Colloque Sénat-Ubifrance sur la Tunisie - 24 juin 2004


La Tunisie : points de repères essentiels

Jean-Maurice VERBOIS, Chef de la Mission économique de Tunis

Les orateurs qui m'ont précédé ont déjà planté le décor et mis en avant un certain nombre de données que je souhaitais vous présenter. Je tenterai donc de faire avec vous, mais à ma façon, une synthèse de leurs propos.

La Tunisie se détache très nettement du reste du pôle maghrébin sur le plan du revenu par tête. Comparée à des pays comme le Portugal ou la Grèce, elle dispose de réelles capacités pour développer ses richesses.

Le marché tunisien est segmenté autour de deux grandes composantes : une partie atelier, avec des entreprises fortement exportatrices d'une part, et une partie domestique d'autre part. La Tunisie compte 12 000 PME et 4 800 PMI - dont 2 200 dans le secteur de la confection. La moitié des PMI compte des capitaux étrangers.

Santé et éducation ont été, au cours des dernières années, deux secteurs fondamentaux pour l'action publique. Le socle de la croissance repose donc largement sur ces deux secteurs. Par ailleurs, les femmes jouent un rôle très important dans la société tunisienne.

La dernière édition du rapport sur la compétitivité situe la Tunisie au second rang sur le continent africain, derrière le Botswana. Elle occupait le premier rang en 2000. La Coface attribue à ce pays une notation A4.

Pour 2005 et 2006, nous attendons une croissance de 5,6 %. Certains économistes vont jusqu'à annoncer un taux de 6 %.

Le chômage est encore élevé ; la Tunisie reste confrontée au défi de l'emploi. Les étudiants sont de plus en plus nombreux chaque année. L'économie doit créer 80 000 nouveaux postes par an pour absorber les nouveaux entrants sur le marché du travail, alors qu'elle n'en crée que 60 000 aujourd'hui. La ressource humaine et la qualité des formations constituent de véritables atouts pour le futur de la Tunisie. Sur une longue durée, la croissance est bonne, exception faite de l'accident de 2002.

L'inflation est à peu près maîtrisée. La politique monétaire est gérée avec beaucoup de doigté, de même que la politique de change. Depuis quelques années, la tendance globale est à l'appréciation du dinar tunisien par rapport au dollar américain et à sa dépréciation par rapport à l'euro. Les réserves en devises atteignent désormais trois mois d'importations. Le déficit budgétaire est contenu.

Aujourd'hui, la Tunisie est prête à accompagner la reprise qui se présente au niveau mondial.

La Tunisie a su engager des réformes profondes. Ces dernières doivent toutefois être encore accélérées et développées. Le taux de créances non performantes reste encore élevé. Le provisionnement des créances dites accrochées n'est que de 46 % : la moitié des créances n'est pas correctement provisionnée. Le marché financier ne contribue pas autant qu'il le pourrait au développement de l'économie. Quoi qu'il en soit, de véritables efforts sont consentis et continueront à l'être.

La Tunisie affirme au quotidien son choix en faveur de l'ouverture à l'international

Elle connaît une dynamique commerciale intense. Les entreprises étrangères perçoivent bien le site. L'on constate le caractère dominant de l'implantation européenne et une solide implication de la France. Une entreprise sur quatre du secteur textile et de la confection incorpore des intérêts français.

La France est le premier pourvoyeur étranger pour les rapatriements d'économies. Cet élément est moins anodin qu'il n'y paraît. Il représente 1 à 2 % du PNB. Cela témoigne de l'étroitesse des liens qui existent entre la France et la Tunisie.

Après le temps des délocalisations, nous sommes désormais entrés dans le temps de co-localisations. La Tunisie a ainsi mis en oeuvre une politique de coopération industrielle en matière d'importation de véhicules automobiles. Cette politique a entraîné, au cours des quatre à cinq dernières années, l'implantation d'équipementiers français et, depuis deux ans, l'arrivée sur site des sous-traitants de ces équipementiers. Les cahiers des charges auxquels ils sont soumis sont en effet drastiques, en termes de délais de livraison. Il leur faut donc être localisés à proximité des donneurs d'ordre.

La Tunisie fait partie de la liste des 25 pays cible pour lesquels nous sommes tenus de présenter un plan d'actions commerciales. Des journées françaises seront prochainement organisées par la Chambre de Commerce et d'Industrie Française en Tunisie (CTFCI), sur le thème de l'agro-industrie. Puis se tiendront la semaine française de l'industrie et bien d'autres événements. La Tunisie a toujours été un pays attrayant pour les investissements. Mais la concurrence est là, y compris dans les pays voisins. C'est pourquoi nous devrons éclairer les autorités tunisiennes quant aux points à améliorer pour continuer à faire de ce pays un environnement performant de travail pour les opérateurs français.

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