PREMIÈRE PARTIE : LE JAPON AUJOURD'HUI

I. LE JAPON APRÈS LA CATASTROPHE

Un séisme de magnitude 9 sur l'échelle de Richter est survenu le 11 mars au nord-est de la côte de l'île Honshu (épicentre à 20 km de profondeur), suivi d'un tsunami de plus de 10 mètres de hauteur qui a dévasté les côtes de la région de Sendai.

La centrale de Fukushima, située à environ 200 km au nord-est de Tokyo, a été endommagée occasionnant un accident nucléaire de niveau 7 sur l'échelle internationale INES. Si la situation des réacteurs apparaît stabilisée, elle demeure précaire et en l'état actuel des éléments disponibles, la poursuite des rejets atmosphériques ne peut être écartée.

Le bilan fait état de près de 30 000 victimes et 550 000 personnes évacuées. Le nombre de réfugiés encore hébergés dans des centres d'accueil est estimé à environ 85 000, dont 80 % dans les trois préfectures les plus touchées de Fukushima, Iwate et Miyagi.

Quelles sont les conséquences de cette crise ?

A. UNE NOUVELLE CRISE DE CONFIANCE À L'ÉGARD DU POUVOIR POLITIQUE

Sur le plan politique, la catastrophe a provoqué une nouvelle crise ministérielle dans un pays doté d'institutions stables, mais caractérisé par une forte instabilité politique.

Mise en place en 1946 en accord avec les forces d'occupation américaines, l'organisation politique du Japon s'inscrit dans un système de monarchie constitutionnelle avec un Parlement bicaméral, la Diète.

Celle-ci se compose d'une Chambre des Représentants de 480 sièges, élue au suffrage universel tous les quatre ans, et d'une Chambre des Conseillers de 242 sièges, dont les membres sont élus pour six ans.

Dans leurs fonctions législatives les deux Chambres ont les mêmes pouvoirs. En revanche en matière budgétaire, d'approbation d'accords internationaux et pour la désignation du Premier ministre, le dernier mot appartient à la Chambre des représentants.

L' Empereur n'a qu'un rôle purement symbolique. Il incarne la continuité du pays et de ses traditions et est le chef de la religion shintô. Mais tous ses actes requièrent l'approbation du cabinet, le pouvoir exécutif appartenant au gouvernement , responsable devant la Diète, composé du Premier ministre et de ministres d'état. L'Empereur est par ailleurs chargé de la promulgation des amendements à la Constitution, lois, décrets et traités, il convoque la Diète, dissout la Chambre des Représentants, proclame les élections des membres de la diète, atteste de la nomination des ministres et autres fonctionnaires, reçoit les lettres de créance et représente l'État aux cérémonies officielles.

Depuis vingt ans, la vie politique japonaise a été marquée par les scandales politiques entraînant une grande instabilité ministérielle , puisque dix-neuf gouvernements se sont succédé. Un seul, celui dirigé par M. Junichiro Koizumi (2001-2006), a eu le temps et la volonté d'imposer des réformes ; mais elles ont, pour l'opinion japonaise, creusé les inégalités et précarisé la société. L'alternance a été accueillie avec espoir mais elle a déçu, contraignant M. Hatoyama à démissionner, avant que le Parti démocrate japonais ne subisse une sévère défaite aux élections sénatoriales de juillet 2010.

L'opposition menée par le Parti démocrate du Japon (PDJ), majoritaire à la chambre haute depuis juillet 2007 a gagné les élections générales du 30 août mettant fin au règne du Parti libéral démocrate (PLD), au pouvoir depuis plus de 50 ans (excepté une parenthèse de 10 mois en 1993-1994 résultant d'un renversement d'alliances) pour porter aux affaires le Parti démocrate du Japon, qui a remporté 308 sièges sur 480 à la Chambre des représentants.

Le président du parti, M. Yukio Hatoyama, a été nommé Premier ministre et a constitué son gouvernement le 16 septembre 2010 sur la base d'une coalition avec le Parti social-démocrate (PSD, gauche) et le Nouveau parti du peuple (NPP, centre droit). Il avait pour ambition de remettre les hommes politiques au coeur de l'appareil d'État, en dessaisissant les « technocrates » du pouvoir qu'ils se seraient arrogés, et de stimuler la reprise économique en redonnant du pouvoir d'achat aux ménages à travers l'adoption d'ambitieuses mesures sociales.

Mais il a dû s'effacer après seulement neuf mois de gouvernement au profit de M. Naoto Kan, partisan de la rigueur budgétaire, qui a fait lui-même l'objet de rumeurs concernant des scandales financiers, l'opinion cherchant des responsables à un désastre dans lequel se mêlent insuffisance de précautions, mensonges, falsification de documents. La catastrophe a ouvert une nouvelle crise de confiance qui touche les institutions et notamment la bureaucratie qui a relégué les politiques au second plan. La découverte du financement des partis politiques par les compagnies d'électricité a ajouté au scandale, contraignant M. Kan à la démission.

Il vient d'être remplacé par M. Yoshihiko Noda, ancien ministre des finances et partisan de la rigueur budgétaire, qui, fait rare, a été élu par les deux chambres du Parlement donnant au pays son sixième chef de gouvernement en cinq ans.

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