Question de M. DEMUYNCK Christian (Seine-Saint-Denis - UMP) publiée le 23/05/2003

Question posée en séance publique le 22/05/2003

M. Christian Demuynck. Ma question s'adresse à M. le ministre de la jeunesse, de l'éducation nationale et de la recherche.

Monsieur le ministre, nous assistons actuellement à un mouvement de grève dans le personnel de l'éducation nationale.

M. Alain Gournac. Hé oui !

M. Christian Demuynck. Le mouvement est inégalement suivi selon les départements, mais il l'est particulièrement en Seine-Saint-Denis. Il est vrai que ce département est sociologiquement complexe et que les professeurs, souvent jeunes, y sont confrontés à de réelles difficultés. On comprend, bien sûr, leurs soucis, leur inquiétude, leur appréhension.

Cependant, certains syndicats ou groupes politiques utilisent cette angoisse et la détournent à des fins d'activisme effréné et mensonger. (Marques d'approbation sur les travées de l'UMP et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE. - Vives protestations sur les travées du groupe socialiste, ainsi que sur celles du groupe CRC.)

C'est la réalité, chers collègues !

Pouvez-vous, une nouvelle fois, monsieur le ministre, rétablir la vérité et confirmer votre volonté de maintenir la cohérence de l'éducation nationale,...

Mme Nicole Borvo. C'est ridicule !

M. Didier Boulaud. Comme pour les médecins !

M. Christian Demuynck. ... redire que vous ne voulez pas la démanteler, que vous ne supprimerez pas les surveillants et rassurer les enseignants quant aux conséquences de la réforme de la décentralisation sur leurs conditions de travail.

M. Didier Boulaud. Comme pour les médecins !

M. Christian Demuynck. Je souhaiterais aussi, monsieur le ministre, aborder un point qui inquiète particulièrement les collégiens, les lycéens et étudiants, mais aussi les parents.

M. Alain Gournac. Très juste !

M. Christian Demuynck. En effet, certains font planer la menace d'une grève des examens (Exclamations sur les travées de l'UMP), ce qui est proprement scandaleux,...

M. Jean Chérioux. Honteux !

M. Christian Demuynck. ... totalement inadmissible,...

M. Alain Gournac. Absolument !

M. Nicolas About. C'est de la manipulation !

M. Christian Demuynck. ... dramatique pour l'avenir de nos jeunes et injuste au regard des efforts importants qu'ils ont fournis tout au long de l'année scolaire.

Malgré ce chantage intolérable, quelles mesures comptez-vous prendre pour faire respecter le principe élémentaire de l'égalité des chances et permettre à tous les collégiens, lycéens et étudiants de se présenter aux examens auxquels ils se sont inscrits ?

M. Robert Del Picchia. C'est le principal !

M. Christian Demuynck. En tous les cas, monsieur le ministre, pour l'avenir de l'éducation nationale, pour l'avenir de la jeunesse, tenez bon !

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Réponse du Ministère de la jeunesse, de l'éducation nationale et de la recherche publiée le 23/05/2003

Réponse apportée en séance publique le 22/05/2003

M. Luc Ferry, ministre de la jeunesse, de l'éducation nationale et de la recherche. Monsieur le sénateur, nous avons en effet assisté, au cours des dernières semaines, à une campagne de désinformation comme je crois n'en avoir jamais vue, depuis trente ans dans l'éducation nationale. (Protestations sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC.)

M. Alain Gournac. Très bien !

M. Luc Ferry, ministre. On a essayé d'affoler les familles en leur disant que nous allions supprimer les conseillers d'orientation, ce qui est faux, ce qui est même absurde.

Mme Hélène Luc. Voyons, voyons !

M. Didier Boulaud. Et vos amis, comment ont-ils fait pendant des années ?

M. Luc Ferry, ministre. On a essayé d'affoler les parents en leur faisant croire qu'on allait supprimer l'école maternelle, ce qui est surréaliste. Pourquoi pas les lycées, pendant qu'on y est ? (Protestations sur les travées du groupe socialiste.)

On a essayé d'affoler encore les familles en leur disant que les consultations médicales seraient payantes, ce qui évidemment est absurde et mensonger.

Bref, nous avons assisté à une campagne de désinformation comme, je le répète, je n'en avais jamais vue depuis des années dans notre milieu.

M. Didier Boulaud. Parce que vous ne lisez pas les journaux !

M. Luc Ferry, ministre. Cela étant dit, je voudrais tout de même sur un point vous rassurer, monsieur le sénateur : les comportements que vous stigmatisez tout à fait à juste titre s'agissant du boycott des examens ne sont pas le fait d'une majorité d'enseignants, très loin de là.

M. Alain Gournac. C'est vrai !

M. Nicolas About. C'est rassurant !

M. Luc Ferry, ministre. J'irai même plus loin : ils ne sont pas le fait de la majorité des enseignants grévistes, qui ont le sens des responsabilités.

M. Charles Revet. C'est vrai !

M. Luc Ferry, ministre. Je voudrais rendre hommage aux organisations syndicales qui ont eu le courage de dire à leurs adhérents qu'il ne fallait pas boycotter les examens, ce en quoi elles ont parfaitement raison.

Mme Hélène Luc. Absolument !

M. Luc Ferry, ministre. On a le droit d'être en désaccord avec une réforme. On a le droit d'être en désaccord avec un gouvernement. On a le droit de faire grève et de manifester. Ce sont des acquis de la vie démocratique et républicaine. En revanche, on n'a pas le droit de prendre les élèves en otages, et je ne l'accepterai pas ! (Très bien ! et applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'Union centriste.)

M. Gérard Cornu. La gauche n'applaudit pas ?

M. Luc Ferry, ministre. Ce n'est pas seulement une question de principe. Il faut savoir que les élèves qui passent aujourd'hui les épreuves du BTS ont besoin de leur diplôme pour pouvoir travailler dès le mois de juillet - certains d'entre eux ont déjà des contrats - ou pour suivre des stages.

D'autres ont besoin des résultats de leurs examens pour s'inscrire à l'université. Les prendre en otages est non seulement illégal, mais immoral !

M. Jacques Mahéas. Immoral ?

M. Luc Ferry, ministre. J'ai réuni, avec Xavier Darcos, les autorités académiques de ce pays et les chefs d'établissement. Je voudrais leur rendre hommage, car leur tâche est, en ce moment, très difficile. Sachez-le, en m'adressant à vous, je m'adresse également aux parents d'élèves : les examens auront bien lieu !

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