Question de M. COURTEAU Roland (Aude - SOC) publiée le 14/01/1988

M. Roland Courteau expose à M. le ministre délégué auprès du ministre de l'équipement, du logement, de l'aménagement du territoire et des transports, chargé de l'environnement, que selon certains géologues européens, suite à une séance de travail portant sur les risques d'érosion des bassins versants et des côtes de Méditerranée, de graves inquiétudes auraient été exprimées, liées à la montée des eaux, quant au devenir du littoral méditerranéen. De sérieuses menaces pèseraient en effet sur plusieurs parties de la côte méditerranéenne. Il lui demande donc s'il est en mesure de lui fournir toutes précisions sur les observations faites et sur la réalité des dangers encourus de même que sur le projet de création d'un centre de recherches spécialisées au sein du B.R.G.M. (bureau de recherches géologiques et minières) concerné.

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Réponse du ministère : Mer publiée le 14/04/1988

Réponse. -La plupart des côtes du monde sont depuis très longtemps en érosion, sous l'action combinée de multiples facteurs : houles, courants, surélévations temporaires du niveau des eaux, vents, réduction du stock de sédiments marins disponibles, élévation du niveau de la mer, phénomènes tectoniques, actions chimiques sur les matériaux, conditions de drainage des zones littorales. Cette tendance générale s'est trouvée aggravée au cours des dernières décennies par le jeu d'un certain nombre de phénomènes nouveaux assez bien connus : diminution des quantités de sédiments apportés à la mer par les fleuves du fait de leur aménagement, extractions importantes de matériaux sur les plages et dans les zones de faible profondeur, pollution et dégradation des herbiers sous-marins, aménagements parfois inopportuns sur le rivage, destruction des dunes bordières. Il faut en outre noter que l'incidence des érosions, qui se sont produites de tout temps, est perçue avec de plus en plus d'acuité en raison de l'occupation croissante de la zone littorale par l'urbanisation et les activités commerciales, industrielles et de loisir. L'élévation du niveau de la mer ne constitue que l'un des éléments de l'attaque des rivages par la mer. Connu depuis fort longtemps, ce phénomène a d'ores et déjà entraîné, à l'échelle de quelques millénaires, une montée relative de l'ordre d'une centaine de mètres des eaux par rapport aux terres. Sur les rivages méditerranéens de la France, il résulte essentiellement de la combinaison d'un abaissement du sol concomitant du soulèvement du nord de l'Europe libéré du poids des glaciers et d'un relèvement effectif du niveau des océans de l'ordre de 10 centimètres par siècle sous l'effet du réchauffement du climat. L'amplitude totale du mouvement est, en moyenne, quelque peu inférieure à 20 centimètres par siècle dans cette région. Les organismes techniques existants, notamment les services dépendant directement du secrétariat d'Etat à la mer ou placés sous son contrôle, suivent ces phénomènes avec soin et persévérance. Ils disposent, avec le concours des laboratoires d'hydraulique et bureaux d'études nationaux, des moyens techniques et d'études leur permettant de proposer des solutions appropriées aux préoccupations qui leur sont soumises par les autorités compétentes et les propriétaires riverains. Des mesures ont été prises par ailleurs pour remédier à certaines causes d'aggravation de l'érosion marine mentionnées ci-dessus : limitation des extractions de matériaux, lutte contre la pollution, prise en compte de l'impact sédimentologique des aménagements projetés, réalisation de travaux de défense, etc. Ces questions sont évidemment suivies par de nombreux experts et scientifiques et ont donné lieu à plusieurs colloques nationaux ou internationaux tenus en France au cours de la période récente : en janvier 1983,à Marseille, colloque de l'association technique pour l'exploitation des océans ; les XVIIIes journées de l'hydraulique, à Marseille, en septembre 1984 ; le colloque Mer et littoral, couple à risque, en septembre 1987, à Biarritz. Pour ce qui est du B.R.G.M., le secrétariat d'Etat à la mer n'en assure pas la tutelle et ses représentants n'ont pas été conviés à la réunion qu'il a organisée sur les risques d'érosion des bassins versants et des côtes de la Méditerranée. Il ne peut donc ni porter une appréciation sur la teneur des propos échangés au cours de cette réunion, ni apporter de réponse sur ses projets ou ses intentions.

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