Question de Mme BLANDIN Marie-Christine (Nord - SOC-R) publiée le 08/05/2003

Mme Marie-Christine Blandin attire l'attention de M. le ministre de la santé, de la famille et des personnes handicapées sur les taux de radioactivité inquiétants mesurés par la CRIIRAD (commission de recherche et d'information indépendante sur la radioactivité) sur les versants de la montagne Noire dans la région de Mazamet dans le Tarn. Les mesures effectuées par la CRIIRAD montrent que la contamination en césium 137 est relativement importante : elles sont de 6 000 becquerels par mètre carré au col de Cabardou, dépassent les 12 000 becquerels par mètre carré en forêt de Montaud et atteignent les 16 000 becquerels au col de Salettes. Alors que l'on oppose souvent à l'inquiétude des populations la période de l'iode radioactive (huit jours), la comparaison avec la radioactivité naturelle (un peu plus de deux millisieverts par an), la concentration limitée à quelques lieux ou à quelques produits de cueillettes, il faut rappeler que la période n'est pas la durée de vie, mais le temps au bout duquel il reste encore la moitié du produit actif. Par là même, l'inquiétude est légitime sur l'accumulation des effets des faibles doses sur l'organisme et sur les désordres provoqués sur la division cellulaire. Seule une étude épidémiologique exhaustive peut donc éclairer les habitants et les pouvoirs publics. La radioactivité sur la Montagne Noire avait déjà été détectée dans les années 1999-2001 par un géologue, André Paris, qui établissait alors dans toute la France la cartographie du césium 137, afin d'évaluer les retombées de Tchernobyl. Les mesures effectuées en décembre 2001 et mai 2002 par la CRIIRAD et l'association écologiste les Amis de la Terre confirment donc l'importance de la contamination de la montagne Noire. A la suite des résultats de ces études et afin de rassurer la population inquiète d'un lien éventuel entre le taux élevé de cancer de la thyroïde et la contamination radioactive de la montagne Noire, la CRIIRAD et l'association Les Amis de la Terre ont conclu à la nécessité de mettre en oeuvre une enquête épidémiologique sur l'ensemble de la montagne Noire ; une cartographie de la radioactivité commune par commune et une campagne de mesure dans l'ensemble du massif pyrénéen ; une information systématique des populations des zones concernées tant sur les effets que sur les causes de ces contaminations radioactives. Elle souhaite connaître les mesures qu'il entend prendre pour répondre à ces demandes et assurer ainsi la sécurité sanitaire des populations des régions concernées.

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Réponse du Ministère de la santé, de la famille et des personnes handicapées publiée le 18/09/2003

A la suite d'études réalisées par la CRIIRAD, concernant " un danger radioactif dans la Montagne noire ", le préfet du Tarn s'est enquis auprès de la DDASS des éventuels effets sur la santé de la contamination radioactive décrite. La DDASS a consulté l'IRAN qui a élaboré une note technique confirmant d'une part, que la Montagne noire a une forte pluviométrie et un relief prononcé qui sont les conditions d'un dépôt plus élevé, d'autre part, que les dépôts observés sont dus pour l'essentiel aux retombées des essais atmosphériques réalisés au cours des années cinquante et début soixante et, qu'enfin la contamination moyenne totale correspondant à l'ensemble des dépôts estimée par l'IRSN (7000 Bq/m²) est cohérente avec les mesures réalisées par la CRIIRAD. Localement, une éventuelle contamination de l'eau potable parait exclue au regard des taux de dilution des radio-éléments au fil des années dans les cours d'eau et le barrage des Chamades, zone de pompage pour l'alimentation en eau potable. Afin d'objectiver cette absence de risque, et compte tenu des nombreux appels des usagers au gestionnaire de la ressource, la DDASS a adressé à un laboratoire spécialisé des prélèvements effectués sur différents points d'eau de la Montagne noire. Les résultats de ces prélèvements sont en dessous du seuil de détection. En ce qui concerne les aliments, seuls pourraient être concernés les champignons et baies sauvages qu'il faudrait consommer en quantités importantes pour évoquer un éventuel effet sanitaire. Enfin, la DDASS a interrogé le registre des cancers du Tarn, mais les données qui pourront être fournies seront difficilement exploitables sur cette zone faiblement peuplée. Les estimations globales de doses réalisées dans le cadre de l'UNSCEAR pour la population européenne sont de l'ordre de 3mSv sur la durée de vie d'un individu en ce qui concerne les retombées des essais nucléaires. La DGSNR va étudier avec l'IRSN l'opportunité et la faisabilité d'établir un impact radiologique plus précis des conséquences des dépôts radioactifs en France, en distinguant les conséquences des dépôts dus aux essais nucléaires atmosphériques et celles des dépôts dus à l'accident de Tchernobyl et en identifiant dans la population française les individus qui auraient été plus exposés.

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