Question de M. VOILQUIN Albert (Vosges - U.R.E.I.) publiée le 08/11/1990

M. Albert Voilquin attire l'attention de M. le Premier ministre à la suite d'un certain nombre de ses collègues sur la recrudescence de la délinquance dans les milieux urbains, mais aussi dans nos campagnes ; sur le problème préoccupant des agressions plus nombreuses dont sont victimes les convoyeurs de fonds ; sur les incidents, violences, viols et vols qui ont lieu dans des établissements scolaires en plus grand nombre ; et sur le manque d'effectifs de police et de gendarmerie, ou l'impossibilité qu'ils ont de donner suite à ces agressions ou à ces vols, ne pouvant assurer la sécurité des personnes et des biens. N'y aurait-il pas une possibilité de plus grande efficacité, en évitant des mobilisations spectaculaires (voire agressives ou abusives) de contrôles routiers, les déplacements et rondes étant multipliés et s'avérant souvent plus efficaces ? Cela pourrait améliorer la situation en attendant l'augmentation des effectifs prévus aussi bien dans la gendarmerieque dans la police.

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Transmise au ministère : Intérieur


Réponse du ministère : Premier ministre publiée le 18/04/1991

Réponse. - Le Gouvernement est particulièrement attentif à l'évolution des phénomènes de violence dans les banlieues et plus particulièrement aux alentours ou à l'intérieur des établissements scolaires. C'est pourquoi le ministre de l'intérieur a récemment pris une série de mesures qui visent à accroître la présence policière sur la voie publique dans les secteurs urbains sensibles et à la rendre plus efficace. Le déploiement de compagnies républicaines de sécurité dans les grandes agglomérations et la couronne parisienne, l'affectation prioritaire des jeunes fonctionnaires dans ces mêmes lieux, la limitation des gardes statiques, la réduction du nombre de policiers détachés, la généralisation des patrouilles à deux, l'aménagement des horaires d'îlotage, vont dans ce sens. Elles visent également, dans le cadre d'une véritable police de proximité, à favoriser le contact des policiers avec la population et notamment les jeunes. En outre, le budjet pour 1991 prévoit la création de plusieurs centaines d'emplois de policiers, destinés à renforcer notamment les effectifs consacrés à la police de proximité, c'est-à-dire à la sécurité au quotidien. Cependant, le problème de la violence dans les banlieues ne peut être résolu par le seul renforcement du dispositif policier, qu'il soit préventif, dissuasif ou répressif. Les phénomènes constatés ces derniers temps, la réapparition des bandes, les méfaits commis dans les lycées, ont une origine plus profonde liée à une urbanisation mal adaptée et à des facteurs d'insertion scolaires, économiques, sociaux qu'il convient de mieux maîtriser pour que les jeunes appartenant aux milieux les moins favorisés trouvent une place au sein de la société et échappent ainsi à l'engrenage de la délinquance ou de la drogue. Ceci implique le développement d'un politique de la ville, faite de solidarité et de partenariat, entre toutes les administrations et instances locales publiques et privées concernées.Pour ce qui concerne plus spécifiquement le rôle de la police nationale et de la gendarmerie, il convient de préciser à l'honorable parlementaire que si elles ont pour mission prioritaire la sécurité des citoyens, celles-ci inclut aussi la circulation routière. Le coût social et humain des infractions commises dans ce domaine, 54 457 tués et 1 296 394 blessés ces cinq dernières années, ainsi que le coût économique, plus de 100 milliards par an, rappellent s'il en était besoin, la nécessité et l'aspect incontournable des dispositions prises à ce titre. Au demeurant, ces contrôles effectués sur le réseau routier concrétisent une présence policière tout aussi dissuasive pour les délinquants que pour les mauvais conducteurs, et contribuent ainsi pleinement à la sécurité générale. L'indispensable engagement des forces de l'ordre en matière de sécurité routière ne se fait donc pas au détriment de la lutte contre la délinquance mais en complémentarité. Enfin, s'agissant des agressions perpétrées à l'encontre des transporteurs de fonds, celles-ci restent en nombre très limité et sont en diminution ; dix-neuf pour les six premiers mois de l'année contre vingt-neuf dans le même temps en 1989. Cependant, leurs circonstances parfois dramatiques amènent les services de police à réagir avec la plus grande fermeté au niveau des enquêtes judiciaires et des études sont en cours pour déterminer les meilleures dispositions à même de les prévenir.

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