Question de M. TRÉGOUËT René (Rhône - RPR) publiée le 22/02/2001

M. René Trégouët attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur la parution d'un article en page 7 du journal France-Soir daté du 14 février 2001 et intitulé " Taliban : double langage " dans lequel on peut lire qu'une universitaire de renom s'indigne du fait que la France, malgré sa position officielle contre l'oppression des femmes en Afghanistan, recevrait secrètement un des ministres les plus terrifiants du gouvernement taliban, aux affaires dans ce pays. Il lui demande de répondre clairement à cette déclaration.

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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 05/04/2001

Réponse. - La réponse de la France est en ce qui concerne l'afghanistan claire, qu'il s'agisse des relations entretenues avec les différentes parties ou de la condition des femmes afghanes. Pour ce qui est de la récente visite à Paris d'un émissaire du régime des Taleban, il est inexact de dire que celui-ci a été reçu, secrètement, en France. Le mollah Abbas, qui a la charge de la santé, a en effet rencontré des fonctionnaires du ministère des affaires étrangères le 7 février dernier, à sa demande, et non à l'invitation du gouvernement français. Il s'agissait d'un entretien à caractère technique destiné à demander aux Taleban de garantir la sécurité des organisations non gouvernementales françaises, afin que celles-ci puissent continuer à opérer en Afghanistan, en réponse à la dégradation de la situation humanitaire dans ce pays. Cette rencontre n'a rien eu de secret, puisqu'elle a fait l'objet d'une déclaration du porte-parole du ministère des affaires étrangères le jour même. La politique adoptée par le Gouvernement consiste à maintenir un dialogue suivi avec les différentes parties au conflit afghan, ce qui ne signifie pas que tous les interlocuteurs afghans sont considérés ou traités de la même façon. Chaque occasion de rencontre avec les représentants des Taleban est utilisée, comme cela a encore été le cas précisément avec le mollah Abbas, pour leur adresser le même message, avec force, que ce soit à Paris ou à Kaboul, par l'intermédiaire du chargé d'affaires de France en Afghanistan en résidence au Pakistan. Ce message consiste à leur rappeler que les nombreuses violations des droits de la personne humaine qu'ils commettent, et notamment celles, particulièrement condamnables, qui sont commises à l'encontre des femmes sont inacceptables et rendent impossible toute évolution de la condamnation que porte la communauté internationale sur leur comportement. A cet égard, la France a participé activement à l'élaboration des résolutions relatives à l'Afghanistan adoptées dans les différentes enceintes internationales, au Conseil de sécurité, à l'Assemblée nationale, ou à la Commission des droits de l'homme des Nations unies, qui accordent une part importante au sort réservé aux femmes. Elle est également très impliquée dans la défense de ces principes au sein de l'Union européenne. De même, le chargé d'affaires de France en Afghanistan ne manque jamais dans ses entretiens avec les Taleban de donner une place centrale aux problèmes rencontrés par les femmes afghanes. Il est ainsi parvenu à obtenir la réouverture d'une section chirurgicale réservée aux femmes dans l'un des principaux hôpitaux de Kaboul, projet que finance le ministère des affaires étrangères. Toutefois, il paraît évident que les droits des femmes ne pourront être réellement respectés, que lorsque la paix sera revenue en Afghanistan. Le message adressé aux Taleban a également pour objectif de leur faire comprendre qu'ils doivent mettre un terme au soutien qu'ils apportent au terrorisme international, comme à la production et au trafic de drogue, que la France considère comme des menaces sérieuses pour la stabilité régionale et internationale et qui vont à l'encontre des intérêts de sa sécurité. La France n'est pas le seul pays à souhaiter éviter un isolement des Taleban qui ne peut que les conforter dans leurs positions extrêmes. Les Etats-Unis et plusieurs Etats membres de l'Union européenne les reçoivent également, pour leur tenir un discours semblable à la position française. Enfin, certains pays avaient accepté l'existence officieuse dans leurs capitales d'une représentation du régime taleb, ce que la France a pour sa part toujours refusé.

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