EXPOSÉ DES MOTIFS
Mesdames, Messieurs,
En dépit des diverses politiques publiques de rattrapage, les espaces ultramarins français sont toujours marqués par de profondes inégalités. Ces inégalités sont perceptibles autant dans une dimension externe par rapport à la France hexagonale qu'interne où les revenus sont très inégalement répartis au sein des populations.
Nombreux sont les processus de développement, et pourtant, ils demeurent largement inachevés. Les inégalités persistent, voire se creusent. Les indicateurs clés de vulnérabilité tels que le taux de chômage, le seuil de pauvreté, les minima sociaux, l'accès aux services publics, l'accès à l'eau potable, le coût de la vie et du logement par exemple montrent des écarts encore importants par rapport à la moyenne nationale. Aussi, la structure sociale de nos territoires ultramarins reste traversée par de fortes inégalités.
L'INSEE indique que les prix des denrées alimentaires sont 30 % plus élevés à Mayotte, 37 % à La Réunion, 39 % en Guyane, 40 % en Martinique, 42 % en Guadeloupe et 31 % en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française.
Aussi, le taux de chômage est de 11,7 % en Martinique, de 16,2 % en Guyane, de 17,3 % en Guadeloupe, de 18,9 % à La Réunion et atteint même 34 % à Mayotte et 15,2 % en Nouvelle-Calédonie, contre 7,2 % en France hexagonale.
En parallèle, alors que le taux en France hexagonale est de 3,7 %o, la mortalité infantile est de 6,7 %o à La Réunion, de 7,2%o en Martinique, de 8,1 %o en Guadeloupe, de 8,2%o en Guyane, de 8,9 %o à Mayotte, 7,3 %o en Nouvelle-Calédonie et 7,4 %o en Polynésie française.
Le taux de décrochage scolaire est deux fois plus élevé dans nos territoires ultramarins que dans l'Hexagone. La part de jeunes âgés de 16 à 25 ans en difficulté de lecture atteint 26,4 % à La Réunion, 28,9 % en Martinique, 30,4 % en Guadeloupe, 51,8 % en Guyane, 55,7 % à Mayotte, 33,1 % en Nouvelle-Calédonie, 34,6 % en Polynésie française et 36,6 % à Wallis-et-Futuna, contre 11,2 % pour la moyenne de l'ensemble du territoire français.
Les personnes nées aux Antilles ou à La Réunion ont, par rapport à la France hexagonale, 20 % à 25 % de chances en moins d'obtenir un diplôme du supérieur, 12 % de chances en moins d'accéder à un emploi et 35 % à 45 % de chances en moins d'occuper un poste de cadre. Plus de sept personnes sur dix sont d'origine modeste ou très modeste dans les Antilles ou à La Réunion, contre une sur deux dans l'Hexagone.
Si les chiffres sont connus, les raisons à l'origine de ces inégalités dans les collectivités ultramarines, telles qu'elles sont régies par les articles 73 et 74 de la Constitution, sont multifactorielles. Leur géographie, leur histoire, leur statut et les décisions contemporaines qui sont prises en matière économique, politique et sociale permettent d'expliquer ce décalage structurel.
L'analyse systémique des économies ultramarines et cette vulnérabilité structurelle permettra de mieux saisir les causes de ces inégalités enracinées, qui coûtent à ces territoires, à leurs habitants, mais aussi à l'État français dans sa globalité. Une fois les causes identifiées, il apparaît indispensable de réfléchir aux moyens de lutter de manière structurelle contre un système sclérosé par des inégalités ancrées dans une histoire.