Colloque Maroc 7 novembre 2002


Table des matières





Groupe interparlementaire

France-Maroc

Les promesses
de la transition marocaine


Actes du colloque

du 7 novembre 2002

Sous le haut patronage de :

Christian PONCELET , Président du Sénat

Agnès GABORIT, Directeur Evénements et Prospective Marchés, CFCE

et sous l'égide du Groupe interparlementaire France-Maroc.

- SERVICE DES RELATIONS INTERNATIONALES DU SÉNAT -

Les promesses de la transition marocaine

Ouverture

Christian PONCELET
Président du Sénat
Agnès GABORIT
Directeur Evénements et Prospective Marchés, CFCE

Christian PONCELET

Madame la Présidente, Messieurs les Ambassadeurs du Maroc en France et de France au Maroc, Mes chers collègues, Mesdames, Messieurs,

Dans le cadre de son partenariat avec le Centre Français du Commerce Extérieur (CFCE), le Sénat est heureux d'accueillir aujourd'hui ce colloque économique sur le Maroc. C'est le vingtième colloque du genre que nous organisons, mais le premier sur ce pays ami, avec lequel la France entretient tant de liens privilégiés. Etant Vosgien, je n'oublierai jamais les sacrifices consentis par les soldats marocains pour défendre mon département. Sachez, Excellence, que dans les Vosges, vous êtes chez vous !

Cette manifestation n'aurait pas pu se dérouler sans le concours actif du groupe interparlementaire France-Maroc, dont nous saluons la Présidente, notre collègue Paulette Brisepierre. Comme à son habitude, Madame Brisepierre et, derrière elle, tous les membres de son groupe, se sont fortement investis pour que cette journée soit un succès, tant pour nos entreprises que pour nos partenaires marocains.

Sans aborder le fond du dossier - je laisse ce soin aux spécialistes qui vont se succéder à la tribune - je dois d'emblée souligner l'intensité et la qualité des échanges économiques et commerciaux qui, de longue date, rapprochent le Maroc et la France. Notre pays est à la fois le premier fournisseur et le premier client du Maroc, avec des flux d'environ deux milliards d'euros en 2001, aussi bien à l'exportation qu'à l'importation. J'ajoute qu'environ 520 entreprises françaises sont implantées à titre permanent au Maroc, et qu'elles y représentent le premier investisseur international, tant en flux (plus de la moitié) qu'en stock (quasiment le tiers).

Mais, au-delà de ces statistiques éloquentes, je voudrais insister sur toutes les solidarités et toutes les affinités que partagent nos deux Etats. Elles ne sont pas chiffrables, mais n'en constituent pas moins un socle robuste, sur lequel peuvent s'appuyer des projets d'entreprise ambitieux.

Fortes d'un long passé commun, les relations franco-marocaines se fondent sur des liens humains, que facilite beaucoup le partage de la langue française. Dois-je rappeler que 40 % des Marocains sont francophones, que la communauté marocaine en France compte environ 800 000 personnes (dont 350 000 doubles nationaux), ou encore que 700 000 français visitent chaque année le Maroc ?

Notre coopération culturelle, scientifique et technique atteint elle aussi un niveau élevé et devrait même encore s'intensifier avec la renégociation de notre Convention de Coopération du 31 juillet 1984. Bien souvent, l'investissement français au Maroc n'est pas seulement lié au profit, mais à la mise en place d'un hôpital ou d'un lycée, ce qui renforce encore nos liens culturels.

J'observe surtout que sur le plan politique, nos relations bilatérales, déjà excellentes sous le règne de Hassan II, se sont encore améliorées avec l'avènement de Mohamed VI, qui a tenu à effectuer sa première visite d'Etat à l'étranger dans notre pays, dès mars 2000. Le jeune roi s'est rapidement acquis en France un crédit de sympathie qui dépasse de très loin les seuls cercles du pouvoir. Ayant eu l'honneur de le rencontrer plusieurs fois, je lui porte une respectueuse amitié.

Les visites à haut niveau effectuées depuis ont permis de définir les nouveaux axes du partenariat franco-marocain, qui intègre désormais, entre autres orientations prioritaires, le soutien réciproque aux PME-PMI et l'amélioration de l'environnement institutionnel de l'activité économique, pour m'en tenir aux seuls domaines en rapport avec le colloque d'aujourd'hui.

Bien entendu, et fort heureusement, l'intérêt du Maroc pour l'Europe ne se limite pas à l'hexagone, mais s'étend à toute l'Union européenne, dont le royaume espère un statut spécifique « au-delà de l'association, et en deçà de l'adhésion », pour reprendre l'expression consacrée. Je souligne d'ailleurs les actions de nos ambassadeurs qui concourent également au renfort des liens entre le Maroc et la France. Là encore, le Maroc peut compter sur l'appui fidèle de la France auprès de nos partenaires de l'Union européenne, tant il est vrai que nos intérêts se rejoignent de part et d'autre de la Méditerranée.

Voici, brossé en quelques touches rapides, le tableau général très positif dans lequel les entrepreneurs et les investisseurs français et marocains peuvent bâtir de nouveaux projets et lancer de nouveaux partenariats.

Certes, quelques interrogations peuvent surgir çà et là - je pense, notamment, au cadre juridique marocain encore lacunaire sur certains points, ce qui ne facilite pas toujours l'établissement de liens d'affaires stables. Mais je sais que le CFCE saura apporter des réponses claires et concrètes aux questions que nos exportateurs séduits par le marché marocain pourraient se poser.

Mesdames, Messieurs, vous m'autoriserez, je l'espère, une conclusion en forme de voeu, en rapport avec l'actualité la plus récente, alors que le Sénat vient d'achever la première lecture du projet de loi constitutionnelle sur la décentralisation. Le Maroc, vous le savez, s'est lui aussi engagé dans cette voie avec un projet de charte communale et de régionalisation, dont l'avancement semble plus difficile que prévu. Au début de l'année, le souverain marocain a également annoncé la mise en place d'un dispositif régional de soutien à l'investissement, fondé sur le principe d'une autonomie locale. Puissent la nouvelle Chambre des Représentants, élue fin septembre, et la Chambre des Conseillers - la seconde chambre marocaine, fondée comme le Sénat sur une assise territoriale - donner à ces réformes toute l'impulsion qu'elles méritent. Pour sa part, le Sénat français, représentant institutionnel des collectivités territoriales de la République, observe avec un intérêt particulier et une profonde sympathie cette évolution institutionnelle du Maroc, à laquelle vous me permettez de souhaiter le meilleur aboutissement.

A tous, je souhaite d'excellents travaux, en espérant que vous garderez de votre passage au Sénat un très bon souvenir.

Agnès GABORIT

C'est toujours avec un très grand plaisir que le CFCE se retrouve au Sénat pour ces colloques que nous organisons depuis plusieurs années. Je tiens à rappeler combien ce partenariat est important pour nous, notamment par l'impulsion qui est ainsi donnée à notre mission d'information et d'appui aux entreprises.

Le Maroc, partenaire privilégié des entreprises françaises, fait l'objet d'une attention particulière de la part du CFCE. Nous informons régulièrement les entreprises sur ce pays et sur ses évolutions : notre dernière réunion remonte à mars 2001. Par ailleurs, dans le cadre de la nouvelle collection « S'implanter », qui compte encore très peu de titres, le Maroc fait l'objet d'une publication, dont vous trouverez une présentation dans votre dossier. Cet ouvrage est le fruit du travail de la mission économique au Maroc, sous la direction de Michel Derrac, chef de la mission économique au Maroc. Je tiens à le remercier pour sa très importante contribution à l'organisation de ce colloque, ainsi que Thomas Lorne, chef du service commercial de Rabat, et Patrick Hervé, chef de la mission économique de Casablanca. Je dois aussi remercier l'ensemble des intervenants et des participants qui ont bien voulu répondre à notre invitation. J'adresse un message de gratitude toute particulière aux ambassadeurs, pour leur présence active à ce colloque, et à Paulette Brisepierre, présidente du groupe d'amitié interparlementaire France-Maroc.

Intervention

Paulette BRISEPIERRE
Sénateur, Présidente du groupe interparlementaire France-Maroc

Le groupe d'amitié interparlementaire France-Maroc est fort de 124 sénateurs, soit près du tiers du Sénat : c'est dire l'importance des liens qui unissent nos deux pays. Dans le contexte international, la France doit plus que jamais intensifier ses échanges et ses liens avec les pays ayant une évolution positive. C'est sans aucun doute le cas du Maroc, grâce aux réformes engagées par le roi Hassan II et poursuivies par le roi Mohammed VI, qui a su faire évoluer son pays vers le progrès sans pour autant lui faire perdre son âme.

Je ne m'étendrai pas sur les politiques actuelles ni sur les performances économiques du Maroc : d'autres le feront mieux que moi. Je voudrais simplement rappeler les atouts géographiques extraordinaires du Maroc. Le Maroc a été l'un des tout premiers pays à signer l'accord euro-méditerranéen, dont il est considéré comme l'un des meilleurs élèves : une aide conséquente de l'Union européenne lui a été attribuée. Il est devenu le premier pays bénéficiaire du programme Meda 2, devant l'Egypte. Il s'agit de bâtir entre les deux rives de la Méditerranée un espace de coopération et de développement, de stabilité et de paix.

Parallèlement à ce texte, et pour en favoriser la bonne exécution, la France a signé avec le Maroc un accord sur l'encouragement et la protection réciproques des investissements dont j'ai été le rapporteur. Cet accord, signé à Marrakech, en  1996, a été ratifié en juin 1999, par un Dahir royal, et le 17 mars 2000 par la France. Il est maintenant en application.

Ayant été moi-même chef d'entreprise à l'étranger, j'ai veillé à ce que toutes les garanties soient données aux investisseurs par les différentes clauses de cet accord. Vous tous qui travaillez essentiellement à l'exportation, n'oubliez pas qu'à l'heure de la mondialisation, le poids d'un pays ne se résume plus à ce qu'il produit sur son territoire, mais se renforce de toutes les initiatives prises par ses ressortissants, en dehors du territoire national. Que vous soyez chef d'entreprise, cadre ou technicien, vous êtes partie prenante de ce dynamisme de la France à l'étranger. Le Maroc est une terre chaleureuse d'opportunités : à vous de les saisir.

Allocutions

Son Excellence Frédéric GRASSET
Ambassadeur de France au Maroc
Son Excellence Hassan ABOUYOUB
Ambassadeur du Maroc en France

Frédéric GRASSET

Hassan Abouyoub, ambassadeur du Maroc en France, et moi-même faisons finalement le même métier : notre principale fonction consiste à faire pression sur nos administrations respectives... La question essentielle, pour le Maroc qui vient de constituer son nouveau gouvernement, est la modernisation. Le Maroc en a bien conscience et a commencé, dans cet esprit, à transformer ses institutions politiques. Avec l'avènement de Mohammed VI, c'est une nouvelle étape qui a commencé, sans pour autant remettre en cause la continuité traditionnelle dans ce pays. Avec les élections du 27 septembre, le Maroc a transformé les conditions d'exercice d'une démocratie raisonnée, respectueuse du pouvoir royal. Les élections ont aussi apporté une photographie précise de la situation politique au Maroc. L'une des grandes familles politiques marocaines a atteint, à cette occasion, une représentativité prévisible : il faut saluer le courage des responsables marocains d'avoir accepté l'existence de cette famille politique islamiste modérée.

Depuis plusieurs années, l'économie marocaine croît à un rythme annuel de près de 4 %. Ce rythme est néanmoins insuffisant pour permettre au Maroc de relever le défi de la pauvreté et, dans certaines régions, du sous-développement. Pour ce faire, le Maroc joue la carte de l'ouverture. Il aurait pu succomber au réflexe protectionniste. Mais ce n'est pas la tradition du Maroc, qui a fait le choix de l'ouverture à l'extérieur, essentiellement à l'Union européenne, du moins à ce jour. La conséquence immédiate de ce choix stratégique fondamental est l'effort de mise à niveau. Nous aurons à examiner les outils qui pourront aider le Maroc à passer dans les meilleures conditions cette période de transition. Le Maroc est aujourd'hui engagé dans une politique exemplaire de lutte contre la pauvreté, d'alphabétisation, d'aménagement de l'espace urbain. L'existence d'un « bonus social » est essentielle pour la réussite de ce programme. C'est le terrain de l'éducation, de la santé, de l'accompagnement, sur lequel va se développer la coopération avec les partenaires du Maroc, au premier rang desquels la France.

Sur le plan institutionnel, on l'a vu, tout va changer, mais tout va être comme avant. Le Maroc ne s'est pas engagé dans la voie d'une monarchie constitutionnelle, comme en Espagne ou en Suède. Le système consensuel continue à prévaloir : il a montré sa capacité à traiter de manière satisfaisante les problèmes les plus complexes et à assurer la stabilité politique du pays, à la plus grande satisfaction des partenaires économiques du Maroc.

Les relations bilatérales franco-marocaines sont exceptionnelles. C'est bien simple : nous sommes premiers partout. Mais ce n'est pas pour autant que nous allons le rester, et nous devons continûment réfléchir aux moyens d'améliorer notre performance. Comme de bons commerçants, nous devons assurer un haut niveau de service après-vente. Autrement dit, il faut maintenir un niveau de coopération élevé. Nous devons confirmer notre soutien au Maroc dans ses relations avec l'Union européenne.

Je souhaite attirer votre attention sur cet aspect méconnu de la relation franco-marocaine : chaque année, 25 000 Marocains acquièrent la nationalité française. Vous imaginez sans peine le terreau humain exceptionnel que cela représente, pour bâtir entre nos deux pays une relation en profondeur. Le Maroc est pratiquement le seul pays au monde dans ce cas. Nous allons devoir les accueillir en termes d'éducation, d'emploi, de santé, d'investissements. Pour vous, investisseurs français, ces personnes constituent très certainement un vivier de collaborateurs dans lequel je vous invite à puiser davantage que vous ne le faites aujourd'hui. C'est un point capital pour l'avenir de la relation franco-marocaine. L'ampleur de ce phénomène, je crois, n'a pas encore été bien mesurée.

Pour le reste, vous savez déjà tout : premier investisseur, premier fournisseur, premier client. Hors OCDE, le Maroc se situe au niveau de pays comme la Chine ou la Russie, qui ont pourtant une tout autre dimension géographique et affichent des taux de croissance bien plus élevés. Les entreprises représentées dans cette salle pourront nous parler des avantages offerts par leurs implantations au Maroc, ainsi que de leurs difficultés, notamment sur le plan social.

La France accompagne le développement économique du Maroc en mobilisant tous ses instruments de coopération : le financement du développement économique ; la mise à niveau du secteur privé marocain, en particulier les PME-PMI ; le financement des infrastructures de base (agriculture, eau, routes...) ; la réponse aux situations d'urgence. Il ne s'agit pas d'une coopération figée, mais d'une coopération vivante, que nous cherchons à améliorer en permanence par un travail en commun très fructueux. Pour une fois, il faut souligner la volonté de mouvement et de réforme de la machine administrative : le Maroc constitue pour nous un terrain d'expérimentation pour la réforme de la décentralisation.

Dans les années qui viennent, l'Union européenne va devenir un acteur essentiel de la coopération et du développement de cette région. La France devra peser sur les grandes orientations et décisions qui seront prises à Bruxelles, pour qu'elles soient conformes à ses intérêts et à ceux du Maroc. Faisons en sorte que les intérêts du Maroc et les nôtres concordent.

Nous sommes engagés dans la renégociation de la convention de 1984, rythmée par des visites ministérielles et des contacts au plus haut niveau, avant la visite du Président Chirac, en principe en 2003. Toutes ces rencontres doivent notamment servir à donner des statuts aux acteurs nouveaux de la coopération : les administrations, mais aussi les écoles, les entreprises, les investisseurs, et les collectivités territoriales, à qui je me devais d'adresser un salut particulier compte tenu du lieu où nous nous trouvons, le Sénat.

Il nous faudra aussi travailler en priorité sur l'amélioration du volet agricole. Il faut avoir conscience que cette exceptionnelle relation franco-marocaine est jalousée par d'autres partenaires. Nous devons rester vigilants, ne pas nous endormir sur nos lauriers et travailler ensemble en faveur de la modernisation.

Enfin, quel que soit le rôle des partenaires et de la coopération, le destin économique, politique et social du Maroc est entre les mains des Marocains eux-mêmes.

Hassan ABOUYOUB

Je tiens à remercier le Président Poncelet, qui porte au Maroc une amitié toute particulière. Je tiens à saluer la performance réalisée par le CFCE pour l'organisation remarquable de ce colloque et à remercier l'ensemble des organisateurs.

A ce stade, je crains de ne pas pouvoir ajouter beaucoup de choses à ce qui vient d'être dit. Tout cela est l'aboutissement de deux décennies de réformes. C'est en effet à partir de 1983 que le Maroc a emprunté la voie de la réforme, avec humilité, en cherchant à ne pas refaire les erreurs du passé mais sans renier les fondamentaux. Le Maroc est en train de se dépouiller des réflexes traditionnels d'autocensure : un véritable débat s'est engagé. Les réformes ont aussi ouvert la voie à la fin des monopoles et des privilèges, notamment à travers l'accord de libre-échange. Enfin, nous disposons maintenant des instruments de travail : des institutions et une constitution qui, si elles sont critiquées, fonctionnent bien, mais aussi un cadre juridique et fiscal pour les affaires conforme aux attentes des Européens.

La relation entre le Maroc et la France est interpellée. L'évolution de l'Europe fera que la France n'aura plus, dans ce partenariat stratégique, les mains aussi libres qu'avant. De surcroît, je suis convaincu que nous allons bientôt mettre en place une union douanière au Maghreb, ouvrant la voie à un véritable processus d'intégration, au moins sur le plan commercial. Les conditions sont aujourd'hui réunies, grâce aux accords conclus avec l'Union européenne.

Comment financer le coup d'accélérateur nécessaire à l'aménagement du territoire ? Les fonds structurels européens ont permis, en leur temps, à l'Espagne ou à la Grèce de faire un saut qualitatif important en quelques années. Je ne pense pas que le Maroc puisse en faire l'économie. Par ailleurs, il y a entre la France et le Maroc des liens humains très forts, une communauté humaine partagée qui doit maintenant nous permettre de mettre sur la table des problèmes pour lesquels nous n'avons pas encore trouvé de réponse intelligente. Nous avons également à réinventer les modalités de notre partenariat en faveur de l'entreprise. Nous rentrons en effet dans des logiques d'investissements différentes, dans la mesure où l'on est entré dans l'ère des services publics concédés dans l'eau, l'électricité ou le téléphone. Nous devons nous pencher sur les problèmes de la gestion des expatriés, sur les moyens de tirer le meilleur parti, au plan scientifique et technique, de l'expérience que la diaspora marocaine est en train d'accumuler.

Le Maroc joue un rôle pionner au sein du Maghreb. Dans une certaine mesure, l'accélérateur de ce grand dessein régional se trouve à Paris. Je souhaite que nous puissions trouver les moyens d'y travailler ensemble.

Evolution de l'économie marocaine
Instruments d'appui économiques et financiers

Michel DERRAC
Chef de la Mission économique au Maroc

Plusieurs inflexions positives sont intervenues depuis notre dernière réunion consacrée au Maroc, en mars 2001.

I. Le cadre macroéconomique

Tout d'abord, le cadre macroéconomique marocain est très largement assaini. Il est constaté une diminution continue et accélérée de l'endettement extérieur, qui est désormais inférieur à 42 % du PIB, contre 102 % en 1983. L'inflation n'a pas dépassé 0,6 % en 2001 et semble se stabiliser à environ 2 %, contre quelque 10 % à la fin des années 80. Quant au taux de chômage, il est passé de 14,5 % en 1999 à 10,5 % à la fin du premier semestre 2002. Le déficit budgétaire est contenu à moins de 3 %, en tenant compte des recettes exceptionnelles. La balance des paiements est positive et devrait se stabiliser à un niveau représentant environ 2 % du PIB, notamment grâce aux revenus du tourisme (quelque 2 milliards d'euros par an) et aux transferts des Marocains résidant à l'étranger (RME), qui représentent environ 3 milliards d'euros par an. Il faut enfin souligner le retour de la croissance au Maroc, qui contraste fortement avec les années 1999 et 2000. La croissance hors agriculture se consolide au-dessus de 4 %. L'économie marocaine résiste de mieux en mieux aux sécheresses : en 2000, la croissance du PIB était restée positive, malgré la sécheresse qui avait sévi cette année-là.

Il faut en revanche déplorer l'accroissement du déficit budgétaire et la hausse de la dette publique interne, qui atteint près de 50 % du PIB. L'évolution des taux de change pourrait se révéler inquiétante. Les difficultés de la Bourse de Casablanca sont également un sujet de préoccupation. La situation sociale est elle aussi toujours difficile, avec un PIB par habitant encore inférieur à 1 200 euros.

II. L'environnement des affaires

Une série d'avancées de grande ampleur ont marqué les dernières années. De nombreuses sociétés publiques ont été privatisées et d'importantes concessions de service public ont été accordées, dans l'eau et dans les télécommunications (licences GSM, téléphonie fixe). D'autres perspectives s'ouvrent : les ports, les routes, les infrastructures touristiques, l'énergie, l'électricité, le gaz.

La modernisation du cadre institutionnel a également été très active depuis 1996 : nouveau Code de Commerce, mise en oeuvre de l'accord franco-marocain de protection et d'encouragement réciproques des investissements, nouveau Code des Douanes, loi sur la concurrence et les prix, loi sur la propriété intellectuelle et industrielle, loi sur les sociétés anonymes, développement des zones franches et des zones industrielles, lancement des centres régionaux d'investissement, etc... Citons également les interventions du Fonds Hassan II, financé en partie par les recettes des privatisations. Plus largement, c'est une nouvelle dynamique de projets qui est à l'oeuvre, que ce soit dans le tourisme, dans les mines, dans le textile, dans les nouvelles technologies. En trois ans, le Maroc a quadruplé ses exportations de composants électroniques, par exemple.

Néanmoins, il existe encore des difficultés et des lenteurs : l'insécurité juridique, même si elle recule ; un environnement social conflictuel ; le « parcours du combattant » de l'investisseur...

III. Les aides françaises au secteur privé

Il existe une palette très diversifiée de moyens d'appui, qu'ils soient opérés par la Mission économique, par l'AFD ou d'autres services de l'Etat.

S'agissant des instruments de la Mission économique, je citerai l'appui aux fournisseurs français fourni par le FASEP-ETUDE, qui contribue déjà au financement de nombreux projets de modernisation. La Réserve Pays Emergents intervient sur des projets majeurs, à dominante technologique, qui donnent aux acteurs français des positions importantes.

Parallèlement, la Mission économique offre également un appui aux PME-PMI marocaines, à travers des prêts bonifiés qui leur permettent d'acheter des biens et services français ou grâce à un fonds de garantie. Ces deux lignes sont dotées chacune de 30 millions d'euros. La ligne de crédit PME-PMI est utilisée à hauteur de 15 millions d'euros, le fonds de garantie à hauteur de 8 millions d'euros. Je citerai également le Fonds Sécheresse : 14 millions d'euros consacrés à la petite et moyenne hydraulique ou à l'eau potable, gérés localement.

Au-delà de cette palette d'outils, on peut aussi accélérer l'utilisation de ces instruments en faisant appel à de nouveaux partenaires. J'insisterai tout particulièrement sur le rôle de l'AFD-Proparco, présente depuis dix ans au Maroc. On voit ainsi se former une chaîne complète d'acteurs, depuis les aides d'urgence jusqu'aux garanties et prêts bonifiés, et passant par les interventions en capital-risque.

Pour conclure, on ne peut que constater l'évolution positive, depuis dix-huit mois, de la situation économique du Maroc et de l'utilisation de nos outils, qui confirme les atouts structurels du Maroc : visibilité politique, démocratisation, arrimage à l'Europe, volonté d'ouverture, usage du français comme langue de travail, etc., auxquels s'ajoutent les atouts sectoriels qui seront détaillés notamment dans les présentations de l'après-midi.

Relations économiques franco-marocaines

Thomas LORNE
Chef du Service commercial de Rabat

La France est un partenaire économique de référence pour le Maroc. Mais la réciproque est également vraie. Je me propose de caractériser cette relation exceptionnelle dans divers domaines.

I. Les échanges commerciaux franco-marocains

Les échanges commerciaux franco-marocains représentent depuis 2000 plus de 5 milliards d'euros. Le Maroc occupe la 17 ème place des partenaires commerciaux de la France, mais se trouve parmi les tout premiers partenaires commerciaux hors OCDE.

La France est le premier fournisseur du Maroc, avec 2,74 milliards d'euros d'exportations en 2001, soit 24 % des importations marocaines. Il s'agit essentiellement de biens intermédiaires (50 %) et de biens d'équipement (22 %) : tissus, médicaments, produits chimiques, automobiles, appareils hi-fi vidéo.

La France est aussi le premier client du Maroc, dont les exportations vers notre pays représentent 2,54 milliards d'euros en 2001, soit 32 % des exportations marocaines. Il serait souhaitable que le Maroc puisse, à l'avenir, diversifier ses débouchés pour soutenir la croissance de ses exportations. Nous importons essentiellement des vêtements et chaussures, des composants électroniques, des fils et câbles, des fruits et légumes frais, des conserves, des phosphates et des engrais. Le secteur le plus dynamique est celui des équipements automobiles.

II. Les investissements

La France est le premier investisseur au Maroc : 3 milliards d'euros en 2001, année exceptionnelle du fait de l'investissement de Vivendi dans Maroc Telecom. la France a su profiter à la fois des mouvements de privatisation et de concession et des mécanismes de conversion de la dette. La politique marocaine devrait se traduire par une augmentation des investissements étrangers au Maroc : la France devrait pouvoir en profiter. Il faut signaler que les investissements sont en train de changer de nature : les entreprises viennent désormais investir dans le capital humain marocain, et par seulement à la recherche d'une main-d'oeuvre bon marché.

En retour, les investissements directs étrangers apportent un flux d'environ 150 millions d'euros d'intérêts, de bénéfices ou de dividendes vers la France.

III. Les financements français

La France est le premier partenaire financier du Maroc : 200 millions d'euros d'aide publique au développement (APD) par an en moyenne, soit 46 % de l'APD totale. De surcroît, le taux de décaissement de l'APD française bilatérale atteint 70 %, soit un taux deux fois supérieur à l'APD fournie dans le cadre des programmes européens, comme MEDA.

La France est aussi le premier pays d'origine des recettes touristiques, avec 0,6 milliard d'euros par an (25 % des recettes touristiques et 33 % des touristes). La France est aussi le premier pays d'origine des transferts des résidents marocains à l'étranger (RME).

Le succès français tient à plusieurs facteurs clés, dont certains évoluent : la proximité entre les deux pays ; la capacité des entreprises françaises à surmonter les obstacles d'un environnement d'affaires globalement difficile ; le volume des financements de l'aide française, qui tend aujourd'hui à diminuer ; les préférences bilatérales, notamment tarifaires, qui tendent à s'éroder au profit d'autres partenaires. Au total, si la France maintient sa place, c'est aussi grâce à l'augmentation de la compétitivité des entreprises françaises.

L'action de la Mission économique au Maroc
et la présence française

Patrick HERVE
Chef de la Mission économique de Casablanca

I. Le rôle de la Mission économique

La Mission économique française informe les entreprises et administrations françaises sur la situation économique et financière du pays, sur les conditions d'accès au marché. Elle les oriente sur les dispositifs d'appui français et européens. Elle défend auprès des autorités locales les intérêts commerciaux des entreprises françaises. Compte tenu de la diversité de ses missions, la Mission économique française au Maroc a partagé ses tâches entre deux sites : Rabat et Casablanca.

Au titre de ses missions d'information économique, la Mission publie chaque année une quarantaine de fiches, réalise chaque mois La Lettre du Maroc , qui compte plus de 200 abonnés, élabore un guide d'implantation, établit chaque année entre six et huit guides répertoires et études sectorielles. Elle effectue également des prestations sur mesure, notamment dans le domaine de la veille.

La Mission économique contribue également à la préparation des missions commerciales et de contacts, ainsi qu'à la promotion de l'offre française, en partenariat avec Ubifrance. C'est aussi avec Ubifrance que la Mission économique a organisé, en 2001, l'opération France Expo, qui a attiré 12 000 visiteurs : l'expérience doit être renouvelée en 2004.

Nous intervenons en priorité dans les secteurs considérés comme les plus porteurs. Citons tout d'abord le tourisme, c'est évident, mais aussi l'agriculture et la pêche, qui ont besoin d'industries de transformation pour mieux valoriser leur capital productif, l'environnement, les nouvelles technologies de l'information et de la communication... Le Maroc doit encore consentir beaucoup d'efforts pour atteindre un niveau d'équipement satisfaisant dans ce domaine. Il n'en reste pas moins que le Maroc possède des talents indéniables, comme le prouve le succès des industriels marocains dans le secteur des composants électroniques. Nous ne négligeons évidemment pas le textile, secteur lui aussi porteur dans ce pays.

Vous trouverez toutes les informations concernant les publications et les actions de la Mission économique française au Maroc sur notre site web, www.dree.org/maroc/ .

II. La présence française

Plus de 500 entreprises françaises sont présentes au Maroc, où elles emploient 65 000 personnes. Un tiers des filiales sont des filiales de production. Le secteur de la mécanique (automobile et métallurgie) est le mieux représenté. S'agissant des activités de service, ce sont les services aux entreprises qui constituent la part dominante des activités des entreprises françaises au Maroc, devant la distribution et les transports.

L'entreprise la plus importante est ST Microelectronics, même s'il ne s'agit pas d'une entreprise à capitaux 100 % français. Suez, à travers Lyonnaise des Eaux Casablanca, et Vivendi Environnement possèdent également des implantations très fortes. On trouve aussi des filiales de grands groupes des secteurs de la banque, de la distribution, des télécoms, de l'agroalimentaire...

Nous attendons beaucoup de cette journée pour développer la présence française au Maroc.

L'action de la Chambre française
de Commerce et d'Industrie du Maroc

Jean-Claude BOUVEUR
Président directeur général de Delattre Levivier Maroc,

Président de la CFCIM

La CFCIM est un partenaire presque incontournable du Maroc, dont l'un des objectifs prioritaires est d'attirer le plus grand nombre d'investisseurs étrangers et a, pour ce faire, besoin de bons partenaires pour l'aider face aux pays concurrents. La CFCIM est un partenaire d'autant plus précieux qu'elle est orientée plus particulièrement sur les PME-PMI, les hommes de terrain.

La création de la CFCIM remonte à 1913. La CFCIM est partenaire de l'ACFCI et membre de l'UCIF, l'Union des Chambres françaises à l'étranger. A elle seule, elle représente 15 % des adhérents des 86 Chambres françaises à l'étranger : ce chiffre suffit à démontrer l'étroitesse des relations qui unissent les deux pays. Une centaine de permanents travaillent pour la CFCIM, qui continue à recruter. Elle compte 3 400 entreprises adhérentes. Ses ressources proviennent, pour trois parts égales, de l'enseignement, des opérations de représentation et des salons et, pour le troisième tiers, des cotisations des adhérents.

Les entreprises adhérentes élisent un conseil de 52 membres, qui élisent eux-mêmes un bureau de 9 membres, dont j'assure la présidence. La durée des mandats est fixée à trois ans. La CFCIM peut également compter sur les travaux de ses commissions, spécialisées dans l'appui économique, l'arbitrage, l'enseignement et la formation, les questions juridiques et fiscales, les missions commerciales et salons, les relations avec l'Union européenne, etc.

Pour remplir sa mission, la CFCIM peut compter sur les délégations implantées dans différentes villes marocaines. Elle entretient des contacts réguliers avec les membres du gouvernement marocain, mais aussi et surtout avec les représentants de l'administration royale. Elle organise une trentaine de journées pays par an, généralement dans les locaux des Chambres françaises des pays visés. Nous organisons aussi des salons, comme France Expo 2001, dont le succès a déjà été évoqué.

Nous pouvons également aider les entreprises à recruter leurs collaborateurs, leur louer des bureaux, leur fournir une domiciliation, mener des actions auprès de la haute administration pour défendre leurs intérêts. Un parc industriel de 28 hectares, situé dans la région de Casablanca, sera mis à la disposition des acteurs économiques en location, pour éviter les dérives liées à la spéculation immobilière. 50 % des surfaces sont déjà louées ou font l'objet d'une option, alors que le parc n'ouvrira ses portes qu'en 2004. Nous comptons créer dans cette zone environ 6 000 emplois.

Les entreprises ont aussi besoin de personnel formé : l'Ecole française des Affaires de Casablanca, qui décerne un diplôme bac+2, forme chaque année environ 80 élèves qui sont, pour la plupart, assurés de leur entrée dans la vie active avant même leur sortie de l'école. Nous avons donc mis en place un deuxième site à Oujda, où sont formés chaque année 40 élèves. Nous envisageons d'en faire autant à Tanger. Par ailleurs, grâce au réseau des Chambres de Commerce françaises, nous envisageons de développer des formations liées à la logistique, à la santé ou à l'imagerie, qui n'existent pas encore au Maroc.

L'environnement des affaires

Jean-Jacques SANTINI
Administrateur Directeur général de la Banque marocaine pour le Commerce et l'Industrie (BMCI), président de la section Maroc du Comité national des Conseillers du Commerce extérieur de la France (CNCCEF)

La section Maroc des Conseillers du commerce extérieur de la France est composée de 35 membres : cet effectif important témoigne là encore de l'importance des liens qui unissent les deux pays. Ils représentent pratiquement tous les secteurs économiques.

Au Maroc, l'environnement des affaires est globalement favorable. Des bases attrayantes existent pour l'investisseur et une évolution positive se dessine depuis plusieurs années. Les textes législatifs et réglementaires relatifs aux affaires sont largement inspirés du dispositif français. Une forte volonté politique d'encourager les investissements étrangers se traduit par ailleurs par une réforme qui devrait grandement contribuer à simplifier ce que l'on appelle encore « le parcours du combattant de l'investisseur ». Le Royaume du Maroc et la France consentent aux investisseurs de nombreuses aides. On trouve au Maroc d'excellents ingénieurs, formés dans les écoles françaises. De grandes entreprises se sont d'ailleurs implantées au Maroc pour réaliser des activités de recherche. Ce serait une erreur que de fonder un investissement au Maroc simplement sur le coût de la main-d'oeuvre, dans la mesure où l'écart se réduit et où d'autres pays, en Europe de l'Est ou en Asie, offrent désormais de ce point de vue des conditions plus attrayantes.

L'environnement financier est lui aussi plutôt favorable. Tous les instruments financiers (crédits, dépôts, instruments de couverture) existent pour conduire une activité selon les techniques de financement les plus modernes. Vous trouverez sur place non seulement des succursales de banques françaises, mais aussi des banques marocaines des plus solides, souvent dotées de structures spécialisées dans le traitement des investisseurs étrangers. Les marchés de capitaux, en revanche, sont moins développés : la Bourse de Casablanca peine à se développer.

Les infrastructures sont de bonne qualité. Le Maroc compte par exemple 6 millions de téléphones mobiles et les réseaux GSM offrent une excellente couverture géographique. Cela devrait encore s'améliorer avec l'octroi d'une deuxième licence de téléphonie fixe. Les infrastructures hôtelières sont de bonne qualité. Dans l'énergie, on espère que les investissements autorisés dans l'exploration off-shore donneront de bons résultats. S'agissant enfin des utilities (eau, assainissement, déchets...), des progrès très importants ont été réalisés grâce aux concessions. Ces progrès se poursuivent.

Sur le plan des institutions, le Maroc a consenti de louables efforts de démocratisation et les pouvoirs publics ont la ferme intention de respecter les échéances fixées.

Pour autant, il demeure des difficultés importantes pour l'investisseur.

Tout d'abord, le Maroc souffre encore de handicaps structurels, à commencer par la dépendance de l'économie marocaine à l'agriculture, qui emploie toujours 45 % de la population. La croissance économique reste par ailleurs insuffisante. Le secteur agricole doit être modernisé, à un rythme à la fois suffisamment rapide pour réduire la dépendance du Maroc à son égard, mais suffisamment lent pour rester compatible avec l'absorption par les villes de l'exode rural. Il faut également reconnaître l'étroitesse du marché marocain. Par ailleurs, le tissu industriel marocain a grand besoin d'être mis à niveau. On peut encore citer les difficultés de fonctionnement de l'administration. L'investissement privé marocain manque enfin de dynamisme, même si la nouvelle équipe au pouvoir, avec un Premier Ministre issu de l'entreprise, constitue un signe encourageant à cet égard.

Le Maroc doit également poursuivre son effort d'adaptation du cadre juridique. Le droit de grève doit être réglementé de façon plus claire, tout comme les licenciements. Un investisseur doit avoir la possibilité, lorsque la conjoncture est moins favorable, de réduire ses effectifs. Ajoutons que le système judiciaire a besoin d'être conforté et harmonisé, pour éviter certains dérapages. La troisième réforme d'importance tient au droit foncier : il n'est pas toujours aisé d'obtenir un titre juridique de propriété.

Questions-débat

Allag SADEK, responsable de la zone Maghreb Moyen-Orient à la CCIP

Y a-t-il eu une évaluation du processus de reconversion de la dette marocaine ? A quelles entreprises et à quels secteurs cela a-t-il profité ?

Par ailleurs, dans le cadre des programmes européens, notamment pour la remise à niveau des entreprises, quel est le rôle de la CFCIM ?

Anthony BOUTHELIER, secrétaire général du Conseil français des investisseurs en Afrique

Qu'entend-on exactement par « arrimage du Maroc à l'euro » ?

Un représentant de Dalkia, groupe Vivendi Environnement

Dalkia est une entreprise de service : à ce titre, elle n'investit pas au Maroc simplement pour un projet, mais pour le très long terme. Nous rencontrons des problèmes pour recruter, non pas des cadres supérieurs, mais plutôt des cadres moyens et des techniciens supérieurs. Nous sommes convaincus que toute entreprise française qui s'implante au Maroc doit fournir des efforts de formation très importants.

Michel DERRAC

La reconversion de dettes en investissements a concerné 412 millions d'euros, soit 53 opérations, dont une trentaine de sociétés, qui ont ainsi pu rembourser leur dette non pas en devises mais en dirhams. Ces opérations ont concerné l'ensemble des secteurs. Nous ne pouvons pas faire davantage, mais notre exemple a été suivi par les Espagnols et les Italiens.

S'agissant de l'ancrage à l'euro, je voulais simplement dire que le dirham est assis sur un panier de monnaies : l'euro, le dollar, le yen, la livre sterling. Désormais, l'euro représente un poids très important.

La Mission économique française au Maroc, déjà présente à Rabat et à Casablanca, peut s'appuyer sur les consulats généraux pour organiser des réunions de présentation de nos outils, organiser des rencontres avec les entreprises françaises, nouer des contacts. De manière générale, nous ne négligeons pas les régions du Nord, même si Rabat et Casablanca concentrent près des deux tiers de l'activité économique marocaine.

Quant à la question de la formation professionnelle, elle est prise à bras-le-corps par les autorités marocaines et la Chambre française. Mais vous avez raison de souligner que les entreprises ont également un rôle à jouer dans ce domaine, qui ont tout intérêt à investir dans la formation pour disposer d'une main-d'oeuvre bien formée et, à terme, créer une véritable classe moyenne.

Jean-Claude BOUVEUR

C'est en effet un problème que nous rencontrons dans nos entreprises : nous manquons de cadres moyens, d'agents de maîtrise. Cela dit, permettez-moi de vous dire que je suis au Maroc depuis trente ans et que ce problème n'est pas le plus grave que le pays ait eu à surmonter... D'ailleurs, vous pouvez compter sur des aides financières très importantes pour vos programmes de formation professionnelle.

A propos de la question concernant la mise à niveau, il est certain que le démantèlement tarifaire, qui va prochainement toucher les produits fabriqués au Maroc, va sans doute mettre en difficulté un certain nombre de PME-PMI. La CFCIM a informé et sensibilisé ses adhérents, organisé des réunions d'information sur les moyens de financement des opérations de mise à niveau. Notre commission des relations avec l'Union européenne a recensé toutes les aides disponibles dans un guide.

Jean-Jacques SANTINI

Le niveau de formation des Marocains n'est pas un problème de la même ampleur selon l'endroit où vous vous trouvez : le problème est moins aigu à Casablanca ou à Rabat que dans des villes comme Oujda. Mais ce qui importe, c'est que la main-d'oeuvre soit rapidement adaptable.

Présentation de projets d'actualité

Introduction

Jamal Eddine El JAMALI
Directeur de la Production industrielle,

Ministère de l'Industrie, du Commerce, de l'Energie et des Mines

Le programme de mise à niveau a débuté, comme l'a rappelé ce matin Son Excellence l'ambassadeur, dès les années 80. Le mouvement de libéralisation engagé à cette époque a eu beaucoup d'effets bénéfiques. Il a ensuite fallu mettre en place un environnement juridique favorable : cela a été fait, on l'a dit, en s'inspirant largement du système français. S'agissant de la formation, dont on a vu qu'elle était parfois un obstacle, nous avons mis en place un dispositif qui permet la prise en charge de 80 % des plans de formation des entreprises et de 70 % du coût de la formation professionnelle, qu'elle soit dispensée au Maroc ou à l'étranger. La société ST Microelectronics, par exemple, envoie ses employés à Singapour ou en Malaisie, avec l'aide de financements de l'Etat marocain. Dans le domaine des infrastructures, des progrès importants ont été réalisés : l'électrification du pays devrait être achevée à la fin de la décennie. On a vu ce matin que les réseaux de télécommunications s'étaient eux aussi beaucoup développés. Je terminerai en évoquant notre système d'incitations, qui est très évolutif : il est révisé chaque année, à l'issue d'un benchmarking réalisé auprès des pays concurrents qui cherchent eux aussi à attirer les investissements étrangers. Depuis deux ou trois ans, nous avons pu constater que l'offre marocaine était sans doute la plus compétitive.

Concernant la mise à niveau des entreprises, les besoins en conseil ou en formation technique sont pris en charge à hauteur de 70 %. Les besoins en matériel sont couverts par des prêts bonifiés à maturité très longue et par un système de garanties. Depuis trois ans, l'augmentation industrielle évolue au rythme de 10 % par an, et la moitié des investissements est consacrée à des opérations de modernisation ou de renouvellement.

La zone franche de Tanger

Saad FILALI
Directeur général, Tanger Free Zone

La Tanger Free Zone est une société de droit privé chargée de l'aménagement, de la commercialisation et de l'exploitation de la zone franche de 345 hectares située à Tanger. Elle est réservée aux entreprises dont l'activité est tournée vers l'exportation uniquement. Elle est limitrophe de l'aéroport international de Tanger et à proximité du port. Nous sommes également bordés par l'axe autoroutier Rabat-Casablanca-Tanger. Tanger est une ville qui offre un cadre de vie très agréable et cultive une tradition cosmopolite.

300 hectares de la zone franche sont dédiés à une zone industrielle sous douane. Le reste est une zone logistique incluant, un parc T.I.R, une station-service et une zone d'animation commerciale comprenant un hôtel, géré par le groupe Accor. Ce projet est le fruit d'un partenariat réussi entre les pouvoirs publics et le secteur privé. Toutes les activités sont autorisées en dehors des industries lourdes qui présentent des risques de pollution.

Trois avantages principaux sont accordés aux utilisateurs de la Tanger Free Zone :

· Sur le plan administratif, les investisseurs sont dispensés de toute formalité, une fois l'autorisation délivrée.

· Sur le plan douanier, la zone n'est soumise à aucun contrôle.

· Sur le plan fiscal, les activités sont exonérées de tout droits et taxes commerciales, ainsi que de l'impôt sur les sociétés pendant les cinq premières années.
Deux cents entreprises ont obtenu une autorisation de s'installer dans la zone franche. La moitié d'entre elles ont sauté le pas et sont aujourd'hui clientes de Tanger Free Zone, créant au passage 15 000 emplois. Les plus gros investissements proviennent du Japon, grâce à la présence de Yazaki (spécialisé dans les faisceaux de câbles), qui a investi à lui seul quelque 500 millions de dirhams, soit près du tiers des investissements totaux.

Vous pouvez nous contacter sur le site www.tangerfreezone.com .

Le Centre régional d'investissement de Casablanca

Mouâad JAMAI
Directeur, Centre régional d'investissement du grand Casablanca

Les centres régionaux d'investissement sont une initiative récente. Le Maroc a été découpé en seize régions économiques. Celle de Casablanca pèse pour environ 50 % du total.

Le Centre régional d'investissement du grand Casablanca (CRIGC) est investi de deux missions principales : l'aide à la création d'entreprise et l'assistance aux nouveaux projets d'investissement. Elle s'intéresse aussi au maintien et au développement des investissements existants, de manière préventive, pour aider le tissu industriel marocain à préparer dès à présent le démantèlement du dispositif tarifaire. Le CRI cherche également à améliorer l'attractivité de la région aux investissements dans les secteurs à fort potentiel : c'est la traduction de la vision culturelle que nous souhaitons préserver après le passage de la vague de la mondialisation. Enfin, nous sommes actifs dans le domaine de la communication.

Notre organigramme est encore très simple et a vocation à le demeurer. Sous la responsabilité du directeur du CRI sont placés trois guichets :

· un département de protection et de promotion de l'investissement

Il est chargé de la réflexion sur les filières porteuses et les restructurations dues à la mondialisation, de la mise en place d'actions d'amélioration de l'attractivité, de la promotion de la région du Grand Casablanca (notamment par un portail Internet qui sera mis en ligne dès la semaine prochaine), du suivi des dossiers sectoriels et du soutien aux entreprises en difficulté.

· un guichet d'aide à la création d'entreprise

Il est aujourd'hui possible de créer une entreprise à Casablanca en moins d'une semaine, par la centralisation des administrations concernées. Nous souhaitons, dans une deuxième étape, permettre le remplissage de toutes les formalités en ligne, à travers un formulaire unique que vous pourrez télécharger sur notre portail. Enfin, dans une troisième étape, nous souhaitons mettre en place un identifiant unique pour les entreprises, qui sera utilisé par toutes les administrations.

· un guichet d'aide aux projets d'investissement
Le Grand Casablanca est aujourd'hui confronté à un développement urbain anarchique. Il faut donc consentir un très gros effort pour bâtir une vision générale du développement, en cohérence avec les orientations nationales.

Parmi les grands projets de modernisation, je souhaite évoquer la modernisation de la halle aux poissons, qui doit être délocalisée pour permettre la réhabilitation de l'ancienne Medina et rendre aux Casablancais l'accès à la mer. Nous souhaitons également adopter l'horaire continu pour les services de la ville de Casablanca, réaliser des zones industrielles dédiées à la formation, réaliser un palais des congrès... Nous avons besoin de nos amis Français pour mener à bien tous ces projets.

Le contrat programme pour le secteur textile-habillement

Salah Eddine MEZOUAR
Président, Association marocaine des industries du textile et de l'habillement (AMITH)

L'accord-cadre signé le 23 août dernier entre le gouvernement marocain et le secteur du textile-habillement s'inscrit dans la dynamique de modernisation souhaitée par le pays tout entier. La place de ce secteur dans le développement économique n'est plus à démontrer. Il occupe une place particulière dans les stratégies d'industrialisation tournées vers l'exportation. Le textile marocain n'échappe pas à cette règle : sa part dans les exportations totales du pays est passée de 9 % en 1980 à 32 % en 1999. C'est la première activité industrielle nationale. Ses 1 600 entreprises emploient l'équivalent de 200 000 personnes. Avec 35 % des exportations du pays, le secteur est également le deuxième fournisseur de textile du marché européen.

La France, pour sa part, représente le premier client et le premier fournisseur de l'industrie marocaine du textile-habillement. Toutefois, sa part dans l'investissement a tendance à stagner depuis 1998. Elle est même en recul sur les trois dernières années. 85 % des besoins du Maroc en matières premières sont importés d'Europe. Cette interdépendance entre l'Union européenne et l'espace euro-méditerranéen constitue un atout.

Le poids de la Chine dans les exportations d'habillement au plan mondial va s'accroître dans les années qui viennent, du fait de la concentration croissante de la distribution. Cette situation est préoccupante, non seulement pour les pays du pourtour méditerranéen, pour les PECO et pour l'industrie textile européenne. La constitution d'un pôle euro-méditerranéen autour de l'Union européenne apparaît donc incontournable. L'évolution des pratiques d'achat milite en faveur de cette évolution. Le concept de collection par saison cède le pas à une actualisation permanente. De ce fait, l'arbitrage des approvisionnements tend aujourd'hui à obéir à la logique suivante : on produit en Asie les articles basiques, tandis que les articles liés à la mode sont fabriqués dans les zones proches. Les articles moyens et haut de gamme mêlant productivité et créativité continuent d'être produits dans l'espace euro-méditerranéen, qui offre une réactivité maximale.

L'accord-cadre signé avec le gouvernement s'inscrit dans cette perspective. Il vient apporter aux entreprises du secteur les moyens de leur restructuration, à travers deux fonds de garantie. Il prévoit aussi des mesures transitoires d'appui à la compétitivité, des mesures de promotion et d'incitation à l'investissement. Le secteur textile, pour sa part, a pris des engagements ambitieux mais réalistes. Il s'est par exemple engagé à porter sa production de 3 à 7,5 milliards d'euros, à contribuer à la création de 100 000 emplois nouveaux et à doubler ses exportations à 5 milliards d'euros à l'horizon 2010.

Le plan Azur

Mohamed BEN AMOUR
Président, Fédération du tourisme de la Confédération générale des entreprises du Maroc

Président, Groupe KTH-KTI

Amyn ALAMI
Administrateur délégué, Casablanca Finance Group

Mohamed BEN AMOUR

Après le prêt-à-porter, le prêt-à-partir ! La population marocaine compte encore plus de 50 % de sa population dans le monde rural. Elle dispose aussi d'un très important vivier de jeunes, et son économie peine encore à l'absorber. C'est pour tirer le meilleur parti des atouts du Maroc en matière de tourisme qu'un contrat de programme a été mis en place entre le Royaume du Maroc et les opérateurs de l'industrie touristique, en juillet 2001. Il s'agit à la fois d'assurer une intégration rapide dans l'emploi au vivier de jeunes, de permettre un développement endogène du monde rural et d'orienter la structuration des autres activités économiques et industrielles du pays. Le tourisme constitue le véritable levier de croissance économique qui pourrait assurer à notre pays un dynamisme nouveau.

Parmi les principaux axes de cet accord-cadre, je citerai la création de 80 000 chambres additionnelles, dont 65 000 dans les stations balnéaires (plan Azur). Ce plan prévoit également la création de 600 000 emplois. Il doit entraîner un dynamisme de croissance (2,5 %), qui contribuera à atteindre l'objectif d'une croissance durable de 6 à 8 % par an. Il s'agit enfin d'installer le Maroc parmi les toutes premières destinations touristiques du bassin méditerranéen.

Amyn ALAMI

Le Royaume a décidé d'ériger le tourisme en priorité nationale, pour construire l'assise de son développement, du fait de la capacité de ce secteur à entraîner une dynamique globale de croissance dans l'ensemble de l'économie. Nous recevons aujourd'hui 2,5 millions de touristes internationaux. Notre objectif est d'en recevoir 10 millions à l'horizon 2010. Une dizaine de bassins d'emplois et de croissance ont été définis à travers le Maroc. L'objectif est de stopper l'exode rural vers les grandes villes puis l'émigration vers l'Europe.

La nouvelle politique touristique vise à capitaliser sur les atouts du Maroc : la proximité de l'Europe, le climat tempéré, la diversité géographique, le patrimoine culturel... Nous cherchons à construire un mix client de haute facture :

· Produit : nous misons sur le balnéaire mais entendons également renforcer le « culturel ».

· Prix : nous recherchons un positionnement supérieur, tout en misant sur la libéralisation du transport aérien.

· Promotion : elle sera agressive.

· Professionnalisation : la dynamique de compétence et de sérieux doit se diffuser dans toute la chaîne touristique, pour accroître la satisfaction des touristes.
Au total, nous souhaitons assurer une visibilité stratégique à tous les investisseurs, mais aussi une rentabilité minimale, avec des TRI supérieurs à 20 % pour de nombreux projets touristiques. Nous privilégions le partenariat public/privé ou encore de nouveaux modes opératoires comme les concessions. Malgré une conjoncture et un environnement international difficile, cette volonté politique, l'accent mis sur le partenariat public/privé et les échéanciers précis qui ont été définis nous autorisent à afficher de grandes ambitions.

D'ores et déjà, certains projets ont été lancés. A Taghazout, par exemple, située à 9 kilomètres au nord d'Agadir, mais aussi sur le site de Plage Blanche, a été élaboré un programme de 11 000 chambres, à proximité immédiate de la mer et aux portes du désert. Ce programme est un pari audacieux dans la mesure où il s'agit d'un projet qui doit préserver la beauté du site : aucune construction ne viendra défigurer le bord de mer, le complexe sera encaissé dans une vallée asséchée, que l'on découvrira comme une oasis en venant du désert. On peut aussi citer Mogador, Mazagan (golfs, séminaires, congrès) dont le plan d'aménagement a été conçu par Ricardo Bofill, Lixus, Saïdia... Ce sont au global neuf sites balnéaires qui sont en projet, des stations authentiques, respectueuses de l'environnement, où les touristes pourront rencontrer les valeurs profondes de notre pays.

L'ensemble du plan Azur devrait mobiliser environ 5 milliards d'euros d'investissements, soit le plus grand plan engagé au Maroc depuis l'indépendance. Il est soutenu par l'ensemble des autorités et opérateurs marocains, mais aussi par de nombreux investisseurs privés. La première phase de sélection des opérateurs, très prometteuse, a déjà permis de recevoir 22 soumissionnements. Des signatures aussi prestigieuses que celles de Georges Soros ont déjà manifesté leur intérêt. Mais les consortiums restent à mettre en place : je vous invite à prendre contact avec nous, ou à consulter le site www.investintourism.ma .

Les projets dans les provinces du Nord

Hassan BELKOURA
Conseiller, Agence du Nord
Mohamed HAFNAOUI
Directeur délégué, Agence spéciale de Tanger Méditerranée

Hassan BELKOURA

L'Agence du Nord, créée en 1996, est l'établissement en charge de la coordination du développement des provinces du Nord. Dépendant du Premier Ministre, elle est dotée d'un Conseil d'Orientation qui réunit les ambassadeurs des pays de l'Union européenne. Elle intervient dans des domaines aussi divers que les infrastructures de base, des projets à caractère social, l'étude de zones d'intérêt touristique, le micro-crédit, le soutien à la pêche artisanale. Tous les projets qu'elle initie bénéficient d'une exonération de TVA. L'Agence du Nord couvre une région de 5,7 millions d'habitants, dont 52 % dans le secteur primaire et 13 % dans le secteur secondaire, autour de deux pôles importants : Tanger-Tétouan et Nador-Oujda.

Un nouveau port est en projet dans la région de Tanger, qui sera relié au reste du pays par une autoroute et une voie ferrée. L'actuel port de Tanger sera spécialisé dans le trafic passagers, les croisières et les activités de plaisance. Le port sera doté d'une zone franche d'exportation d'environ 400 hectares, d'une zone commerciale d'environ 200 hectares et de deux zones franches d'exportation industrielle de 300 hectares chacune.

Pour le développement touristique, le projet routier de rocade méditerranéenne, qui va relier entre elles les principales stations balnéaires méditerranéennes et atlantiques, revêt une grande importance. Deux tronçons de cet axe ont déjà été réalisés.

Dans le secteur de l'énergie, l'Agence du Nord soutient aussi des programmes très importants. Un programme éolien de 60 MW, concédé à EDF, a été réalisé à El Koudia. On peut aussi évoquer un programme d'électrification rurale, qui permettra de porter le taux d'électrification des zones rurales à 80 % en 2004.

Mohamed HAFNAOUI

Le Maroc a décidé de créer une zone spéciale de développement économique internationale, dénommée Tanger Méditerranée. Le projet comprend un port en eaux profondes, des zones franches adossées au port, des infrastructures de transport routières et ferroviaires et d'autres infrastructures relatives à l'eau ou aux communications.

Deux grandes routes maritimes sont concernées par ce projet : une route Nord-Sud, qui regroupe un trafic combiné de 3,4 millions d'EVP, une route Est-Ouest, pour 1,4 million d'EVP. D'ici à 2015, le trafic des containers devrait être multiplié par 3. Les capacités de traitement devraient être saturées dès 2001, d'où la nécessité de création de nouvelles infrastructures portuaires en Méditerranée, notamment pour promouvoir la production et l'emploi, favoriser la pénétration des marchés étrangers et décongestionner le port actuel de Tanger.

Situé à 35 kilomètres à l'est de Tanger, le port inclura une zone franche logistique de 98 hectares dans l'enceinte du port, pour l'entreposage des marchandises, la transformation industrielle légère et le contrôle de qualité. Des zones franches industrielles et service, dans la région de Tanger-Tétouan, viendront compléter le dispositif. Une liaison autoroutière viendra relier le port à l'autoroute Rabat-Tanger.

Au total, le coût du projet est estimé à 1 milliard de dollars, dont 390 millions pour le nouveau port. La réalisation de ce programme pourra se faire avec l'implication de l'Etat comme du secteur privé. Les études économiques ont démontré un taux de rentabilité compris entre 7,5 % et 14,5 % selon les scénarios de trafic envisagés. Les zones franches devraient permettre la création de 150 000 à 200 000 emplois. La livraison du projet est envisagée pour 2007. C'est l'Agence spéciale Tanger Méditerranée, assistée par la Direction du Port et un bureau d'études international, qui assure la maîtrise d'oeuvre du projet.

Hassan BELKOURA

Nous avons présélectionné sept entreprises pour la construction du port, dont deux entreprises françaises, Vinci et Bouygues. Nous avons également présélectionné les bureaux d'études. 50 % du financement est déjà mobilisé, dont un prêt de 300 millions de dollars des Emirats Arabes Unis. Pour les zones franches, nous comptons sur la participation d'opérateurs privés internationaux.

Michel DERRAC

Il me reste à remercier une nouvelle fois Paulette Brisepierre de nous avoir ouvert les portes du Sénat, l'ensemble des intervenants de la journée et vous tous qui, par votre présence, avez manifesté un si vif intérêt pour le Maroc.

Synthèse rédigée en temps réel par Ubiqus Reporting
01 44 14 15 00 - www.ubiqus-reporting.com

Le Groupe interparlementaire
France-Maroc

Le groupe interparlementaire France-Maroc du Sénat a été créé en 1963.

Depuis sa fondation, l'intérêt que lui portent les Sénateurs ne s'est jamais démenti. A l'heure actuelle, c'est le groupe qui compte le plus d'adhérents (114 sénateurs, soit plus du tiers du Sénat).

Le groupe, très actif, mène plusieurs types d'activités, par exemple :

- l'organisation, en coordination avec le Service des Relations internationales du Sénat, de colloques ayant le Maroc comme thème ;

- l'accueil au Sénat, chaque année, de délégations du Parlement marocain ou de personnalités marocaines ;

- des rencontres régulières avec l'Ambassadeur du Maroc en France ;

- des visites d'expositions présentées par l'Institut du Monde Arabe ;

- des missions sur place, de manière à mieux apprécier la situation politique et économique du pays ; ce fut le cas, notamment, pour permettre aux sénateurs de mieux saisir les données du conflit latent au Sahara occidental.

Le bureau est ainsi composé (au 10 novembre 2002) :



Présidente

Mme

Paulette

BRISEPIERRE

R.P.R.

Vice-Présidents

M.

 

Nicolas

ABOUT

R. I.

 

M.

 

Denis

BADRE

U.C.

 

Mme

Danielle

BIDARD-REYDET

C.R.C.

 

M.

 

Paul

GIROD

R.D.S.E.

 

M.

 

Jean Pierre

CANTEGRIT

U.C.

 

M.

 

François

TRUCY

R.I.

 

Mme.

Danielle

POURTAUD

Soc.

 

M.

 

Henri

de RICHEMOND

R.P.R.

Secrétaires

M.

 

Robert

CALMEJANE

R.P.R.

 

M.

 

Yvon

COLLIN

RDSE

 

M.

 

Michel

DOUBLET

R.P.R.

 

M.

 

Jean

FAURE

U.C.

 

M.

 

Patrick

LASSOURD

R.P.R.

 

M.

 

Jean Marc

PASTOR

Soc.

 

M.

 

Robert

del PICCHIA

R.P.R.

 

M.

 

Jean-Pierre

SCHOSTECK

R.P.R.

 

M.

 

Henri

TORRE

R.I.

 

M.

 

André

VANTOMME

Soc.

 

M.

 

Xavier

de VILLEPIN

U.C.

Secrétaire exécutif :
M. Yves COUSTURES
Tél : 01.42.34.30.54
Courrier électronique : y.coustures@senat.fr

Colloque organisé sous l'égide du groupe interparlementaire France-Maroc,
par la Direction des Relations internationales du Sénat
et la Direction « Evénements et Prospective Marchés » du CFCE
Pour toute information sur les colloques Sénat-CFCE, vous pouvez contacter
le Service des Relations internationales du Sénat :
M. Michel LAFLANDRE, Conseiller
Tél : 01.42.34.20.47 - Fax : 01.42.34.27.99 - Courrier électronique : m.laflandre@senat.fr
ou consulter le site internet du Sénat : www.senat.fr/international



Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page