B. UNE ÉCONOMIE CONFRONTÉE À DE NOUVEAUX DÉFIS

Le Japon était entré, fin 2008, dans la plus forte récession enregistrée depuis 1974 , en raison de la crise économique mondiale qui a fortement affecté les exportations nippones, moteur de sa croissance qui s'est établie à - 0,7 % en 2008. L'archipel enregistre depuis cette date un déficit commercial croissant en raison de la chute des ventes à l'étranger. Les autres facteurs de croissance, consommation et investissement, sont en berne depuis plusieurs années. Et la hausse du yen ne fait qu'aggraver la situation. La récession a provoqué l'annonce par les grands groupes nippons de réductions spectaculaires de capacités et de résultats nets en forte baisse ou négatifs. A titre d'exemple, Toyota, le premier constructeur automobile mondial, a annoncé les premières pertes d'exploitation de son histoire pour l'exercice 2008 et les géants de l'électronique ont perdu le tiers de leurs parts de marché global au profit de rivaux essentiellement sud-coréens.

Le niveau de chômage a atteint un taux record de 5,7 % en juillet 2009. Les entreprises japonaises recourent de plus en plus largement à des baisses de salaires et à des licenciements de travailleurs précaires.

En 2010 le Japon a perdu sa place de deuxième économie mondiale au profit de la Chine , rang qu'il occupait depuis 1968. Ce recul illustre le relatif déclin de l'industrie japonaise, moteur traditionnel de la croissance.

Le gouvernement japonais a réagi à la crise par le lancement de plusieurs plans de relance au prix d'un déficit avoisinant aujourd'hui les 200 % du PIB.

Le Japon était sorti officiellement de la récession au deuxième trimestre 2009 (croissance de + 0,6 %), mais la reprise restait fragile (déflation alimentée par la baisse des salaires, faiblesse persistante de la consommation). Le PIB japonais a reculé de 5 % en 2009 (baisse comparable à celle de l'Allemagne), puis de 1,1 % en 2010.

La catastrophe du 11 mars a replongé l'économie dans le chaos . La Banque mondiale a estimé que le coût du séisme et du tsunami serait compris entre 122 et 235 milliards USD, soit entre 2,5 et 4 points du PIB.

On aurait pu craindre la paralysie de pans entiers de l'économie, notamment dans les secteurs de l'automobile et de l'électronique pourraient s'avérer catastrophiques. Le prix des puces électroniques dont le Japon assure 36 % de la production ont augmenté de 20 % pour certaines d'entre elles et des ruptures de stocks sont déjà constatées parles fabricants de produits électroniques.

Cependant, selon une étude du ministère de l'économie, du commerce et de l'industrie, 80 % des sites de production des régions sinistrées fonctionnaient en juin comme avant la catastrophe  et avaient retrouvé 95% des niveaux de production, permettant une amélioration du marché de l'emploi et une hausse de 0,8 % de la consommation des ménages. Ainsi Toyota et Nissan ont annoncé des prévisions de ventes de véhicules en hausse. Ce redémarrage est dû aux efforts des entreprises qui ont pu s'appuyer sur des services publics très réactifs pour la remise en place des infrastructures . De son côté, la Banque du Japon a octroyé aux établissements financiers des zones sinistrés près de 9 milliards d'euros de prêts à 0,1 % pour soutenir les entreprises locales.  La solidarité entre grands groupes a joué permettant des aides aux entreprises des zones sinistrées.

La priorité du nouveau gouvernement est de faire voter une troisième rallonge budgétaire pour financer la reconstruction et il envisage une hausse des impôts qui est loin de faire l'unanimité. Il doit aussi faire face à la hausse du yen qui pénalise les exportations.

Enfin, le gouvernement doit finaliser une nouvelle politique énergétique d'ici l'été 2012 : alors que l'avenir du nucléaire reste incertain compte tenu de la durée et des conséquences de la crise de la centrale de Fukushima. Suite à l'adoption d'une loi de promotion des énergies renouvelables en août dernier, les autorités ont annoncé vouloir investir 20 milliards de yens (188 millions d'euros) dans l'installation de six éoliennes flottantes au large de Fukushima. Le développement de cette technologie devrait être créatrice d'emplois dans la région et permettre aux industriels de se positionner sur ce créneau porteur.

Sur le long terme, la capacité d'innovation du Japon , qui détient le record mondial de 3,4 % de PIB consacré à la recherche-développement (France : 2,2 %), et sa maîtrise de créneaux technologiques d'avenir (robotique, nanotechnologies, biotechnologies, énergies vertes...) demeurent toutefois des atouts très sérieux et devraient lui permettre une nouvelle fois de surmonter ses difficultés.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page