Question de M. GINÉSY Charles (Alpes-Maritimes - RPR) publiée le 23/07/1998

M. Charles Ginésy attire l'attention de Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité sur la nécessaire modification de la politique familiale du Gouvernement. En effet, par la loi nº 97-1164 du 19 décembre 1997, le Gouvernement a décidé la mise sous condition de ressources des allocations familiales et la réduction de moitié du montant de l'AGED, une mesure pourtant génératrice d'un grand nombre d'emplois. Ces dispositions sont très contestables car la politique familiale doit être l'instrument privilégié de reconnaissance de l'identité familiale. Elle est aussi le premier vecteur d'intégration dans la société. En outre, elle ne saurait être ni une politique fiscale, ni une politique sociale ou économique. Elle doit être globale et s'attacher à mettre les enfants au c ur de ses priorités, et intégrer le nécessaire renouvellement des générations. Or, la mise sous condition de ressources des allocations familiales, la fiscalisation des prestations et la réduction de moitié de l'AGED, ont porté atteinte au principe fondateur de notre système de protection sociale. Il est incontestable que ces mesures sont défavorables aux familles qui constituent pourtant une grande source de prospérité pour notre pays et le ciment de la cohésion sociale. C'est la raison pour laquelle il aimerait connaître les actions qu'elle entend mettre en oeuvre pour tenir la promesse du Gouvernement à propos du caractère transitoire de la mise sous condition de ressources des allocations familiales.

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Réponse du ministère : Emploi publiée le 17/12/1998

Réponse. - Le Gouvernement s'est engagé, lors du débat au Parlement de la loi de financement de la sécurité sociale pour 1998, à entreprendre un réexamen d'ensemble de la politique familiale avec pour objectif d'introduire plus de justice dans notre système d'aide aux famille, d'améliorer la vie quotidienne des familles et de conforter les parents dans leur rôle éducatif. A l'issue d'une large concertation avec l'ensemble des acteurs de la politique familiale, le Premier ministre a annoncé, lors de la conférence de la famille le 12 juin 1998, la mise en uvre de plusieurs mesures au profit des familles répondant à ces objectifs. Comme il s'y était engagé, le Gouvernement a procédé au réexamen de la mise sous condition de ressources des allocations familiales. Il a décidé, à l'issue de la concertation avec les associations familiales, les organisations syndicales et les acteurs de terrain, de substituer une réduction du plafond du quotient familial à la mise sous conditions de ressources des allocations familiales. Le Gouvernement a souhaité ainsi poursuivre son objectif d'introduire plus de justice dans notre politique familiale. Ce dispositif, qui permettra le retour à l'universalité des allocations familiales, est plus redistributif et plus lissé. Le Gouvernement a également décidé des mesures spécifiques en faveur des familles les plus modestes : les allocations familiales seront étendues pour tous les enfants à charge de leurs parents jusqu'à l'âge de vingt ans ; l'ARS sera versée sous condition de ressources à toutes les familles d'un enfant ; les titulaires du RMI percevront les majorations pour âge. Par ailleurs, la politique familiale menée par le Gouvernement se traduit notamment par la revalorisation en 1997 et 1998 des aides au logement et l'augmentation programmée sur trois ans des loyers plafonds de l'allocation de logement familiale, qui bénéficiera à 500 000 familles modestes logées dans le parc privé, par la diversification, à l'étude, des congés parentaux pour permettre l'accompagnement scolaire des enfants ou la prise en charge d'un parent dépendant, avec une amélioration des conditions de retour dans l'entreprise, et par le soutien accru au développement des crèches, avec la mise en place obligatoire de schémas locaux d'accueil de la petite enfance et l'augmentation de la participation de la CNAF à leur financement. Elle permettra ainsi de favoriser les projets familiaux. Les parents seront soutenus dans leurs responsabilités éducatives grâce à la mise en place de réseaux d'appui et de conseil, et au développeement de la médiation familiale. La prise en charge des enfants hors du temps scolaire sera améliorée par la mise en place du contrat éducatif local qui sera conclu entre l'Etat et les collectivités locales afin de proposer des activités extrascolaires aux enfants. Cette démarche sera coordonnée avec celle du contrat temps libre développé par la Caisse nationale des allocations familiales, qui vise à inciter et à aider les communes à mettre en place une politique destinée aux enfants de six à seize ans. Enfin, le Gouvernement a la volonté d'inscrire sa politique familiale dans la durée et de l'intégrer à l'ensemble des politiques publiques. Il a dans cet objectif créé une délégation interministérielle à la famille. Celle-ci assurera auprès de lui une représentation constante des intérêts familiaux et lui fera des propositions après concertation avec les associations familiales et les partenaires sociaux.

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