M. László CSABA, économiste, professeur à l'Université d'Europe centrale de Budapest

Mesdames et Messieurs,

Je pense qu'il est toujours utile de comparer la Hongrie avec les autres pays de la région. Une description précise de la situation hongroise impliquerait néanmoins une analyse bien plus approfondie que celle que je pourrais vous livrer aujourd'hui, tant les points de comparaison sont multiples.

Les dimensions économiques et sociales de la crise en Hongrie et ses impacts sur la gouvernance du pays constituent des points importants de préoccupation dans l'Union européenne. J'estime que la « crise » à proprement parler est aujourd'hui derrière nous. Néanmoins, la majorité des observateurs continuent d'employer ce terme.

Tout d'abord, j'observe que la crise en Hongrie n'a pas débuté en 2008 mais en 2005, lorsqu'après une période de croissance rapide de l'activité, celle-ci a connu une chute remarquable. La crise en Hongrie n'est pas en premier lieu une crise financière. Elle revêt plusieurs dimensions : crise de société, crise de croissance, crise de confiance de la part de l'Union européenne.

Si les indices financiers en Hongrie tendent à s'améliorer, l'activité productive reste faible et le marché du travail connaît une crise d'efficacité. La dépendance de la Hongrie aux autres pays européens est considérable, bien plus importante que la Suisse ou les Pays-Bas. Or les taux de croissance des économies européennes sont faibles et les perspectives d'avenir dans les États de l'Union européenne restent incertaines et font débat parmi les économistes.

Si l'ensemble des observateurs s'accorde sur l'existence d'une crise de croissance, j'estime que la crise de l'activité est plus grave encore. Le taux d'activité sur le marché du travail est très faible, s'établissant à 56 % en 2012, soit un niveau d'activité bien moindre que dans certains pays européens (78 % à 80 %).

Le taux d'endettement a diminué depuis l'arrivée au pouvoir du gouvernement, de 82 % à 77 %. Il aurait certes pu diminuer davantage, mais nous pouvons saluer cette évolution. L'objectif de réduction de la dette est prioritaire en Hongrie. Il a d'ailleurs été inscrit dans la Loi fondamentale.

S'agissant de la situation sociale, plusieurs problématiques sont à souligner :

- la Hongrie compte 3,3 millions de retraités pour une population totale de 10 millions de personnes. Le poids électoral des retraités conduit à privilégier, plus qu'ailleurs, le statu quo ;

- la part des jeunes sur le marché du travail est relativement faible ;

- le taux de scolarisation, après la période de scolarité obligatoire est extrêmement bas, nous pouvons d'ailleurs nous interroger sur les raisons de cette situation ;

- des inégalités territoriales importantes sont constatées s'agissant du chômage et de l'activité ;

- le taux d'activité des femmes est faible, n'atteignant pas 35 %.

Malgré ces difficultés, il nous faut rester lucides : la situation de la Hongrie n'est pas comparable à la situation économique de Chypre ou de la Roumanie. Néanmoins, l'une des difficultés majeures reste la faiblesse du taux d'investissement, très inférieur au seuil des 20 % qui permettrait de sécuriser l'économie hongroise. Au vu des éléments actuels et de manière réaliste, nous pouvons entrevoir une reprise de la croissance entre 2015 et 2018.

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