Question de M. HURIET Claude (Meurthe-et-Moselle - UC) publiée le 24/08/1995

M. Claude Huriet appelle l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur les inquiétudes que lui inspire la situation actuelle au Tibet. En effet, de nombreuses informations laissent à penser qu'il règne actuellement une certaine tension au Tibet à l'approche du trentième anniversaire de la création de la " Région autonome du Tibet ". Par ailleurs et surtout, selon le bureau de représentation du Dalaï Lama auprès des Nations Unies à Genève, le jeune enfant de six ans, reconnu le 17 mai dernier par le Dalaï Lama comme étant le XIe Panchen Lama, aurait disparu, ainsi que sa famille, et aurait été " emmené " à Pékin. Le Panchen Lama, deuxième chef spirituel des bouddhistes tibétains, et qui revêt par là même une importance extrême aux yeux du peuple tibétain, a été reconnu suivant les rituels religieux traditionnels. De nombreuses sources font état, depuis, d'un durcissement de la situation à Shigatsé, siège du monastère du Panchen Lama, qui s'apparenterait à une " quasi loi martiale " (arrivée de troupes, arrestation de l'abbé et de nombreux moines, fermeture du monastère au public, expulsion des touristes). Dans tout le pays, selon des sources chinoises elles mêmes, la répression contre les " séparatistes ", pour la plupart moines ou nonnes bouddhistes, s'est accrue. Un rapport d'Amnesty International, rendu public en mai, a de son côté confirmé que la répression politique et religieuse avait singulièrement augmenté au Tibet (123 arrestations politiques en trois mois, dont 50 nonnes et 68 moines) et que de nombreux jeunes âgés de moins de dix-huit ans en étaient les victimes. Pour toutes ces raisons, le Parlement européen a adopté le 13 juillet dernier une résolution sur la situation au Tibet. Cette résolution presse notamment les autorités chinoises de veiller à ce que l'enfant Gedhun Choekyi Nyima, reconnu comme Panchen Lama, et sa famille soient immédiatement relâchés et autorisés à regagner leur village. Elle demande au gouvernement chinois d'interrompre les transferts de populations chinoises au Tibet, d'entamer des négociations avec le gouvernement tibétain en exil et, aux institutions de l'Union européenne, d'intervenir auprès des autorités chinoises et de favoriser toute initiative visant à régler le problème sino-tibétain par la voie du dialogue. En conséquence, il lui demande de bien vouloir lui faire part des initiatives que la France et l'Europe pourraient engager afin de donner suite à la résolution du Parlement européen et pour que puissent cesser les violations persistantes de la liberté religieuse et des droits de l'homme au Tibet.

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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 02/11/1995

Réponse. - L'honorable parlementaire a bien voulu attirer l'attention du ministre sur la situation actuelle du Tibet et notamment sur la condition de Gedhun Choekyi Nyima, jeune Tibétain de six ans reconnu par le Dalaï-Lama comme le nouveau Panchen-Lama. La France suit avec attention la situation des droits de l'homme partout dans le monde, y compris au Tibet. Elle saisit chaque occasion de contact politique avec les dirigeants chinois pour leur faire part de ses préoccupations à ce sujet. La France agit également en concertation avec ses partenaires de l'Union européenne. Comme chaque année depuis 1992, un projet de résolution a été déposé en 1995 sur la situation des droits de l'homme en Chine, y compris au Tibet, lors de la session annuelle des droits de l'homme de l'ONU. Par ailleurs, dans sa déclaration du 7 juin 1995, l'Union européenne a rappelé sa préoccupation sur cette question. La France souhaite que s'établisse un dialogue constructif entre les autorités chinoises et le Dalaï-Lama, chef spirituel des Tibétains et prix Nobel de la paix, internationalement reconnuu comme un interlocuteur pacifique et modéré.

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