Groupe interparlementaire d'amitié

France - Brésil

Média de source

Un nouvel acteur sur la scène journalistique brésilienne

Un regard sur l'action médiatique du Sénat fédéral du Brésil

Francisco Cláudio Corrêa Meyer Sant'Anna

Thèse honorée d'une mention spéciale

par le Jury du Prix de thèse du Sénat pour 2008

_____________________________________________

N° GA 82 - Avril 2009

MEDIA DE SOURCE

UN NOUVEL ACTEUR SUR LA SCENE JOURNALISTIQUE BRESILIENNE

UN REGARD SUR L'ACTION MÉDIATIQUE DU SÉNAT FÉDÉRAL DU BRÉSIL

Francisco Cláudio Corrêa Meyer Sant'Anna

Thèse honorée d'une mention spéciale

par le Jury du Prix de thèse du Sénat pour 2008

REMERCIEMENTS

Mes remerciements s'adressent à mon directeur de thèse, Monsieur Denis Ruellan, pour sa disponibilité et la persistance de son appui, et aux membres du Jury qui m'ont fait l'honneur de participer à la soutenance.

Je remercie sincèrement tous ceux qui ont m'aidé, dès le processus de collecte de données, notamment mes étudiants de l'Université de Brasilia et les journalistes enquêtés, jusqu'à la phase de rédaction finale. J'exprime également une reconnaissance particulière à ceux qui ont corrigé en français mes écrits, et à tous mes collègues doctorants, aux personnels administratifs et aux chercheurs du Crape, qui m'ont accueilli en France.

Enfin, sans l'aide du Senado Federal du Brésil et du Sénat de la Republique Française, il n'aurait pas été possible de développer ce travail et de faire publier cette thèse en France.

Je tiens enfin à remercier ma famille, ma femme et mes filles, qui m'ont apporté tout le soutien nécessaire pour que cette thèse soit conclue.

Sans toutes ces personnes, cette thèse n'aurait peut-être jamais vu le jour.

Ce livre est dédié à ceux qui utilisent la diffusion d'information pour transformer le monde et construire une planète plus équitable.

L'information ne nous rend plus savants que si elle nous rapproche des autres.

José Saramago 1 ( * )

PRÉFACE


de M. Roland du Luart

Sénateur, président du groupe interparlementaire d'amitié France - Brésil

En ma qualité de président du groupe interparlementaire d'amitié France - Brésil, j'ai le plaisir de souligner l'intérêt de la thèse de M. Sant'Anna, qui lui a valu d'être distinguée par une mention spéciale du Sénat, attribuée pour la première fois à un journaliste brésilien, parfaitement francophone. Ainsi que l'a décidé le jury du prix de thèse 2009 du Sénat, elle sera publiée dans la collection des groupes interparlementaires d'amité du Sénat de la République française.

Cette distinction marque aussi, en cette année de la France au Brésil, qui fait suite au vif succès de l'année du Brésil en France, Brésil Brésils , en 2005, l'intérêt grandissant que le Brésil, puissance émergente, suscite en France.

La France est déjà très présente au Brésil, à travers une programmation artistique riche et diversifiée et des coopérations vivantes dans les domaines scientifique, technique, universitaire, économique. Français et Brésiliens se parlent, échangent, se disputent, réfléchissent ensemble, agissent ensemble.

Il est donc particulièrement heureux que cette thèse s'ouvre par cette citation du grand écrivain de langue portugaise José Saramango, prix Nobel de littérature en 1998 : « L'information ne nous rend plus savante que si elle nous rapproche des autres ».


La proximité de la France et du Brésil n'est pas seulement géographique. Certes, on oublie souvent que nous entretenons une frontière terrestre commune de plusieurs centaines de kilomètres avec ce pays, grâce à la Guyane. Lieu de la rencontre du 12 février 2008 entre le président de la République et le Président Lula à Saint Georges de l'Oyapock, elle devrait se matérialiser prochainement par la construction d'un pont, symbole du rapprochement de nos deux pays.

Mais cette proximité est surtout culturelle. La France et le Brésil partagent des valeurs communes, notamment pour la protection de l'environnement et la promotion de la diversité culturelle, comme en témoigne la volonté, marquée depuis 1995, d'établir un nouveau partenariat politique.

Cette thèse, réalisée à l'Université de Rennes, qui porte un regard sur l'action médiatique du Sénat fédéral du Brésil, souligne le rôle de cette institution dans la vie politique brésilienne. On sait que la constitution de 1988, adoptée après le retour à la démocratie, a conservé une structure parlementaire bicamérale et a même élargi les compétences du Sénat en matière de gestion économique et financière de l'Union et de nomination des membres des tribunaux supérieurs et des dirigeants des grands organes de l'administration publique.

On connaît également les difficultés d'une assemblée parlementaire à communiquer. Les débats parlementaires intéressent moins l'opinion et sont de plus en plus ignorés par la presse « d'information politique et générale ». Comment apparaître dans le champ de la médiasphère, chère à Régis Debray, diffuser un message donné parmi les flux d'information en direction d'une opinion saturée, et capter ainsi l'attention du public ? Quelle place pour la démocratie représentative dans la démocratie d'opinion qui se forme grâce à un internet ?

Pour cette brillante thèse, le média de source est en quelque sorte un « média immédiat » qui permet à une institution de s'adresser directement à l'opinion publique, sans passer par l'intermédiaire des médias traditionnels. L'objectif, c'est la maîtrise et la diffusion de sa propre information, afin d'assurer une visibilité de cette information sur la scène publique. L'émetteur devient ainsi le média.

Au Brésil, comme en France, la presse, considérée comme un spectateur extérieur aux faits, a perdu la maîtrise totale de la scène informative. Elle est désormais concurrencée par les institutions qui sont à la fois les sources de l'information et les vecteurs de l'information sur la scène publique.

Cette mutation profonde du paysage médiatique mondial, le Sénat fédéral du Brésil l'a parfaitement analysée et en a tiré de riches enseignements, y compris pour le Sénat de la République française.

M. Sant'Anna en a été un observateur privilégié en tant que l'un des journalistes du service de la communication de l'institution sénatoriale brésilienne. Celle-ci a pris à bras le corps ce défi de la communication en investissant tous ses aspects : radio, chaîne parlementaire, journal, agence de presse et radio-agence. Outre les 127 professionnels recrutés par le Sénat brésilien, 107 journalistes de la presse écrite étaient accrédités en 2005. Cet intérêt soutenu des médias ne peut que susciter une certaine nostalgie, voire jalousie, au Palais du Luxembourg. Hélas, l'influence de cette politique de communication sur la grande presse n'est pas à la hauteur des moyens déployés. Toutefois, pour la « petite presse », pour les médias de moindre envergure, en particulier radiophonique, les médias du Sénat brésilien se révèlent importants voire indispensables pour « viabiliser l'existence de leurs programmes d'information politico-parlementaire ». Pour l'auteur, au Brésil, si la capacité à introduire de nouveaux thèmes dans l'agenda de la presse traditionnelle paraît limitée, les agences de sources n'en occupent pas moins une place sans cesse grandissante et prioritaire par rapport aux agences de presse traditionnelles.

Outre les informations précises sur la politique de communication du Sénat fédéral, la thèse contient de passionnants développements sur l'histoire et la structure du paysage médiatique brésilien.

Mais elle révèle, ce qui peut paraître surprenant, voire paradoxal, compte tenu des différenciations institutionnelles entre une seconde chambre fédérale et une seconde chambre d'un Etat unitaire et décentralisé, une réelle proximité de préoccupations entre nos deux institutions. Comme son homologue brésilien, le Sénat français est à la recherche d'une politique de communication lui permettant d'investir les nouveaux champs médiatiques. Une chaîne parlementaire et un site internet, parmi les plus visités de la sphère publique française, ont complété les publications traditionnelles sur papier. Une communication évènementielle, foisonnante et en voie de rationalisation, a été développée. Cependant, comme l'a souligné avec pertinence le nouveau président du Sénat, M. Gérard Larcher, dans les priorités qu'il a définies en septembre 2008 pour donner un nouveau cap pour notre assemblée, celle-ci doit « rechercher une meilleure couverture médiatique de nos actions avec le développement de partenariats avec les médias de province, la création d'un club de la presse régionale, le choix d'internet comme mode privilégié de communication » afin de « donner un écho plus large à nos travaux d'information, de contrôle et de prospective ». Cette thèse fournira des éléments de réflexion et de comparaison forts utiles.

Mais au-delà, cet ouvrage suscitera, j'en suis persuadé, un réel intérêt chez les sénateurs français comme chez tous ceux qui se préoccupent de l'écho que les débats politiques, en particulier parlementaires, peuvent désormais rencontrer dans une société qui a désormais accès à toutes les informations et porte un regard permanent, critique et direct sur ses institutions représentatives. Celles-ci sont confrontées à de nouveaux défis, dont celui de la communication, et donc de la transparence, n'est pas le moins décisif. Cette réflexion commune, franco-brésilienne, doit tracer les perspectives nouvelles du « journalisme parlementaire d'influence » dans un futur univers journalistique toujours plus complexe.


* 1 Saramago, José, 2.000, p. 5.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page