Question de Mme BRISEPIERRE Paulette (Français établis hors de France - RPR) publiée le 26/11/1992

Mme Paulette Brisepierre s'étonne auprès de M. le ministre de la défense du possible arrêt du projet franco-allemand de missile anti-navire supersonique (ANS) étudié et mis au point par l'Aérospatiale et la firme allemande MBB à la demande des marines française et allemande. Cette décision - qu'elle n'ose envisager irréversible - lui apparaît d'autant plus choquante que c'est la France qui avait poussé l'Allemagne dans ce projet et que près de deux milliards de francs ont déjà été investis par les deux entreprises. L'hypothèse avancée d'un abandon dû au décalage entre les besoins calendaires des deux marines ne résiste pas à l'examen : d'une part, ce décalage était connu à l'origine, et accepté compte tenu des avantages apportés par le financement allemand, d'autre part, on pouvait y trouver des avantages au niveau de la répartition des plans de charge de la production. Certains ont évoqué le caractère dangereux d'une telle arme et le fait qu'en différer le lancement retarderait d'autant sa dissémination. Cet argument ne résiste pas à l'examen : il prive les marines de l'Alliance d'un système dont elles ont besoin sans pour autant limiter les offres russes et chinoises qui sont déjà sur le marché, dans ce domaine. Elle s'interroge donc sur les raisons qui ont conduit à une situation très dommageable au regard : du bon déroulement de la coopération franco-allemande, de l'équipement à court terme des forces navales allemandes et à moyen terme de nos propres forces - de l'avance technologique dont bénéficiait notre industrie des missiles tactiques - de la position commerciale mondiale de cette industrie face à la vive concurrence des Etats-Unis et à la concurrence naissante des industries russe, japonaise et chinoise. Elle lui demande donc de revenir sur l'arrêt de ce programme.

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Réponse du ministère : Défense publiée le 28/01/1993

Réponse. - Le ministère de la défense est particulièrement attentif au maintien du savoir-faire de l'Aérospatiale, dont les compétences dans le domaine des missiles tactiques sont indispensables à la satisfaction des besoins des armées. Les contraintes qu'impose à la programmation militaire la décélération maîtrisée des dépenses de défense ont cependant entraîné le report du lancement du développement du programme de missile anti-navire supersonique ANS. Ce report ne peut pas être interprété comme un obstacle dirimant à la poursuite de la coopération franco-allemande. Le lancement en commun du programme d'aérodyne léger télépiloté Brevel il y a quelques mois et l'accord signé récemment pour l'adaptation du missile air-sol Apache aux avions Tornado témoignent au contraire de l'étroitesse des liens qui nous unissent à l'Allemagne dans le domaine de l'armement. Sur le plan opérationnel, des améliorations et des remises à hauteur de missiles de la famille Exocet peuvent être envisagées à court terme pour conserver les capacités nécessaires face aux menaces existantes. Quant à la concurrence potentielle de missiles étrangers russes ou chinois, elle est réelle mais ne doit pas être surestimée. Ces missiles ne répondent en effet pas directement aux besoins exprimés par les marines occidentales et leur acquisition par celles-ci nécessiterait des adaptations longues et coûteuses. Le Japon, pour sa part, s'est interdit, par sa constitution, l'exportation d'armements.

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