M. Michel BILLOUT, Président du groupe d'amitié interparlementaire France-Hongrie du Sénat

Mesdames et Messieurs,

Je tiens tout d'abord à remercier l'ensemble des intervenants pour leurs exposés de grande qualité, le public pour les questions pertinentes qu'il a posées et les contributions apportées, l'Ambassade de Hongrie bien sûr, en la personne de Monsieur l'Ambassadeur, pour l'importance qu'elle a prise dans l'organisation de ce colloque. Je remercie également nos deux interprètes pour leur travail exceptionnel, les services du Sénat et particulièrement Arnaud Pelletier, secrétaire exécutif du groupe d'amitié France-Hongrie qui est pour beaucoup dans la réussite de ce colloque.

Je me félicite effectivement qu'un débat serein et constructif ait pu avoir lieu au Sénat sur l'actualité et l'avenir de la Hongrie, alors que le sujet suscite bien souvent passion, émoi et inquiétude dans les médias.

Cette curiosité et cette inquiétude me semblent de bon aloi. Si des politiques, des intellectuels, des juristes, des journalistes et des citoyens sont préoccupés par les dernières réformes que la Hongrie a entreprises, c'est bien que ce pays intéresse, que l'Europe fait question et débat, qu'aucune démocratie n'est éternelle et qu'elle est un combat qui doit être gagné chaque jour.

Ma qualité de président du groupe interparlementaire d'amitié France-Hongrie du Sénat est à la fois enthousiasmante et délicate. Je n'ai pas manqué moi-même d'être inquiet devant les réformes menées par le gouvernement Orbán, la constitutionnalisation à outrance, le nombre pléthorique de lois votées par le Parlement en un temps record, la situation des journalistes mise à mal par des lois sur les médias restrictives en droits.

Tout ceci ne me semble pas faciliter la vie démocratique, notamment dans la perspective des prochaines élections législatives en 2014.

Je suis également choqué et peiné quand j'apprends qu'un journaliste particulièrement connu pour ses propos racistes et antisémites a reçu le prix le plus prestigieux pour un journaliste en Hongrie, des mains du ministre des Ressources humaines.

Mais je ne peux pas non plus me départir de la confiance que j'ai dans la Hongrie et les Hongrois, leur capacité à réagir et à ne pas céder aux vieux démons et aux sirènes de l'autoritarisme.

L'histoire hongroise, celle du XX ème siècle en particulier, est riche de ces moments difficiles où les Hongrois ont trouvé une voie bien à eux, surprenant les diplomates et observateurs, retrouvant les valeurs européennes et apportant une note des plus intéressantes dans le concert des Nations.

Aujourd'hui, la Hongrie est à la croisée des chemins. Des élections ont lieu l'an prochain et nous serons très attentifs au message que les électeurs feront passer, soit en confirmant la majorité en place, soit en faisant le choix de l'alternance.

Nul ne peut contester le caractère légitime de la majorité détenue par le Fidesz.

Pourtant, une victoire électorale n'est pas un blanc-seing qui permet de modifier radicalement le paysage institutionnel et constitutionnel d'un pays. La prudence doit être de mise quand on touche à l'organisation des pouvoirs publics.

Si certaines décisions nous paraissent faire sortir la Hongrie des « valeurs européennes », il nous faut donc à la fois respecter le choix démocratique fait par les Hongrois, tout en aidant ceux-ci à ne pas s'écarter de la voie de la modernisation de leur pays, à ne pas se replier sur eux-mêmes.

Nous n'avons pas de leçons à donner à la Hongrie, juste des espoirs à nourrir pour que ce pays ami du nôtre trouve toute sa place et son rôle en Europe, car personne n'a à gagner à ce qu'il s'en écarte.

Ce colloque a su aborder avec sérénité un certain nombre de sujets d'actualité. Il a pu approfondir nos connaissances, mettre en valeur ce qui fait débat. Peut-être contribuera-t-il à de nouvelles avancées.

Ce colloque n'est pas une fin en soi. J'espère qu'il sera suivi d'autres moments d'échanges et de confrontation ici, en Hongrie ou au sein des institutions européennes.

En tout état de cause, vous pouvez compter sur le groupe d'amitié France-Hongrie du Sénat tout comme sur la commission des Affaires européennes pour que l'amitié qui lie nos deux pays nous permette d'agir de concert en faveur du progrès social pour nos populations et d'une construction européenne plus apte à répondre aux défis du XXI ème siècle.

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