C. LES TECHNOLOGIES DE L'INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION

Le secteur des TIC au Japon est le premier secteur industriel (9,7 % du PIB) et a contribué pour un tiers à la croissance du PIB en 2009. L'expansion rapide de l'utilisation de l'Internet et des communications mobiles a un important impact sur le style de vie des Japonais. Le gouvernement a mis en oeuvre des mesures de déréglementation afin d'introduire les principes d'économie de marché dans le domaine des télécommunications japonaises, et par ce biais accroître la compétitivité des compagnies japonaises sur les marchés internationaux.

Un premier pas dans cette direction s'est concrétisé avec la privatisation en 1985 du monopole des services téléphoniques exploités par l'État et la création qui s'en est suivie de Nippon Telegraph and Telephone Corporation (NTT). En 1999, NTT était réorganisée en tant que société de portefeuille supervisant deux compagnies téléphoniques régionales et une compagnie téléphonique d'appels longue distance. Le numéro deux des compagnies de télécommunications générales au Japon, maintenant connu sous le nom de KDDI Corporation, a été créé en août 2000 La déréglementation a encouragé de nombreuses nouvelles compagnies à entrer sur le marché japonais, y compris de grandes sociétés étrangères.

La régulation est opérée par le ministère en charge des télécommunications. Elle est orientée vers le déploiement d'infrastructures très haut débit et des politiques de subventions publiques ciblées pour le déploiement des réseaux (Grant-in-Aid system de 50 milliards de yens en 2009, IT Strategy en 2006, Strategy on bridging the digital divide en 2008).

1. Le déclin de la téléphonie fixe


• Sous l'impulsion de NTT, le Japon s'est doté de réseaux de communication performants et fiables. Le déploiement de la fibre optique date de 2001. Avec un taux de couverture de 90 % des foyers en janvier 2010 (47,6 millions de foyers), 96 millions d'internautes ont accès au très haut débit.

Le nombre d'abonnements à un service de téléphonie fixe est en déclin constant. Le marché est peu concurrentiel : seules quelques niches régionales échappent à l'opérateur historique. Le nombre de lignes diminue fortement (il est en progression de 1,1 % en France).


• la voix sur IP, la généralisation du mobile et l'extension des accès FTTH au détriment de l'ADSL, pénalisent l'activité ligne de téléphonie fixe dont le taux de déclin est aujourd'hui autour d'un million de lignes par trimestre.

2. Le boom de la téléphonie mobile

Le marché des télécommunications mobiles au Japon a pris un départ en 1979 avec l'introduction des services de téléphones de voitures. Avec les développements technologiques rapides qui ont permis de réduire la taille et le poids des téléphones portables tout en augmentant leurs capacités fonctionnelles, le marché a explosé au milieu des années 1990, et en 1999 le nombre de contrats de services de téléphones mobiles dépassait le nombre de contrats de services de téléphones fixes. En 2005, le nombre d'abonnés au téléphone mobile excédait 90 millions, et le taux de pénétration dans les ménages était de 85,3 % . La concurrence entre les compagnies de téléphones mobiles s'est intensifiée en 2006 avec l'introduction de la portabilité du numéro de téléphone qui permet à l'utilisateur de garder le même numéro lorsqu'il change de compagnie de téléphone.

Le marché est arrivé à maturité en termes d'abonnés (116 millions d'abonnés dont 97 % en 3G) :


• les opérateurs sont engagés dans une guerre des prix et une course à l'innovation de services ;


• la conversion des clients de la 2G à la 3G est presque achevée ;


• une tradition de pionnier : NTT DoCoMo, premier opérateur au monde à lancer un réseau 3G en 2001 et sera le premier à lancer le Long Term Evolution (LTE) nouvelle norme retenue par les opérateurs nippons. NTT envisage une couverture de 50 % de la population en 2014 ;


• le marché reste très fermé aux acteurs étrangers. Les acteurs nationaux sont puissants mais cantonnés à leur marché domestique ;


• inversement, les grands opérateurs japonais éprouvent de grandes difficultés à développer leurs activités à l'étranger.

Le marché a crû de 4,2 % en 2009, soit une croissance plus modérée qu'en 2008 (5,2 %), notamment à cause du difficile contexte économique qui a plombé la demande domestique ; mais le marché 3G a cependant connu un bond de plus de 10 % , dopé par la forte compétition (baisse des prix, diversité des téléphones) et la multiplication des contenus.

3. L'Internet

La croissance de l'utilisation d'Internet par le grand public s'est poursuivie à un niveau soutenu jusqu'à la fin de 2002 mais a quelque peu ralenti depuis. En 2005, le nombre d'utilisateurs d'Internet était estimé à 85,29 millions et le taux de pénétration était de 66,8 %. La croissance des années 2000 s'explique par l'augmentation rapide de l'utilisation des téléphones portables pour l'accès à l'Internet. En mars 2005, le Japon comptait environ 23 millions d'abonnés aux services à large bande, et le nombre de ménages raccordés en fibre optique ultra-rapide est en augmentation rapide. Le temps moyen passé en ligne en 2005 était estimé à 34 minutes par personne par jour, une personne se connectant en moyenne 28 fois par mois.

Les Japonais sont de gros utilisateurs de l'Internet :


• 3 Japonais sur 4 utilisent Internet, ce qui est considérable compte tenu d'une pyramide des âges vieillissante ;


• s'agissant des terminaux, les terminaux mobiles ont atteint la barre des 75 millions pour les mobiles, et 82 millions pour les PC ;


• l'Internet représente 26,4 % de tout le temps de contact des Japonais avec les médias ;


• pour les hommes de 20-29 ans, l'utilisation d`internet représente 48 % de leur temps-média, alors que la télévision n'en représente que 38 % ;


• 37 % des blogs dans le monde sont japonais ;


• l'Internet mobile a progressé de 60 % entre 2006 et 2008.

Le Japon est en avance sur les infrastructures très haut débit fixe. Depuis juin 2008 le nombre d'abonnés en fibre optique a atteint 17,2 millions dépassant celui de l'ADSL (10 millions).

La délégation s'est rendue au siège de NTT DoCoMo, qui gère les activités mobiles du groupe NTT . Elle s'est entretenue avec M. Suzuki, directeur général délégué et M. Kii, directeur du bureau des affaires internationales.

M. Suzuki a tout d'abord rappelé les liens étroits que son entreprise entretient avec des sociétés françaises, et notamment Bouygues Télécom. L'entreprise investit tant sur les réseaux que sur la fourniture de terminaux et se caractérise par une intégration verticale très poussée.

Le marché japonais montre clairement la poussée des smartphones : on en comptera 50 fois plus dans cinq ans et 200 fois plus dans dix ans, d'où la nécessité pour NTT DoCoMo de développer un nouveau modèle d'écosystème afin d'offrir de nouveaux services aux usagers.

L'entreprise est très sensible aux problèmes sociaux qui peuvent naître de la croissance des mobiles et un institut de recherches spécifique a été créé à cet effet.

NTT DoCoMo se développe également, comme les entreprises françaises, dans le secteur des contenus et noue des alliances dans ce domaine. En dehors du service de télévision sur mobile (offre gratuite one seg ) il propose un service BeeTV de vidéos adaptées aux mobiles (1 million d'abonnés) M. Suzuki a souligné la différence essentielle entre opérateurs européens et japonais qui tient à l'absence d'exclusivité afin que l'ouverture du marché à la concurrence profite de la meilleure façon au public. 40 % des abonnés disposent aujourd'hui du I-mode.

Interrogé sur le développement des réseaux en fibre optique, sur les difficultés éventuelles d'installation des antennes-relais et sur le développement de la télévision mobile personnelle et de la 4G, M. Suzuki a apporté les éléments de réponse suivants :

- l'actualité est dominée par le débat sur la couverture des 10 % restants de la population et les opérateurs souhaiteraient un financement public. Mais NTT DoCoMo ne reçoit aucune subvention actuellement. On compte aujourd'hui 60 000 bases de relais et la population ne manifeste aucune hostilité à cet égard. Aucune étude sérieuse n'a prouvé l'influence négative sur la santé. Selon lui, les risques sont sans doute plus importants avec les micro-ondes et compte tenu du développement de l'usage des oreillettes, la nocivité des mobiles n'est plus d'actualité ;

- l'objectif du déploiement du LTE est de faire basculer sur ce segment le nouveau réseau des 1 à 5 % d'utilisateurs qui génèrent 30 % du trafic ;

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