Question de M. RENAR Ivan (Nord - C) publiée le 07/07/1988

M. Ivan Renar attire l'attention de M. le ministre de la culture, de la communication, des grands travaux et du Bicentenaire sur l'avenir du basson français ainsi que des musiciens qui le jouent. Il existe deux sortes de bassons joués dans le monde. L'un d'origine allemande, dit " basson allemand ", l'autre, d'origine française ou " basson français ". Le basson français est aujourd'hui menacé car aucune règle de concurrence loyale n'existe entre les deux systèmes. Ainsi, de récents concours de recrutement afin de pourvoir à des postes de bassons dans les opéras de Nice et Lyon précisaient dans leur règlement que les concours étaient réservés aux instrumentistes jouant le système allemand. L'administration du futur opéra Bastille aurait quant à elle annoncé son intention de n'utiliser que des " bassons allemands ". C'est faire peu de cas des bassonnistes actuellement en poste à l'opéra dont la plupart sont titulaires de plusieurs prix internationaux. Or, l'ensemble de notre système pédagogique se développe à partir du basson français dont l'enseignement est dispensé dans les écoles de musique municipales, nationales, conservatoires nationaux de région, conservatoires nationaux supérieurs de Lyon et de Paris. Quel sera l'avenir de ces bassonnistes français dont le diplôme d'Etat ne leur permettrait donc plus de se présenter dans un concours en France ? De plus, si cet état de fait se poursuit, tous les instruments appartenant aux conservatoires comme aux particuliers devraient être remplacés par des instruments d'importation. La conséquence en serait la disparition d'un pan entier de la lutherie française. En conséquence, il lui demande quelles mesures il compte prendre afin que soit garantie la pérennité de cet élément du patrimoine national.

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Réponse du ministère : Culture publiée le 29/09/1988

Réponse. - Si la question de l'emploi du basson français ou du fagott dans les formations symphoniques a connu un regain d'actualité à propos du futur orchestre de l'Opéra de la Bastille, les problèmes qu'elle soulève ne sont cependant pas nouveaux. Il convient de dépassionner un débat complexe en essayant d'analyser, le plus objectivement possible, les différents éléments qui y sont impliqués, au regard notamment des évolutions de ces dernières années. Plus qu'une question d'instrument, il s'agit d'une question d'école. Les deux écoles ont chacune des lettres de noblesse et des références esthétiques indéniables. Et à ce titre tout le monde s'accorde à penser qu'il est indispensable de préserver la qualité de l'école française. Ce point fondamental étant posé, les problèmes précis qui touchent aussi bien la pratique et la facture que l'enseignement des instruments doivent être abordés avec réalisme. Une réunion qui rassemblait chefs d'orchestre, musiciens, directeurs de conservatoire et facteurs d'instruments a permis à la direction de la musique et de la danse, au printemps dernier, de faire un premier tour d'horizon des questions soulevées. En ce qui concerne l'enseignement, il apparaît que les deux directeurs des conservatoires nationaux supérieurs de musique souhaitent désormais offrir aux élèves la possibilité de pratiquer l'un ou l'autre des deux systèmes : basson ou fagott. En ce qui concerne la facture instrumentale, les luthiers français se sont souciés d'ores et déjà, par divers moyens, de répondre à une demande qui porte sur les deux types d'instrument. Il est en effet difficile de ne pas tenir compte de l'évolution de la lutherie internationale et indispensable d'assurer une insertion homogène de ces instruments dans la famille des bois. Enfin, quant au problème aigu du recrutement des instrumentistes dans les orchestres symphoniques, une règle simple doit prévaloir : la qualité de l'instrumentiste est leseul critère admissible. Le choix d'un instrument est secondaire. C'est dire qu'il n'est pas possible de refuser l'accès aux concours à des bassonistes, même si ultérieurement le chef d'orchestre leur demande d'étudier la pratique du système Hoeckel.

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