Question de M. RALITE Jack (Seine-Saint-Denis - CRC) publiée le 13/02/2004

Question posée en séance publique le 12/02/2004

M. Jack Ralite. Je n'ai pas « 100 minutes pour convaincre », seulement trois...

Plusieurs sénateurs de l'UMP. Deux minutes et demie !

M. Jack Ralite... pour interroger et porter plainte.

Hier, était adopté ici par la majorité un projet de loi sur le dialogue social, avec malmenage du droit du travail, c'est-à-dire mutilation des métiers, de leurs pratiques, de leur contenu, de la pensée des hommes et des femmes qui les exercent.

C'est ce qui arrive au métier de journaliste à Radio France, à RFI et à France 2 (Exclamations sur les travées de l'UMP), expliquant la longue grève ici, la profonde défiance là.

Que demandent ces journalistes ? Rien d'autres que ce qui est prévu dans le service public de l'audiovisuel : à travail égal, salaire égal, ce qui leur a été reconnu par le rapport Servat. Il leur est répondu : à travail égal, salaire inégal !

Que demandent les journalistes de France 2 ? Tout simplement, la possibilité de ne pas seulement savoir, mais de pouvoir vraiment penser, de faire véritablement « rédaction » ! Or il leur est répondu : information managériale, évangéliste, hégémonique, audience, scoops, rêve pragmatique, TF1 ! Dans les deux cas, c'est du berluconisme à la française ! (Nouvelles exclamations sur les mêmes travées.) C'est une mise en cause du service public empruntant des voies différentes de celles de la défunte Cinq et de la courtisée TF1.

Il faut stopper ces processus à petite ou grosse touche. Dans l'immédiat, il faut attribuer les moyens financiers nécessaires pour que les journalistes de Radio France et de RFI puissent exercer vraiment leur métier, pour que soit instauré un véritable service public d'information, j'allais dire pour qu'il soit restauré pensant aux 1,5 milliard d'euros offerts aux restaurateurs ! Il faut me répondre là-dessus, monsieur le ministre !

Ne pas donner d'argent, c'est organiser le pourrissement, et avec quelles arrière-pensées ?

M. le président. Posez votre question, monsieur Ralite !

M. Jack Ralite. Dans l'immédiat, il faut garantir l'initiative et le pluralisme dans les équipes journalistiques du service public. C'est l'affaire urgente des directions, le devoir éthique du Conseil supérieur de l'audiovisuel, la responsabilité publique et nationale du Gouvernement.

Cette grave situation du secteur public de l'audiovisuel rejoint celle que l'on peut constater en matière de justice, de recherche, de psychiatrie, d'archéologie, de médecine, de culture et d'arts, et aussi dans les usines. N'oublions jamais, en effet, que le travail abîmé dans l'entreprise voit, dans la foulée, les métiers intellectuels et artistiques également abîmés.

M. le président. Votre question ! Vite !

M. Jack Ralite. Les agios humains, sociaux et culturels qu'engendrent ces situations sont considérables et inacceptables ! (La question ! sur les travées de l'UMP.)

Il est donc temps de contribuer à faire grandir un mouvement pour l'exception culturelle ! Les journalistes de Radio France, de RFI et de France 2 illustrent avec courage et honneur la toujours ardente nécessité de cette revendication.

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Réponse du Ministère de la culture et de la communication publiée le 13/02/2004

Réponse apportée en séance publique le 12/02/2004

M. Jean-Jacques Aillagon, ministre de la culture et de la communication. Monsieur le sénateur, je pourrais souscrire à la quasi-totalité de votre intervention. Le service public de la radio et de la télévision, nous y croyons ! Le service public de la radio et de la télévision, nous le soutenons !

Vous avez certainement noté, lors du vote du budget de l'audiovisuel public, que Radio France avait bénéficié pour 2004 d'une augmentation de sa dotation de 2,9 %, contre 2,3 % en moyenne pour les autres sociétés de l'audiovisuel public.

Aujourd'hui, Radio France est en effet confrontée à une situation grave et préoccupante. Une grève s'est développée et dure depuis un trop grand nombre de jours. La revendication porte sur des questions salariales.

Je n'ai cessé de dire, d'une part, qu'il était de la responsabilité de la direction de Radio France d'engager le dialogue social avec les syndicats et les personnels - car l'entreprise est le cadre normal du dialogue syndical - et, d'autre part, qu'il appartenait à la direction, évidemment dans le respect de la convention collective - mais, en l'occurrence, elle est respectée - de prendre toutes les dispositions que lui permet la réalité de ses moyens budgétaires.

Monsieur le sénateur, je souhaite une nouvelle fois affirmer que sont absolument infondées toutes les spéculations qui ont cours ici ou là quant à une possible remise en cause, un démantèlement, une privatisation du service public. Le Gouvernement respecte le service public de la radio et de la télévision et il en attend également beaucoup.

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