Question de M. MATHIEU Serge (Rhône - RI) publiée le 30/07/1998

M. Serge Mathieu demande à M. le secrétaire d'Etat à la santé de porter à sa connaissance les suites qui seront données par le Gouvernement au récent rapport sur la toxicomanie présenté par M. Roques. Il estime tout à fait abusif d'assimiler la consommation maîtrisée et modérée de boissons alcooliques, et tout particulièrement du vin, à l'usage de stupéfiants de catégorie analogue à l'héroïne ou à la cocaïne. Ce rapport ne fournit aucune preuve scientifique de la relation entre la consommation de boissons alcooliques et le caractère automatique de la consommation excessive et habituelle engendrant la dépendance. Ledit rapport ne précise pas la nature des boissons alcooliques, ni leur dose de consommation, ni les circonstances de celle-ci. Il convient à cet égard d'observer que la mortalité prématurée liée à une consommation abusive d'alcool est moindre dans les régions de production de vin. Il importe de souligner que moins de 5 % des Français ne maîtrisent pas le risque lié à une consommation excessive d'alcool génératrice de dépendance et de troubles physiques et psychiques. Le rapport Roques a suscité une profonde émotion parmi les viticulteurs soucieux de la santé de leurs concitoyens, et dégradé l'image des productions françaises à l'étranger. Ainsi préconise-t-il une clarification du débat sur la consommation d'alcool et une promotion du thème " vin et santé " afin d'éviter une assimilation entre un usage raisonné du vin qui présente un caractère hygiénique confirmé, et l'utilisation de drogues qui engendrent d'emblée la dépendance.

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Réponse du ministère : Santé publiée le 07/10/1999

Réponse. - La toxicité de l'alcool, soit du fait d'une consommation régulière excessive, soit du fait d'une consommation aiguë conduisant à l'ivresse, n'est pas une donnée scientifique nouvelle. La fréquence très importante des hospitalisations provoquées ou aggravées par une consommation d'alcool excessive, et les 50 000 décès liés chaque année à la toxicité de l'alcool, directement, par cirrhose hépatique, psychose alcoolique ou cancer des voies aérodigestives supérieures, ou indirectement, notamment du fait d'accidents de voiture, de suicides, de l'aggravation de pathologies, sont des faits connus depuis de très nombreuses années. Par ailleurs, les conséquences sociales importantes, tant au niveau familial, que professionnel, font de la consommation excessive de l'alcool un danger potentiel à long terme pour les personnes. Ce rappel d'une réalité sur laquelle depuis plus d'un siècle de grands scientifiques et de nombreuses associations attirent régulièrement l'attention, ne vise pas à diaboliser la consommation d'alcool, mais bien à faire prendre conscience de la nécessité de poursuivre et d'amplifier les actions d'éducation pour permettre au plus grand nombre de maintenir leur consommation d'alcool dans des limites compatibles avec le respect de leur santé, physique, psychologique et sociale, et à améliorer la réponse sanitaire pour prendre en charge les personnes en difficulté importante du fait de leur consommation d'alcool. La nécessité de développer, notamment en direction des jeunes, une prévention globale de l'ensemble des consommations abusives de substances psychoactives, qu'il s'agisse de drogues illicites, de tabac, d'alcool ou de médicaments détournés de leur usage, fait aujourd'hui l'objectif d'un consensus des différents professionnels de ce champ de la santé publique.

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