Question de M. DELFAU Gérard (Hérault - SOC) publiée le 14/07/1988

M. Gérard Delfau appelle l'attention de M. le ministre de la culture, de la communication, des grands travaux et du Bicentenaire sur la situation du basson français ; il s'avère, en effet, que la libre concurrence qui devrait en principe s'exercer avec le basson allemand est battue en brèche par des décisions émanant d'opéras tels que ceux de Nice ou de Lyon, ou encore du futur opéra Bastille, précisant que les concours et les postes sont désormais réservés aux instrumentistes jouant le système allemand. Parallèlement, l'ensemble de notre système pédagogique se développe à partir du basson français. En conséquence, il lui demande de préciser quelles mesures peuvent être prises pour harmoniser notre système pédagogique avec le recrutement des orchestres, préserver ce domaine de la lutherie française et cet élément de notre patrimoine national.

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Réponse du ministère : Culture publiée le 29/09/1988

Réponse. - Si la question de l'emploi du basson français ou du fagott dans les formations symphoniques a connu un regain d'actualité à propos du futur orchestre de l'Opéra de la Bastille, les problèmes qu'elle soulève ne sont cependant pas nouveaux. Il convient de dépassionner un débat complexe en essayant d'analyser, le plus objectivement possible, les différents éléments qui y sont impliqués, au regard notamment des évolutions de ces dernières années. Plus qu'une question d'instrument, il s'agit d'une question d'école. Les deux écoles ont chacune des lettres de noblesse et des références esthétiques indéniables. Et à ce titre tout le monde s'accorde à penser qu'il est indispensable de préserver la qualité de l'école française. Ce point fondamental étant posé, les problèmes précis qui touchent aussi bien la pratique et la facture que l'enseignement des instruments doivent être abordés avec réalisme. Une réunion qui rassemblait chefs d'orchestre, musiciens, directeurs de conservatoire et facteurs d'instruments a permis à la direction de la musique et de la danse, au printemps dernier, de faire un premier tour d'horizon des questions soulevées. En ce qui concerne l'enseignement, il apparaît que les deux directeurs des conservatoires nationaux supérieurs de musique souhaitent désormais offrir aux élèves la possibilité de pratiquer l'un ou l'autre des deux systèmes : basson ou fagott. En ce qui concerne la facture instrumentale, les luthiers français se sont souciés d'ores et déjà, par divers moyens, de répondre à une demande qui porte sur les deux types d'instrument. Il est en effet difficile de ne pas tenir compte de l'évolution de la lutherie internationale et indispensable d'assurer une insertion homogène de ces instruments dans la famille des bois. Enfin, quant au problème aigu du recrutement des instrumentistes dans les orchestres symphoniques, une règle simple doit prévaloir : la qualité de l'instrumentiste est leseul critère admissible. Le choix d'un instrument est secondaire. C'est dire qu'il n'est pas possible de refuser l'accès aux concours à des bassonistes, même si ultérieurement le chef d'orchestre leur demande d'étudier la pratique du système Hoeckel.

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