des parts de la brasserie d'Abovian. Castel a. en effet, racheté 21 % des actions de Sil en décembre 1997.

La collaboration entre Sil et Castel devrait cependant se poursuivre puisque ces derniers viennent ensemble de racheter l'usine de vins de Parakar dans la région d'Armavir. Le montant global de l'investissement est estimé à 7 millions de dollars.

Après de difficiles négociations, le contrat attribuant l'usine de brandy d'Erevan au groupe Pernod-Ricard a été finalisé, le 6 juin dernier. Cet accord conclut une des plus ambitieuses opérations de privatisation réalisées en Arménie, et renforce notre position déjà prépondérante en matière d'investissements dans l'agro-alimentaire.

La société v-a coffee a ouvert une filiale à Erevan, le Café de Paris. Le marché des poulets congelés est exclusivement détenu par les sociétés doux et Tilly-Sabco. Les produits Besnier (beurre, fromage) ont effectué récemment une bonne percée sur le marché arménien. En avril dernier, une délégation de l'Adepta, l'agence pour le développement des échanges internationaux de produits et techniques agro-alimentaires) a rencontré l'ensemble des personnalités du monde agricole d'Erevan afin d'étudier les possibilités de coopération ; par ailleurs, l'Api fat, l'association pour la présence de l'industrie française en Arménie et en Transcaucasie, - dont le représentant accompagnait la délégation sénatoriale - est en train d'étudier l'établissement une activité industrielle d'élevage de volailles et de bovins.

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