Question de M. HAMEL Emmanuel (Rhône - RPR) publiée le 22/01/1998

M. Emmanuel Hamel attire l'attention de M. le secrétaire d'Etat à l'industrie sur l'article d'un ancien directeur des applications industrielles nucléaires au Commissariat à l'énergie atomique paru à la page 2 du quotidien Le Figaro du 29 décembre dernier sous le titre : " Sauver Superphénix ", dans lequel il estime que " l'abandonner (Superphénix) porterait un coup fatal à une filière de réacteur dont l'importance est capitale pour l'avenir énergétique français... Prononcer son arrêt définitif immédiat serait une faute grave. Elle entraînerait une perte irréparable de connaissance, un gâchis financier inutile et une atteinte injustifiable à l'emploi... " Il lui demande quelle est sa réaction face à ces propos et s'il agit au sein du Gouvernement pour maintenir l'activité de Superphénix.

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Réponse du ministère : Industrie publiée le 12/03/1998

Réponse. - Conformément à ses engagements politiques, et en particulier ceux pris par Lionel Jospin lors de la campagne présidentielle, le Gouvernement a décidé l'abandon du surgénérateur Superphénix, prototype lancé dans les année soixante-dix dans un contexte de pénurie d'énergie et de faiblesse estimée des ressources en uranium. Cette centrale est désormais inadapatée au contexte actuel : le parc de centrales classiques suffit amplement à subvenir à nos besoins ; il n'y a pas aujourd'hui de tension sur les prix de l'énergie ni de pénurie dans l'approvisionnement en uranium ; la filière de surrégénération ne semble pas avoir de perspective industrielle à court terme. En outre, ce prototype, qui constituait un saut technologique considérable a été difficile à maîtriser et a coûté beaucoup plus cher que prévu. Il ne peut en l'état constituer un modèle à répliquer à l'identique dans un programme d'équipement en surgénérateur. Pour autant, Superphénix représente une technologie très riche, développée par des personnels particulièrement motivés et performants, qui ont montré que la France savait mettre au point des équipements technologiques innovants de très haut niveau. Il faudra tirer profit de l'expérience accumulée et poursuivre les recherches dans le domaine des réacteurs à neutrons rapides pour l'avenir à plus long terme. Lorsque le Gouvernement a pris la décision d'abandonner Superphénix, le réacteur était à l'arrêt, car le Conseil d'Etat avait annulé le décret autorisant son fonctionnement. Le précédent gouvernement n'avait pas signé le décret autorisant Superphénix à redémarrer en tant que centrale de production électrique ; de plus, un rapport de la cour des comptes stigmatisait son coût global. Cependant, rien n'était prêt pour pouvoir assurer la fermeture du surgénérateur : il était donc nécessaire de mener des analyses techniques détaillées afin de savoir comment une telle centrale pouvait être définitivement arrêtée, sans risque pour la sûreté de l'installation. Le Gouvernement a donc décidé que Superphénix ne redémarrerait pas, même pour une durée limitée. Pour autant, les opérations de démantèlement dureront plusieurs années. Le Gouvernement entend mettre à profit l'expérience qui sera acquise lors de ce démantèlement, en vue de ceux des centrales classiques. Afin d'accompagner la décision de mise à l'arrêté définitif de la centrale de Creys-Malville, le Gouvernement a décidé la mise en place d'un programme d'accompagnement économique afin de créer les conditions les plus favorables à un nouveau dynamisme local. Ce programme bâti sur un horizon d'au moins cinq ans sera conduit en étroite concertation avec les collectivités locales. Il impliquera EDF et témoigne de la solidarité nationale envers la région de Morestel. Ce plan doit faciliter la revitalisation économique et sociale du bassin économique de Creys-Malville. Il s'articule autour des actions suivantes. Le Gouvernement entend poursuivre la recherche sur la transmutation, de manière à founir au Parlement les moyens de prendre des décisions sur l'aval du cycle en 2006. Au court terme, les programmes de recherche nécessaires pour le respect de la loi de 1991 seront orientés sur Phénix, réacteur de taille plus petite mais conçu dès le départ à des fins de recherche. Phénix est particulièrement souple pour l'expérimentation, du fait notamment de la brièveté du cycle, et permet de disposer d'une instrumentation adaptée aux études expérimentales. A la suite d'un important travail de mise à niveau entreprise par le CEA, l'autorité de sûreté, la DSIN, a estimé possible de donner un avis favorable au redémarrage de Phénix jusqu'en 2004 sous certaines conditions, qui devront être respectées par l'exploitant. ; DSIN, a estimé possible de donner un avis favorable au redémarrage de Phénix jusqu'en 2004 sous certaines conditions, qui devront être respectées par l'exploitant.

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