Question de M. PONIATOWSKI Ladislas (Eure - RI) publiée le 26/01/2001

Question posée en séance publique le 25/01/2001

M. Ladislas Poniatowski. Ma question s'adresse à M. Vaillant, ministre de l'intérieur, qui
est absent de l'hémicycle parce qu'il assistait ce matin aux obsèques du jeune policier de
vingt-quatre ans écrasé par un chauffard, voilà quelques jours, à Béziers. Sa présence à cette
cérémonie était d'autant plus nécessaire que les policiers et les gendarmes n'ont, il faut le
savoir, plus du tout « le moral » et perdent confiance dans leurs dirigeants face à l'incessante
croissance de l'insécurité.
J'ai ici une liste d'actes de violence qui tous ont eu lieu au cours de la semaine où est mort
ce jeune policier. On y trouve, pêle-mêle, un palais de justice qui explose, un convoyeur de
fonds qui est tué, un professeur poignardé par trois élèves dans son collège, ...
Mme Nelly Olin. A Garges !
M. Ladislas Poniatowski. ... un employé de la caisse d'épargne tué d'une balle dans la tête
au cours d'un hold-up.
On y trouve aussi comme toutes les semaines, jour après jour, hélas ! une augmentation de
la délinquance qui se traduit par des voitures qui brûlent dans nos banlieues, par des
agressions physiques, par une violence quotidienne dont les journaux ne se font même plus
l'écho tant elle est devenue banale en même temps qu'habituelle.
Si je me permets d'en parler aujourd'hui, c'est parce que les statistiques du ministère de
l'intérieur seront être publiées la semaine prochaine. On en connaît déjà la tendance : le
nombre des agressions physiques augmente, les délinquants sont de plus en plus jeunes et
de plus en plus violents, la criminalité sort du cadre des grandes villes pour pénétrer dans les
villes moyennes et même les petites villes.
Dans son discours de politique générale de 1997, le Premier ministre, parlant du droit à la
sécurité, avait dit que la lutte contre l'insécurité serait l'une de ses priorités.
M. Alain Gournac. Il a beaucoup de priorités !
M. Ladislas Poniatowski. Aujourd'hui, j'ai le sentiment que les Français attendent autre
chose que des déclarations générales ou que des déclarations comme celle que j'ai entendu
il n'y a pas même trois jours : « S'il y a une augmentation de l'insécurité, ce n'est pas notre
faute, a dit le Premier ministre, mais celle de ceux qui étaient au pouvoir entre 1995 et 1997.
» (Exclamations sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union
centriste.)
M. René-Pierre Signé. Il avait raison !
M. Ladislas Poniatowski. De telles paroles ne sont pas responsables, et les Français en
jugeront. Ma question, monsieur le ministre, ne porte ni sur les statistiques ni sur l'ensemble
du problème de l'insécurité, car ce n'est pas en deux minutes et demie que l'on peut aborder
ce problème : elle est directement liée au voyage effectué ce matin par le ministre de
l'intérieur. Que compte-t-il faire pour restaurer la confiance chez ces policiers et ces
gendarmes qui ont le sentiment d'être des cibles, et de n'être pas soutenus ?
(Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR, de l'Union
centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

- page 363


Réponse du ministère : Relations avec le Parlement publiée le 26/01/2001

Réponse apportée en séance publique le 25/01/2001

M. Jean-Jack Queyranne, ministre des relations avec le Parlement. Monsieur le sénateur,
M. Daniel Vaillant assistait, en effet, ce matin, à Béziers, à l'enterrement du jeune adjoint de
sécurité Olivier Recasens, qui a été mortellement agressé dans sa mission d'assistance aux
personnes.
La présence du ministre de l'intérieur témoigne de notre volonté d'être aux côtés des
policiers, des gendarmes, de toutes les forces de sécurité qui se dévouent et qui peuvent être
victimes du devoir. C'est pourquoi j'estime que votre dernière question n'est pas à sa place
dans la bouche d'un élu de la nation : on ne peut pas soutenir que les policiers ne bénéficient
pas du respect et du soutien du Gouvernement, comme de celui de l'ensemble des groupes
politiques représentés dans cet hémicycle.
Par ailleurs, monsieur le sénateur, les chiffres relatifs à la délinquance - ils seront annoncés
le 2 février prochain par le directeur général de la police nationale - sont certes des
indicateurs en matière de sécurité, mais ils ne peuvent résumer à eux seuls notre politique
globale de sécurité.
Il s'agit d'une politique difficile à conduire, car nous devons en effet faire face à des
phénomènes sociaux de montée de la violence. Cependant, conformément à ce que le
Premier ministre avait annoncé dans son discours de politique générale en juin 1997, nous
avons développé la police de proximité. C'est une évolution essentielle de la police nationale,
qui était surtout une police d'ordre.
M. Gérard Larcher. On attend toujours les effectifs !
M. Alain Gournac. En effet !
M. René-Pierre Signé. Ce sont eux qui les ont diminués !
M. Jean-Jack Queyranne, ministre des relations avec le Parlement. J'en viens justement
aux effectifs. Avant 1997, 1 500 policiers partaient chaque année à la retraite. Compte tenu
de la démographie et des recrutements intervenus au début des années soixante, ils sont
maintenant 4 000. Or, rien n'était prévu pour augmenter les contingents dans les écoles des
gardiens de la paix. Lorsque j'ai remplacé M. Chevènement pendant quelques mois, j'ai pu
m'apercevoir, en me rendant dans les écoles de formation des policiers, que, si nous n'avions
pas procédé à des recrutements et à des promotions exceptionnels, nous assisterions
aujourd'hui à une décrue des effectifs sur le terrain.
M. René-Pierre Signé. Voilà ! C'est de leur faute !
M. Jean-Jack Queyranne, ministre des relations avec le Parlement. C'est incontestable,
monsieur Poniatowski : rien n'avait été prévu.
M. le président. Veuillez conclure, monsieur le ministre.
M. Jean-Jack Queyranne, ministre des relations avec le Parlement. J'en termine, monsieur
le président, en soulignant que la sécurité est l'affaire de tous. C'est pourquoi nous avons
créé les contrats locaux de sécurité, qui sont maintenant au nombre de 500 environ : ils
visent à associer aux actions menées par les pouvoirs publics les élus et toutes les forces
qui peuvent exister dans la cité pour faire reculer l'insécurité. (Applaudissements sur les
travées socialistes.)

- page 363

Page mise à jour le