Question de Mme BEAUDEAU Marie-Claude (Val-d'Oise - CRC) publiée le 01/03/2001

Mme Marie-Claude Beaudeau attire l'attention de M. le ministre délégué à la santé sur une question de santé publique, conséquence d'une décroissance du nombre d'ophtalmologues en exercice. Elle lui fait observer que, sur le long terme, une projection du nombre actuel d'ophtalmologues conduirait à une estimation de l'ordre de 3 000 en 2020 alors qu'ils sont aujourd'hui 5 300 médecins dans cette spécialité. La diminution des effectifs avoisinerait 44 %. Cette baisse serait alors plus conséquente que celle projetée pour la totalité du corps médical (18 %). Elle lui fait également remarquer que les ophtalmologues, en activité, sont plus jeunes que d'autres spécialistes. La rapidité de la baisse tiendrait plus, à numerus clausus et postes d'internats constants, à la faiblesse du nombre d'entrées dans la profession qu'au nombre de départs en retraite, ce qui pourrait faciliter la régulation de la démographie professionnelle. Elle lui fait remarquer que cette évolution se situe à un moment où dans le même temps, l'évolution et le vieillissement de la population jouent dans le sens d'une augmentation de la demande de soins. En se fondant sur la seule composante des évolutions démographiques, les troubles de la vue augmenteraient mécaniquement de 15 % à l'horizon 2020. Elle lui demande de lui faire connaître les mesures qu'il envisage pour maintenir, cette année, le nombre actuel des ophtalmologistes, et définir un plan de progression permettant le doublement du nombre de postes d'internes formateurs en ophtalmologie mis en concours d'ici à trois ans, c'est-à-dire pour la rentrée 2003.

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Réponse du ministère : Santé publiée le 04/10/2001

Un rapport sur la démographie médicale, réalisé avec l'appui d'un groupe de travail interministériel comprenant des représentants des directions concernées du ministère de l'emploi et de la solidarité, de la direction de la prévision du ministère de l'économie des finances et de l'industrie et de la CNAMTS, a été remis au ministre délégué à la santé le 20 juin dernier. Il présente une première analyse de la démographie médicale et examine les mesures qui pourraient être prises pour répondre aux problèmes posés par les perspectives d'évolution de la démographie médicale. Selon les constats du rapport, la démographie médicale aujourd'hui est caractérisée à la fois par une densité globale élevée (331 médecins pour 100 000 habitants, près de trois fois plus qu'en 1970) et par des situations très variables selon les spécialités, le mode d'exercice et la répartition géographique de l'offre. La forte croissance démographique du corps médical s'est accompagnée d'une nette augmentation de la part des spécialistes qui est passée de 43 % en 1984 à 51 % en 2000. Cela correspond à une augmentation du nombre de spécialistes très importante en valeur absolue, de près de 40 000 en quinze ans. Une des spécialités médicales ayant bénéficié de cette forte augmentation est précisément l'ophtalmologie, dont les effectifs sont passés de 3 648 au 1er janvier 1984 à 5 269 au 1er janvier 2000, soit une augmentation de 43 % en seize ans. Cependant, les effets du numerus clausus relativement bas jusqu'en 1998 (3 583 postes) et les ajustements techniques nécessaires entre spécialistes et omnipraticiens conduisent à stabiliser les effectifs des ophtalmologistes à 5 017 en 2005. Cette légère baisse des effectifs n'affectera pas le rang européen de la France qui, avec un taux global de 8,95 ophtalmologistes pour 100 000 habitants en 1998, se situait à un niveau de densité supérieur à celui de la plupart des autres pays d'Europe. Des difficultés ponctuelles liées à l'évolution du nombre d'ophtalmologistes peuvent apparaître dans certaines zones géographiques. Face à la baisse démographique qui affectera l'ensemble du corps médical français et devrait se situer vraisemblablement autour de 15 % à l'horizon 2020, le Gouvernement a décidé de relever le numerus clausus à 3 700 postes pour 1999, 3 850 postes en 2000, 4 100 pour 2001 et 4 700 pour 2002. Pour les années à venir, l'effort de recrutement des futurs médecins sera maintenu. Il convient de souligner que ce n'est qu'à compter de 2008 que la densité médicale commencera à diminuer de façon globale. Afin de disposer d'un dispositif d'observation et d'analyse permettant, avec l'ensemble des partenaires concernés, de préparer les adaptations nécessaires, un observatoire de la démographie médicale et des métiers sera prochainement mis en place.

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