Question de M. LENGLET Charles-Edmond (Somme - R.D.E.) publiée le 14/02/1991

M. Charles-Edmond Lenglet appelle l'attention de M. le ministre de l'équipement, du logement, des transports et de la mer sur la nécessité de convaincre la S.N.C.F. d'électrifier la ligne Amiens-Boulogne puisque la décision est prise d'électrifier Boulogne-Calais-Saint-Omer en 1993. Dans ces conditions, il serait inconcevable de ne pas électrifier la section de la ligne du littoral entre Boulogne et la capitale picarde avant l'ouverture du tunnel sous la Manche. Le bouclage du réseau électrifié de la ligne littorale serait alors réalisé et offrirait la possibilité d'y faire circuler des T.G.V. à une vitesse de 200 kilomètres-heure sur certaines sections, ce qui constituerait un itinéraire de dégagement en cas d'encombrement ou d'incident sur la ligne principale du T.G.V. Par ailleurs, au moment où le directeur de la ligne T.G.V. Nord annonce un retard d'au moins quatre mois pour la mise en service du T.G.V. qui, au-delà d'Arras, devra emprunter des lignes classiques en direction de Lille et vers le tunnel sous la Manche, via Hazebrouck, l'électrification d'Amiens-Boulogne apparaît plus logique encore. Il est maintenant démontré que l'argument des délais et des coûts dont la S.N.C.F. s'est servi pour imposer ses vues et justifier le détournement de trafic Paris-Londres par le tracé le plus long n'était pas valable. Les choses étant ce qu'elles sont, l'électrification de la ligne Amiens-Boulogne se justifie en outre pour les raisons suivantes en complément du T.G.V. Nord : 1° d'aménagement du territoire, car la région côtière de la Somme et du Pas-de-Calais va subir un isolement qui portera atteinte à son économie ; 2° de maintien de l'activité portuaire de Boulogne-sur-Mer, premier port de pêche français et deuxième port de voyageurs, car il y aura toujours des bateaux, ferries et aéroglisseurs pour traverser la Manche. Il faut donner la possibilité aux voyageurs d'utiliser la ligne S.N.C.F. la plus courte, c'est-à-dire par Abbeville et Amiens pour se rendre à Paris ; 3° de l'intérêt de stimuler le trafic fret, notamment vers la Grande-Bretagne ; 4° de la nécessité d'assurer la desserte des plages pour la clientèle venant du Nord, de la Picardie, de la région parisienne et d'Angleterre au moment où cette zone touristique très dense, en essor continu, va connaître un développement important à l'ouverture du tunnel sous la Manche ; 5° la plate-forme rail-route à la sortie du tunnel nécessitera la mise en place de liaisons ferroviaires électrifiées sans rupture de traction pour être économiquement intéressante, ce qui fera également gagner huit minutes en gare d'Amiens. Il lui demande, compte tenu des arguments développés ci-dessus, s'il estime que le bon sens et l'intérêt général ne commandent pas de réaliser l'électrification de la totalité de la ligne S.N.C.F. Amiens-Calais avant l'ouverture du tunnel sous la Manche.

- page 288


Réponse du ministère : Équipement publiée le 31/03/1992

Réponse. - La mise en service du T.G.V.-Nord et du tunnel sous la Manche va avoir des incidences importantes sur l'ensemble des dessertes de la Picardie et du Nord - Pas-de-Calais. Ainsi, les voyageurs se rendant de Paris vers la Grande-Bretagne seront acheminés par la ligne nouvelle, et le trafic transitant par le tunnel sous la Manche empruntera l'itinéraire de Calais-Hazebrouck dont l'électrification a été décidée dans le cadre des mesures accompagnant la réalisation du tunnel. De même, la section de ligne Calais-Boulogne, fait-elle également l'objet d'une électrification, ce qui rendra techniquement possible la desserte de Boulogne par T.G.V. Afin qu'une large part de la population bénéficie des avantages de la grande vitesse, il est souhaitable que les dessertes régionales puissent être convenablement articulées sur les liaisons à grande vitesse ; c'est ce à quoi s'emploient actuellement la région Nord - Pas-de-Calais et la S.N.C.F. Le ministre de l'équipement, du logement, des transports et de l'espace tient à ce que l'arrivée du T.G.V. ne détériore pas les relations existantes. Ainsi de nouvelles grilles de desserte de bonne qualité devront-elles être mises en place dans la région Picardie, en particulier sur la liaison Amiens-Boulogne. Dans ces conditions, l'électrification de cette section de ligne, qui représenterait un investissement de l'ordre d'un milliard de francs, n'est pas envisagée actuellement. En tout état de cause, il convient de prendre en compte l'ensemble des modes de transport pour apprécier l'aménagement d'une région. C'est ainsi que le comité interministériel d'aménagement du territoire du 17 novembre 1988 a décidé l'accélération du schéma autoroutier picard qui, par sa densité, placera toute la zone côtière dans une situation privilégiée, grâce notamment à l'autoroute A 16.

- page 789

Page mise à jour le