Question de M. ALLONCLE Michel (Charente - RPR) publiée le 13/06/1996

M. Michel Alloncle attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur les restrictions drastiques à la liberté du culte au Tibet et le durcissement radical de la Chine à l'encontre du dalaï-lama, chef spirituel du bouddhisme thibétain. En effet, selon des sources chinoises, le dalaï-lama, Prix Nobel de la paix, n'est plus considéré comme un " chef religieux " par les autorités de Pékin qui viennent d'interdire toute possession ou affichage de ses photographies, tant dans les lieux de culte qu'à titre privé. La libéralisation de la pratique religieuse instituée au début des années 1980 semble ainsi prendre fin et l'on peut craindre à présent une radicalisation de la répression, avec pour conséquences un certain nombre d'arrestations et la fermeture de grands monastères. Il lui demande si cette contestation par Pékin de l'autorité spirituelle du dalaï-lama sur le bouddhisme tibétain, faisant suite à la disparition de l'enfant reconnu comme onzième panchen-lama, peut influer sur la position de notre pays vis-à-vis du problème sino-tibétain. La Chine refusant désormais de considérer le dalaï-lama comme le " chef spirituel des Tibétains ", il souhaite dès lors connaître dans quelles conditions la France peut poursuivre ses efforts en faveur du règlement de cette situation.

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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 01/08/1996

Réponse. - L'honorable parlementaire a bien voulu attirer l'attention du ministre sur les atteintes à la liberté du culte constatées actuellement au Tibet et sur le durcissement radical des autorités chinoises à l'encontre du dalaï-lama, chef spirituel du bouddhisme tibétain. Les informations dont le gouvernement français dispose confirment effectivement que le comité régional pour les minorités et les affaires religieuses du Tibet s'est réuni le 4 avril dernier et a incité les participants, issus de l'administration et des monastères tibétains, à " bannir progressivement les photographies du dalaï-lama dans les temples et à éradiquer l'influence des forces séparatistes du dalaï-lama ". Le Quotidien du Tibet du 5 avril rapporte, par ailleurs, que deux circulaires issues du même comité et un règlement du bureau des affaires religieuses du Conseil des affaires d'Etat (gouvernement chinois) incitent à convaincre religieux et croyants que " le dalaï-lama n'est plus un chef religieux, mais une personne coupable envers la patrie et le peuple ". Par la suite, le même journal chinois s'est fondé le 13 mai sur les instructions du président chinois Jiang Zemin lors de la cinquième session plénière du quatorzième comité central du PCC pour confirmer l'interdiction de détenir des photographies du dalaï-lama et inciter à " l'affaiblissement de l'influence de la religion au Tibet ". Cette interdiction semble avoir été mise en pratique début mai dans les hôtels et les restaurants, les écoles et les monastères ; des perquisitions de domiciles privés semblent par ailleurs avoir été conduites. Cette interdiction, faisant suite à l'imposition par le gouvernement chinois d'un autre candidat que celui choisi par le dalaï-lama pour la réincarnation du panchen-lama, est à l'origine des plus fortes émeutes au Tibet depuis la fin des années quatre-vingt. A la suite de manifestations qui se sont notamment tenues le 6 mai dans le monastère de Ganden et auraient fait au moins deux morts, les autorités chinoises ont procédé à la fermeture de plusieurs monastères. En dépit de ces affrontements, le dalaï-lama a tenu à réitérer son soutien à la voie non violente en général, ainsi qu'au dialogue critique que l'Union européenne mène avec la Chine. Lors de son voyage au Danemark le 13 mai dernier, il a appelé les gouvernements occidentaux à faire tout leur possible pour amener la Chine à la table des négociations en vue d'obtenir un statut d'autonomie interne pour le Tibet. La France continuera d'agir, en liaison avec ses partenaires européens, afin que s'engage un dialogue constructif entre les autorités chinoises et le dalaï-lama et que les droits de l'homme, y compris le droit de conscience et la liberté religieuse, soient respectés au Tibet.

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