Colloque Europe centrale du 5 février 2004
Table des matières
- Europe centrale : pleins feux sur la République tchèque et la Slovaquie
 - 
                                            
- Ouverture
 - Regard de deux pays d'Europe centrale sur l'Union européenne à la veille de leur adhésion
 - Europe centrale : les enseignements du Tableau de bord 2003 du CERI
 - L'euro et les pays de l'élargissement : le cas de la République tchèque et de la Slovaquie
 - Perspectives économiques et commerciales de la République tchèque et de la Slovaquie
 - Facteurs de croissance et réformes structurelles, Aude HAPIOT
 - Des entreprises françaises témoignent
 
 
                                        
                                            
                                            Europe         centrale : pleins feux sur la République         tchèque et la Slovaquie
                                            
                                            Actes du colloque du jeudi 5 février 2004
                                        
                                    
                                    
                                        Sous         le haut patronage de M. Christian Poncelet,         Président du Sénat
                                        
                                        et sous l'égide des Groupes interparlementaires         France-République tchèque
                                        
                                        et France-Slovaquie
                                        
                                        
                                            
                                                
                                                En présence de :
                                                
                                                S. Exc. Maria KRASNOHORSKA, Ambassadeur de Slovaquie en         France
                                                
                                                S. Exc. Pavel FISCHER, Ambassadeur de la République         tchèque en France
                                                
                                                Florence DOBELLE, Chef de la Mission économique         à Prague
                                                
                                                Dominique LAPIERRE, Chef de la Mission économique         à Bratislava
                                                
                                                
                                                
                                            
                                        
                                    
Ouverture
Christian PONCELET, Président du Sénat
                                        Bonjour à tous et à toutes. Le         Sénat est particulièrement fier d'accueillir         aujourd'hui ce colloque économique sur la         République tchèque et la Slovaquie, à         quatre mois de l'entrée officielle de ces deux pays         amis dans l'Union européenne. Je vous adresse mes         souhaits de très cordiale bienvenue. Je tiens         à remercier les représentants d'UBIFRANCE -ex         CFCE- pour leur contribution active à l'organisation         de cette rencontre. Je voudrais également saluer le         concours précieux que nous apporte aujourd'hui le         Centre d'Etudes et de Recherches Internationales (CERI)         dont le Directeur, Monsieur Jaffrelot, nous fait         l'honneur de sa présence.
                                        
                                        
                                        Je note que notre colloque est une sorte de retour aux         sources ; en effet, en 1998 et en 1999, nos deux         premières rencontres de ce type avaient         déjà porté sur la République         tchèque et la Slovaquie ; depuis lors, nos         prévisions ne se sont pas démenties. Nous         voyons là toute l'importance du chemin parcouru par         nos amis tchèques et slovaques depuis cinq ans, sur         la voie de l'Europe élargie.
                                        
                                        
                                        Pour m'en tenir au seul aspect économique, je         constate que ces deux pays ont d'abord dû, en         très peu de temps, modifier des pans entiers de leur         législation, pour la mettre en conformité         avec les exigences européennes. Le travail à         accomplir était d'autant plus ardu que leurs textes         économiques fondateurs étaient encore         marqués par certaines survivances du régime         collectiviste antérieur. Il fallait beaucoup de         courage pour engager ces réformes aussi rapidement.         Je suis très admiratif du travail         considérable qui a été accompli dans         ce domaine, et plus admiratif encore lorsque je le compare         aux retards que nous, Français, accumulons pour la         transposition des directives européennes et pour la         publication des textes réglementaires         d'application.
                                        
                                        
                                        La perspective de l'adhésion a par ailleurs induit         un très ample mouvement de privatisation, tant en         République tchèque qu'en Slovaquie. Ces deux         pays ont dû ouvrir leurs frontières         économiques aux opérateurs étrangers         avec, bien sûr, la remise en cause de situations         acquises que cette évolution pouvait impliquer. Il         est sans doute trop tôt pour porter un jugement         définitif sur cette rénovation profonde des         systèmes juridiques et commerciaux tchèques         et slovaques, mais force est de reconnaître,         dès à présent, que les         économies de ces deux futurs partenaires se portent         dans l'ensemble assez bien.
                                        
                                        
                                        En République tchèque, la croissance reste         à la hausse, même si les taux de 2002         et 2003 ont marqué un léger         ralentissement par rapport à ceux enregistrés         quelques années auparavant. Dans le même         temps, les investissements directs étrangers sont         passés de 2,5 milliards de dollars en 1995         à 8 milliards de dollars en 2002, signe de         la confiance que l'économie du pays inspire aux         milieux d'affaires internationaux, en Europe notamment. La         Slovaquie affiche des résultats encore plus         favorables, avec un taux de croissance de plus         de 4,4 % en 2002, un des plus         élevés d'Europe centrale.
                                        
                                        
                                        Les investissements étrangers ont augmenté de         près de 40 fois depuis 1995, atteignant         aujourd'hui 4 milliards de dollars. La presse         économique occidentale n'hésite d'ailleurs         plus à envisager, à propos de la Slovaquie,         la naissance - non pas d'un dragon - mais d'un         « tigre européen », pour         reprendre l'expression du dernier
                                        
                                            Courrier des Pays de         l'Est.
                                        
                                        
                                        
                                        Bien sûr, ces réformes ont imposé des         sacrifices à une population qui n'y était pas         toujours bien préparée. Je songe, en         particulier, au taux de chômage, assez         élevé en République tchèque         - environ 9 % de la population active         en 2002 - et plus encore en Slovaquie, avec         près de 17 % sur la même         période. De fait, les restructurations industrielles         liées aux privatisations ont entraîné         un nombre considérable de suppressions d'emplois, et         avec elles, une certaine méfiance dans l'opinion         publique face à l'ouverture des frontières.         Que ces deux pays se rassurent : d'autres Etats -dont         la France- ont aussi connu ces difficultés, mais         l'Europe leur permet de mieux y faire face.
                                        
                                        
                                        Plutôt que d'aligner les indicateurs         économiques - je laisse ce soin aux         spécialistes du CERI qui, dans quelques instants,         vont vous présenter leur « tableau de         bord des pays d'Europe centrale » -, je         voudrais surtout souligner le capital de confiance et         d'intérêt dont la République         tchèque et la Slovaquie jouissent dans les milieux         économiques d'Europe de l'Ouest. J'en veux pour         preuve l'implantation rapide des grandes compagnies         européennes, aussi bien en République         tchèque - Peugeot, Citroën, Vivendi,         etc. - qu'en Slovaquie (comme, à nouveau, le         groupe Peugeot qui va investir 710 millions d'euros         dans sa nouvelle usine).
                                        
                                        
                                        D'autres leaders n'ont pas hésité à         s'implanter dans l'un ou l'autre de ces deux pays, par         exemple Carrefour dans le secteur de la grande         distribution, ou la Société         Générale dans celui des activités         bancaires. Sans compter que le développement         économique des nouveaux adhérents offre aussi         des opportunités à nombre de petites et         moyennes entreprises, qui trouvent utilement à         employer leur savoir-faire en Europe centrale. Elles y         trouvent généralement une main d'oeuvre de         qualité, bien formée et prête à         s'engager : voilà des atouts précieux         car, comme je le répète souvent, la         compétitivité d'une entreprise dépend         avant tout de la qualité des hommes.
                                        
                                        
                                        Beaucoup voient le prochain élargissement de l'Union         européenne comme un sujet d'inquiétude. Pour         ma part, je préfère y voir une chance         exceptionnelle. Les entreprises tchèques et         slovaques vont saisir cette chance. Les entreprises         françaises devront être aussi         réactives.
                                        
                                        
                                        Je suis persuadé qu'avec les conseils         éclairés d'UBIFRANCE et l'expertise du CERI,         tous les participants à ce colloque partageront         à l'issue de vos travaux, non seulement ma         conviction - j'allais dire mon enthousiasme -         mais surtout l'amitié et l'attachement         sincères que le Sénat porte à nos amis         tchèques et slovaques.
                                        
                                        
                                        A tous, je souhaite de fructueux travaux, en         espérant que vous garderez de votre passage au         Sénat un bon souvenir qui vous incitera à y         revenir.
                                    
Paul GIROD Sénateur de l'Aisne
                                        Mesdames Messieurs, je m'exprime au nom du groupe         d'amitié France-Slovaquie, et au nom du groupe         d'amitié France-République tchèque         dont le Président, mon collègue Philippe         NACHBAR, n'a pas pu se joindre à nous ce matin. Ces         deux groupes travaillent pour que des liens puissants se         maintiennent entre le Parlement français et le         Parlement de ces deux républiques. Au moment de la         séparation entre République tchèque et         Slovaquie, une certaine incompréhension         régnait en France ; nos groupes d'amitié         se sont justement assigné pour but de maintenir des         liens avec les deux pays. Nous nous réjouissons         aujourd'hui de constater qu'ils entrent ensemble dans         l'Union européenne, et ont continué à         collaborer.
                                        
                                        
                                        Evidemment, nous mesurions les exigences fortes         imposées par l'Union européenne aux pays         candidats à l'adhésion. Ces exigences         pouvaient même être ressenties comme un droit         d'entrée lourd à payer pour revenir dans un         ensemble auquel la République tchèque et la         Slovaquie appartenaient naturellement. Je pense donc que         nous devons avoir, pour ce colloque, un point de         repère clair : Slovaquie et République         tchèque ont dû consentir d'importants         sacrifices pour atteindre leur situation actuelle, tant         d'un point de vue politique qu'économique. Je         souhaite pour ma part que les liens entre la France, la         République tchèque et la Slovaquie se         renforcent. Je crois également que l'entrée         de ces deux pays dans l'Union européenne marquera un         tournant fort dans l'histoire de notre continent.
                                        
                                        
                                        
                                            Christian PONCELET
                                        
                                        
                                        
                                        Il est vrai que notre connaissance des pays d'Europe de         l'Est, pendant l'époque communiste, était         très mauvaise. En effet, certains voulaient nous         présenter ces régimes comme paradisiaques,         mais les gens se sont rapidement rendus compte que la         situation était bien différente.
                                    
Christophe JAFFRELOT, Directeur du Centre d'Etudes et de Recherche Internationales (CERI)
                                        Je         souhaite tout d'abord remercier le Sénat de nous         accueillir aujourd'hui pour ce colloque consacré         à la Slovaquie et la République         tchèque. J'adresse également mes         remerciements au CFCE, pour l'organisation de cette         rencontre. Pour le CERI, l'Europe centrale est devenue une         zone prioritaire, en raison de la sous-information, voire         de la désinformation qui touche encore cette zone         géographique. Le CERI conduira plusieurs actions         pour mieux connaître les pays d'Europe centrale, et         ceci dès cette année. Ainsi, le nombre de         chercheurs dédiés à l'étude de         cette zone se renforcera. Nous préparons en outre de         nouvelles publications - l'une sera notamment         consacrée à la République         tchèque -, et organiserons plusieurs colloques.         Par ailleurs, nous continuerons à publier le Tableau         de bord des pays d'Europe centrale et orientale, document         devenu, pour le CERI, une véritable         institution.
                                        
                                        
                                        Trop souvent les chercheurs sont accusés de vivre         dans une tour d'ivoire, sans lien avec la         société. Or le tableau de bord est à         destination des entreprises et des administrations. Il         s'agit d'une logique nouvelle pour les chercheurs, et force         est de constater que cette publication est un         succès. Des entreprises ont désormais         accès aux expertises conduites par notre Centre, ce         qui constitue de toute évidence une approche         nouvelle. Cette étude constitue en outre un produit         d'appel, et je souhaite vivement qu'il amène les         entreprises à travailler plus largement avec         nous.
                                    
Agnès GABORIT, Directrice Evénements et prospectives marchés, UBI FRANCE
Ce colloque est la troisième édition de la collaboration que nous conduisons avec le CERI, pour présenter le Tableau de bord sur les pays d'Europe centrale et orientale, établi par ce Centre de recherche. L'année dernière, la réunion avait porté sur quatre pays d'Europe centrale et orientale. Cette année, nous avons décidé de nous consacrer à la Slovaquie et à la République tchèque, en raison de la masse des investissements occidentaux réalisés dans ces deux pays. Je ne vous citerai que quelques chiffres : la France se place au quatrième rang des investisseurs en République tchèque, et le deuxième en Slovaquie. C'est la raison pour laquelle que nous avons décidé d'inviter plusieurs représentants de grandes sociétés françaises - Carrefour, PSA, Société Générale -, qui y réalisent d'importants investissements. Nous allons auparavant écouter les Ambassadeurs de Slovaquie et de République tchèque en France.
Regard de deux pays d'Europe centrale sur l'Union européenne à la veille de leur adhésion
Son Excellence Maria KRASNOHORSKA, Ambassadeur de Slovaquie en France
                                        C'est un grand honneur pour moi de participer         à ce colloque, consacré à la         République tchèque et à la Slovaquie,         dont l'importance est évidente. Son cadre m'inspire         quelques remarques. Tout d'abord, je souhaite poser une         question quelque peu provocatrice. Il y a dix ans, trois         pays, en Europe, ont subi une division : la         Yougoslavie, l'URSS et la Tchécoslovaquie ;         imaginez-vous d'inviter conjointement des         représentants des Etats qui composaient initialement         l'un ou l'autre de ces deux premiers pays ? Dans le         même temps, inviter conjointement les Ambassadeurs de         la République tchèque et de la Slovaquie         constitue une évidence. Par ailleurs, nous ne         pouvons que souligner les relations extraordinaires, d'un         point de vue culturel, existant entre les Tchèques         et les Slovaques.
                                        
                                        
                                        Le premier accord de coopération avec l'Union         européenne a été signé         en 1992. Par la suite, la Slovaquie et la         République tchèque ont poursuivi des         discussions séparées en vue de leur         adhésion. Je dois rappeler à ce titre que,         dans un premier temps, la Slovaquie a été         écartée de la vague de nouvelles         adhésions décidée en 1997, et a         subi dans ce cadre un retard de deux années. Force         est de constater qu'elle a rapidement comblé son         retard, notamment grâce à l'aide         conséquente apportée par ses voisins. Ainsi,         solidarité et maturité caractérisent         de toute évidence l'Europe centrale.
                                        
                                        
                                        En décembre dernier, beaucoup de gens ont         été très déçus de         constater que les chefs d'Etat et de Gouvernement n'ont pas         pu trouver un consensus sur le texte du projet de         Constitution. La Slovaquie a partagé cette         déception, considérant que le cadre de la         future grande Europe devait être tracé. Pour         autant, nous estimons que cela ne constitue en aucun cas         une tragédie. Pour autant, une véritable         coopération doit voir le jour, et doit associer tous         les partenaires, faute de quoi la chance qui est devant         nous se trouverait réduite à néant.         Nous aurions également de réelles         difficultés à expliquer aux 92 % de         Slovaques qui se sont prononcés en faveur de         l'adhésion que l'Union européenne se         trouverait dans l'incapacité de tracer le cadre de         nos relations futures. Je dois dire enfin que notre         confiance dans l'actuelle présidence irlandaise,         comme d'ailleurs plus généralement, à         tous nos partenaires européens.
                                    
Son Excellence Pavel FISCHER, Ambassadeur de République tchèque en France
                                        C'est pour moi un grand plaisir de pouvoir         intervenir dans le cadre de ce colloque, qui met toute la         lumière sur nos deux pays. Je me limiterai à         trois remarques, essentiellement lexicales : tout         d'abord, le Petit Robert, à propos du vocable         « adhérer », indique que         l'adhésion est synonyme notamment de         « coller », « d'être         partisan de ». Nous oublions en effet parfois le         sens du terme         « adhésion » : il faut         « être partisan de ». Nous         oublions également pourquoi nous souhaitons autant         faire partie du projet européen ; force est de         constater que les mots manquent parfois.
                                        
                                        
                                        La transposition de l'acquis européen dans nos pays         est évidemment un devoir, que nous nous employons         à remplir. Mais c'est aussi un cadeau et plus         généralement, je crois qu'il s'agit d'un         projet que nous devons conduire ensemble.
                                        
                                        
                                        Il est souvent dit que notre entrée dans l'Union va         provoquer de nouvelles délocalisations, de France         vers nos pays. Ça n'est pas toujours vrai. Ainsi,         pour la filière textile, par exemple, les         délocalisations n'ont pas lieu en République         tchèque ou en Slovaquie. Si l'industrie textile         n'existe plus en France, elle n'existe plus non plus en         République tchèque. Je crois enfin pouvoir         dire que l'intégration européenne doit         être un jeu gagnant/gagnant, ce ne doit pas         être un jeu à somme nulle. Ce point doit         clairement demeurer dans nos esprits.
                                    
Europe centrale : les enseignements du Tableau de bord 2003 du CERI
Jean-Pierre PAGE, Consultant au CERI - Sciences Po, Directeur du « Tableau de bord des pays d'Europe centrale et orientale »
Je parlerai peu de la République tchèque et de la Slovaquie, qui ont déjà été évoquées par le Président Poncelet. Je vous présenterai plutôt une vue d'ensemble des pays d'Europe centrale.
I. Quelques données économiques prometteuses
                                        Nous         devons tout d'abord souligner la remarquable         résistance de cette zone à la crise mondiale.         Cette croissance s'est manifestée par une forte         croissance. Pour les cinq pays d'Europe centrale, en effet,         le PIB a augmenté de 2,2 % en 2002 et         de 3 % en 2003, croissance supérieure         de deux points à celle de la zone euro         en 2002.
                                        
                                        
                                        Entre 1995 et 2003, la croissance dans la         région a atteint 3,5 % par an, là         encore supérieure à celle de l'Union         européenne sur la même période. La         croissance est encore plus remarquable dans les Etats         baltes, que nous pouvons considérer comme de         « petits tigres » :         + 6 % par an depuis 2000. Ce mouvement         général est d'autant plus remarquable qu'il         n'a pas compromis la stabilité financière. La         croissance n'est en effet pas tirée par la demande         externe, celle-ci étant même en recul. C'est         bien la demande domestique qui a tiré la croissance,         en prenant le relais de la demande extérieure, le         commerce extérieur apportant une contribution         faible, voire négative.
                                        
                                        
                                        La demande publique a également soutenu la         croissance. En effet, ces pays ont conduit une politique de         finances publiques plus accommodante et une politique         monétaire assouplie. Tout se passe comme si une         politique keynésienne avait été mise         en place pour compenser l'affaiblissement de la demande         externe. Cela est remarquable, dans la mesure où la         stabilité financière n'a pas         été remise en cause. Ainsi, la         décélération de l'inflation s'est         poursuivie ; l'équilibre extérieur ne         s'est pas détérioré, il s'est         même amélioré. Le déficit         commercial des cinq pays d'Europe centrale s'est en effet         nettement réduit. La balance des transactions         courantes s'est maintenue. La bonne tenue du commerce         extérieur est d'autant plus remarquable que les         monnaies ont eu tendance à s'apprécier. Cette         appréciation s'est effectuée tant par rapport         au dollar qu'à l'euro.
                                    
II. Des difficultés à surmonter
                                        Pour         autant, une zone de fragilité existe : il         s'agit des finances publiques. En effet, le déficit         public s'est dégradé dans les quatre pays du         groupe de Visegrad, passant de 5 %         à 8 % en l'espace de deux années.         En 2003, les chiffres demeurent élevés,         même si une réduction est perceptible en         République tchèque et en Hongrie. En Pologne         et en Hongrie, la réforme du système des         retraites, qui a été récemment         lancée, a clairement pesé sur les finances         publiques. La restructuration des banques en         République tchèque a également         pesé sur les finances de ce pays.
                                        
                                        
                                        En outre, la situation de l'emploi demeure un point         noir : en 2002, pour l'ensemble des pays         candidats, l'emploi se situait à 80 % du         niveau de 1989. Ce fait conduit certains         économistes à parler de croissance sans         emploi. Sans partager totalement ce point de vue, je pense         que cette donnée doit clairement nous interroger. En         ce qui concerne la productivité industrielle, les         pays d'Europe centrale et orientale ont connu une forte         amélioration, tout en créant peu d'emplois.         Le chômage des cinq pays d'Europe centrale s'est         accru au cours des trois dernières années         (15,7 % en 2003) ; la Pologne subit un         taux de chômage proche de 20 % ; en         Slovaquie, il s'élevait encore         à 17 % en 2003.
                                        
                                        
                                        Malgré l'assouplissement des politiques         monétaires, les taux d'intérêt         demeurent très élevés et dissuasifs         pour les emprunteurs du secteur productif. Ces taux sont         supérieurs à 10 % en Hongrie et en         Pologne. Dans ces conditions, le secteur bancaire         éprouve des difficultés à jouer son         rôle d'intermédiation. Les marchés         financiers sont encore marginaux pour le financement des         entreprises.
                                    
III. Zoom sur quelques pays
                                        La         Pologne a posé problème au cours des         dernières années, en perdant son statut de         « meilleur élève ».         Aujourd'hui, la situation s'améliore : la         croissance reprend (3,5 % en 2003), le         commerce extérieur demeure favorable, l'inflation         est faible. Dans le même temps, le chômage est         au plus haut, les finances publiques sont encore dans une         situation critique. La réforme du secteur agricole         constitue également un réel         problème.
                                        
                                        
                                        La Hongrie, quant à elle, connaît une         détérioration de sa situation. Elle a         accompli un effort de rattrapage important en ce qui         concerne les salaires publics, ce qui a creusé le         déficit. Le déficit extérieur a         également crû : certains investissements         se sont dirigés vers d'autres pays. La monnaie         hongroise a par ailleurs, subi des attaques.
                                        
                                        
                                        La Slovénie pourrait être         considérée comme « l'homme         tranquille » de la région. La         stabilité politique est de mise, la croissance est         modérée tout en demeurant constante.         L'inflation décélère doucement. On ne         constate pas de déséquilibres marqués         et le taux de chômage est globalement         modéré.
                                        
                                        
                                        Les pays baltes, y compris la Lituanie, se portent         bien.
                                    
IV. Conclusion
                                        En         conséquence, la situation économique,         à l'orée de l'entrée dans l'Union         européenne, est globalement satisfaisante. Tous ces         pays ne doivent pas se précipiter trop vite vers         l'euro. En effet, il y a là un danger au vu des         contraintes imposées par la zone euro et le         SME bis. Une certaine souplesse doit être         conservée au niveau des finances publiques et des         taux de change. En outre, nous devons mentionner le         sentiment de déception dans une partie de la         population : en Pologne, 53 % de citoyens         considèrent que leur situation s'est         détériorée au cours des dix         dernières années, 70 % des Bulgares         pensent de même. L'insuffisance du rattrapage est la         principale cause de cette déception. Par ailleurs,         le chômage demeure préoccupant, comme les         inégalités de revenus, ces dernières         ayant partout augmenté. Enfin, la pauvreté         demeure élevée en Bulgarie et en Roumanie,         des poches existent également en Hongrie et dans les         pays baltes. Le chômage, même s'il est         déguisé, est par ailleurs fort dans les zones         agricoles polonaises.
                                        
                                        
                                        Ainsi, l'économie va bien. Les besoins de rattrapage         offrent des marchés importants pour les entreprises         occidentales. La société, quant à         elle, se porte moins bien, les menaces populistes existent         dans quasiment tous les pays. Pour ma part, je ne vois         à cette situation qu'une seule issue         crédible : une forte solidarité, dans         l'esprit du plan Marshall.
                                    
L'euro et les pays de l'élargissement : le cas de la République tchèque et de la Slovaquie
Agnès BENASSY-QUERE, Conseiller scientifique, Centre d'Etudes Prospectives et d'Informations Internationales (CEPII)
                                        L'élargissement de l'Union         européenne engendrera, à plus long terme,         l'élargissement de la zone euro. Dès le         1
                                        
                                            er
                                        
                                        mai 2003, les pays entrants         adhèreront à l'Union européenne, ils         auront ensuite la possibilité d'entrer dans le SME         bis. Il ne s'agit évidemment que d'une         possibilité, mais cette entrée conditionne en         principe l'entrée ultérieure dans l'euro.         Ainsi, au 1
                                        
                                            er
                                        
                                        mai 2006,         l'élargissement de la zone euro sera possible, sous         réserve que les critères historiques de         Maastricht soient satisfaits. Ce calendrier demeure         théorique, dans la mesure où il n'est pas         question, pour tous les pays entrants, d'entrer dans le SME         bis. A terme, le régime monétaire des pays         d'Europe centrale et orientale sera l'euro, puisqu'il         n'existe pas de clauses d'
                                        
                                            opting out.
                                        
                                        En ce qui         concerne les intentions nationales, il apparaît que         les grands pays reculent leur date d'entrée dans la         zone euro, alors que les petits pays, très         probablement, y entreront rapidement. Ainsi, les petits         pays entreraient dans la zone euro en 2007, la Hongrie         en 2008, la Pologne, la République         tchèque et la Slovaquie en 2009-2010.
                                        
                                        
                                        Les évolutions des monnaies tchèque et         slovaque ont été similaires. Pour la         République tchèque, après un         régime de changes fixes jusqu'en 1996,         l'élargissement de la zone de fluctuation a         été décidé, engendrant une         appréciation de la monnaie. Par la suite, à         partir de 1997, le flottement dirigé a         été mis en place, engendrant une fluctuation         plus forte, tendant clairement vers l'évaluation de         la couronne tchèque. En ce qui concerne la         Slovaquie, le régime de flottement dirigé a         été décidé en 1998 ; a         suivi une appréciation de la monnaie, puis une         dépréciation.
                                        
                                        
                                        En ce qui concerne les critères de Maastricht, les         points suivants doivent être remarqués.
                                    
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                                            · La convergence des taux           d'intérêt et le critère de la dette           publique ne posent pas problème.
                                            
· Le déficit public, en revanche, s'est creusé en République tchèque, il excède largement la barre tolérée des 3 % du PIB.
· L'inflation a énormément diminué en République tchèque, peut-être même trop, en revanche l'inflation en Slovaquie demeure encore trop élevée. 
En ce qui concerne le solde extérieur courant, l'enjeu principal concerne le flux potentiel d'investissements directs, en-dehors des politiques de privatisation. Un risque de crise des balances des paiements existe, notamment lors de la période précédant l'entrée dans la zone euro, caractérisée par un régime de changes fixes.
Le coût du travail est plus bas en République tchèque et en Slovaquie. Il est évidemment promis à se rapprocher des autres pays de l'Union européenne. Nous ne connaissons pas encore le rythme de ce rattrapage. Les prix, quant à eux, devront connaître également un rattrapage. La vitesse de ce dernier conditionnera mécaniquement le niveau d'inflation. Il apparaît aujourd'hui qu'il sera relativement lent, mais ira néanmoins de pair avec un taux d'inflation de 2 %, ne respectant donc pas les critères de Maastricht.
La surévaluation des monnaies doit être évoquée. En 2001, la surévaluation des monnaies de la République tchèque et de la Slovaquie s'élevait à 10 %. Logiquement, nous pouvons conclure que cette surévaluation est encore plus forte aujourd'hui.
Quel peut être l'intérêt de la République tchèque et de la Slovaquie d'entrer dans la zone euro ? Les avantages et les inconvénients peuvent être mesurés par la question de l'intégration. Plus elle sera forte, plus les échanges se développeront, plus il sera intéressant de disposer de la même monnaie. En revanche, l'abandon de la monnaie nationale a un coût. Pour la République tchèque et la Slovaquie, il semble nécessaire, dans une optique de moyen et long termes, de ne pas adopter trop vite l'euro. En outre, République tchèque et Slovaquie ne sont pas les pays les mieux placés pour entrer dans la zone euro, en raison d'une forte asymétrie des cycles. En revanche, des avantages de court terme existent : ils concernent un ajustement de la balance des paiements. Par ailleurs, les ajustements de prix relatifs se feront par les prix et/ou par le taux de change nominal. Il faut enfin ne pas exclure l'hypothèse que le rattrapage n'ait pas lieu.
Perspectives économiques et commerciales de la République tchèque et de la Slovaquie
Florence DOBELLE, Chef de la Mission économique de Prague
Concernant la République tchèque, je souhaite rappeler quelques chiffres : la croissance a été forte à partir de 2000, de l'ordre de 3 %. En outre, la dégradation du PIB s'explique par la restructuration du secteur bancaire : son coût s'élève à environ 15 milliards d'euros. Le pouvoir d'achat est relativement élevé, en seconde position dans les pays d'Europe centrale et orientale, derrière la Slovénie.
I. Une économie ouverte très dépendante de ses échanges
                                        Le         taux d'ouverture est forte ; cette économie         s'est réorientée, en exportant largement vers         l'Union européenne. Ces exportations ne concernent         plus des matières premières, mais des         produits finis. Les principaux clients de la         République tchèque sont l'Allemagne, la         Slovaquie - une union douanière existe entre         les deux pays - ; la France arrive en         sixième position, mais voit sa part augmenter. Les         exportations françaises dans la République         tchèque sont en hausse, de 10 %, mais cet         effort doit être poursuivi. D'autres pays, la Chine         notamment, ont vu la part de leurs exportations augmenter         très fortement.
                                        
                                        
                                        Il convient de remarquer que les échanges entre la         France et la République tchèque         s'équilibrent de plus en plus. Si un solde         négatif persiste, il va en s'amoindrissant.
                                        
                                        
                                        D'un point de vue qualitatif, nous remarquons que la France         exporte les produits suivants :
                                    
- 
                                            · des véhicules           automobiles ;
                                            
· des équipements automobiles ;
· des pneumatiques ;
· des préparations pharmaceutiques. 
II. L'importance des investissements directs étrangers
                                        La         balance commerciale demeure structurellement         déficitaire en République tchèque,         mais les investissements courants étrangers viennent         pour partie combler le déficit du compte courant.         Nous pouvons estimer que flux réel des         investissements directs étrangers         s'élève à 5 milliards d'euros par         an. Nous devons également rappeler que certaines         privatisations doivent encore être         réalisées. Par ailleurs, la balance des         paiements, en 2003, affichera un déficit de         5 milliards d'euros en compte courant, et un         excédent de 6 milliards sur le compte         financier. En conséquence, la balance des paiements         affiche un excédent grâce, évidemment,         à l'apport des investissements directs         étrangers. Cet afflux d'investissements a une         influence sur les prix : la couronne a logiquement         crû par rapport à l'euro. Un         réajustement de trois points a donc         été décidé. Pour autant, il est         probable que la couronne redescendra à         l'horizon 2006. L'inflation est quasiment nulle au         titre de l'année 2003 ; elle croîtra         légèrement plus en 2004. L'indice des         prix demeure très bas sur les biens         alimentaires.
                                        
                                        
                                        Le pic des investissements étrangers a         été atteint en 2001. La France est le         quatrième investisseur de la République         tchèque en termes de flux comme en termes de stocks.         La Société Générale,         Véolia, Sodexho, Vinci et Carrefour         représentent les principaux investisseurs         français. Je citerai également Alstom,         Saint-Gobain....
                                        
                                        
                                        Le coût du travail, en République         tchèque, s'élève à         510 euros environ. Le salaire nominal a         été augmenté, au         1
                                        
                                            er
                                        
                                        janvier 2004, à         210 euros environ. La compétence technique de         cette population est clairement reconnue. La moyenne         d'heures travaillées est élevée, mais         le taux d'absentéisme demeure fort, trois fois         supérieur à la moyenne européenne. En         outre, la mobilité géographique est         très faible, en raison de la réglementation         existant sur le niveau des loyers : certains,         très modérés, représentent         clairement une incitation à ne pas         déménager.
                                    
III. Les principaux défis des années à venir
                                        Plusieurs défis se font jour. La         cohésion sociale vient au premier plan. En effet,         les taux de chômage sont particulièrement         disparates : de 3 % à Prague, il         passe à 20 % dans d'autres villes,         principalement en Silésie-Moravie. Les         infrastructures, quant à elles, connaissent un gros         retard. Par exemple, il n'existe qu'un axe autoroutier         Est-Ouest. Certaines zones, la Silésie-Moravie par         exemple, ne sont pas encore désenclavées. De         grandes attentes existent en termes de fonds structurels         européens, mais il est évident qu'ils ne         pourront jouer qu'un effet de levier : ils ne pourront         pas couvrir tous les besoins du pays en matière         d'infrastructures. Pour autant, nous devons constater que         la République tchèque n'accuse pas un retard         par rapport aux autres nouveaux Etats membres.
                                        
                                        
                                        L'entrée de l'euro se profile à         l'horizon 2010, mais la Banque Centrale tchèque         fait preuve de prudence. En effet, des difficultés         existeront au niveau du déficit public, qui sera de         l'ordre de 4 % en 2006. La dette publique,         certes modeste, est toujours en hausse.
                                        
                                        
                                        En ce qui concerne les sources de recettes publiques, les         points suivants doivent être rappelés.
                                    
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                                            · La part de la fiscalité           indirecte, qui devrait augmenter au titre de           l'année 2003, s'élevait           à 11,7 % du PIB en 2002.
                                            
· La fiscalité indirecte est en progression et s'établit à 10,2 % en 2002. Elle pourrait légèrement baisser en 2004.
· L'évasion fiscale demeure importante.
· La reprise de l'acquis communautaire en matière de fiscalité indirecte est nécessaire
· Une réforme fiscale globale l'est également. 
Les axes prioritaires d'actions ont trait à l'amélioration du fonctionnement de la justice (formation des juges, délais, unification de l'application du droit) et aux réformes législatives (droits des faillites et registre du commerce).
Dominique LAPIERRE, Chef de la Mission économique de Bratislava
                                        
                                    
I. Une nouvelle dynamique engagée par un nouveau Gouvernement
                                        La         Slovaquie et la République tchèque ont de         nombreux points communs, la complexité du         système judiciaire en fait partie. Pour ma part, je         mettrai l'accent sur la singularité du pays. La         Slovaquie se distingue fortement des autres pays du groupe         de Visegrad. Tout d'abord, elle dispose d'un Gouvernement         libéral souhaitant résolument s'engager dans         une politique de réformes. Cette politique est         caractérisée par une volonté de         privatisation et par des réformes structurelles.         Cette politique de privatisation concerne essentiellement         le secteur de l'électricité et du chauffage         urbain. En outre, une réforme fiscale audacieuse a         été décidée, au         1
                                        
                                            er
                                        
                                        janvier 2004 : l'IS, l'IRPP         et la TVA se situent à un niveau de 18 %.         Les réformes concernent également le droit du         travail, l'indemnisation du chômage et l'assurance         vieillesse.
                                        
                                        
                                        Au-delà de ces réformes, la question du temps         de travail et de l'expertise se pose. Le temps de travail         s'élève à 40 heures         hebdomadaires. Les congés payés ont une         durée de 20 jours. Ces mesures sont clairement         favorables aux entreprises.
                                        
                                        
                                        L'économie slovaque est très ouverte, tout en         étant résolument tournée vers l'Europe         et la France. L'Allemagne est le premier exportateur en         Slovaquie, devant la Russie, l'Italie et la France. D'un         point de vue qualitatif, il faut rappeler         que 98 % de l'énergie slovaque est         importée de Russie, mais des raffineries vont         bientôt pouvoir produire du pétrole         directement en Slovaquie. Par ailleurs, les         équipements informatiques et les produits         sidérurgiques représentent des postes         d'importation forts. La Slovaquie exporte en premier lieu         des véhicules, des préparations et des         appareils.
                                    
II. La popularité de l'adhésion à l'Union européenne et les acquis de la Slovaquie
                                        La         Slovaquie présente une singularité         forte : l'adhésion à l'Union         européenne a été très         populaire, cette même adhésion a fait l'objet         d'un consensus fort entre les partis politiques.         L'accès au marché et la signature de         l'accord PECA a eu lieu en mai 2003.
                                        
                                        
                                        Les fonds structurels et les fonds de cohésion pour         la période 2004-2006 s'élèvent         à 1,4 milliard d'euros. 570 millions         d'euros sont versés au titre des fond de         cohésion, dans une logique de projets. Par ailleurs,         quatre programmes de l'objectif 1 ont         été décidés :
                                    
- 
                                            · l'industrie et les           services ;
                                            
· les ressources humaines ;
· les infrastructures de base :
· l'agriculture et le développement rural. 
III. Une stabilisation macroéconomique réussie
                                        Il         convient de rappeler que la Slovaquie dispose de la plus         forte croissance de la région, résolument         basée sur le commerce extérieur. Dans le         même temps, le chômage demeure         élevé, la hausse des prix dans le secteur des         services est importante. Pour 2003, la croissance         s'est élevée à 4 %. Les         déficits extérieurs, quant à eux,         connaissent une baisse régulière. Les         déficits publics sont par contre en hausse         relativement faible. Par ailleurs, le taux de chômage         est en réduction.
                                        
                                        
                                        L'inflation représente le point faible de la         Slovaquie. Il faut néanmoins rappeler que le         Gouvernement a décidé de remonter les tarifs         publics aux coûts d'équilibre. Cela a         engendré une forte hausse du prix de l'eau, de         l'électricité et des transports publics,         ayant des conséquences sur l'inflation.
                                        
                                        
                                        En 2004, la croissance passera 4,5 %,         l'inflation à 3 %. Le déficit         budgétaire, à l'horizon 2006,         s'élèvera à 3 % du PIB.         Enfin, le déficit de la balance courante devrait         être de 3,3 % en 2006. Il faut         remarquer, en ce qui concerne la balance des paiements         courants, que le Gouvernement a fait preuve d'une grande         prudence, dans la mesure où de nombreux grands         groupes ont annoncé qu'ils réaliseraient des         investissements en Slovaquie en 2004         ou 2005.
                                        
                                        
                                        La politique salariale, quant à elle, est         également très prudente. Elle vise à         contenir le niveau des salaires : force est de         constater que les salaires réels ont tous         été revus à la baisse au cours de         l'année dernière. Les prix sont         inférieurs à la moyenne européenne. Le         PIB par habitant, en Slovaquie, est inférieur         à celui qui existe en République         tchèque, mais les prix sont plus bas.
                                    
IV. Les opportunités d'affaires
                                        En         termes d'opportunités, il faut tout d'abord rappeler         que de nombreux investissements manufacturiers ont lieu en         ce moment en Slovaquie. Ainsi, PSA, Whirlpool, Vetrapack,         Volkswagen réalisent ces investissements. D'autres         équipementiers automobiles, des fabricants de biens         de consommation pourraient également être         cités. Dans le domaine du bois, les Autrichiens et         les Scandinaves réalisent des investissements. Des         entreprises suisses spécialisées dans le         domaine du bois s'installent également en         Slovaquie.
                                        
                                        
                                        D'énormes investissements doivent encore être         réalisés dans le domaine des infrastructures         routières. Le secteur de l'énergie et des         réseaux de chaleur, quant à lui, sera         marqué par une poursuite des actions de         privatisation. Dans le domaine de l'environnement,         d'énormes marchés dans le domaine de         l'assainissement et du traitement des déchets         doivent encore être attribués.
                                        
                                        
                                        En ce qui concerne la consommation des ménages, de         grandes interrogations demeurent au vu de l'inflation et de         la baisse des salaires réels. Pour autant, des         opportunités existent dans le domaine de l'habitat         et des loisirs notamment.
                                    
V. Les opportunités d'investissements
Les opportunités d'investissements sont les plus importantes pour la Slovaquie. Ce pays représente un pays intéressant pour de nombreux grands groupes, qui viennent d'ailleurs de s'y implanter. Ils devraient être suivis de nombreuses PME dont ils sont les donneurs d'ordres. Il convient de rappeler enfin que les demandes de sous-traitance industrielle sont de plus en plus nombreuses.
Facteurs de croissance et réformes structurelles, Aude HAPIOT
Equipe du « Tableau de bord »
                                        Je         souhaite vous présenter les conclusions issues du         Tableau de bord du CERI, à propos de la         République tchèque et de la Slovaquie, tout         en réagissant aux propos qui viennent d'être         tenus.
                                        
                                        
                                        Il est intéressant tout d'abord de constater qu'un         colloque puisse être organisé à la fois         sur la République tchèque et la Slovaquie,         ces deux pays étant ainsi placés sur un pied         d'égalité. Cela n'a pas toujours         été le cas, dans la mesure où la         Slovaquie a longtemps bénéficié d'une         image moins favorable. Pour autant, le potentiel de la         Slovaquie n'est pas moindre que le potentiel des autres         pays d'Europe centrale et orientale. Ces potentiels         concernent l'industrie, le tourisme, le commerce, à         la fois dans un développement des relations         économiques avec l'Europe, mais également         avec les autres pays d'Europe centrale et orientale.
                                        
                                        
                                        D'un point de vue macroéconomique, la         République tchèque et la Slovaquie sont en         bonne forme. Ils ont bien résisté au         ralentissement de la conjoncture européenne. Si la         consommation interne est le principal moteur de la         croissance, le commerce prend une place de plus en plus         importante. En ce qui concerne le déficit commercial         de ces deux pays, il faut bien avoir à l'esprit         qu'il permet l'importation de produits et de machines         nécessaires au bon développement         économique.
                                        
                                        
                                        La question des dépenses publiques trop         élevées et celle du chômage doivent         être réglées. La pauvreté,         importante en Slovaquie, et les déséquilibres         internes demeurent des points d'interrogation.
                                        
                                        
                                        Par ailleurs, la mise en place du processus         d'adhésion a clairement         accéléré les réformes         institutionnelles et structurelles dans ces deux pays.         L'Union européenne, par la reprise de l'acquis         communautaire, a permis de grandes avancées. Dans ce         domaine, les deux pays se trouvent dans la même         situation. La nécessaire stabilisation des         dépenses publiques est en outre en cours en         République tchèque et en Slovaquie. De         grandes réformes ont été         engagées à ce titre, leur avancement         dépendant directement de la volonté des         Gouvernements. Nous remarquons à ce titre que la         Slovaquie est entrée dans un processus de         réforme particulièrement rapide. Cela ne va         pas sans poser de problèmes, notamment face aux         besoins existant en matière d'infrastructures, de         financement des restructurations, du nécessaire         soutien de l'activité économique et du         maintien de la qualification et la qualité de la         main d'oeuvre.
                                        
                                        
                                        D'importantes dépenses doivent donc être         consenties dans tous ces domaines, mais la         République tchèque et la Slovaquie se         trouvent face à une difficulté         évidente : il faut en effet trouver des         ressources. République tchèque et Slovaquie         se trouvent dans une position complexe, dans la mesure         où ces pays ne disposent pas de la capacité         de financement suffisante. Les investissements directs         étrangers (IDE) et les aides européennes,         représentent dans ce cadre un apport de financement         pertinent, en dépit de déséquilibres         régionaux particulièrement forts. Les IDE,         comme les fonds structurels, pourraient les renforcer         à court terme.
                                        
                                        
                                        Les progrès réalisés par la         République tchèque et la Slovaquie sont         remarquables. Pour autant, les réformes         demandées par l'Union européenne sont         très lourdes. L'adhésion à l'Union         européenne, si elle est bénéfique,         posera probablement de nouvelles difficultés de         gestion au niveau national.
                                    
Des entreprises françaises témoignent
I. Carrefour République tchèque et Slovaquie Jérôme POUSSIN, Responsable marketing et communication
                                        Il         faut tout d'abord avoir à l'esprit que ces deux pays         ont des mentalités différentes. Nous         pourrions dire que les Tchèques sont plutôt         proches des « Germains », les         Slovaques étant proches de la mentalité         slave. Cela engendre naturellement des habitudes de         consommation différentes.
                                        
                                        
                                        Carrefour dispose aujourd'hui de neuf magasins en         République tchèque et quatre en Slovaquie. A         Prague, nous disposons du plus grand magasin de grande         distribution du pays, jouissant du plus fort débit         européen. Je tiens à rappeler en outre que         notre enseigne est extrêmement bien perçue par         les Tchèques.
                                        
                                        
                                        En République tchèque, le nombre         d'hypermarchés a fortement crû au cours des         sept dernières années : au         1
                                        
                                            er
                                        
                                        janvier 2004,         140 hypermarchés étaient présents         dans ce pays. 20 magasins de ce type sont ouverts en         moyenne par an. Les hypermarchés ont pris une large         place dans le quotidien des Tchèques et des         Slovaques : 37 % des Tchèques utilisent         l'hypermarché comme magasin principal pour leurs         achats alimentaires. Cette croissance se fait au         détriment des supermarchés, des
                                        
                                            hard         discounters
                                        
                                        et des petites enseignes.
                                        
                                        
                                        En ce qui concerne le profil des consommateurs, les         Tchèques adoptent un comportement très         rationnel, en s'appuyant avant toute chose sur le rapport         qualité/prix pour leurs achats. Ces derniers portent         encore largement sur des produits de base, qui sont         préparés à domicile. La gastronomie         demeure encore absente des foyers, il n'existe donc pas une         réelle volonté pour acheter des produits         élaborés. Pour autant, nous voyons         apparaître de nouveaux produits sur les rayons des         hypermarchés - nous pouvons penser aux         surgelés - qui modifient pour partie les         comportements des consommateurs.
                                        
                                        
                                        Actuellement, on ne distingue pas encore de classe moyenne,         mais elle est en voie d'émergence. Nous pouvons         estimer qu'elle se comportera comme les classes moyennes         d'autres pays d'ici à quelques années. D'un         point de vue plus global, les consommateurs font preuve         d'une grande fidélité aux enseignes. Ils se         montrent plutôt satisfaits de l'offre que nous         proposons, tout en faisant preuve d'une exigence de plus en         plus grande. Ils demandent également davantage de         conseils pour leurs achats.
                                        
                                        
                                        Le choix du magasin dépend avant tout de sa         localisation, du niveau de prix et du choix. La         consommation demeure largement liée aux prix des         produits. Les consommateurs tchèques sont         globalement très satisfaits des prix et de         l'assortiment proposés : ce taux de         satisfaction, proche de 90 %, est nettement         supérieur aux moyennes que nous constatons dans les         pays occidentaux. La satisfaction des consommateurs varie         en fonction des formats de distribution.         L'hypermarché semble être le format         répondant le mieux aux attentes des Tchèques         et des Slovaques. Globalement, l'hypermarché a         parfaitement trouvé sa place dans la vie quotidienne         de ces deux pays.
                                        
                                        
                                        En ce qui concerne l'achat de produits alimentaires, leur         qualité et leur fraîcheur sont aujourd'hui les         critères essentiels aux yeux des consommateurs. Je         dois dire que cela cadre parfaitement avec la         stratégie de notre Groupe.
                                        
                                        
                                        Nous devons également remarquer que les         Tchèques et les Slovaques utilisent de plus en plus         leur voiture pour faire leurs achats. Le même constat         peut être fait à propos de l'utilisation des         cartes de paiement.
                                        
                                        
                                        Ainsi, les Tchèques et les Slovaques se rapprochent         des standards de consommation de l'Europe occidentale. Si         le marché devient mature pour la grande         distribution, des gisements de croissance existent encore         pour le secteur des grandes surfaces         spécialisées. Enfin, les consommateurs         tchèques et slovaques sont des consommateurs         à séduire ; nous devons absolument         sortir du seul critère du rapport         qualité/prix, pour tendre vers une consommation plus         festive et plus ouverte.
                                    
II. Komercni Banka (groupe Société Générale) Philippe DELACARTE, Directeur des PME et membre du Comité de Direction
                                        En         République tchèque et en Slovaquie, le         secteur bancaire est particulièrement         concentré. Ainsi, en République         tchèque, trois acteurs représentent plus         de 50 % du marché. Il en est de même         en Slovaquie. Cette situation résulte du mode de         constitution du secteur bancaire à l'issue de la         période communiste, et aux politiques de         privatisation conduites par la suite. Le secteur bancaire         est sorti de cette phase assaini, et nous ne devrions plus         assister à des faillites d'établissements         bancaires. Force est de constater que cet assainissement         s'est fait au prix de forts investissements et de la prise         de positions d'opérateurs étrangers.
                                        
                                        
                                        L'environnement bancaire se rapproche des standards         ouest-européens. Une offre complète est ainsi         proposée aux entreprises, elle comprend des         produits, des services et des possibilités de         financement. Des dispositifs dédiés existent         à ce titre. Il existe en outre une large gamme de         produits de banque d'investissement pour des         activités de marché et de haut de bilan. Par         ailleurs, se développe rapidement la banque de         détail. Le taux de bancarisation est de l'ordre         de 80 %. Les Tchèques et les Slovaques         disposent ainsi d'une offre complète de produits et         de services, et les réseaux bancaires sont         comparables aux nôtres en termes de densité et         de ratio.
                                        
                                        
                                        Quelques spécificités doivent être         mentionnées. En ce qui concerne la banque aux         entreprises, au niveau des moyens de paiement, les         chèques et les effets de commerces demeurent rares.         L'argent liquide est majoritaire en termes de moyen de         paiement. Par ailleurs, les procédures de mises en         place des crédits sont relativement longues, le         recouvrement et les voies d'exécution sont         difficiles. En ce qui concerne les crédits à         moyen terme, les crédits immobiliers n'existent pas         encore. Les financements -promoteur sont         embryonnaires.
                                        
                                        
                                        La Komercni Banka a été acquise par la         Société Générale,         à 60 %, en octobre 2001. Cette         acquisition s'inscrit dans une stratégie d'ensemble         en Europe centrale, zone dans laquelle nous voulons nous         développer, principalement dans le secteur de la         banque de détail. Lorsque nous avons fait cette         acquisition, nous avions pour objectif d'orienter la banque         vers le client, tout en améliorant sa         productivité, qui était relativement basse.         Nous avons dès à présent conduit des         réformes importantes : par exemple, à ce         jour, tous les clients ont un chargé de         clientèle. Nous avons dès à         présent réduit les effectifs         de 15 %, sans aucun conflit social. D'un point de         vue financier, alors que la Banque perdait de l'argent au         moment de la privatisation, elle est aujourd'hui         bénéficiaire.
                                        
                                        
                                        Bien évidemment, nous souhaitons travailler avec les         entreprises françaises, dans une démarche         d'appui et d'accompagnement. Nous voulons accompagner ces         entreprises, quelle que soit leur taille, afin de les aider         dans leur développement en République         tchèque et en Slovaquie. Nous sommes ainsi en mesure         d'agir dans les domaines des besoins bancaires courants, du         financement, du commerce international ou encore de la         recherche de partenaires. Nous avons pour cela mis en place         deux structures dédiées, qui sont ainsi en         mesure d'assurer l'interface entre les réseaux         locaux et les entreprises françaises.
                                    
III. PSA Peugeot Citroën, Serge GREGORY, Sous-directeur des relations extérieures
                                        J'évoquerai deux investissements conduits         en République tchèque et en Slovaquie         par PSA. Au préalable, je tiens à         rappeler que notre Groupe compte deux marques, vend         3 260 000 véhicules par ans, en         étant présent dans 140 pays. Nous visons         un objectif de développement de quatre millions de         véhicules en 2006. Nos zones de croissance sont         situées en Amérique Latine, en Asie, mais         aussi dans les pays d'Europe centrale et orientale. Si nous         avons réalisé des investissements en         République tchèque et en Slovaquie, c'est         bien parce que nous estimions qu'ils étaient         situés à proximité de marchés         en croissance. En outre, nous avons assisté à         un mouvement d'équipementiers dans les pays d'Europe         centrale et orientale, et l'adhésion de ces pays         à l'Union européenne aura, pour nous, une         influence favorable. Enfin, ces Etats disposent d'une main         d'oeuvre disponible, qualifiée et peu         onéreuse. Toutes ces raisons expliquent pourquoi         nous avons souhaité nous implanter en         République tchèque et en Slovaquie.
                                        
                                        
                                        Nous avons en préalable conduit des études         pour définir la localisation de nos sites. Ces         études ont relevé d'analyses         multicritères, s'appuyant sur la taille et la forme         des terrains disponibles, la proximité et le         caractère opérationnel des infrastructures         routières, la structure et la taille des bassins         d'emploi, le tissu industriel, la motivation des         autorités et les conditions de vie pour les         expatriés.
                                        
                                        
                                        La Slovaquie et la République tchèque ont         été choisies en raison d'avantages         évidents.
                                    
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                                            · La position géographique est           particulièrement intéressante, ces deux           Etats se situant au centre de nos futurs marchés           européens.
                                            
· Les facilités de communication sont bonnes.
· La main d'oeuvre présente toutes les qualités dont nous avons besoin.
· Des possibilités de formation existent.
· Les pouvoirs publics se sont impliqués.
· Les équipementiers sont proches.
· La qualité de vie est bonne. 
Nous avons bénéficié d'aides européennes pour mener à bien ces deux projets, via un dispositif mis en place en 2003. Ce dispositif présente l'avantage d'être prédictible, il est plafonné à 30 % du plafond régional pour les aides à finalité régionale. Il peut porter sur les terrains et la préparation de ceux-ci. Il consiste également dans des subventions à l'investissement et à la création d'emplois, de même que dans des exonérations d'impôts et de taxes.
Il serait faux de penser que nous ne conduisons plus aucun investissement en France. Ainsi, des projets existent actuellement à Trémery et à Valenciennes. Les investissements à l'étranger ne sont en aucun cas contradictoires avec les investissements conduits en France même.