Question de M. LEGENDRE Jacques (Nord - RPR) publiée le 13/04/1995

M. Jacques Legendre demande à M. le ministre des affaires étrangères de lui faire savoir si la déclaration de l'ambassadeur de France au Cambodge, le 1er mars, selon laquelle : " Le Cambodge n'a jamais été francophone... " correspond à la vision qu'a le Gouvernement de la situation de ce pays. Si tel n'est pas le cas, il souhaite savoir quelle suite compte donner le Gouvernement à l'expression publique par le représentant de la France d'une position contraire à celle de son Gouvernement.

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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 18/05/1995

Réponse. - Le ministre des affaires étrangères a eu l'occasion d'indiquer, par la voix du porte-parole du Quai d'Orsay, que les propos tenus par l'ambassadeur de France au Cambodge avaient donné lieu à un malentendu qu'il convenait de lever, que le développement de la francophonie était une priorité de l'action culturelle de la France au Cambodge et que notre ambassadeur à Phnom Penh contribuant quotidiennement à cette action agissait avec toute la confiance des autorités françaises. Si le Cambodge n'est pas un pays francophone dans le sens où seule une minorité de Cambodgiens parle français, il appartient cependant à la communauté des pays francophones au sein de laquelle il joue d'ailleurs un rôle très actif. L'enseignement de la langue française et la diffusion de la culture française occupent donc tout naturellement une place centrale dans le dispositif de la coopération française au Cambodge. Cependant, pour que l'action dans ce domaine soit efficace, il faut qu'elle réponde à la fois aux besoins et aux demandes exprimés par les Cambodgiens et qu'elle s'insère dans le contexte local et régional. Sur le premier point, la politique francophone au Cambodge que mène le Gouvernement vise à développer l'enseignement de la langue française qui constitue, pour les Cambodgiens, un moyen d'accès privilégié aux savoirs et aux connaissances nécessaires à la reconstruction de leur pays et à l'établissement d'un Etat de droit. C'est pourquoi, à la demande des autorités cambodgiennes, l'enseignement du français se fait en relation étroite avec les programmes de coopération scientifique et technique auxquels la France participe. Dans de nombreux domaines fondamentaux pour l'avenir du Cambodge (médecine, physique, droit, sciences économiques, géographie...), le français redevient langue d'étude et de recherche, que ce soit au niveau de l'enseignement secondaire ou à l'université. Un effort particulier, en outre, est fourni en direction de la formation continue des professeurs cambodgiens de français. Mener une politique cohérente et réaliste en matière de francophonie nécessite, par ailleurs, une prise en compte des contextes locaux et régionaux. Ainsi le Cambodge se trouve-t-il inséré dans un environnement où, de fait, l'anglais est très présent. L'adhésion éventuelle, dans le futur, du Cambodge à l'Association des nations du Sud-Est asiatique renforcera certainement le poids de l'anglais. Cependant, l'héritage francophone du Cambodge fournit un contexte favorable à nos actions et il y a place au Cambodge pour une francophonie moderne qui permette au Cambodge de mener à bien son effort de reconstruction et de développement. D'ores et déjà, 60 p. 100 des élèves du secondaire choisissent le français comme première langue étrangère.

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