II. VIVRE AU SEIN DE L'EUROPE : LES CONTRAINTES DE L'INTÉGRATION

Depuis le début de la transition, la Hongrie a accompli des efforts extrêmement importants, au prix de lourds sacrifices, pour répondre au défi de l'adhésion. Devenue membre de l'Union européenne, elle doit poursuivre la modernisation de son économie et maintenir le même niveau d'exigence. Or, si elle conserve une bonne part de la dynamique engagée ces dernières années, elle semble néanmoins marquer le pas. Des tensions internes quant au bien-fondé de la politique de rigueur ont fragilisé le consensus politique. Après avoir appartenu longtemps au peloton de tête des nouveaux Etats membres (avec l'Estonie et la Pologne), la Hongrie se trouve aujourd'hui confrontée à des difficultés budgétaires sérieuses, pesant sur l'objectif du passage à l'euro, et à des déséquilibres structurels qui entament sa compétitivité comparativement à celle de ses voisins.

A. L'IMPACT POLITIQUE

Se voulant le rassembleur de la société hongroise, M. Peter MEDGYESSY, « le Premier ministre de dix millions de Hongrois », investi en 2002, a longtemps bénéficié d'une cote de popularité largement positive et a surmonté la crise survenue deux mois après son investiture, à la suite des attaques personnelles dont il avait fait l'objet.

Cependant, cet « état de grâce » s'est bientôt heurté à la nouvelle donne économique résultant de l'intégration européenne, qui faisait ressortir la nécessité d'instaurer durablement une politique de rigueur.

Les orientations budgétaires annoncées par le ministre des finances et, plus généralement, l'inspiration de la politique économique et sociale du Gouvernement, ont suscité des dissonances au sein de la majorité.

Un mois après l'adhésion, le résultat des élections européennes, remportées par la FIDESZ - 47,7 % des voix pour le parti de M. ORBAN, contre 42 % pour la coalition gouvernementale - a traduit une érosion de la popularité du Premier ministre et accentué la crise au sein de la gauche hongroise.

Pour sortir de la crise, le MSZP s'est résolu à retirer sa confiance à M. Peter MEDGYESSY, désignant pour lui succéder au poste de Premier ministre M. Ferenc GYURCSANY , ministre des sports du gouvernement MEDGYESSY. La coalition gouvernementale a ainsi évité la rupture qui aurait conduit à des élections législatives anticipées ; dans cette hypothèse, ses chances de l'emporter face à l'opposition FIDESZ, compte tenu des résultats des élections européennes, auraient été réduites.

Après la démission de M. MEDGYESSY, M. Ferenc GYURCSANY, bénéficiant de la totalité des voix de la coalition gouvernementale (197 voix), a été investi par le Parlement, le 29 septembre 2004, au poste de Premier ministre. La transition s'est cependant faite « à la hongroise », sans rupture radicale, M. GYURCSANY ayant rendu hommage au travail de son prédécesseur, en le chargeant de défendre les intérêts hongrois sur la scène internationale en tant qu'ambassadeur itinérant du Gouvernement.

M. GYURCSANY a imposé un nouveau style de gouvernement . La nouvelle équipe au pouvoir marque l'arrivée d'une nouvelle génération de personnalités jusque-là peu connues, issues de la province et ayant émergé après la transition. Il faut souligner que M. GYURCSANY est le premier dirigeant des nouveaux Etats membres de l'Union européenne à prendre ses distances avec les Etats-Unis, notamment en annonçant, le 3 novembre 2004, le retrait de 300 militaires hongrois déployés en Irak.

Tenant d'une approche social-démocrate se référant au modèle britannique, M. GYURCSANY a souhaité mettre l'accent sur la justice sociale et la poursuite du processus d'intégration au sein de l'Union, en marquant ses priorités en faveur de la conception du plan Europe de développement national 2007-2013 et la participation à l'euro dès 2010.

D'autres remaniements :

Lors de la mission de notre délégation, le Ministre des finances, M. Tibor DRASKOVICS , a été relevé de ses fonctions et remplacé par M. Janos VERES , Chef de cabinet de M. GYURCSANY et ancien secrétaire d'Etat politique au ministère des finances, afin d'instaurer une politique plus stricte pour remédier au dérapage du déficit budgétaire. M. VERES est le troisième ministre des finances issu de la coalition socialiste-libérale au pouvoir depuis 2002.

Au même moment, le ministre de l'agriculture, M. Imre NEMETH , a été remplacé par M. Jozsef GRAF , à la suite des manifestations massives d'agriculteurs protestant contre les retards de versement des aides communautaires, alors même que les prix agricoles accusaient une baisse de 11,4 % en 2004.

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