Question de M. GIRAUD Francis (Bouches-du-Rhône - RPR) publiée le 04/10/2001

M. Francis Giraud souhaite appeler l'attention de M. le ministre délégué à la santé sur la lutte contre les maladies sexuellement transmissibles (MST) en France et en particulier l'herpès. Si une grande publicité a été accordée au sida, peu a été fait pour lutter contre les autres maladies sexuellement transmissibles. Ainsi, l'herpès, notamment, est en forte progression, touchant aujourd'hui près de 10 millions de personnes. Il rappelle qu'un groupe de travail, censé dresser l'état des lieux de ces maladies dans notre pays et préconiser des mesures de prévention, a été mis en place à la direction générale de la santé début 1999. Ce groupe a remis son rapport à la fin de l'année 1999. Or, ses conclusions n'ont pas été encore rendues publiques. Il lui demande donc quand seront publiées les conclusions du groupe de travail et quelles suites il entend leur donner, qu'il s'agisse de la prévention et de la prise en charge de ces maladies.

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Réponse du ministère : Économie solidaire publiée le 17/10/2001

Réponse apportée en séance publique le 16/10/2001

M. Francis Giraud. Monsieur le président, auteur de l'ultime question inscrite à l'ordre du jour, permettez-moi de vous présenter les dernières, mais très sincères, félicitations de la matinée pour votre élection à la vice-présidence.
M. le président. Merci, mon cher collègue.
M. Francis Giraud. Monsieur le secrétaire d'Etat, toutes les enquêtes indiquent que l'on assiste à une forte recrudescence des maladies sexuellement transmissibles, les MST. Parmi elles, l'herpès est celle qui progresse le plus rapidement. L'herpès touche aujourd'hui près de 10 millions de personnes en France, parmi lesquelles plus de 2 millions sont atteintes d'un herpès génital, soit une augmentation de plus de 50 % en dix ans.
L'on connaît aujourd'hui deux virus responsables de l'herpès : l'herpès simplex virus 2, qui est responsable d'herpès génital ; l'herpès simplex virus 1, qui est responsable de l'herpès orofacial, souvent appelé « bouton de fièvre », mais peut également être à l'origine de lésions de la sphère génitale, comme c'est le cas aux Etats-Unis.
Il importe donc de ne pas opérer une dissociation entre ces deux virus, qui partagent trois caractéristiques, à savoir une structure commune de type ADN, des mécanismes de multiplication identiques et, surtout, une persistance indéfinie dans l'organisme.
Un autre phénomène commun aux deux virus de l'herpès est la contagion. Toute personne infectée peut excréter du virus, même sans symptôme.
Si, aujourd'hui, certains traitements peuvent réduire l'intensité des symptômes, aucun ne peut cependant éradiquer le virus de l'organisme ni empêcher complètement la réactivation virale, donc les récidives.
Les conséquences de l'herpès sont importantes.
Les deux virus provoquent, comme nous le savons, des blessures physiques douloureuses, des ulcérations, des blessures psychologiques, qui peuvent avoir des répercussions sur la vie personnelle, la vie de couple et la vie familiale.
Il est encore établi que l'infection par herpès favorise l'infection par d'autres maladies sexuellement transmissibles, dont le sida.
Enfin, qu'il s'agisse de l'un ou de l'autre virus, l'herpès néonatal constitue une pathologie extrêmement grave. Il y a risque de mortalité dans 50 % des cas et, chez les enfants survivants, risque de séquelles neurologiques.
L'herpès demeure une maladie mal connue. Elle est ignorée du grand public. Dans sa forme génitale, parce que touchant à l'intimité, l'herpès est une maladie que l'on cache, qui demeure un mal secret, une maladie taboue.
Enfin, l'herpès est une maladie encore mal identifiée par les médecins.
Monsieur le secrétaire d'Etat, à l'heure actuelle, en dehors des efforts méritoires déployés par l'association Herpès, aucune information efficace sur les moyens de prévenir la transmission de l'herpès n'est encore disponible.
Un groupe de travail qui avait pour mission de dresser l'état des lieux des maladies sexuellement transmissibles dans notre pays a été mis en place à la direction générale de la santé au début de 1999. Ce groupe a remis son rapport à la fin de l'année 1999 ; or, presque deux ans plus tard, ses conclusions n'ont pas encore été rendues publiques.
Je vous demande donc, monsieur le secrétaire d'Etat, quand seront publiées les conclusions du groupe de travail et quelles suites le Gouvernement entend leur donner, qu'il s'agisse de la prévention de ces maladies en général et de l'herpès en particulier ou de leur prise en charge.
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Guy Hascoët, secrétaire d'Etat à l'économie solidaire. Monsieur le sénateur, je vous prie d'excuser M. Bernard Kouchner, ministre délégué à la santé, absent ce matin. Il m'a transmis les éléments de réponse suivants, en considérant que vous aviez décrit avec précision la situation, après un examen manifestement attentif du dossier.
L'herpès, en particulier l'herpès génital, est une infection virale qu'il importe de prendre en compte, d'une part, dans le cadre de la prévention de l'herpès néonatal et, d'autre part, en tant que cofacteur éventuel de la transmission de l'infection par VIH.
Pour ce faire, le groupe de travail sur les maladies sexuellement transmissibles du Conseil supérieur d'hygiène publique de France, section prophylaxie des maladies transmissibles, a été saisi de nouveau.
L'objectif qui lui a été fixé est de formuler des avis concernant la prévention, la prophylaxie, le dépistage, le diagnostic et les traitements des maladies sexuellement transmissibles, dont l'herpès simplex 2.
Ces avis seront proposés pour validation au Conseil supérieur d'hygiène publique de France à la fin de l'année 2001. Les avis serviront notamment de base à l'élaboration d'une politique de lutte contre les maladies sexuellement transmissibles.
M. Francis Giraud Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Francis Giraud.
M. Francis Giraud Je vous remercie de votre réponse, monsieur le secrétaire d'Etat, mais j'attends en effet la publication de ces avis, parce que, permettez-moi de le souligner, deux ans pour rendre public un avis qui a été formulé à la fin de 1999, c'est peut-être un peu long !
J'espère en tout cas que des conclusions pourront en être tirées et surtout que des actions seront engagées par les pouvoirs publics en vue d'une prévention efficace.

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