Le contrat programme pour le secteur textile-habillement

Salah Eddine MEZOUAR
Président, Association marocaine des industries du textile et de l'habillement (AMITH)

L'accord-cadre signé le 23 août dernier entre le gouvernement marocain et le secteur du textile-habillement s'inscrit dans la dynamique de modernisation souhaitée par le pays tout entier. La place de ce secteur dans le développement économique n'est plus à démontrer. Il occupe une place particulière dans les stratégies d'industrialisation tournées vers l'exportation. Le textile marocain n'échappe pas à cette règle : sa part dans les exportations totales du pays est passée de 9 % en 1980 à 32 % en 1999. C'est la première activité industrielle nationale. Ses 1 600 entreprises emploient l'équivalent de 200 000 personnes. Avec 35 % des exportations du pays, le secteur est également le deuxième fournisseur de textile du marché européen.

La France, pour sa part, représente le premier client et le premier fournisseur de l'industrie marocaine du textile-habillement. Toutefois, sa part dans l'investissement a tendance à stagner depuis 1998. Elle est même en recul sur les trois dernières années. 85 % des besoins du Maroc en matières premières sont importés d'Europe. Cette interdépendance entre l'Union européenne et l'espace euro-méditerranéen constitue un atout.

Le poids de la Chine dans les exportations d'habillement au plan mondial va s'accroître dans les années qui viennent, du fait de la concentration croissante de la distribution. Cette situation est préoccupante, non seulement pour les pays du pourtour méditerranéen, pour les PECO et pour l'industrie textile européenne. La constitution d'un pôle euro-méditerranéen autour de l'Union européenne apparaît donc incontournable. L'évolution des pratiques d'achat milite en faveur de cette évolution. Le concept de collection par saison cède le pas à une actualisation permanente. De ce fait, l'arbitrage des approvisionnements tend aujourd'hui à obéir à la logique suivante : on produit en Asie les articles basiques, tandis que les articles liés à la mode sont fabriqués dans les zones proches. Les articles moyens et haut de gamme mêlant productivité et créativité continuent d'être produits dans l'espace euro-méditerranéen, qui offre une réactivité maximale.

L'accord-cadre signé avec le gouvernement s'inscrit dans cette perspective. Il vient apporter aux entreprises du secteur les moyens de leur restructuration, à travers deux fonds de garantie. Il prévoit aussi des mesures transitoires d'appui à la compétitivité, des mesures de promotion et d'incitation à l'investissement. Le secteur textile, pour sa part, a pris des engagements ambitieux mais réalistes. Il s'est par exemple engagé à porter sa production de 3 à 7,5 milliards d'euros, à contribuer à la création de 100 000 emplois nouveaux et à doubler ses exportations à 5 milliards d'euros à l'horizon 2010.

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